Chapitre 22
Le chaos dans le salon, concluai-je en rentrant au petit matin.
Le salon était vide d'âme mais des bouteilles de champagnes traînaient encore dans des sauts dont certains étaient renversés. Les glaçons avaient fondu sur le sol laissant ici et là des flaques d'eaux.
Un matin bien peu différent de ceux que nous connaissions depuis quelques temps en somme. Un soupire s'échappa de ma bouche et je me dirigeai vers la terrasse où je m'allongeais sur le canapé d'extérieur profitant en silence du lever du soleil.
Que devenait ma vie ? Me demandai-je en essuyant la larme qui se formait au coin de mon œil. J'avais l'impression que tout était vide de sens, je ne parvenais plus à sentir la flamme en moi briller et me donner cette envie de tout renverser sur mon passage. Les humains changent t'il toujours aussi rapidement ? Est-ce réversible ?
De retour en Italie, je me forçai à reprendre petit à petit le rythme d'une vie normale. Lazzaro lui n'était pas souvent là, voir presque jamais.
Je décidai d'aller voir mon grand-père suite à ce retour dans mon pays natal et une grande discussion entre lui et moi s'en suivit.
« Personne ne sait pour l'assassin de ta mère, les recherches sont en court mais il n'y a aucune piste pour le moment. » me dit-il en me servant un verre de jus, la mine renfrognée.
« Qui s'en charge ? »
« Nos hommes et ceux de ton mari. »
« Et la police ? »
« Ils ne doivent pas s'en mêler, on règlera les choses par nous-mêmes. »
« On ne règlera rien du tout si on ne les retrouve pas. Ça fait déjà trois mois que ça dure et rien n'a bougé.» dis-je en me levant.
« Je sais... »
« Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi on s'en est prit à elle spécifiquement ? Pour atteindre papa ? Ils ne sont même plus ensemble, et ça fait des années. »
« Ton père, nous, toi. »
« Moi ? »
« Tu es marié à Lazzaro, il y a des gens qui paierait des millions pour le voir mort, et pire : voir son empire s'effondrer. Quoi de mieux que de passer par sa femme ? »
« il y a bien d'autre façon de l'atteindre sans obligatoirement passer par moi... Non... Il y a quelque chose qui m'échappe mais je ne sais pas quoi... »
Nous fument coupés par l'arriver de mon père.
« Tu lui as annoncé la nouvelle ? »
« Quelle nouvelle ? » demandai-je en lançant un regard interrogateur à mon grand-père.
« L'entreprise familiale, le côté légal je te le précise, tout est à toi. »
« Comment ça ? »
« Ton père l'avait mis au nom de ta mère il y a des années, elle y a renoncé en partant mais ils n'ont jamais modifié les papiers et étant donné que tu es sa seule héritière, la voilà à toi. Le notaire doit t'appeler. »
« Vous m'annoncez ça comme s'il s'agissait d'un colis de fruit. » dis-je abasourdie par cette annonce.
Machinalement, je me passais une main dans les cheveux, le coeur serré et accompagnée d'une colère silencieuse qui avait pris vie au creux de mon ventre.
« C'est beaucoup d'argent et de responsabilité en plus de celles que tu as déjà. Si tu souhaites y renoncer on pourra continuer à s'en occuper pour toi. »
« Non ça ne sera pas nécessaire. »
Sur ces mots, je me levai et quittai la maison. Je m'installai dans la voiture avec des pensées pleins la tête mais aussi avec l'impression qu'un fil conducteur se dessinait petit à petit. Je décidai de faire un saut au bureau mais lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrit, mon coeur se glaça dans ma poitrine. Au fond du couloir en verre, grâce aux vitres, je parvenais à voir l'intérieur du bureau. Une jeune femme au long cheveux bouclé et un visage aussi doux que beau, se tenait en face de Lazzaro. Je compris malgré la distance que ses yeux se remplissaient de larmes tandis que de sa bouche crispée par l'émotion, des mots que je ne parvenais pas à entendre se formaient. Je restais en retrait quelques secondes pour tenter de comprendre la scène qui se jouait face à moi. Mes yeux allaient de son visage à celui de Lazzaro qui posa d'ailleurs au même instant sa main sur son bras. La femme se dégagea mais il la retint et la serra contre lui. Elle fondit dans ses bras cette fois. Discrètement je reculais vers l'ascenseur et quittais le bâtiment avec un goût amer au fond de la gorge et des palpitations au cœur.
Une envie de vomir se forma en moi et je dus resserrer le volant sous mes phalanges pour ne pas perdre la face.
Pour la première fois depuis quelques mois, un profond sentiment de solitude s'abattit sur moi et me rappela froidement, comme une claque en pleine figure, à quel point j'étais toute seule désormais et que pas même l'amour d'un homme, aussi profond soit-il, n'inventerait pas une compagnie à cette solitude, ou du moins, pas pour toujours.
La route et ses lumières défilaient, formant de vagues formes et points de lumières derrière mes vitres teintées. Je pressais l'accélérateur sous mon pied.
Des scènes qui me firent me sentir dans un état de malaise profond défilaient dans ma tête.
Il n'aurait pas oser me faire ça... si ?
Maintenant qui plus est ?
Ils semblaient se connaître depuis un moment vu la familiarité de leur geste et le regard de cette fille.
Le soir face à lui je ne laissais rien paraître de ce que j'avais vu plus tôt. Et de son côté, rien ne changea de son comportement habituel.
« J'ai quelques contrats à te faire signer. Concernant mes parts dans l'entreprise et ce que je souhaite y injecter. » Lui dis-je finalement au bout de quelques heures en le croisant dans la salle à manger.
Il m'observa quelques secondes.
« Tu n'as qu'à les transmettre à mon avocat comme d'habitude mais j'ai reçu un message de lui, il est coincé à Berlin pour le moment je ne comprends pas ce qu'il se passe. »
« J'ai besoin que ce soit fait rapidement. On peut bien se passer de quelques formalités n'est ce pas ? » Je lui adressais un petit sourire en m'appuyant à la table face à laquelle il était.
Il hocha la tête, pensivement cette fois, et s'approcha de moi pour poser ses lèvres sur les miennes. Dans ce baiser, je sentis sa confiance pour moi, cette façon de baisser les armes qu'il tendait de plus en plus à avoir. C'était comme ça aussi avec elle ? Me demandai-je en ouvrant les yeux sur son visage que je connaissais parfaitement.
Je lui tendis les papiers et un stylo. Je l'observais. Il survola rapidement la première page des yeux, survola la seconde en diagonale puis signa tout le reste.
Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. S'il voyait clair dans mon jeu il pouvait me tuer sur le champs et personne ne viendrait s'interposer. On ne m'entendrait pas. Je n'aurais même jamais existé. Je retins mon souffle jusqu'à la dernière page puis repris le dossier en feignant l'indifférence.
« Alaïa ? »
Alors que j'étais sur le point de partir, je me retournais face à lui avec un regard interrogateur.
« Tu es tout ce qui importe dans cette maison maintenant tu le sais ? »
Ma main se crispa sur les feuilles et le stylo qu'il tenait encore il y a quelques secondes.
« Oui. » répondis-je puis je lui tournais le dos.
J'avais des fourmillements dans les mains.
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