𝗔𝗧𝗧𝗘𝗡𝗧𝗜𝗢𝗡 !

𝗢𝗘𝗨𝗩𝗥𝗘𝗦 𝗦𝗢𝗨𝗦 𝗣𝗥𝗢𝗧𝗥𝗘𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡𝗦 𝗗𝗘𝗦 𝗗𝗥𝗢𝗜𝗧𝗦 𝗗'𝗔𝗨𝗧𝗘𝗨𝗥.
𝘾𝙤𝙥𝙮𝙧𝙞𝙜𝙝𝙩 ©A.S SYLA, Juillet 2022 - Auteur Wattpad Lamiss141

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L'air étouffant de Manhattan commençait à le rendre de mauvaise humeur. L'Italien ouvrit sèchement le journal tout en essayant de faire abstraction du bruit désagréable que provoquait l'invitée d'Edwardo. La villa dont il était le propriétaire et qui respirait le modernisme n'était pas à son goût. Ces deux blocs empilés l'un sur l'autre donnaient un aspect assez froid et la façade noire ajoutait un côté endeuillé. Lazaro n'avait pas le souvenir d'avoir acheté un tel bien immobilier aussi terne.

- Est-ce que c'est toi qui a acheté cette villa ?

- Sì ! Répondit Edwardo en portant sa tasse de café à ses lèvres.

- C'est bien ce qui me semblait, marmonna Lazaro en reposant le journal sur la table.

- Tu m'avais demandé de te trouvé une résidence secondaire proche de ton appartement, c'est ce que j'ai fait.

- Avec les instructions qui s'imposent n'est-ce pas ?

- Certes, mais ton accident m'a pris de court, j'ai dû accélérer les recherches pour que tu puisses t'installer au plus vite.

Lazaro fronça des sourcils derrière ses lunettes noires tout en observant Edwardo fuir son regard.

- Tu sais, ma mémoire est totalement revenue mon ami, commença-t-il en croisant les bras. J'ai le souvenir de t'avoir dit que c'était temporaire, pas définitif.

- Sì sì, je sais, répondit Edwardo un peu désespéré. La vérité c'est que j'ai donné soin à l'agent immobilier de choisir pour moi. Avec ton accident j'étais occupé à autre chose. Je ne savais même pas à quoi ressemblait cette villa avant hier.

Lazaro inclina la tête avec un petit sourire en coin.

- Je ne suis pas mort tu sais, précisa-t-il l'air amusé. Tu peux cesser de me regarder comme si je l'étais.

- Tu es plutôt tenace en effet.

Tenace ? Un mot bien trop faible mais qui le fit sourire.

L'attaque avait été perpétrée par son oncle, qui après quatre ans d'une longue descente aux enfers n'avait toujours pas accepter que c'était lui le nouveau boss. Pris en chasse alors qu'il conduisait à moto sous un temps assez discutable, des coups de feu avaient été tiré dans sa direction. Déterminé, Lazaro se souvenait d'avoir riposté avant de perdre le contrôle de sa moto. C'est après avoir été traîné sur plusieurs mètres qu'il avait vu derrière la visière de son casque son ennemi. Lazaro avait trouvé la force de tirer sur son oncle avant de sombrer dans un profond coma qui avait duré trente-quatre jours.

À son réveil, les souvenirs n'avaient pas mis longtemps à ressurgir. Certains plus vite que d'autres.

Par miracle, son corps portait quelques cicatrices de brûlures causées par le contact de sa peau sur le bitume. Sa combinaison n'avait pas résisté à quelques endroits.

Pour lui, ce n'était rien de plus qu'une autre blessure parmi tant d'autres et à chaque fois il en sortait encore plus fort et plus déterminé.

- Sans rire Lazaro, je ne sais pas si tu réalises que tu as survécu à trois blessures par balles et un accident de moto, insista Edwardo. Tu as une bonne étoile.

- Ou bien je suis le diable et la mort ne veut pas de moi, répondit-il avec un haussement d'épaules négligé. Est-ce qu'elle compte rester longtemps dans ma piscine ?

- Aussi longtemps que ça sera nécessaire pour que nous puissions parler tranquillement, répondit Edwardo en faisant signe à Gina sa nouvelle conquête.

Lazaro l'observa derrière ses lunettes de soleil et aussitôt son esprit se mit à fuser diaboliquement.

- En parlant de conquête, s'il y a bien une chose que je n'ai pas oublié à mon réveil c'est ce fameux contrat. Puis-je savoir pour quelle raison Sandy Halden n'est pas présente ici ?

L'italien allongea ses avant-bras sur les accoudoirs de la chaise en fixant attentivement son fidèle bras droit.

- Je n'ai pas oublié Michael Halden tout comme je n'ai pas oublié notre petit arrangement qui ne le favorise pas du tout.

- Tu avais oublié de me dire qu'il te devait bien plus que cinq millions de dollars, précisa Edwardo l'air agité.

- Parce que la sommes n'est pas importante, ce qui est important c'est qu'il paye ses fautes, expliqua Lazaro sur un ton plus ferme. La trahison est de loin la pire des choses à me faire. Il a tenté de me duper et on ne tente pas de duper un mafieux.

Edwardo acquiesça en mettant à son tour ses lunettes.

Il y a sept mois, après avoir prospéré sur les terres interdites des États-Unis, Lazaro avait fait la rencontre d'une entrepreneur richissime...du moins en apparence. Car en acceptant d'investir dans son entreprise maritime, Lazaro découvre quelques mois plus tard que son investissement a servi à cet homme pour des fins personnels. Il découvre également que la société dans laquelle il a investi et qu'il voulait sauver de la faillite n'a jamais reçu le financement prévu à cet effet. Au total, Michael Halden lui doit quarante-huit millions de dollars.

Après enquête, le mafieux découvre que l'entrepreneur est addictif au jeu. Bien qu'il soit banni de certains casinos, l'homme continue à liquider cet argent qui ne lui appartient pas. Diabolique, alors qu'il aurait pu le torturer ou pire le tuer, Lazaro Santi préfère un jeu bien plus sadique.

Un contrat, qui lie leur deux familles, obligeant cet homme à éponger sa dette selon sa volonté, lui donnant ainsi aucune possibilité de fuir. Pour ce faire, il décide de faire de sa fille son épouse afin qu'il ne puisse jamais faillir à son devoir. Pour un an.

Saddy Halden, n'était pas son type de femme. Ses attitudes de petite fille gâtée et son comportement frivole l'avaient ennuyé à la première rencontre, mais ça restait une jolie femme. Pire, celle-ci n'avait pas hésité une seule seconde à tomber dans son piège n'ayant aucune idée de quel genre de mariage il s'apprêtait à lui offrir.

La vie luxueuse à laquelle elle s'attendait n'était qu'une illusion, un écran de fumée dans cette partie d'échec qu'il manipulait d'une main de maître.

Pour lui, sa seule et unique détermination était d'apprendre à cet homme à payer le prix de sa trahison et qu'il apprenne de ses péchés. Une tactique enseignée par son père et qu'il aimait utiliser quelques fois plutôt que la mort.

Michael Halden était totalement à sa merci, piégé dans ce lien qui ne lui permettait pas de fuir à supposer qu'il le veuille...car avant même la signature du contrat, Michael Halden avait déjà laissé entendre qu'il avait besoin d'aide.

Un sourire diabolique naquit dans le coin de ses lèvres alors qu'il quittait lentement le cours de ses souvenirs.

- Lazaro, il faut que je te parle de ce fameux contrat, commença Edwardo légèrement tendu.

- Ne me dis pas qu'elle joue à cache-cache ? Je ne suis pas d'humeur à jouer au chasseur.

- Non, c'est un peu plus complexe que ça.

Lazaro fronça des sourcils, levant avec impatience sa main pour l'inviter à parler.

- Le jour de ton accident, tu es parti de la salle de réunion avant même que Saddy Halden soit là pour signer les papiers.

- Oui je m'en souviens, Alonzo m'avait averti que mon oncle était sur le point de passer à l'attaque. J'ai signé et j'ai ordonné à mon avocat de prendre en charge le reste.

- C'est ce qu'il a fait, sauf que ça ne s'est pas passé comme prévu, commença Edwardo en pianotant ses doigts sur la table. Quelqu'un a effectivement signé les papiers car le lendemain, les médecins avaient besoin de l'accord d'un proche pour l'opération. Ton avocat avait déjà fait le nécessaire pour que le mariage soit officiellement valide dans les heures qui ont suivi la signature. Une jeune femme s'est présentée à l'hôpital complètement désorientée et choquée. À ce moment-là j'ai compris que quelque chose s'était passé.

Lazaro demeurait impassible, très à l'écoute de ce conte narré avec beaucoup de tensions.

- Évidemment tu me connais, j'ai immédiatement fait arrêter Michael Halden par tes hommes et j'ai passé mes nerfs sur lui. Je voulais comprendre ce que signifiait cette mascarade.

Edwardo marqua une pause et en profita pour allumer un cigare.

- Michael Halden a dupé sa fille, Lazaro.

- Comme c'est surprenant de sa part, dit-il avec un soupir. Mais je ne vois toujours pas où tu veux en venir.

- Il savait que Saddy finirait par faire capoter cette union parce qu'il connaît sa fille. Elle est insupportable et il savait que tu allais finir par t'en débarrasser quelque soit la manière. Le contrat ne peut être brisé que par toi. Le problème c'est que sa villa est sur le point d'être saisie. Avec ce mariage il pensait que tu aurais assez de bonté pour...

- Je ne fais pas dans la charité ! Le coupa-t-il brutalement. J'ai suffisamment donné à cet homme. Ce que je veux c'est le punir d'avoir osé me duper. Je me moque qu'il perde sa maison. Alors c'est de ça dont il parlait ? De cette fameuse aide. Il voulait que je l'aide à payer ses dettes en plus de celle qu'il me doit. Seulement il craignait que Saddy mette un terme au contrat avec sa détestable image de diva. Il est vrai qu'elle m'ennuie mais j'avais de grand projet pour elle. Peu importe si son comportement me déplaît, jamais je l'aurai brisé aussi facilement. Il a une dette à payer et sa fille n'est que le fil conducteur et le moyen de pression idéal pour le faire plier à mes règles.

Lazaro se leva, ennuyé par cette discussion qui n'avait pas de fin. Il lui tourna le dos pour contempler la piscine les mains dans les poches.

- Cet homme n'a définitivement pas compris l'arrangement que je lui ai proposé. Il voulait encore de l'argent et espérait que je l'aide. Au final, il vaut peut-être mieux oublier ce contrat et passer à la torture tout de suite, ça sera peut-être plus amusant.

- Lazaro je crois que tu as oublié certains de mes passages.

- Parce que je suis lassé Edwardo, dit-il en élevant légèrement la voix.

- Il a fait croire à sa fille que si elle signait les papiers qu'elle avait sous le nez, la villa serait sauvé et comme elle est très attachée aux souvenirs qu'il y a dedans, elle a signé sans réfléchir. C'est seulement à l'hôpital qu'elle a compris que elle aussi avait été piégé.

Lazaro fronça des sourcils en se retournant. Il étudia Edwardo minutieusement derrière ses lunettes de soleil puis déclara :

- Est-ce que mon absence a été si terrible que ça pour toi mon ami ? Tu touches à la drogue ? Tu veux qu'on en parle, parce que tu deviens très incohérent, lança-t-il en feignant d'être sérieux.

- Je suis tout à fait lucide, je suis seulement inquiet de ta réaction et je m'égare mais si tu veux que j'aille droit au but. Michael Halden a deux filles, et ce n'est pas Saddy Halden qui a signé le contrat mais sa sœur qui a été trompé par son père.

Lazaro ne montra rien du choc qu'il venait de recevoir. Au final il aurait préféré la version longue et décousue le temps d'avaler cette information. Il fit craquer sa nuque en revenant sur ses pas.

- Est-ce tu peux répéter ce que tu viens de me dire ?

- Michael Halden a laissé croire à sa deuxième fille que si elle signait ce contrat la maison allait être sauvée or elle ignorait qu'il s'agissait d'un mariage avant d'être appelé par l'hôpital. Dio ! Tu aurais dû voir sa tête quand elle on lui a demandé son accord pour l'opération de son mari.

- Michael Halden n'a pas de deuxième fille, rétorqua Lazaro alors que la colère montait en lui. Je l'aurai su si c'était le cas.

- Crois-moi il a bien deux filles, sauf que ce détail nous a échappé car son livret de famille n'était pas important à tes yeux.

- Donc tu es en train de me dire que j'ai une femme dont j'ignore tout, qui n'a pas de visage et qui en plus de ça a décidé de mon sort pendant que j'étais dans le coma ?

- Oh rassure-toi elle a dit " Faites ce que vous voulez " Ensuite elle a signé le papier et s'est enfuie de l'hôpital plus vite que son ombre.

- Alors ça, c'est intéressant...

- Je n'ai pas essayé de la rechercher après les révélations de son père. J'étais trop occupé à prendre en charge tes affaires pendant ton absence. Tout ce que je sais, c'est qu'elle ne s'est jamais manifestée jusqu'à ce que je reçoive ça il y a deux semaines, expliqua Edwardo en faisant glisser un dossier vers lui.

- Qu'est-ce que c'est ? S'enquit le mafieux en prenant le dossier sèchement.

- C'est une demande de divorce, c'est son avocat qui nous l'a envoyé. Elle a signé, il manque ta signature.

De toute sa vie dans l'ancre des ténèbres, Lazaro ne s'était jamais senti aussi en colère. L'accord n'avait pas été respecté, pire que ça, Michael venait de changer les règles du jeu. Un goût de vengeance coula dans sa gorge. Il déchira le dossier d'un coup sec et le jeta sur la table.

- Lazaro qu'est-ce que...

- Le contrat reste inchangé pour moi, au contraire il devient ô combien délicieux.

- Tu es certain que tu veux continuer ce petit jeu ? Autant en finir et utiliser les bonnes vieilles méthodes. Et pour tout te dire, Hannah Halden n'est qu'une victime de son père, je ne pense pas qu'elle soit impliquée dans cette mascarade.

- Hannah Hannah....Répéta Lazaro un sourire dansant sur les lèvres. Ça c'est à moi d'en juger mon ami et tu as lu le contrat que j'ai soigneusement rédigé. Aucun avocat au monde même le plus qualifié ne peut briser ce contrat. Si elle veut divorcer, elle devra attendre un an. C'est soit ça, soit j'en termine avec les bonnes vieilles méthodes.

- Que vas-tu faire ? S'enquit Edwardo en retirant ses lunettes de soleil.

- Je vais rendre visite à ma femme pour commencer, et ensuite, tout dépendra de mon humeur.

Le mafieux poussa un long  soupir en faisant rouler les muscles de ses épaules pour les détendre.

- Moi qui pensais que cette journée allait être ennuyante, elle s'annonce au contraire brûlante...