Partie 1 - Chapitre 2
Arvel tira sur sa cigarette, tout en basculant sa tête en arrière pour recracher la fumée. Il repoussa la couverture qui lui tenait bien trop chaud, exposant ainsi sa nudité. Le matelas s'affaissa à ses côtés et un corps rampa contre le sien. On lui retira sa clope pour prendre une bouffée, mais il la récupéra rapidement.
Arvel soupira quand l'autre recommença à se frotter à lui.
- Vas ouvrir la fenêtre, dit-il, ça pue.
Arvel prit une dernière taffe puis écrasa sa cigarette dans le cendrier. Il se leva et se pencha par-dessus la balustrade de sa grande mezzanine pour s'y accouder. Face à lui, d'immenses baies vitrées prenaient tout un pan de mur et lui offrait une magnifique vue dégagée sur Londres. Son loft était très bien placé dans la capitale anglaise. L'étage comportait sa chambre, ainsi qu'une pièce un peu plus petite : la salle de bains. En bas, le salon permettait cette vue imprenable. Il y avait également une cuisine ouverte et une salle à manger. Cherie et Wilfrid, les parents d'Arvel, étaient ceux qui payaient ce loft pour que leur fils puisse étudier sans avoir à passer sa matinée et sa soirée dans les transports en commun.
Cela faisait douze ans qu'Arvel avait été adopté et qu'il vivait à Londres. Désormais, il était bilingue et parlait même mieux anglais que norvégien. Toutefois, pour ne pas oublier ses racines nordiques, il continuait de pratiquer cette langue qui était si chère à son cœur. C'était aussi l'une des raisons pour lesquelles Arvel avait décidé de prendre norvégien en seconde langue, dès la quatrième. Ses notes étaient excellentes, fort heureusement. Il avait toujours souhaité garder un lien avec son pays d'origine.
Deux bras enlacèrent la taille d'Arvel, le faisant grogner de mécontentement.
- Thomas... marmonna-t-il.
Il ne put retenir un frisson quand l'autre garçon déposa un baiser sur son omoplate. Thomas glissa une main vers le bas ventre d'Arvel, faisant haleter celui-ci.
- Arrête... dit Arvel, sans la moindre conviction.
- J'ai envie de recommencer... geignit Thomas.
Arvel hésita un instant, avant de se retourner. Il attrapa les cuisses nues de Thomas pour passer ses jambes autour de sa taille. Il les emmena vers le lit où ils couchèrent encore une fois ensemble.
***
Arvel aplatit son mégot de cigarette dans le cendrier. Il récupéra son stylo pour continuer sa dissertation. Il mordilla le bout de son stylo, tout en cherchant un mot norvégien. Il s'énerva tout seul en se rendant compte que plus le temps passait, plus il perdait le vocabulaire de sa langue maternelle.
Soudain, la sonnette de son loft retentie. Il se téléporta sur son lit pour enfiler son boxer – Thomas était parti – et refit la même chose pour atterrir devant la porte. Il l'ouvrit et sourit. C'était son père. Ils s'étreignirent brièvement.
- Comment tu vas, papa ?
- Bien, bien.
- Entre.
Arvel se décala pour laisser entrer Wilfrid. Il referma la porte et ils se dirigèrent vers la grande table en verre, qui était face à la belle vue offerte par les baies vitrées. Arvel poussa ses livres et dictionnaires, ainsi que ses stylos et ses devoirs. Il servit une bière à son père et s'en prit également une.
- Tes cours avancent bien ? s'enquit Wilfrid.
Il indiqua les cours de son fils d'un signe du menton. Arvel acquiesça. Il but une gorgée de sa bière.
- Pourquoi maman n'est pas venue ?
- Elle est encore au travail, répondit Wilfrid.
Arvel fronça les sourcils. Il n'aimait pas quand l'un de ses parents était absent alors que l'autre venait. Il ne l'expliquait pas, mais il n'aimait pas cela. Wilfrid poussa alors un long soupir, tirant Arvel de ses pensées.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Arvel, soudainement inquiet.
- J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle à t'annoncer, débuta son père après une gorgée d'alcool.
- Commence par la bonne.
Un petit sourire apparu sur les lèvres de Wilfrid. Il s'adossa un peu plus confortablement contre le dossier de la chaise.
- Avec ta mère, nous t'avons caché quelque chose... Pas certains que nous puissions partir, nous avons fait des économies et c'est officiel... nous allons trois semaines en Norvège pendant les grandes vacances ! Cela nous permettra également de fêter la fin de tes études.
Les yeux d'Arvel s'arrondirent et il bondit sur ses pieds.
- C'est vrai ? Tu es sérieux ?!
Il se jeta au cou de son père qui se mit à rire. Toutefois, Arvel se rassit bien vite.
- Quelle est la mauvaise ? questionna-t-il.
Wilfrid troqua son sourire pour une grimace. Arvel sirota sa bière, désormais inquiet. Il mordilla l'ongle de son pouce.
- Ton lycée a appelé... tu es encore viré, soupira Wilfrid. Il faut vraiment que tu te reprennes, Arvel. C'est le quatrième en deux mois. Tu ne peux pas continuer ainsi indéfiniment. Avec ta mère nous sommes gentils, nous ne disons pas grand-chose. Nous t'avons même payé ce loft pour que tu sois au plus près de ta nouvelle école ! Tu es déjà inscrit dans une autre. Si cette fois cela ne se passe pas correctement, ça va mal aller. D'accord ?
Arvel baissa la tête, comme coupable. Les motifs de ses renvois étaient tous les mêmes : agressions physiques et verbales sur ses camarades. Pourtant, ce n'était pas de sa faute. A chaque fois, ses camarades le provoquaient et il perdait son sang-froid. Arvel passa une main dans ses cheveux. Son regard se porta sur sa dissertation ; elle ne lui était plus d'aucune utilité.
- Je suis désolé, souffla Arvel.
Wilfrid termina sa bière. Ils se mirent à discuter de tout et de rien. Wilfrid savait que cela ne servait à rien de batailler avec Arvel.
- Tu pourras toujours voir tes amis... et ta petite amie.
Arvel esquissa un léger sourire. Il gratta le coin de l'étiquette de sa bouteille de bière.
- Je n'ai personne, répondit Arvel.
- Un garçon aussi charmant que toi toujours célibataire ? rit Wilfrid. Impossible.
Arvel secoua la tête, toujours en souriant. Il finit son alcool en écoutant son père parler de son travail. Finalement, Wilfrid repartit une heure plus tard. Quand Arvel referma la porte derrière lui, il se dirigea devant vers les baies vitrées. Son regard balaya la ville qui s'étalait devant lui. La nuit était tombée et Londres éclairée était plus que magnifique.
Arvel poussa un long soupir. C'était peut-être l'une des dernières fois qu'il se trouvait dans son loft, alors autant en profiter. Il récupéra son téléphone, posé sur la table, et composa un numéro qu'il avait fini par apprendre par cœur.
- Rejoins-moi.
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