Chapitre 22
Hannah posa la naissance de ses doigts sur sa bouche là où l'empreinte de ce bref baiser était ancré comme marquée par le fer. Elle resta là, immobile alors que le mafieux s'était effacé sans un mot de plus.
Une raideur persistante dans la nuque, une brûlure au creux de cette cuisse qu'il s'était seulement contenté d'effleurer, Hannah avança comme un automate jusqu'à la porte qui renfermait une salle de bains boisé et marbré. Elle ôta sa robe en vitesse pour finir nue et impatiente de faire couler de l'eau froide sur sa peau parcourue de brûlures. Le feu encore présent persista, et sa respiration continuait de vaciller. Elle toucha ses lèvres de ses deux mains encore tremblantes alors que son cœur battait au rythme des images qui passaient en boucle dans sa tête. Le mafieux avait raison et la vérité était parfois pénible à avaler. En le poussant dans ses retranchements elle s'était laissée prendre au piège de la vérité. Une seule caresse et elle s'était tout simplement liquéfiée devant l'homme qu'elle devait pourtant haïr de toutes ses forces. Hannah passa ses mains dans ses cheveux trempés la respiration toujours autant erratique et le corps emprisonné dans cette digue qui n'avait de cesse de s'intensifier.
Une heure plus tard, elle quitta la chambre pour le rejoindre sur le pont indiqué. Dès qu'elle le vit son cœur cessa de fonctionner normalement. Il était assis autour d'une table pour deux, et son regard masqué était tourné vers ce bleu infini.
Le vent marin n'était pas suffisant pour l'aider à reprendre une respiration convenable mais pourtant elle s'avança vers cette table. Le mafieux avait été d'une franchise tranchante, si bien que ses mots continuaient de résonner dans sa tête. Puis subitement tout se figea dès qu'il tourna la tête dans sa direction.
Elle s'efforça de se ressaisir alors que son diabolique regard était sur elle sans qu'elle sache réellement ce qu'il comportait.
Était-il toujours en colère ?
Il garda ses lunettes de soleil qui renforçait son charme et son charisme foudroyant.
- J'espère que tu as faim ?
Hannah balaya la table d'un regard songeur puis fronça des sourcils avant de s'installer.
- Tu as dit que nous étions seuls, lui rappela-t-elle intriguée par cette table garnie de nourritures fraîches.
- C'est le cas trésor, répondit-il en lui servant un verre de vin blanc. Mon équipe a préparé le nécessaires pour aujourd'hui et pour les jours suivants nous avons suffisamment de nourritures pour tenir jusqu'à l'hiver.
Sa voix bien que sombre et rocailleuse avait retrouvé ce trait d'humour particulièrement machiavélique.
- Il faut que tu manges, je suis sûr que tu as faim, ajouta-t-il en l'invitant à se servir.
Étrangement son appétit était plus ouvert que sur la terre ferme mais quelque chose nouait son estomac. Sans doute parce que les événements récents avaient marqué une tournure dans cette relation. Ce baiser et cette proximité intense avaient définitivement donné un autre ton dans cette histoire et Hannah avait beau continuer à le nier, c'était trop tard.
- Est-ce que tu as déjà fait ça auparavant ?
- Quoi ? Kidnapper ma femme pour passer du temps avec elle ? Non pas avant aujourd'hui.
Hannah exhala un soupir tremblant alors qu'il la gratifiait d'un sourire en coin.
- Je veux dire partir en mer loin de tout.
- Une seule fois et c'était il y a longtemps, répondit le mafieux sans s'attarder sur les détails.
Hannah comprit qu'il n'était pas nécessaire d'insister.
- J'aimerai que tu arrêtes de te sentir gênée cara, ce qu'il s'est passé tout à l'heure ne doit pas faire de toi une femme coupable, lâcha-t-il soudain d'une voix sombre et chaude à la fois. Tu es humaine à ce que je sache, et encore libre de ressentir ce que ton corps désire que tu ressentes.
- Qu'est-ce qui te fait croire que je me sens coupable ? Demanda-t-elle non sans rougir.
Un rire profond et troublant fendit la brise marine et le bruit des vagues qui caressaient la bateau.
- La jeune et discrète Hannah assise sur un tableau de bord en train de livrer un combat avec son propre corps sous la caresse de l'homme qu'elle se doit de détester et dont les lèvres ont été embrassé par ce même homme. Ne me fais pas croire que tu ne te sens pas coupable.
- Ce n'était pas...réellement un baiser.
- Non cara, c'était juste un petit avant-goût, confirma-t-il avec un sourire énigmatique.
- Je ne me sens pas coupable, je me sens désorientée et en colère.
- En colère que je sois le seul homme à te faire ressentir ce qu'aucun autre avant moi n'ait jamais réussi à faire au point de t'en rendre coupable, ai-je raison ?
Hannah sentit son cœur s'envoler dans une course folle et ce fut pire quand il ôta ses lunettes de soleil. Son regard bleu était parsemé de pigments immaculés à cause des reflets du soleil sur la mer. Intense et grave, son expression affola son rythme cardiaque.
- Est-ce que je me trompe ? Insista-t-il de sa voix rocailleuse qui s'enfonçait en elle comme une caresse.
- Non, admit-elle en se redressant sur la chaise tout en tournant le regard sur l'horizon.
- Alors c'est que ce petit-ami que tu as dû fuir était un piètre partenaire.
Cette phrase faillit la faire sursauter et elle reposa ses yeux sur lui.
Comme un vent chaud, le regard du mafieux se glissa sur elle et sa respiration s'accéléra brutalement.
Elle craignait qu'il insiste mais il ne le fit pas, sans doute conscient que ce sujet délicat faisait émerger des souvenirs douloureux.
Il se redressa avec un soupir troublant en la dévisageant longuement ce qui à nouveau l'empêcha de respirer.
- Cara je dois te poser une question délicate, essaye de ne pas trop m'en vouloir bella.
Sur ses gardes, Hannah acquiesça avec prudence en priant intérieurement qu'il ne s'agisse pas une fois de plus d'une question trop intrusive.
- Est-ce que ta mère a eu une relation avec un autre homme que ton père par le passé ?
Bouche bée, Hannah resta figée, incapable de prononcer le moindre mot, les cils papillonnant.
- Je te demande pardon ? Dit-elle enfin d'un souffle.
- Cara ne m'oblige pas à reposer la question.
- Inutile j'ai très bien entendu ! Lança-t-elle en secouant la tête encore sous l'effet du choc. Le problème c'est que je ne vois pas ce que mes parents viennent faire là. Est-ce que nous pourrions revenir à la conversation suivante où tu essayais de scanner les réactions de mon corps sous la caresse de l'ennemi ? Je préfère !
La pâleur sur son visage disparut remplacée par une vive rougeur que le mafieux prit plaisir à regarder.
Un lent sourire savoureux gagna ses lèvres dures tandis que son regard lui, restait machiavélique et délicatement encerclé d'une note amusé.
- J'aimerai tellement revenir à cette conversation mon ange, et nous y reviendrons, j'adore jouer le docteurs et le psychanalyste mais hélas, j'ai besoin d'une réponse c'est important.
- Pour quelle raison ? S'enquit Hannah dans l'incompréhension la plus totale. Ma mère était une femme loyale même si elle était terriblement malheureuse jamais elle n'aurait fait une chose pareille.
Le mafieux doutait de cette défense et lui fit comprendre sans même se donner la peine de parler.
Puis lentement, l'expression de l'italien changea. Elle devint sérieuse et grave.
- J'ai reçu trois coups de fil du même homme depuis le jour où tu as quitté ta mère pour venir avec moi, commença-t-il l'air grave. Ces coups de téléphone m'étaient tous destinés et te concernait toi.
Le visage blême, Hannah prit peur et serra de manière presque violente la nappe blanc jusqu'à la froisser.
Le regard incisif, le mafieux posa sa large main sur la sienne pour qu'elle la détache du tissu.
- Ce n'était pas celui à qui tu penses tesoro, soit sans crainte, s'empressa-t-il de dire pour la rassurer. La voix de cet homme était plus vieille, dans les âges de ton père.
Hannah prit une brutale inspiration envahie par une folle inquiétude qui se dissipa quand la main hâlée de l'homme se resserra sur la sienne.
- Mais que disait-il ? Demanda-t-elle en dévisageant la nappe blanche comme si la réponse y était inscrite.
Il lâcha sa main.
- Il a dit et je cite " Il faut la protéger, promettez-moi de la protéger, il faut à tout prix l'éloigner de lui " Et regarde cara, dit-il en basculant contre le dossier de la chaise en écartant ses bras pour lui présenter l'horizon bleu et infini d'une manière théâtrale. Concernant l'éloignement je ne peux pas faire mieux.
- Mais...qui c'est et de qui tu dois me protéger ?
- Alors, commença-t-il en étirant un légère grimace. Selon ma théorie le plus sage aurait été de me nommer moi. C'est étrange que cet inconnu qui a réussi à avoir accès à mon numéros privé me demande de te protéger alors que l'inverse aurait été...disons plus sage.
C'est vrai, songea Hannah en fixant les tatouages sur ses mains.
- Je ne sais pas ce que veut cet homme mais une chose est sûre il te connait suffisamment pour ce mettre en danger.
- Que veux-tu dire par-là ?
- Obtenir mon numéro privé nécessite une certaine maîtrise en technologie ou alors avoir des contacts qui me connaissent. Le dernier qui a fait ça en a payer le prix.
Hannah frissonna sous la menace qui dansait dans ses yeux.
- De plus je n'aime pas jouer aux devinettes trop longtemps, reprit-il en recouvrant un sérieux glaçant. Est-ce que tu connais quelqu'un qui pourrait vouloir te faire du mal en dehors de ton père, de ta sœur sans doute frustrée et cet ancien petit-ami un peu trop collant ?
Hannah fouilla dans sa mémoire sans grand résultat.
- Non, je ne fréquente personne en règle générale, Inaya est la seule qui passe le plus de temps avec moi. Je n'ai jamais eu l'impression d'être en danger jusqu'à ce que tu débarques dans ma vie.
- C'est très flatteur de ta part mon ange, glissa-t-il doucement en attrapant son verre vin pour boire une gorgée sans la quitter des yeux. Et ta mère ? Elle n'a pas eu de problèmes particulières à la clinique ? Tu es sûre qu'il n'y a pas un amant caché du passé ?
- Maman n'avait pas de soucis hormis celui d'être enfermée de force. Et je te le répète ma mère n'avait pas d'amant.
- Certaines choses ne sont pas ce que l'on croit Hannah, garde toujours ceci en mémoire, dit-il avec sérieux.
- Comme toi par exemple ? S'enquit-elle vivement.
- Exactement, confirma-t-il en accrochant son regard. La première fois que tu m'as vu tu pensais que j'étais un sale type. Un homme marié qui était sur le point de tromper sa femme. À aucun moment tu t'es douté que j'étais le patron d'une mafia Sicilienne.
Hannah eut peine à déglutir.
- Tu n'as pas toujours été une jeune femme, tu n'étais pas une adulte il y a des années en arrière mais plutôt une enfant et à cet âge, certains détails paraissent insignifiants mais ont de l'importance, ajouta-t-il.
Mais elle refusait d'y croire et secoua doucement de la tête, le regard plongé dans le vide.
- Quoiqu'il en soit cara, je dois mener mon enquête pour trouver qui est à l'origine de ces coups de fil. Même si cet homme n'a pas de lien avec ta famille les faits sont là. Il me demande de te protéger et les intonations de sa voix sont suffisamment sérieuses pour étudier ça de plus près.
- Et moi ? Que dois-je faire ? Attendre ? Demanda-t-elle en saisissant son verre à pied qu'elle porta à ses lèvres dans l'espoir fou que le vin dissipe ses tremblements.
- Si tu veux interroger ta mère tu es libre de le faire mais c'est tout. Tu n'as pas à t'inquiéter il ne t'arrivera rien et je n'avais pas besoin de ce coup de fil pour me jurer de te protéger.
Il se leva avec l'aisance d'un félin et contourna la table pour se glisser derrière sa chaise.
- Tu as comprit cara ?
Il dégagea les cheveux sur sa nuque et se pencha pour l'effleurer de son souffle. Instantanément, Hannah perdit le fil de la discussion et en oublia presque ce qu'il venait de lui apprendre.
Son esprit était captif tout comme l'était son corps.
- O...oui, balbutia-t-elle en se pinçant les lèvres.
- Parfait, chuchota-t-il en se redressant subitement.
Il reprit sa place les yeux transcendés par une puissance magnétique et ses mâchoires se contractèrent. Hannah sentit son cœur s'emballer en constatant avec difficulté qu'elle avait de plus en plus de mal à résister à l'ange déchu...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top