Chapitre 21




- M'aurais-tu suivi si je t'avais dit la vérité sur notre réelle destination ?

Hannah serra les dents alors que ses deux mains reposaient toujours sur son visage et le tenaient avec une force légère.

- Non ! Répondit-elle après avoir reprit ses esprits.

- C'est bien ce que je pensais, se contenta de dire le mafieux en retirant ses mains pour s'éloigner vers l'escalier pour le replier sur lui-même l'empêchant ainsi de quitter le bateau.

Il l'ignora ensuite, et monta un second escalier qui menait certainement à la cabine de pilotage. Hannah cilla en faisant un tour complet sur elle-même, le cœur battant à tout rompre. Seule ? Avec lui ? Au milieu de nulle part ? Sans aucune porte de sortie ?

Une bouffée de chaleur se mit à l'envahir accompagnée d'une montée de colère qui la poussa à emprunter l'escalier à son tour. Le yacht était immense et la première porte menait à un splendide salon vernis de noir et de tons acajou. Elle le traversa en suivant les sifflements qui résonnaient au loin. Elle monta un autre escalier torsadé puis un autre en bois et le trouva enfin. Elle faillit tomber alors que le moteur vrombissait sous ses pieds signe d'un départ imminent.

- Tu ne peux pas m'emmener avec toi ! Laisse-moi descendre s'il te plaît !

- Non, dit-il sur un ton sans appel sans même se donner la peine de se retourner. J'ai besoin de temps et surtout d'être seul avec toi Hannah.

- Mais pourquoi faire ? S'alarma-t-elle les yeux écarquillés en se tenant à une table pour s'empêcher de tomber. Pourquoi tu as besoin de temps ? Tu vas me tuer ?

Le mafieux qui avait remis ses lunettes de soleil jeta un coup par-dessus son épaule en sifflant un juron en italien.

- Tu viens d'évoquer la principale raison de ce voyage en tête-à-tête cara, répondit-il sur un ton grave. Aussi longtemps que tu penseras que j'ai l'intention de te tuer ou de te faire du mal volontairement nous resterons sur ce yacht au milieu de la mer et je me fous du temps que sa prendra, ajouta-t-il froidement.

La respiration erratique caressait par un infime soulagement, Hannah chercha à se redresser pour regarder à travers la baie vitrée. Le yatch était en train de s'éloigner du port et il était trop tard.

- Et ne songe pas à piquer une tête je suis très doué pour pêcher...

Elle frissonna en marchant jusqu'à l'ange déchu qui continuait à lui tourner le dos. Elle s'accrocha au fauteuil en cuir en face du tableau de bord alors que le monstre des mers prenait de la vitesse.

- Je...je suis malade en mer.

- Vilaine menteuse, dit-il en faisant claquer sa langue comme un coup de fouet. Comment peux-tu savoir si tu es malade en mer alors que tu n'as jamais pris le bateau hum ?

Rouge de honte et de confusion mêlées elle tourna la tête dans sa direction et frémit devant son masque impassible.

- Je le devine là maintenant tout de suite...

- Tu fais une petite crise de panique parce que tu es en train de partir avec le grand méchant loup et que tu vas devoir te battre avec trois fois plus de dureté pour réprimer tes émotions contradictoires.

Hannah aurait voulu lui sauter dessus et le gifler pour avoir éluder cette vérité.

Alors elle resta immobile, agrippée au fauteuil alors que le bateau s'éloignait des côtes jusqu'à ce qu'elles disparaisse totalement. Le yacht perdit de son allure et se mit à voguer sur la mer calme et silencieuse.

Elle ne connaissait pas suffisamment l'italien pour l'affirmer, mais elle était persuadée d'avoir compris cette phrase prononcée plus tôt par le mafieux.

Une montée de chaleur dévora ses joues et ce fut pire quand il lâcha les commandes pour se tourner vers elle. Il ôta ses lunettes de soleil pour lui exposer son regard dur.

- Je sais ce que tu penses de moi cara mia, mais le problème c'est que tu es coincé avec moi et de mon côté j'éprouve un grand intérêt pour toi. Je ne sais pas d'où il vient, je ne sais pas les raisons qui me poussent sans cesse vers toi mais tôt ou tard j'obtiendrai une réponse.

- Crois-moi tu perds ton temps pour rien, répliqua Hannah en se redressant, les jambes en coton. Tu gâches ton énergie pour la mauvaise femme car je n'ai rien d'exceptionnelle et tu le sais. Aussi étrange que ça puisse paraître je sais comment fonctionne les hommes Lazaro.

- Ah oui ? Éduque-moi trésor je suis pressé de t'entendre, répliqua l'italien d'une voix posée mais tendue.

- Avec une autre qui te tombe dans les bras comme ma sœur l'aurait fait tu n'aurais pas gaspiller autant d'énergie comme tu le fais en ce moment ai-je raison ?

Il tiqua, les yeux très noirs.

Hannah frissonna de peur mais ne regrettait en rien l'avancement de ses propos. S'il se donnait tant de mal c'est parce qu'elle n'était pas encore dans son lit et n'était pas comme ces femmes qui auraient accepté ce mariage les yeux fermés comme Sandy s'apprêtait à le faire sans se douter un seul instant de ce que le mafieux lui avait réservé.

Mais Hannah se figea à sa propre réflexion car ce n'est pas le destin qu'il lui avait réservé...

- Dans l'hypothèse que tu y parviennes, je sais ce qui adviendra de moi et de ce mariage, poursuivit-elle d'une voix mal assurée car son regard devenait de plus en plus noir. Lazaro Santi obtient toujours ce qu'il veut n'est-ce pas ? Sauf qu'avec la pauvre Hannah ça prend un peu plus de temps je me trompe ?

Cette fois-ci Hannah réalisa trop tard qu'elle venait d'aller trop loin et que ses propos l'avaient enragé. Elle se recula mais il fut plus rapide.

Hannah retint sa respiration quand deux mains agrippèrent sa taille pour la soulever. Il la déposa à quelques centimètres de la commande de bord, la tenant prisonnière avec un bras enroulé autour de sa taille. Il s'était positionné entre ses jambes et la rapprocha un peu plus du rebord avec une autorité indescriptible. Hannah sentit alors son propre souffle s'affoler, la bouche entrouverte là où toutes ses pensées se faufilaient dans des expirations troublées par la dureté de son regard.

Rictus aux lèvres et de sa main libre il s'aventura sur le chemin de sa jambe alors qu'elle venait de poser un avant-bras inutile sur son torse massif.

Il avança son visage tout près du sien alors qu'elle suffoquait de cette caresse.

- Tu crois que j'aurai besoin de faire tout ceci si l'unique but était de t'avoir dans mon lit pour satisfaire mon appétit, dit-il d'une voix tellement douce qu'elle paraissait menaçante. Dio ! Regarde-toi tesoro, une seule caresse de moi et ton souffle est dérouté, poursuivit-il en glissant sa bouche tout près de son cou.

Hannah sentit la digue se fracasser alors que son corps inanimé depuis son adolescence la fustigea d'une sensation insondable. La peur s'y mêla car le mafieux rugissait silencieusement de colère.

Il retira sa main avant que celle-ci atteigne sa cuisse et la glissa jusqu'à ses joues qu'il emprisonna ensuite. Forcée d'affronter son regard, Hannah lut dans ses yeux bleus la dureté minérale qui flottaient en surface.

- Tu as quelque chose en toi que je veux Hannah, chuchota-t-il sombrement. J'ai tenté de renoncé mais la détermination d'un homme impitoyable tel que moi m'oblige à faire des choix et je l'ai fait. Si mon désir était purement sexuel et physique tu ne serais pas ici et tu ne serais pas ma femme.

Tremblante, à l'écoute de cette profonde voix qui ne plaisantait pas, Hannah sentit son cœur sursauter.

Il fixait sa bouche mâchoires férocement serrées.

- J'aime le sexe ça sois en certaine mon ange mais je sais autant me dominer que lorsque je domine, tel un homme qui se respecte.

Il n'avait pas fini, songea Hannah qui devait faire face à cet homme en colère qui frappait une défense implacable.

- Je ne l'explique pas Hannah et j'aimerai t'aider à comprendre ce qui t'a fait tomber dans mes griffes mais je cherche encore moi-même. Tu es...exceptionnelle et l'exception à toutes mes règles.

Il relâcha son visage en lui offrant une liberté limitée car sa bouche dure était toujours près des siennes.

- Est-ce que tout est compris désormais ? Ajouta-t-il sur un ton plus amène mais qui ruisselait encore de mécontentement.

Hannah frissonna en baissant les yeux sur cette bouche ombragé d'une barbe opaque et son pouls s'accéléra brutalement.

Elle hocha furtivement de la tête pour seule réponse car elle se sentait incapable de parler.

Au lieu de se reculer complètement et de briser cette proximité intense et troublée, l'homme au regard aiguisé comme ceux d'un aigle prit de ses mains tatouées les ourlets de sa robe pour les rabattre sur ses cuisses à moitiés révélées.

Le jeu se poursuit alors, pendant quelques secondes dans lesquelles Hannah déglutit pour ravaler ce désir indescriptible qui lui coupait la respiration.

Enfin, le mafieux lui offrit sa main pour qu'elle descende mais dès qu'elle toucha le sol elle crut s'effondrer et se retint à sa chemise.

Lazaro ravala l'immense colère qui flambait encore dans ses yeux et retint la jeune Hannah au visage rougi. Il espérait suffisantes ses explications et espérait ne jamais devoir les redire à nouveau. Il ne s'agissait pas de sexe bien que dévoré par le désir. Il y avait autre chose qui n'avait de cesse de le pousser vers elle. Sans le savoir elle hantait son esprit, elle habitait ses pensées au point de le rendre incapable de travailler sans songer à elle.

Lazaro se connaissait suffisamment pour noter cette différence spectaculaire. Lui, qui les mains sans cesse ensanglantées avait toujours satisfait ses désirs sexuels par sa domination qui excitaient ses conquêtes alors envoûtées et prêtent à se cambrer pour lui.

Mais avec Hannah tout semblait différent et le plus étrange c'est qu'il aimait ça. Il appréciait la défier, il aimait chercher à la comprendre et connaître ses pensées. C'était à la fois un mystère et une page ouverte.

- Bianca a préparé tes affaires, je vais t'emmener dans ta suite, annonça-t-il alors qu'elle se remettait à peine de cette légère caresse inoffensive mais qui pourtant, avait fait réagir ce corps qui ne demandait qu'à s'exprimer.

- Alors elle le savait ? Dit-elle d'une voix perdue.

Lazaro lui prit la main pour l'emmener dans sa suite qui se situait sur le deuxième pont du yacht.

- Elle avait pour consigne de ne rien dire, expliqua-t-il brièvement en ouvrant la porte qui donnait sur cette chambre aux tons crémeux et épurés.

Il nota la rédaction de la jeune femme qui timidement balaya la chambre d'un regard émerveillé. Les tulles immaculés autour du lit se mirent à voler au gré du vent qui s'était faufilé par la grande baie vitrée.

- Est-ce qu'elle te plaît ?

- Ou...oui elle est splendide, bredouilla-t-elle en tortillant ses doigts.

Enfin elle arrima son regard au sien puis le baissa aussitôt. Sans doute parce qu'il n'arrivait toujours pas à se défaire de cette mégarde entonnée par son innocence.

Mais une autre partie de lui parvenait tout de même à comprendre les inquiétudes de la jeune femme.

Après tout c'était lui le monstre dans l'histoire.

- Combien de temps allons-nous rester ici ?

- Tout le temps qu'il faudra Hannah, cet épisode qui aurait pu te coûter la vie m'a fait réfléchir. Nous avons besoin de nous retrouver seuls loin de tout. Toi et moi sans que personne d'autre ne tente d'interférer.

- Et ton travail ? Tes affaires de mafieux ?

- Edwardo est aux commandes, et de toute façon mariage ou pas j'avais dans l'intention de me ressourcer après mon accident.

Elle inspira profondément en balayant à nouveau la chambre d'un regard anxieux.

- Dès que tu seras prête rejoins-moi sur le pont supérieur, annonça-t-il en prenant le chemin de la sortie.

- Je ne m'excuserai pas d'avoir songé à ça, lança-t-elle alors.

Lazaro se retourna pour affronter la belle Hannah dont les joues étaient encore vives mais le menton levé...effleuré par un vent de rébellion.

- Cependant je m'excuse que cela t'ai mis autant en colère mais mon hypothèse était amplement justifiée, ajouta-t-elle.

Lazaro s'approcha vivement et s'élança pour presser sa bouche sur ses belles lèvres rouges cerise. Cela dura quelques secondes dans lesquelles Lazaro se contenta de lui faire ressentir sa force et son désir sans s'emparer totalement de sa bouche. Juste une simple pression, un bref contact de leurs lèvres. Il tenait ses mâchoires et acheva ce court baiser par un autre glissé sur son menton.

Elle ouvrit les yeux, perdue dans des méandres inconnus et Lazaro déclara à son tour d'une voix rauque:

- Et je ne m'excuserai pas pour ça tesoro...

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