Chapitre 32
Lazaro porta ses doigts à ses yeux dans cette pièce sombre et à son image. Il y a quelques semaines en arrière il gravitait entre deux mondes et prospérait sans n'avoir rien d'autre que le pouvoir comme pensée.
Aujourd'hui tout avait changé.
Ce petit bout de femme à la chevelure de feu se glissait dans ses veines comme son seul salut. La rage ne déclinait pas alors que des personnes dans l'ombre cherchaient à retourner la jeune femme contre lui. Ce qui le conduisait à une seule question :
Qui avait intérêt à faire ça ?
Ce petit jeu commençait à le dévier de sa trajectoire pourtant si propre. L'odeur du sang survolait l'atmosphère tendue alors que le corps d'un des hommes envoyés pour la chercher gisait dans une flaque de sang.
D'ordinaire méticuleux, à terre se trouvait une véritable boucherie.
Il rouvrit les yeux et croisa son propre reflet et eut peine à se reconnaître. Son beau costume sur-mesure était taché, sa chemise sillonnée de tons écarlates.
- Calme-toi Lazaro on va bien finir par trouver, déclara Edwardo en essuyant ses mains.
Sans bouger, le masque impénétrable, les lèvres déformées par un rictus, il se contenta d'un roulement d'épaules pour détendre ses muscles.
- Cet homme envoyé comme un sbire n'était là que pour ramener Hannah auprès de son père qui n'a eu aucun scrupule à me la donner, commença-t-il sur un ton sombre en marchant en cercle autour du corps sans vie. Michael Halden se moque de sa fille depuis des années et du jour au lendemain il veut à tout prix l'éloigner de moi ?
- Il y a une autre raison à ça, confirma Edwardo les sourcils froncés. De plus le petit jeu de Sandy avait pour but d'effrayer Hannah.
- L'anonyme a dit '' Elle est le dernier recours il faut la protéger '' dit Lazaro en s'arrêtant brusquement. Le dernier recours à quoi ?
Un silence assourdissant s'ensuivit et Lazaro jura en italien.
- Je jure sur ce que j'ai de plus cher que je vais les tuer les uns après les autres si je ne découvre pas très vite ce qui se passe ! Gronda-t-il en frappant le plat de sa main sur la grande table ronde.
Le bruit résonna dans la pièce tandis que son ami garda le silence. La respiration sifflante, il rafla d'un geste rageur ce qui se trouvait sur la table.
- On a eu des situations beaucoup plus complexes que ça Lazaro et nous avons toujours gagné la partie.
Edwardo marqua une pause avant de poursuivre à ses risques et périls.
- Tu es hors de contrôle parce que cette fois-ci la situation est différente, il faut impérativement te ressaisir.
Lazaro se redressa pour toiser son ami avec colère.
- Tu insinues donc que je n'ai plus la main sur la situation ?
- Oui, parce que tu l'as dans la peau et tu auras beau le nier tu sais que c'est vrai, répondit Edwardo en lui faisant face sans craintes. Tu n'as pas arrêter de répéter que ton instinct diabolique t'avait poussé à la prendre avec toi de gré ou de force. Jusqu'ici il ne s'est pas trompé et si cet homme n'arrête pas de te dire de la protéger c'est qu'il a confiance en toi.
Edwardo s'approcha pour l'affronter.
- Cet homme doit sûrement savoir qui tu es, et pourtant il compte sur toi.
- S'il voulait vraiment que je la protège il me donnerait d'autres informations cruciales ! Siffla Lazaro en essayant tant bien que mal à se calmer.
- Tu as raison, mais il doit avoir une raison valable de rester anonyme.
- Si jamais il est avec eux et qu'il me mène sur une mauvaise piste je jure que je sillonnerai la terre entière pour le retrouver !
- Et je te tendrai l'arme ce jour-là, répondit Edwardo en inclinant légèrement la tête. En attendant c'est notre seul informateur.
- Pas tout à fait, répliqua le mafieux en recouvrant un semblant de calme. J'ai ordonné à mes hommes de me ramener la mère d'Hannah le plus rapidement possible.
- Tu penses qu'elle sait quelque chose ?
- Je ne le pense pas j'en suis sûr, lui dit-il en se passant une main sur le visage. Elle sait quelque chose et elle ment à sa fille. C'est peut-être la seule qui connaît un morceau de vérité ou peut-être même toute la vérité.
Lazaro n'aimait pas ça et se maudissait intérieurement d'être obligé d'en arriver à de tel extrême.
C'était la mère d'Hannah, une femme qui avait passé des années dans un hôpital psychiatrique. Mais ce qu'il retenait et qui l'avait poussé à prendre cette décision c'est la détermination de la jeune femme à sauver sa mère.
Depuis des années elle s'était battue pour la sortir de là et avait même accepter son odieux chantage pour la sauver.
N'était-ce pas assez suffisant comme preuve d'amour pour cette mère qui semblait cacher un secret ?
Et qui peut-être mettait la vie de sa fille en danger ?
- Essaye de te calmer Lazaro, on va finir par trouver, déclara Edwardo d'une voix calme en posant sa main sur son épaule.
- Je serais calme quand quelqu'un me donnera une réponse, répondit Lazaro les yeux rivés sur le sbire allongé au sol. Combien d'autres ont été payé pour me la reprendre hein ?
Lazaro se passa une main rageuse sur le visage.
- Je ne m'arrêterai pas tant qu'ils ne seront pas tous mort.
La porte s'ouvrit brusquement laissant place à Marco qui tenait un dossier dans sa main.
- Vous n'allez pas croire ce que je viens de découvrir patron...oh Dio ! Mais...cette odeur ! Dit-il en mettant son avant-bras sur son nez.
- Tu t'y feras avec le temps, glissa Edwardo en donnant un coup de menton en direction du dossier. Qu'as-tu trouvé ?
Marco s'approcha de la table ronde en toussotant.
- J'ai voulu faire quelques recherches sur la famille de votre femme et à mesure que j'avançais j'ai découvert ceci, expliqua-t-il en tournant le dossier vers eux.
Lazaro s'en saisi pour consulter le contenu et fronça des sourcils.
- C'est un compte, nota-t-il en relevant les yeux vers lui. En quoi cela peut m'aider ?
- Regardez tout en bas de la page, en petit caractère.
Lazaro s'empressa de descendre son regard en bas de la page et ses yeux devinrent aussitôt obscurs.
- Ça appartient à Hannah, pourquoi elle ne me l'a pas dit ? S'enquit-il avec un goût amer dans la gorge.
- Peut-être qu'elle avait peur de te le dire, s'empressa de conclure Edwardo. Essayons de ne pas...
- Elle m'a demandé de l'aider pour...ça n'a pas de sens.
- Hannah est innocente patron, intervint Marco en mettant fin à l'horrible supplice qu'il ressentait par craintes d'avoir été dupé.
Aussitôt il s'en voulut amèrement d'avoir douté d'elle un quart de seconde.
- Elle ignore même l'existence de ce compte bloqué à son nom et ouvert précisément à la date de sa naissance, expliqua Marco. J'ai consulté les comptes de votre femme et elle en possède deux. L'un pour l'entreprise et l'autre est personnel avec seulement neuf milles dollars.
- Quelle conclusion devons-nous faire ? Lança Edwardo.
Marco se redressa en écartant les bras.
- Réfléchissez deux secondes, on est en train de parler d'un type qui à le goût du jeu dans le sang et qui accumule les dettes dans un carnet noir. Ce compte contient deux millions de dollars. À votre avis comment peut-il faire pour les obtenir si ce n'est tuer son propre enfant ? À savoir que cet agent reviendra à sa famille.
Un fracas s'ensuivit, puissant, si bien que le jeune Marco recula instinctivement, fixant la table fendue en milieu.
Lazaro ne ressentit aucune douleur, au contraire, il fixait la fissure les yeux noyés par les ténèbres.
- Ainsi donc c'était ça ! Siffla-t-il entre ses dents. Elle est le dernier recours il faut la protéger. L'anonyme disait vrai.
- Donc le plan de Michael Halden est de retourner Hannah contre Lazaro en lui faisant croire qu'il va la tuer. Ainsi il pousse sa fille à s'enfuir. De peur que ce plan échoue il a payé des voyous qui doivent la ramener pour ensuite la tuer, résuma Edwardo d'une voix marquée par une sécheresse redoutable.
- Ce compte est bloqué parce que seul le bénéficiaire peut le débloquer avec une signature mais si Hannah est tuée, tout revient aux membres de sa famille encore vivant. C'est-à-dire sa mère, son père et sa sœur. Une seule signature d'un seul parent est nécessaire. Hannah ne le sais pas et ce depuis le début.
Lazaro tremblait de rage, le visage déformé et les poings vibrant contre la table. Son cœur ô combien froid et sans pitié ressentit sa première palpitation. Les battements de son cœur n'avaient jamais été aussi douloureux que lorsqu'il avait appris le décès de sa sœur. L'enfer n'avait jamais été aussi proche de s'ouvrir sous ses pieds.
- La question est : Qui a placé cet argent, parvint-il à dire d'une voix désincarnée.
- Ça je l'ignore, je n'ai rien trouvé à ce sujet. Est-ce qu'il s'agit d'un placement qui a été fait par sa mère et son père ? Je l'ignore aussi et j'en doute. C'est courant dans de nombreuses familles d'ouvrir des comptes à la naissance de leur enfants.
- Et aujourd'hui, n'ayant plus aucun autre recours il veut récupérer cet argent, conclut Lazaro entre ses dents.
- Marco, pourquoi tu as dit que tu avais des doutes ?
- Parce que Sandy Halden n'a pas eu de compte de ce genre, expliqua-t-il en attirant l'attention des deux mafieux. Aucun compte bloqué à son nom et aucun ouvert de ce même type. C'est quand même étrange. Enfin je veux dire Michael Halden est plus proche de Sandy et puis si on ouvre un compte pour l'une on le fait pour l'autre non ?
- Donc ce compte a été ouvert par une autre personne, conclut Lazaro en regardant Edwardo.
- Et le père d'Hannah est au courant ou l'a su récemment, termina Edwardo.
Rictus aux lèvres Lazaro passa devant Marco qu'il remercia en posant sa main sur son épaule puis se dirigea vers la porte qu'il ouvrit sèchement.
- Que vas-tu faire Lazaro ? S'enquit Edwardo en essayant de le rattraper dans le sombre couloir.
- Accueillir sa mère comme il se doit, dit-il d'une voix basse et effrayante.
- Ne fait pas quelque choses que tu pourrais regretter.
Il se retourna violemment.
- Sa propre famille ne l'a mérite pas ! Rugit-il en le pointant du doigt. Son propre père espère pouvoir la tuer comme un chien pour avoir de l'argent après n'avoir eu aucun scrupule à la vendre comme du bétail ! N'essaye surtout pas de me convaincre c'est moi qui suis le mal incarné dans cette histoire.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, mais elle tient à sa mère.
- Et on ne peut pas en dire autant de sa mère ! Riposta Lazaro en reprenant son chemin. Elle sait des choses et je vais la faire parler.
- Et si jamais elle est dans le coup ? Imagine un seul instant qu'elle soit aussi impliqué Lazaro ? Comment vas-tu réagir ?
Edwardo essayait seulement d'anticiper car c'était la première fois qu'il voyait son ami dans un tel accès de rage. Une rage enflammée et qui bientôt pourrait être innarêtable.
Le mafieux ne s'arrêta pas et continua de s'enfoncer dans le couloir tout en déclarant :
- Ma femme est en danger de mort et rien ne pourra désormais m'arrêter...
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