Chapitre 19
L'ombre d'un sourire aux lèvres, le mafieux s'approcha alors qu'elle reculait avec difficulté à cause de son genou dont la douleur venait de se réveiller. Elle nota dans les yeux du mafieux un inquiétude qui se manifesta quand il fit tomber son regard sur sa jambe.
- Il est temps pour toi de remonter, tu sembles avoir mal, déclara-t-il d'une voix étrangement calme.
Devait-elle remercier cette douleur d'avoir coupé court à cette conversation ?
Étrangement non.
- Je vais bien, c'est juste un peu douloureux, répondit Hannah en reposant son pied à terre comme pour lui montrer qu'il se trompait.
- Ton visage exprime autre chose cara, insista-t-il en s'approchant davantage pour la soulever dans ses bras.
Elle lâcha un petit hoquet de surprise et s'accrocha à lui en cherchant à réprimer quelques rougeurs. À nouveau, son parfum gravitait autour d'elle se mêlant à l'odeur boisé de l'architecture du domaine.
- Après tout je suis en partie responsable de ce qu'il t'est arrivé, poursuivit-il en montant l'escalier.
- Je n'en reviens pas moi-même de ce que je vais dire mais tu ne pouvais pas savoir, lança Hannah sans le regarder.
- Sì, j'aurai dû me douter que ton arrivée allait susciter quelques rancœurs et jalousies, insista-t-il en l'allongea sur le lit.
Hannah essaya au mieux de calmer les battements désordonnés de son cœur mais quand il s'installa sur le rebord du matelas, tous ses sens se mirent en alerte.
- Bianca a dit que ce n'était pas si méchant que ça en a l'air, dit-il en retirant le pansement pour y jeter un œil.
Hannah retint sa respiration alors que ses doigts effleuraient sa peau en laissant derrière eux une sensation inexplicable.
- Elle a raison, ce n'est rien de méchant une fois que la plaie est nettoyée, plus de peur que de mal, parvint-elle à dire après qu'il ait remis le pansement.
Il arrima son regard au sien, et une lueur énigmatique y passa furtivement.
- Que vais-je faire de vous mademoiselle Halden hein ? Lança-t-il sur un ton légèrement amusé.
- Je suis maladroite, c'est une information qui te sera d'une grande utilité pour les douze mois prochains.
Il plissa les yeux pour l'observer derrière deux fentes impénétrables qui renforçait son charme diabolique.
- J'ai de quoi te soigner cara mia, chuchota-t-il avec un sourire enjôleur destiné à la faire rougir.
Hannah tenta de résister mais savait qu'il était déjà trop tard. Il fallait à tout prix qu'elle fasse basculer la conversion avant que le feu ne l'emporte.
- Cette Olga...tu la connais depuis longtemps ?
L'effet escompté se produisait instantanément. Le mafieux se rembrunit légèrement en se redressant.
- Elle travaillait au bar de mon hôtel il y a longtemps maintenant. Elle connaissait la mafia grâce à son ex petite-ami qui travaillait pour Edwardo et c'est lui-même qui l'a renvoyé quand il a découvert qu'elle piquait de l'argent dans la caisse. Olga se fait vieille maintenant, mais n'a jamais douté de son charme sauf qu'il n'a pas marché sur moi.
- Pourquoi ? Osa-t-elle demander.
Il releva lentement les yeux dans les siens.
- Parce qu'elle ne m'intéressait pas tout simplement, répondit-il d'une voix désintéressé, les yeux rivés sur ses lèvres cerises.
- Et quel type de femmes attirent ton attention en général ?
Toutes ses questions lui firent esquisser un sourire auquel Hannah résista avec difficulté.
- Je n'ai jamais porté d'intérêt sur les rousses si c'est là où ta question est censé mener, lui dit-il sans se départir de son sourire amusé.
- Donc je suis une exception à la règle, devina-t-elle en gardant son regard fixé au sien.
Il darda sur elle un regard énigmatique qui la laissa frissonnante puis une lueur intense se lova dans le bleu menaçant de ses yeux.
- Tesoro tu es l'exception à toutes mes règles, précisa-t-il d'une voix rauque en ramenant les draps sur elle. Tu es l'ange qui n'était pas destiné à rencontrer le démon et pourtant...
Hannah fronça des sourcils en secouant légèrement la tête.
- Tu as l'air d'être le genre d'homme à croire vraiment au destin, lui fit-elle remarquer.
- Pas toi mon ange ? S'enquit-il en dressant un sourcil.
- Si je devais croire au destin là tout de suite je dirais qu'il a mauvaise réputation puisque je suis ici, lança Hannah avec un sourire crispé.
Le rire du mafieux l'enveloppa presque aussitôt.
- Moi je dirais qu'il a fait un excellent travail, répliqua-t-il en posant ses mains sur le lit, de chaque côté de son corps figé tandis que son cœur palpitait.
- Le destin m'a mené à arrêter ma vie pour en construire une autre et aujourd'hui encore.
- Alors c'est parce que tu n'étais pas réellement heureuse dans tes deux autres vies.
- Je tiens une boutique, j'aime mon métier, riposta Hannah sur un ton qu'elle voulait convaincant.
- Et c'est ça s'arrête là, répliqua l'italien d'une voix presque désolée pour elle. Il n'y a rien qui comblait ta vie hormis ton travail si bien que tu passais plus de temps à t'occuper de tes fleurs que de toi.
- C'est faux, contrat-elle avec un rire faible et neveux.
- Ce n'est pas ce que les habitants de ton quartier ont dit sur toi ma douce Hannah.
Elle prit une expression éberluée puis rejeta la tête en arrière avec un chapelet d'imprécations.
- Oh bon sang ! Combien de personnes as-tu interrogé à mon sujet ? Bientôt je vais apprendre que tu as interrogé mon ancien lycée.
Un sourire fendit les lèvres du mafieux qui nota l'information en feignant de ne pas y avoir pensé plus tôt.
- D'après eux tu passes ton temps dans ton magasin de fleurs. Tu prends soins d'elles parfois jusqu'à des heures tardives. Tu n'as jamais quitté ce quartier ou bien ces alentours seulement à cas d'urgences. Monsieur Fordman qui habite au-dessus du magasin m'a également fait part de ces jeunes hommes qui n'ont de cesse de te courtiser mais que tu repousses avec une méthode très particulière...
Il plissa des yeux en l'étudiant avec intérêt puis poursuivit tandis qu'elle rougissait.
- Tu fais mine de chercher quelque chose dans ton sac à main tout en précisant que c'est ta bombe de défense que tu désires retrouver, acheva-t-il en penchant la tête sur le côté. Du coup ils abandonnent la partie et changent de trottoir.
Elle ouvrit la bouche pour protester mais il l'arrêta en levant la main.
- Mio angelo, pourquoi je n'ai pas eu le droit à ce petit numéro ? Hum ?
- Je n'avais pas mon sac à main à proximité, en revanche le sécateur...
Il porta sa main à son cœur en faisant mine d'être blessé.
Hannah inspira profondément en croisant les bras.
- Et c'est tout ? C'est tout ce que tu as trouvé ? Une vieille fille cachée dans son magasin et qui fait fuir les hommes avec une bombe de défense.
- Aurais-je dû trouver autre chose ? S'enquit-il en plissant le regard l'air soupçonneux.
- Non, mais si tu veux, tu peux continuer tes recherches, on ne sait jamais, le défia-t-elle.
- Tu as raison cara, on est jamais trop prudent, dit-il en feignant d'être sérieux.
Malgré les apparences, Hannah était piquée par la façon dont elle avait été décrite par son voisinage.
- Tu as l'air vexé cara, est-ce que je me trompe ?
Elle osa à peine le regarder dans les yeux puis haussa des épaules.
- Je ne suis pas vexée juste...un peu blessée que ce soit la seule image que les gens retienne de moi.
Elle poussa un rire sans joie en tirant nerveusement sur la couverture.
- Tu imagines si tu m'avais tué ? Reprit-elle en reniflant. J'imagine très bien monsieur Fordman dire à la presse " Oh c'était une fille adorable elle était très seule, c'est même étonnant qu'elle n'ait pas eu de chat "
L'italien glissa un rire faible en secouant la tête.
- Le chat et la fille seule c'est un peu cliché tu ne penses pas ?
Elle haussa des épaules complètement désorientée par la tournure que prenait cette conversation.
- Ton ancienne vie te manque ? La questionna-t-il d'une voix vivement intéressée.
- Tu veux dire celle où je suivais mes amis avec l'espoir insensé d'être comme...
Hannah s'interrompit avant qu'il soit trop tard, mais ça l'était déjà.
- Comme ta sœur ?
- Je voulais être comme les autres, mais ça n'a jamais fonctionné. Sandy est si différente de moi.
- Superficielle, avide d'argent, déloyale ? Si c'est ça l'exemple d'une différence alors tu te trompes, répliqua-t-il avec son accent italien qui n'avait de cesse de la déstabiliser.
- Elle n'a pas peur de foncer, elle est ambitieuse ce que je ne suis pas.
- J'en doute, en revanche j'ai l'impression que tu as passé ta vie à te dénigrer ou alors on t'a appris à le faire.
- Mon père voulait la perfection, et mon monde ne lui convenait pas, s'entendit-elle murmurer les yeux dans le vague. Sandy a suivi ce chemin, moi j'en ai pris un autre une fois que je suis partie pour fuir le passé.
- Sage décision, ainsi le destin est bien fait, la preuve, tu es ce que tu voulais être et celle que tu as toujours été.
Pas totalement, songea-t-elle en baissant les yeux.
Hannah rêvait d'une vie un peu plus palpitante mais avait trop peur pour envisager de le faire depuis cette fameuse nuit qu'elle gardait en mémoire et qui ne voulait pas s'effacer. La peur de l'inconnu était si terrifiant qu'elle avait toujours préféré la prudence à la folie.
Et pourtant...
Elle était là, en train de confier sa vie à ce mafieux armé et dangereux.
Elle était plongée dans l'inconnu mais continuait de choisir la prudence plutôt que la folie.
Était-ce le bon choix ?
- Le destin est bien fait cara mia...
- Tu veux dire que le destin a poussé mon père à te voler des millions de dollars ?
- Eh bien sans cette trahison et sans mon accident tu serais peut-être en train de choisir un chat à l'heure qu'il est, répondit le mafieux sourire en coin. Et voilà que tu es détenue dans la maison du sexy et diabolique Lazaro Santi, si ça ce n'est pas le destin qu'est-ce que c'est ?
- De la malchance ? Hasarda Hannah en levant un sourcil.
Un rire de gorge profondément sexy lui répondit.
- Essaye de te persuadée que c'est le cas mon ange, tôt ou tard tu seras forcée d'admettre que ce n'est pas réellement ce que tu penses secrètement.
- Tu as forcé le destin...
Il la dévisagea avec une satisfaction pleine et elle lut dans ses yeux bleus aucun regret.
- Un léger coup de pouce...
- Et où cela est censé nous mener ?
- Tout droit en enfer, chuchota-t-il en caressant furtivement ses cheveux tout en prenant un air diabolique.
Il se leva du lit sans la quitter des yeux.
- Repose-toi, nous avons des mois devant nous pour continuer ce petit jeu tesoro.
- Je ne joue pas...
- Bien sûr que si mon ange, tu as beau me détester, au fond de toi tu ne peux pas t'empêcher d'effleurer le danger, je dois dire que j'aime ça.
Hannah ne répondit rien, gardant néanmoins son regard planté dans le sien jusqu'à ce qu'il se retourne et s'en aille tel un ange déchu porteur d'un message qui restait encore énigmatique...
Cette conversation aussi étrange soit-elle, l'avait poussé à se confier sur une douleur qu'elle gardait enfouie en elle. Notamment à propos de son père et de son amour qu'elle n'avait jamais obtenu contrairement à Sandy. Hannah sentit une larme rouler sur sa joue qu'elle effaça très vite en fixant l'ange déchu dans le couloir éclairé. Il n'avait pas fermé la porte, sans doute pour garder un œil sur elle. Alors c'est dans la pénombre qu'elle assista à un échange entre le mafieux et son ami Edwardo qui tout d'eux portaient une expression grave...
Hannah ferma les yeux pour laisser croire qu'elle s'endormait mais quand elle rouvrit les yeux quelques secondes plus tard, elle rencontra le regard de l'italien qui ne mit pas longtemps à annihiler chaque parcelle de son être...
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