Chapitre 30



La lune de miel était officiellement terminée et leur petit escale à Venise avait suspendu à cause de ce coup de fil qui avait forcé le destin à prendre une autre direction.

Soigneusement placée derrière le bar, Hannah s'amusait à passer le temps en faisant des cocktails quand elle vit Dina sortir de la salle de réunion. Elle referma la lourde porte qu'elle n'était pas autorisé à franchir avec le regard fixé sur elle.

Hannah retint sa respiration alors qu'elle s'avançait vers elle avec une démarche chaloupée, cigarette à la main.

- Vous partez une semaine et il nous revient encore plus fou qu'il ne l'était déjà, commença-t-elle avec un sourire en coin. Dis-moi quels sont tes pouvoirs tesoro ?

Dina était une Sicilienne à l'accent très prononcé, ce qui donnait à sa voix une vibration propre à elle à tel point qu'elle se sentait intimidé.

- Que se passe-t-il ? Pour quelle raison je ne suis pas autorisée à entrer ?

- C'est une réunion avec les membres de la mafia Hannah, je doute que tu veuilles vraiment y assister.

Elle cracha son nuage de fumée dans sa direction puis reprit :

- Alors ma belle, je constate que les choses sont différentes entre vous depuis notre conversation. Le loup aurait-il manger l'agneau plus tôt que prévu ?

Les yeux de Dina étaient gourmands d'une confession de sa part. Hannah se sentit mal à l'aise et se mit à feindre d'être occupée par ses inventions de cocktails.

- Disons que pour une fois j'ai décidé de penser à moi, dit-elle simplement en versant un peu de martini dans la préparation.

- Et tu ne le regrettes pas ?

- Pas une seule seconde même si je sais qui est Lazaro Santi.

Dina eut un petit rire.

- En tout cas, on peut dire que de son côté il est féroce et de mauvais humeurs.

Hannah releva les yeux si vite qu'elle eut un léger tournis à cause de l'alcool et ça ne serait sans doute pas le dernier.

- Il est vraiment inquiet à propos de ces coups de fil anonymes, et en générale l'inquiétude se transforme en rage chez Lazaro Santi, ajouta-t-elle sans doute parce qu'elle l'avait vu devenir livide.

- Je ne comprends pas qui c'est et je ne comprends pas non plus ce que signifie tous ces messages codés.

- Peut-être un homme qui connaît des secrets sur ton père. Je doute que son but est de te faire du mal, répondit Dina en écrasant sa cigarette. Sinon pourquoi il n'a de cesse de répéter qu'il faut te protéger.

L'italienne marqua une pause dans laquelle elle étira une grimace.

- Par contre je doute qu'il ait fait des recherches sur Lazaro, c'est un peu étrange de demander à un mafieux au passé sanguinaire de protéger l'agneau des autres prédateurs alors que lui-même en est un.

Hannah frissonna en fixant Dina qui donnait l'impression d'être contre cette relation.

- Pourquoi ai-je l'impression que je ne suis pas la bienvenue ? Demanda-t-elle franchement.

- Tu l'es, s'enquit-elle doucement en inclinant légèrement la tête avec un sourire honnête. J'essaye juste de durcir un peu ton âme car ici nous ne sommes pas à dans un petit pavillon de la banlieue de New-York. Je ne veux pas que tu sois choquée par le mode de vie de Lazaro. À tout instant il peut se montrer sous un jour qui ne pourrait pas te plaire.

Elle déglutit, essayant de réprimer le frisson glacial qui courait sur son échine, alors qu'elle avait de plus en plus de mal à tenir debout.

- J'en ai conscience, murmura-t-elle.

- Je l'espère Hannah car je ne pense pas qu'il pourra supporter de perdre quelqu'un d'autre ou que sa véritable vie te fasse fuir.

Sur cette note mystérieuse Dina sauta du tabouret et s'éloigna en la laissant ruminer ses mots.

Seulement une ballet d'hommes vêtus de costumes sombres se déroula sous ses yeux et la figea. Ils quittaient un à un l'endroit qui lui était interdit la mine sombre et concentrée. Cela ressemblait presque à un commando armé prêt à faire feu. Elle cligna des yeux pour remettre un peu de clarté dans sa vision et chancela en arrière.

Hannah porta sa mixture à ses lèvres mais une main ferme et autoritaire enroula son poignet pour qu'elle abaisse son bras.

Le cœur battant à la chamade elle coupa sa respiration en humant ce parfum si particulier.

C'était impossible, songea-t-elle alors que les hommes continuaient de sortir de cette salle de réunion interdite.

- Assez d'expériences pour aujourd'hui, lança cette voix profonde qui annihilait tous ses sens.

Hannah lâcha le verre et se retourna précipitamment.

Il était là, bel et bien là, derrière le bar, la dominant de sa présence. Incrédule elle tourna la tête vers la droite puis la gauche.

- Comment...comment tu as fait pour être là ? Et comment tu...

Il posa son pouce sur ses lèvres pour l'inviter au silence.

- Porte dérobée et système de surveillance, dit-il sans s'attarder.

Il se pencha sur le côté pour jeter un œil au comptoir.

- Bella, combien de tes inventions as-tu sifflé ?

- Toutes, s'étrangla-t-elle en battant des cils.

Il leva un sourcil amusé.

- Toutes ? Répéta-t-il.

- Oui, l'une d'elle se nomme la gorge du diable, un cocktail explosif, répondit-elle avec le sourire d'un enfant ayant fait une bêtise.

Et Hannah était en train de la payer. Sa tête commençait à tourner et l'amusement du mafieux prit subitement fin.

- Cette petite référence m'amène à croire que tu t'es inspiré d'un certain diable.

Il la souleva dans ses bras et elle enroula ses mains autour de son cou.

- Oui, chuchota-t-elle en posant la tête sur son épaule.

- Tu es ivre Hannah ! Gronda-t-il.

- Une chose qui ne se serait pas produite si tu m'avais autorisé à te suivre, murmura-t-elle d'une voix fluette.

Il grogna à nouveau en poussant des jurons en italien. Seulement Hannah était trop faible pour poursuivre l'offensive et ferma les yeux.

Il la déposa sur le siège arrière de la voiture tout en prenant soin que sa tête reste contre son épaule. Il demanda au chauffeur de démarrer et au premier coup d'accélérateur Hannah eut un haut-le-cœur.

- Je crois que...je n'aurai pas dû les tester tous.

- Et c'est maintenant que tu t'en rends compte ? Hannah !

- Lazaro ! Dit-elle avec un petit rire.

- Dio ! Gronda-t-il entre ses dents.

L'état dans lequel Hannah se trouvait était à la fois drôle et agaçant. Drôle parce qu'elle riait comme jamais elle n'avait ri par le passé mais agaçante parce qu'il était de sa responsabilité de prendre soin d'elle. Trop énervé et centré sur cet anonyme aux messages subliminaux, Lazaro avait quitté des yeux les écrans de surveillance et n'avait pas tout de suite vu qu'elle enchaînait les créations de cocktails tout en les goûtant les uns après les autres.

- C'est la première fois de ma vie que je suis ivre, marmonna-t-elle contre lui. C'est tellement étrange.

Lazaro ne répondit pas car la faire parler ne ferait qu'augmenter les haut-le-cœur.

Une fois arrivé devant la villa, Lazaro s'empressa de la monter au lit avec l'aide précieuse de Bianca.

- Une fois remise, tu auras le droit à la fessée, chuchota-t-il contre sa joue.

- Je.. la veux tout de suite ! Répliqua-t-elle.

Lazaro sourit contre sa joue et s'éloigna pour qu'elle se repose. Bien sûr, dans quelques heures, la Hannah qu'il connaissait ne tiendrait sûrement pas le même discours.

Et il avait hâte d'être à ce moment précis.

Un moment qui se profila vers vingt heures quand elle leva ses longs cils alors que sa chevelure rousse étaient en désordre.

Lentement, elle ouvrit totalement ses yeux de miel, la joue écrasée contre l'oreiller. Assis sur le fauteuil en face du lit, et après l'avoir veillé pendant des heures, Lazaro attendit patiemment que son regard sur plonge dans le sien.

- Alors cara mia, lequel de ces cocktails explosifs était le meilleur ?

Elle roula sur le dos, le visage rouge de honte, une main sur le front.

- Douceur de minuit, souffla-t-elle en prenant les draps pour les remonter jusqu'à son nez.

- Ah oui ? Et moi qui était persuadé que " La gorge du diable " était ton préféré.

Elle grimaça en le regardant comme une petite fille prise en faute.

- Trop de bourbon.

Lazaro leva un sourcil amusé puis se leva avec la grâce d'un félin et vint s'installer au bord du lit.

- Alors, commença-t-il avec un soupir, tu la veux tout de suite ta fessée ou tu préfères attendre le dîner ?

Elle repoussa les draps pour lui dévoiler un visage incrédule.

- Qu...quelle fessée ?

- Eh bien celle que tu m'as réclamé avant de t'endormir, tu ne t'en souviens pas ?

Elle cilla à son plus grand bonheur.

- Je t'ai dit que j'allais te donner la fessée et tu m'as dit et je cite " Je la veux tout de suite "

Un feu dévora ses joues.

- Je n'ai aucun souvenir de ça ! Oublie ! S'exclama-t-elle en rabattant les draps sur son visage.

Lazaro émit un rire rauque en faisant courir ses doigts sur son bras jusqu'aux draps qu'il écarta.

- Tu n'es pas la seule à qui ça arrive mon ange, la question que je me pose est tout autre.

Elle fronça des sourcils.

- Hannah, est-ce que c'était délibéré ?

Se mordre la lèvre était la seule chose quelle trouva à faire. Hélas ce geste et le silence qui l'accompagnait aiguisa l'intérêt de l'italien au visage grave.

- Hannah...

- Peut-être, avoua-t-elle en fuyant son regard. Je n'ai pas compris les raisons pour lesquelles j'ai été écarté de cette réunion.

- Pour ne pas te mettre en danger pour commencer, répondit-il aussitôt d'une voix sérieuse. Toutes les personnes présentes lors de ces réunions détiennent des codes confidentiels et tout un tas de choses qui reposent uniquement sur la Mafia. Ce n'est pas délibérée c'est uniquement pour ton bien.

Hannah acquiesça, comprenant un peu mieux son choix de l'écarter.

- Tu as dit pour commencer.

- Parce que l'autre raison repose sur mon choix de t'écarter au mieux de ce que je suis quand la mafia coule totalement dans mes veines.

Un frisson glacial courut sur sa peau alors qu'il la dévisageait avec une gravité sans précédent.

- Je ne veux pas que tu me vois comme ça, ajouta-t-il sur un ton catégorique.

- Pour me protéger ou par peur que je prenne le premier avion disponible ? S'enquit-elle en se redressant.

- Les deux peut-être, dit-il en prenant une mèche de ses cheveux pour l'enrouler autour de son index.

- Tu sais, commença-t-elle en trouvant son regard. Il va me falloir plus que ça pour me faire partir.

- N'en soit pas si sûre tesoro, l'avenir n'est jamais écris en avance, essayons déjà d'écrire le présent.

Il glissa sa main dans sa nuque pour attirer son visage au sien. Hannah sentit dans ce baiser qu'il était différent. Il y avait une légère puissance mais autre chose qu'elle ne sut déterminer.

Peut-être de l'inquiétude...

Hannah essaya de ne pas trop s'inquiéter mais au fond d'elle, savait que quelque chose tracassait le mafieux.

- As-tu des pistes ? Demanda-t-elle en posant sa main sur la sienne.

- Pas encore mais je suis sur le coup, et je finirai par savoir qui est cet homme.

Il marqua une pause dans laquelle un rictus déforma ses lèvres. Il renversa sa paume de main pour y déposer un baiser.

- J'espère seulement qu'il ne s'agit pas d'un piège minutieusement orchestré.

Hannah frissonna sous l'orageux regard du mafieux.

- Car sinon, je serais vraiment, vraiment très en colère...

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