Chapitre 17


Un jour, au petit matin, alors que Lazzaro avait quitté la maison avant moi, je me dirigeai à son bureau.
Je baissai la poignée et pénétrai dans la pièce où trônait un immense bureau en bois massif. Austère fut le mot qui me vint à l'esprit. Derrière le bureau trônait une bibliothèque en bois où était disposé des livres et des dossiers. Je m'approchai des ouvrages et survolai lentement les titres des yeux comme pour essayer de deviner des mots secrets et ce qu'ils représentaient pour son lecteur.
J'ouvrais les tiroirs du bureau un à un mais l'un d'entre-eux était fermé à clé. Sûrement celui qui m'intéressait le plus. Je voulais coûte que coûte ces dossiers, je ne les laisserais pas me filer sous le nez et si ce n'était pas aujourd'hui que je les obtenais, alors ça serait plus tard mais je me faisais la promesse qu'ils m'appartiendraient un jour. Je m'asseyais sur sa chaise, là où il passait nombre de ses journées plongé dans des lignes et des lignes de chiffres et de mots. Là où je le sentais, il avait vu passer ses pensées les plus sombres et les plus éclatantes. Là où il fuyait, là où il se réfugiait. Là où il prenait en puissance, là où son esprit grandissait.
Je fis glisser mes doigts sur le bois. Je sentais sa puissance imprégnée là. Ce n'est pas le bruit de son moteur dans l'allée qui me poussa à partir de cette pièce mais l'impression d'être aspirée tout entière qui me fit quitter son bureau. Sa pièce, à lui.
Pas celle d'un autre, ni même celle de son épouse.

La vie continua, comme l'eau d'une rivière qui se mouvait doucement entre rocher et les éléments naturels qui la composaient n'attendant que la pluie pour venir la troubler dans sa tranquillité.
Ma pluie à moi, ou plutôt devrais-je dire ma tempête fut un soir de Mars, lors d'une réception où était réunis certains membres de notre famille et des associés comme souvent cela s'organisait. Un coup de feu transperça la douce musique qui se jouait. À partir de là, tout se passa trop vite, je fus projetée sur le sol sous le bruit des cris et des éclats de verre. Sur mes jambes quelques éraflures laissèrent échapper un peu de mon sang.
Je crus que mon cœur voulait s'échapper de ma cage thoracique tant il pulsait au creux de ma poitrine. Tout semblait se renverser comme sous l'emprise d'un ouragan. Mais cette déchéance-ci était dû aux hommes, à leurs mains sales et à leurs esprits souillés.

Tentant de ressembler mes idées, je me mis à l'abri derrière l'une des colonnes en pierre de la pièce. Je cherchai un visage familier avec toute ma détresse en arrière plan de mes pensées que je tentais de contenir au prix d'un grand effort intérieur. Il fallait que je me sorte d'ici. L'idée qu'il n'y avait pas d'enfant présent ce soir me soulagea dans mon angoisse grandissante.
Un échange de tir implosa le silence, il y aurait des morts ce soir me dis-je.
Je rejoignis une invitée en rampant pour l'aider à se mettre à l'abri auprès d'un mur un peu plus loin. La sortie la plus proche était encore trop lointaine. Quelques personnes cachés ici et là se battait pour échapper à la vision des hommes armés, et d'autres amis et connaissances de Lazzaro ripostait avec colère à cette intrusion.

Je cherchai Lazzaro en me déplaçant avec prudence dans de courtes distances mais non sans crainte et non sans l'impression que mes jambes étaient vidées de leur force. Un cadavre en sang gisait sur le sol, la tête cagoulée et son arme encore contre sa paume. Lorsque je m'en emparais, la crosse était tiède.
Je dus me jeter à nouveau complètement sur le sol lorsque des tirs vinrent dans ma direction. Quelqu'un m'avait prise pour cible mais j'étais incapable dans ma condition de riposter sans m'exposer trop grandement.

Il cessa d'un coup et je devinai qu'on l'avait abattu. Mais soudain, face à moi apparu un homme armé et cagoulée lui aussi, cette fois je ne réfléchis pas plus longtemps et après avoir visé, pressai mon doigt trois fois sur la détente jusqu'à ce qu'il s'effondre sur le sol en marbre pour venir le recouvrir de son sang rouge foncé. La vision brouillée par les larmes, aucune ne coula jusqu'à mes joues, comme suspendu, comme interdites.

Mon soulagement fut indescriptible lorsque Lazzaro apparu dans mon champs de vision. Les tirs avaient cessé, les invités encore en vie mais blessés évacuaient la salle. Il me prit dans ses bras, je sentis sa main armé se crisper contre mon dos tandis que nos corps se pressaient l'un contre l'autre. Ma tête reposait sur son bras et d'un œil je voyais le corps de celui que je venais de tuer étendu sur le sol, inerte, les yeux grands ouverts mais vides. En une seconde, ce regard s'imprima en moi et je me demandai qui était-il derrière le vice et la saloperie du crime. Mes doigts étaient toujours serrés autour du pistolet. Lazzaro écarta quelques mèches de cheveux de mon visage, il m'observa et puis les yeux dans les yeux, silencieux mais le regard éloquent, nous restâmes immobiles tous les deux au beau milieu de ce carnage.




Bonjour, j'espère que cette petite partie vous a plu. Elle est un peu plus courte que d'habitude mais j'ai préféré l'écrire ainsi. Dites moi ce que vous en avez pensé et aussi de ce que vous pensez de l'histoire en général.

Comment la suite s'annonce t'elle à votre avis ?

Qu'aimez-vous le plus dans La Promise ?

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