Chapitre 12




Lazaro se caressa la barbe songeur alors qu'il reposait sur son fauteuil en cuir depuis des heures sans les avoir compter. Une fureur silencieuse grondait en lui sans jamais se manifester en surface. Cette fureur c'est lui qui en était l'auteur et celle-ci était alimentée par une frustration qu'il ne parvenait pas à combler. Depuis que la jeune femme était rentrée dans la chapelle dans cette robe sublime Lazaro ne parvenait pas à s'arracher de l'esprit cet instant qui s'était figé dans le temps. Un désir plus vorace que jamais s'était emparé de lui et depuis, il n'arrivait pas à l'éteindre. Lazaro n'avait jamais douté ni même ressenti la moindre parcelle de remord depuis qu'il l'avait soumise à ce chantage. Il n'était pas le genre d'homme à s'émouvoir du sort de ses victimes mais Hannah était différente et plus il essayait de dévorer son âme plus cette différence se confirmait.

Ce mariage avait pris des tons réels dans la chapelle et pendant un bref instant, Lazaro en avait oublié le contrat qui la tenait prisonnière de lui. Hannah était bercée par un vent de peur qui l'obligeait à se rebeller pour survivre et bien qu'il aimait ça, Lazaro n'avait pas l'intention que cela perdure dans le temps.

Pour une raison qui restait encore floue, Lazaro voulait par-dessus tout croquer ce fruit défendu et s'en emparer totalement.

Il ne s'agissait pas de satisfaire des besoins sexuels bien que le désir coulait sans cesse dans ses veines...

Non.

C'était bien plus que cela.

C'était comme si le destin avait joué un rôle significatif dans ce lien qui les unissait. Comme si Lazaro n'était pas censé la rencontrer mais que la force du destin en avait décidé autrement au moment où sa vie aurait pu brutalement s'arrêter.

Soucieux, troublé, il sentit en lui grandir cet instinct diabolique qui sifflait en lui sourdement et il se leva pour arpenter son bureau afin de le calmer. Lazaro était de nature impitoyable et savait au tréfonds de son âme sombre que la moindre étincelle soufflé par la jeune femme pourrait tout faire basculer. Elle était sa femme, mais rien ne lui garantissait qu'elle ne tente jamais de le fuir même s'il tenait le destin de sa mère entre ses mains.

Tendu, il fit craquer sa nuque avant de sortir de son bureau pour rejoindre la jeune femme qui ce soir, serait mise à l'épreuve.

Lazaro voulait lui hurler de ne pas tenter le diable car lui-même ne voulait pas affronter les conséquences d'une telle décision. Comme son défunt père, Lazaro était imprévisible et sauvage. Comme son père, sa nature possessive pouvait se réveiller à tout instant et faire vaciller la jeune femme dans un monde totalement méconnu.

Lazaro quitta sa torpeur et mit un arrêt brutal à toutes ces pensées dangereuses. Il avait du travail ce soir et une jeune femme apeurée à surveiller car la peur pouvait être une source de motivations qui risquait de la conduire à faire une erreur...

Quand il entra dans la chambre, Lazaro sentit sa gorge se serrer de désir. Il serra les dents pour se contrôler alors que son instinct de mâle primitif lui grognait de s'emparer de ses lèvres et de les goûter jusqu'à ce qu'il soit totalement rassasié.

- Dìo ! Siffla-t-il entre ses dents.

Vêtue d'une robe rouge à dentelle dont le col bateau exposait ses épaules, la jeune femme rousse avait relevé ses cheveux dans un chignon désordonné.

La coupe était serrée le long de son corps gracile, moulant le léger rebond de ses fesses. Lorsqu'elle se retourna, Lazaro vit rouge intérieurement. Aussi rouge que l'était cette robe bien trop sexy à son goût.

- Qui a choisi cette robe ? Toi ? La questionna-t-il d'une voix sourde qu'il n'était pas parvenu à maîtriser.

Elle sursauta sous l'effet de surprise et ses yeux de miel trouvèrent les siens. Sa bouche déjà vive portait une légère couleur cerise qui le rendit fou. Tout avait été spécialement conçu pour le rendre fou, constata le mafieux rictus aux lèvres.

- C'est toi apparemment, répondit-elle en refermant sa pochette. Bianca m'a dit que tu avais refait ma garde-robe et elle m'a sorti cette tenue. Je n'ai pas eu le droit de choisir. Apparemment c'est également un droit que tu t'es octroyé.

La sécheresse dans sa voix avait légèrement vacillé et Lazaro aurait pu sourire de la déstabiliser à ce point s'il n'était pas lui aussi déstabilisé par cette robe.

- Je m'octroi les droits que je désire quant à cette robe ce n'est pas moi qui l'ait choisi mais une styliste que j'ai engagé pour refaire ta garde-robe.

- Eh bien voilà le résultat de son travail, railla-t-elle en le fusillant du regard. Et ne compte pas sur moi pour porter les tenues légères dans le tiroir de droite.

Lazaro sentit alors sa colère s'évanouir à l'évocation de ce détail qui venait de la faire rougir, mais décida de ne pas la rendre plus gênée qu'elle l'était déjà. En revanche, il s'avança d'un pas nonchalant et plus il s'avançait plus son oiseau rare se reculait vers le mur qu'elle finit par rencontrer.

- Je n'ai pas eu le choix, insista-t-elle la respiration subitement saccadée. Et puis cette robe n'a rien de scandaleuse.

Lazaro darda sur elle un regard qu'il eut du mal à contrôler et confirma l'évidence. La robe n'avait rien de scandaleuse en effet. C'est elle qui rendait cette robe plus sexy qu'elle paraissait.

- Tu as raison tesoro, ce n'est pas la robe le problème c'est toi, murmura-t-il en posant sa main contre le mur juste au-dessus de sa tête.

L'oiseau rare semblait suffoquer, mais gardait ses yeux ancrés dans les siens. Lazaro brûlait de l'embrasser mais s'y refusa...du moins pour le moment.

- Nous sommes en retard, dit-il brutalement en s'écartant lentement. Il est temps d'y aller.

- Et où allons-nous ? Demanda-t-elle en lissant la robe nerveusement.

- C'est une surprise, se contenta de dire Lazaro en posant une main dans son dos pour la guider à l'extérieur de cette chambre qu'elle ne quittait pratiquement jamais.

Hannah s'installa dans la voiture de sport le ventre noué.

Le moteur ne mit pas longtemps à rugir mettant un peu plus en lumière le caractère brut du conducteur.

- J'espère que tu réalises que tu te rends prisonnière toute seule, lança le mafieux alors qu'il venait de prendre un virage serré le long de la côte rocheuse.

- Qu...quoi ?

- Tu ne quittes jamais cette chambre temporaire, alors que tu es libre d'aller où tu veux dans le domaine.

- Je suis mal à l'aise, je ne parviens pas à extirper de ma tête que...

-...Tu es ma femme, termina-t-il à sa place sur un ton impérieux. Plus tôt cette réalité sera ancrée dans ta tête mieux tu te sentiras.

Hannah tourna la tête vers lui alors son visage nimbé par le soleil couchant renforçait ses traits sombres.

- Tu es libre de circuler dans le domaine comme tu le souhaites, poursuivit-il sur un ton plus adouci. Il y a des hectares de terrains et une plage privée.

- Précieusement gardée...

- Précieusement gardée, confirma-t-il alors qu'elle faisait allusion à la surveillance à laquelle elle était confrontée. De toute façon le domaine est entouré de murs impénétrables. Il te faudra des jours voire des mois avant de trouver un moyen de sortir.

- Et pourtant je suis dehors, nota-t-elle en fixant sa réaction qui ne mit pas longtemps à se manifester.

Un sourire fendit ses lèvres.

- Ça ne te plaît pas de sortir ?

- Cela dépend est-ce que c'est un test ?

Il quitta la route des yeux pour l'achever d'un regard énigmatique.

- À toi de me le dire mia cara, dit-il en soupirant. As-tu l'intention de fuir ce soir ?

- Ma mère vient de sortir de cet hôpital psychiatrique, penses-tu sincèrement que je suis assez stupide pour prendre le risque de la renvoyer là-bas ? Je n'ai pas besoin de voir du sang sur tes mains pour savoir que tu es sans pitié, alors non, je n'ai pas l'intention de m'enfuir.

Un sourire satisfait creusa les lèvres impitoyables du mafieux.

- Je suis ravi de l'entendre, mais sache tout de même que si l'envie de te prends, je ne mettrais pas longtemps pour te retrouver.

Hannah fixa ses doigts tatoués qui venaient de se resserrer sur le volant.

- Ça je pense l'avoir saisi, dit-elle entre ses dents.

- Et c'est exactement ce qui me pose problème cara, renchérit le mafieux. J'aurai franchement pensé que tu serais le genre de femme à tenter l'impossible pour fuir.

- Oh mais sois sans craintes, j'ai songé plusieurs fois à fuir et parfois je suis tentée de le faire mais le prix à payer est trop important et le pire c'est que tu le sais. Tu sais le pouvoir que tu as entre tes mains et tu jubiles de pouvoir l'utiliser.

La voiture s'arrêta brutalement et la peur qui s'était brièvement dissipée se mit à ressurgir quand l'italien arrima son regard dans le sien.

- Si je voulais jubiler tesoro je t'aurai fait miroiter avec une sortie de secours qui n'existe pas, se contenta-t-il de dire en sortant de la voiture.

Hannah exhala un soupir tremblant en quittant à son tour la voiture.

Au premier regard ce n'est pas tant l'endroit qui attira son attention mais l'accueil réservé au mafieux. À son approche, deux hommes le saluèrent avec de grands sourires alors que le reste des personnes agglutinées à l'entrée observaient l'italien avec admiration. Un goût amer se glissa dans sa gorge de savoir qu'il était apprécié alors que derrière cette façade ténébreuse se cachait un tueur. En fait, Hannah essayait de le dépeindre aussi mauvais que possible pour que cette fascination perpétuelle qu'elle éprouvait disparaisse.

C'était un moyen comme un autre de dissoudre cette chaleur qui n'avait de cesse de se manifester même dans les moments les plus critiques.

Elle s'avança timidement et fut gênée dès lors que les regards se mirent à converger sur elle avec insistance et ce fut pire quand il glissa sa main dans son dos pour la guider.

L'endroit semblait magnifique et la mer qui entourait la façade sur les côtes rocheuses était reposante.

- Qu'est-ce c'est ? Demanda-t-elle tout bas quand ils entrèrent dans un grand hall luxueux.

- C'est un bar-restaurant que j'ai racheté il y a trois ans maintenant, expliqua-t-il en saluant l'homme à l'accueil. J'ai rénové la bâtisse et les cinq étages pour en faire des chambres d'hôtels. Le Palazo est un cinq étoiles qui porte bien son nom.

- Je suppose que ce n'est pas le seul endroit que tu possèdes.

- Non, bien sûr que non sinon pourquoi être aussi riche si tu ne songes pas à t'enrichir davantage, répondit-il sans prétention.

Hannah le suivit dans le grand hall éclairé par des lumières immaculées qui renforçait la clarté du marbre sur lequel elle marchait puis il la conduisit vers une porte dérobée qui donnait sur un club aux tons plus sombres.

De là son cœur s'accéléra sans qu'elle puisse l'arrêter alors qu'une épaisse fumée de cigare remplissait la grande salle.

- Laisse-moi deviné, c'est ici que tu as fait la connaissance de mon père ? Lança-t-elle après avoir aperçu les tables de poker.

- Il a perdu quatre-vingt-dix milles dollars en deux heures ce soir là avant de me proposer de faire affaires avec lui.

Hannah aurait pu en rire si cela ne l'avait pas conduite dans cette situation.

- Tu veux jouer ? S'enquit-il à son oreille eu l'arrêtant près d'une machine à sous.

Hannah était presque collée à lui alors que certains regards continuaient de converger vers eux. Il était si grand que ses yeux ne pouvaient atteindre qu'une moitié de son torse si elle ne rejetait pas totalement la tête en arrière.

- Je n'ai pas envie de jouer et je n'ai rien sur moi au cas où tu l'avais oublié, répondit-elle en déviant son regard sur les autres joueurs.

- Quand tu seras totalement sage tu auras tes affaires.

- Sage ? Répéta Hannah en étouffant un rire. Dire " Oui " dans cette chapelle était probablement l'acte qui représente le mieux la sagesse.

Un vent diabolique passa dans les lueurs de ses yeux déjà teintés d'une satisfaction pleine.

- Tu as raison mia cara, dit-il soudain en sortant son téléphone portable de sa poche pour lui tendre. Être la femme du diable demande beaucoup de sagesses en effet.

Septique, elle hésita à le reprendre.

- C'est un piège ?

- Non, je suis sérieux, il est à toi.

Hannah effleura sa large paume de main quand elle glissa ses doigts sur son téléphone qu'elle récupéra et ce contact l'électrifia.

- Il y a une condition ? Insista-t-elle en essayant de comprendre pour quelle raison il venait de faire ça.

- Je pense que les vœux échangés dans cette chapelle sont largement suffisants comme condition tesoro, répondit le mafieux d'une voix énigmatique.

Ayant de plus en plus de mal à respirer Hannah décida de ne rien rétorquer alors que les vœux qu'elle avait répété dans la chapelle résonnait jusque dans son cœur.

" Jusqu'à ce que la mort vous sépare "

Cette phrase était probablement celle qui l'avait totalement tétanisée et qui continuait encore de la perturber.

- Je dois monter la haut régler deux ou trois détails, expliqua-t-il en consultant sa montre. Essaye de ne pas faire trop de bêtises pendant mon absence.

Il tiqua soudain alors qu'un sourire ténébreux et diabolique dévorait sa bouche cruelle alors qu'il s'était penché sur le côté de façon à regarder derrière elle.

- Quoi que je ne suis pas contre donner une fessée sur cet adorable postérieur, ajouta-t-il avant de s'éloigner sans se départir de son sourire.

Les joues cramoisies Hannah détourna le regard pour fuir cette nouvelle chaleur qui se propageait en elle.

- Lazaro Santi est un homme extrêmement dangereux trésor, lança une voix féminine juste à côté d'elle. Essaye de ne pas l'oublier durant ces douze prochains mois.

Hannah frissonna en fixant la femme brune qui était adossée à une machine, une cigarette dans la main et qui observait le mafieux s'éloignait avec une sorte d'admiration dans les yeux.

Elle dévia son regard qu'elle darda sur elle avec insistance puis rajouta :

- Et j'ai comme le pressentiment que cela pourrait peut-être même durer au-delà...


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