Chapitre premier - réécriture
Le soleil se levait peu à peu sur la ville de New-York et pourtant, peu de personnes étaient levées. Peut-être que cela était du à la froideur hivernal de cette fin de décembre ou à l'heure encore matinale. Mais, sous la neige qui tombait, une jeune femme observait la ville s'illuminer, prendre vie sous ses yeux.
Rien qu'à voir son visage, on pouvait aisément deviner qu'elle n'était pas banale. Un visage fin et pâle, réhaussé d'un bleu couvrant une partie de sa joue droite, de petits yeux bleus fatigués par des insomnies qui ne prenaient jamais fin et de longs cheveux blonds qui pendaient sur l'une de ses épaules. En la voyant ainsi, n'importe qui pourrait penser que cette jeune femme était battue par quelqu'un, ce qui aurait un effet sur ses insomnies et ses coups à répétitions. Mais non, elle n'était qu'une femme qui, en cherchant sa place dans le monde, trouvait des moyens pour s'attirer des ennuis.
Alors qu'elle baissait les yeux pour apercevoir la provenance des bruits qu'elle entendait, elle vit passer sous ses pieds Dan Martins, son beau-père, si tant est qu'il puisse un jour convenir à cette dénomination. C'était un homme confiant, peut-être un peu trop confiant à son goût, gérant d'une poigne de fer les nouvelles personnes qui faisaient parties de sa vie. Parmi elles, Charline Martins, sa mère. Celle-ci se trouvait avec Dan et leva les yeux pour apercevoir son enfant ainée sur son perchoir, endroit où elle passait une bonne partie de son temps depuis quelques années. Lâchant le bras de son mari, elle s'approcha du toit où se trouvait sa fille.
- Athéna, ma puce. Dit calmement Charline, un sourire paisible ornant son visage. Tu sais que je n'aime pas que tu montes là-haut, c'est très dangereux.
La jeune Athéna s'installa plus confortablement sur le toit et la contempla, les lèvres pincées. Pourquoi devait-elle obéir à cette femme qui n'avait de rôle de mère que l'appellation ? Elle qui n'avait jamais osé s'opposer à son mari pour la défendre. Cette femme qui était défoncée toute la journée pour oublier que son mari était un sale connard, sa fille aînée une garce antipathique et sa cadette une traînée égoïste.
- Athéna ! Vociféra Dan. Ta mère veux que tu descendes alors c'est ce que tu vas faire immédiatement !
Un sourire forcé prit place sur le visage de la jeune femme et elle sauta pour atterrir près de Dan. Il la regardait méchamment, un éclat de fureur illuminait ses yeux telles des lanternes en proie au feu. Athéna lui rendit ce même regard et ils restèrent là à se fixer, furieux et impassibles. S'il fallait qu'elle lui remette les idées en place, elle y prendrait du plaisir. Après tout il n'était qu'un étranger aux yeux de la blonde, et Dieu seul savait ce qu'elle faisait à ceux qui l'énervaient un peu trop.
Elle sentit un courant d'air frais soulever délicatement ses cheveux et elle se tourna en direction de Charline, un sentiment indescriptible lui tordant l'estomac. Elle avait été sa mère autrefois, une personne en qui elle avait eu toute confiance et un amour indéfectible. Elle répondit à son regard et Athéna y vit un pâle reflet de ce qu'elle avait été: des yeux rouges, explosés et ternes. Tout ça pour son connard de mari. Elle se pencha vers lui et lui cracha quelques mots à la figure.
- Va brûler en enfer, fils de pute.
- Comment oses-tu ! Cria Dan, comme à son accoutumée.
Athéna partit sans un regard en arrière, se contentant juste de lui montrer son majeur. C'était un sale con qui ne méritait même pas son attention. Se contentant de marcher sans penser à rien, elle se dirigeait vers sa demeure. Cela faisait plusieurs longues années déjà qu'elle n'habitait plus dans la demeure des Martins mais dans la maison de son père. Il avait eu la garde de sa seule enfant et sa mère et lui avaient fait en sorte qu'elle ne manque de rien jusqu'à la fin de ses jours en lui versant une somme considérable sur un compte en banque. Alors elle pouvait vivre seule dans sa maison de banlieue, loin de la prison dorée qu'offrait le palace des Martins.
Arrivée devant chez elle, elle poussa la porte qui n'était jamais fermée et défit ses chaussures, les lançant à travers la pièce. Puis elle referma la porte et suspendit son manteau de cuir à côté de celle-ci. Elle ne prit pas le temps d'allumer la lumière étant donné qu'elle n'en avait pas besoin, elle pouvait voir extrêmement bien de le noir, comparée à certains. Surtout depuis quelques mois, depuis ses 21 ans précisément. Une coïncidence tout à fait douloureuse étant donné que cela faisait 7 ans que son père était mort dans une explosion mortelle. Une explosion qui avait failli lui coûter la vie.
Elle avança d'un pas traînant vers son canapé et s'y jeta, au milieu d'une multitude de bouquins et d'habits, jonchés sur des piles faites à la va-vite. S'il y avait une chose qu'elle appréciait, c'était la littérature. Elle pouvait passer des heures et des heures avec ses livres, se délectant à chaque fois de cette sensation incroyable qu'elle ressentait en commençant une nouvelle histoire. Mais ça, c'était autrefois. La surprenant, la radio posée sur la table basse se mit à grésiller et elle put entendre les dernières nouvelles de la ville de New-York.
- La famille Martins, pionniers et innovateurs en matière de sécurité bancaire, ont encore une fois fait don d'une somme astronomique. Cet agent sera reversé à une association venant en aide aux enfants dans le besoin. Nul doute que le mon-
La radio s'éteignit aussi rapidement qu'elle s'était allumée et Athéna ne pu s'empêcher de lever les yeux au ciel, "la famille Martins a encore frappé". Quelle bande de cons. Soupirant légèrement, elle entreprit de commencer à débarrasser le salon. Du haut de ses 25 ans, elle avait du mal à laisser sa maison dans un état convenable, étant donné qu'elle n'aimait pas particulièrement ranger et qu'elle ne passait que peu de temps ici. Elle était tout le contraire de sa demi-sur, Olivia, synonyme de perfection et de l'organisation. Elle ne pouvait pas s'approcher à moins de cinq mètres de Charline que sa cadette de 19 ans était déjà le centre de l'attention. À croire que Dan et elle l'utilisaient comme un bouclier afin de la tenir à distance.
Elle prit des cartons de plats surgelés et les entassa afin que ce soit plus simple de les transporter à la poubelle. Après qu'elle les ai finis, elle entreprit de ranger ses affaires, la tâche la plus ardue à bien des titres. Déjà, à chaque fois qu'elle rentrait dans sa maison, elle lançait une nouvelle paire de chaussures et, parfois, elle lançait presque tout ce qu'elle avait sur elle. Ensuite, la dernière fois qu'elle avait fait le ménage remontait à plusieurs semaines. Elle se rendit compte qu'elle était un déchet humain, ce qui la fit rire légèrement. Puis elle eut l'idée que tout serait plus simple si elle allumait sa chaîne-HiFi. Parce qu'en chanson, tout allait plus vite. Débarrassant une pile de vestes d'une étagère, elle la dépoussiéra et l'alluma. Les premières notes de Come As You Are résonnèrent dans la maison, faisant trembler les murs.
Elle attrapa sa jetée de canapé et la mit sur ses épaules, prise d'une envie pressante de faire la cinglée. Elle glissa sur le parquet en entonnant le premier couplet, tenant son poing serrés en guise de micro. Ses cheveux lâchés, elle secouait la tête dans tous les sens comme une déjantée, mais elle se sentait vivre pour la première fois depuis longtemps. À partir du deuxième couplet, elle commença à plier ses habits et en fit une pile, qu'elle rangea dans sa buanderie. Lorsque les paroles apaisantes de Stairway To Heaven se terminèrent, elle avait déjà terminé son ménage. Enfin, elle laverait et balayerait plus tard, là elle avait la flemme.
Elle grimpait les escaliers en même temps que Highway To Hell débutait, et elle sourit distraitement. Un débardeur et un shorty dans les mains, elle se dirigeait vers la salle de bain. Sa balade de tout à l'heure sur les toits de New-York l'avait apaisée et elle se sentait prête à tout. Alors qu'elle atteignait la dernière marche, un mal de tête soudain la fit se plier en deux, lâchant de légers cris de douleur. Elle attendit quelques secondes que ça passe mais rien n'y faisait, alors elle tenta d'atteindre le palier pour aller se réfugier là où elle ne risquait pas de se faire mal. Mais, lorsqu'elle voulu se lancer, une autre douleur foudroyante la fit tituber et elle tomba en arrière, la tête la première. Elle entendit tout d'abord ses os craquer, puis le sang couler abondement d'elle, et enfin elle tomba mollement sur le sol.
Raide morte.
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