Chapitre 28




Lazaro caressa son visage alors que l'expression de celui-ci continuait de le défier. Il approcha ses lèvres des siennes pour l'embrasser mais ce baiser fut coupée par son téléphone qui vibra dans sa poche. Il claqua sa langue en s'écartant de la jeune femme qui ne lui cacha pas sa frustration.

- J'espère que ce coup de fil est important Edwardo, car j'étais sur le point de commencer un entraînement intensif, dit-il avec un lent sourire savoureux.

- Oui, le père de ta précieuse femme est sorti de l'hôpital hier matin.

Lazaro effaça lentement son sourire et se rembrunit brutalement.

Ce changement brutal d'expression alerta Hannah qui aussitôt fronça des sourcils. Pour ne pas l'alerter davantage il se retourna pour s'éloigner.

- Dois-je lui tirer dans l'autre jambe ? Est-ce la raison de cet appel ? S'enquit-il en italien.

- Je le surveille de près mon ami, mais ce que je sais, c'est qu'il a pris contact avec un certain Gordon Slater, c'est un magnat de la finance assez prometteur.

- Une première rencontre ou ils se connaissent déjà ?

- Je dirais qu'ils ne se connaissent pas, répondit Edwardo d'une voix néanmoins préoccupée. Je me méfie de cet homme Lazaro, je connais ce genre d'homme, mon oncle était exactement le même que Michael Halden. Un drogué de jeux avec un besoin constant de jouer et de gagner de l'argent. Même inondé de dettes, il cherchait toujours un moyen d'obtenir de l'agent.

- Je sais mon ami, je sais, soupira Lazaro en se passant une main dans les cheveux.

- Écoute le mieux c'est que tu prolonges ton séjour sur le yacht pour deux ou trois jours le temps pour moi d'être sûr qu'il est bien sage.

- Tu me proposes ça parce que tu veux vraiment vérifier qu'il est sage ou pour m'éloigner afin que je ne le tue pas définitivement ?

Un silence assourdissant s'ensuivit.

- C'est son père Lazaro, même si c'est un enfoiré, ça reste son père, finit-il par dire.

- Un père qui l'a mis en jeu pour de l'argent, lui rappela-t-il sur un ton faussement calme. Je doute que sa mort soit une grande perte.

- Malheureusement, Hannah n'est pas comme nous, répliqua Edwardo. Elle ne perçoit pas les choses comme nous les percevons. Il n'y a pas de froideur en elle, même si elle est en colère, jamais elle ne sera comme nous. Jamais elle ne pourrait songer à tuer son père.

Lazaro ferma brièvement les yeux en inclinant légèrement en arrière.

- Tu as sans doute raison, murmura-t-il enfin.

- Retarde ton retour le temps que je vérifie s'il continu de représenter une menace, conclut Edwardo.

Lazaro raccrocha les mâchoires serrées et resta le dos tourné à Hannah.

- En général quand tu t'exprimes en italien c'est que tu ne veux pas que j'entende, lança-t-elle doucement mais la voix tremblante de nervosité.

Lazaro n'avait pas le droit de lui mentir, il se l'était juré depuis l'accident de la plage.

- Ton père est sorti de l'hôpital, déclara-t-il en lui faisant face.

Elle balaya le sol, troublée, puis accrocha son regard en contournant le plan de travail.

- Est-ce une bonne chose ou une mauvaise.

Lazaro fit mine de réfléchir alors qu'il connaissait déjà la réponse.

- Pour lui sans doute mais pas pour moi, certainement pas pour moi.

- Pour quelle raison ?

Il plongea son regard dans le sien et resta longuement silencieux, incapable d'exprimer ce qu'il ressentait réellement.

- Je n'ai pas confiance en lui Hannah, finit-il par dire avec humeur. Si je lui ai explosé la jambe ce n'est pas pour rien. S'il est encore en vie c'est uniquement parce que c'est ton père.

La jeune femme se pinça nerveusement la lèvre et s'avança vers lui.

- Je pense qu'il a retenu la leçon, je sais que mon père est disons...imprévisible mais...

- Ne te berce pas trop d'illusions Hannah, la coupa-t-il d'un air grave. On est en train de parler d'un homme qui n'a pas hésité à enfermer sa femme dans un hôpital psychiatrique et qui a manipulé sa propre fille pour des gains financiers.

Lazaro s'en voulait d'être aussi blessant mais il n'avait pas le choix. Le cœur si tendre de la jeune femme avait besoin d'être exposé à la dure réalité.

Elle baissa tristement les yeux sur le carrelage puis les releva avec difficulté.

- Je sais, murmura-t-elle d'une voix enrouée. J'essaye juste de me dire que c'est impossible qu'il puisse faire pire que ce qu'il a fait par le passé.

- Mon ange, je veux juste que tu sois prudente quant aux sentiments qui animent ton esprit et ton cœur au sujet de ton père.

Elle hocha doucement de la tête, la gorge serrée. Lazaro s'approcha pour saisir sa taille et la plaqua contre lui pour qu'elle repose contre son torse.

- Je gère la situation, murmura-t-il en posant un déposant un baiser sur son front. En attendant nous allons rester encore quelques jours ici.

Elle s'écarta légèrement pour pencher la tête en arrière afin de le dévisager.

- Parce que tu avais l'intention de rentrer ? Demanda-t-elle les sourcils froncés.

- Oui, parce que je devais t'emmener à Venise pour poursuivre notre lune de miel, révéla Lazaro en pinçant son menton entre ses doigts pour l'embrasser. Hélas mes plans sont retardés.

Hannah se trémoussa légèrement quand il relâcha ses lèvres. Ce n'était pas exactement ce qu'elle s'était imaginée en ouvrant les yeux après sa première nuit dans les bras d'un homme.

Son père qu'elle pensait hors d'état de nuire ne l'était pas réellement. Profondément inquiète malgré qu'elle essayait de se persuader du contraire, Hannah força un sourire de circonstance.

- Venise, répéta-t-elle doucement, tu sais ce kidnapping orchestré sur ce yatch m'est suffisant, tu n'es pas obligé de faire tout ça. Je sais que tu as des obligations.

- Kidnapping orchestré hum ? S'enquit le mafieux avec un sourire en coin.

- Tu sais très bien où je veux en venir, dit-elle en roulant des yeux.

- Je n'ai pas d'obligation pour le moment, ma priorité c'est toi. Comme je l'ai dit, le chemin est encore long et je ne prends rien pour acquis.

Il s'éloigna pour s'installer sur l'un des canapés

Troublée, Hannah tortilla ses doigts en s'avançant vers lui à pas de loup.

- Tu penses que je ne te fais pas confiance ?

- Je ne le pense pas, je le crois mia cara, répondit-il en se carrant contre le dossier du canapé.

Hannah cilla en cessant presque de respirer.

- Qu'est-ce qui te faire dire ça ?

Il allongea ses bras sur le haut du canapé en lui lançant un regard énigmatique.

- Parce que c'est le cas et je veux qu'une partie de toi continue de le faire, c'est un défi pour moi. J'ai douze mois pour te prouver que tu peux me faire confiance et que ce que je t'ai dit depuis le début n'était pas un leurre mais une réalité.

Hannah resta sans voix et le dévisagea avec incrédulité.

- Et si par le plus grand des hasard j'ai décidé de te faire confiance ?

- Est-ce que c'est le cas ?

Il lui fallut un moment de réflexion avant de répondre. Une partie d'elle lui avait accordé une confiance qu'elle-même avait redouté. Est-ce que cela était significatif pour affirmer qu'elle lui faisait entièrement confiance ?

Hannah déglutit péniblement avant de répondre.

- Notre mariage est basé sur un contrat et il y a une durée de temps.

Il se rembrunit brutalement, un ciel d'orage dans la profondeur de ses yeux.

- Et tu penses qu'après ce temps écoulé je te mettrai dans le coffre de ma voiture et que je te déposerai comme une fleure fanée devant ta boutique ? S'enquit le mafieux l'expression impossible à déchiffrer.

Hannah y avait songé, à plusieurs reprises même.

- Ton silence vaut plus qu'une réponse et il est temps de rectifier ça, renchérit-il en se levant à la hâte pour saisir sa main.

Il l'entraîna dans l'escalier qui menait à l'étage supérieur.

- Rectifier quoi Lazaro ? Demanda-t-elle alors qu'elle trottinait pour suivre le rythme de ses pas.

Il poussa une porte qui menait à un bureau et lui lâcha la main seulement quand ils eurent franchi le seuil. Elle le suivit des yeux en essayant de comprendre le sens de ce qu'il était en train de faire.

- Lazaro je ne comprends pas, insista-t-elle en s'approchant du bureau alors qu'il venait d'ouvrir un tiroir.

Il en sortit un dossier assez épais et s'empara d'une feuille qu'il lui présenta.

- Ceci est le contrat que tu as signé le jour de notre mariage est-ce que tu t'en souviens ?

Le cœur battant de plus en plus vite Hannah fixa les deux signatures qui reposaient l'une à côté de l'autre.

- Ou...oui, ce n'est pas le contrat de mariage mais celui qui indique que je dois rester mariée à toi pendant un an.

- Bien...

Il déchira le contrat sans la quitter des yeux.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? S'exclama-t-elle en le dévisageant avec une incertitude planté dans son ventre alors qu'il déchirait la feuille en mille morceaux.

Impassible, son visage était pourtant marqué par les convulsions de ses mâchoires. Cet instant semblait tout aussi terrifiant que précieux.

- Je déchire ce contrat qui t'oblige à rester avec moi pendant un an.

- Mais...pourquoi ?

Il fit le tour du bureau pour la rejoindre avec toujours ce même regard âpre comme s'il avait fait ce geste en redoutant les conséquences tout en les acceptant.

- À partir de maintenant tu es ma femme comme n'importe quelle autre. Plus aucun contrat ne te force à rester avec moi. Tu es libre de partir et de demander le divorce à n'importe quel moment.

Hannah avait l'impression que son cœur allait exploser. Son ventre se noua sous le regard sombre de son mari qui par ce geste insensé et inattendu lui donnait désormais le choix.

- Pour quelle raison as-tu fait ça ? Souffla-t-elle déconcertée, toi qui a mis tout en œuvre pour m'avoir.

- Parce que ce contrat donnait une échéance à notre mariage et ce n'est pas comme ça que je vois l'avenir. Savoir que tu as songé à ce que je pourrai faire de toi au terme de ces douze mois m'a conforté de ce choix de détruire ce contrat.

Hannah sentit son cœur s'affoler et une émotion redoutable l'empêcha de parler.

- Désormais chaque seconde m'est précieuse car tu es libre de choisir Hannah. Tu n'es plus forcée de rester avec moi par la force mais par choix, reprit-il d'une voix lourde et rocailleuses. Je serais plus méritant de savoir que tu es à mes côtés par choix.

- Alors pourquoi sembles-tu si en colère ? Osa-t-elle demander.

- Parce que désormais chaque seconde m'est précieuse et je ne peux plus avoir la main dessus.

Il craignait qu'elle parte maintenant qu'elle avait le possibilité de tout arrêter. Elle demeurait mariée à lui mais il n'y avait plus d'échéance. Elle était en quelque sorte libre de partir à tout moment. Et il ne le supportait pas.

Hannah savait qu'une partie de lui et sans doute la plus impitoyable ne serait pas capable de s'y résigner, mais ce qu'il venait de faire changeait toute l'histoire. Jamais elle ne l'aurait cru capable de faire ça alors qu'ils étaient mariés seulement depuis deux semaines.

Était-ce une preuve que le mafieux tenait à elle ? Était-ce une façon à lui de lui prouver qu'il avait confiance en elle ?

Hannah refusa de répondre à cette myriade de questions et préféra se mettre sur la pointe des pieds pour poser ses mains sur ses épaules afin qu'il se penche pour qu'elle l'embrasse.

L'aura sombre du mafieux l'enveloppa alors et étrangement, Hannah était convaincu d'avoir décelé une infime clarté dans cette noirceur absolue...

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