Chapitre 14
Je m'installai à l'arrière lorsque le chauffeur arriva. J'étais chamboulée. J'étais en colère mais j'avais aussi du désir envers lui. Mais toujours et encore plus en colère. Cette ultimatum qu'il m'avait posé, je ne l'oublierais jamais au profit de jouer à l'épouse aimante et parfaite. C'était facile pour lui. Pour Lazzaro c'était ordonné et recevoir.
J'observais la route défiler à travers la vitre. Le chauffeur me déposa au domaine comme demandé. Pendant que nous nous approchions du portail qui était très en retrait comparé au reste, j'observais les alentours. Juste à côté il y avait une grande zone entouré de mur -d'où la cime des arbres dépassaient à peine- et de caméras comme l'était notre jardin, il appartenait aussi aux Moretti. Souvent des camions plein de cargaison que des gardes armés venaient vérifier y entraient.
Cette zone au complet était une vraie forteresse, me fis-je la remarque intérieurement mais les hommes que je voyais parfois ici avait l'air de l'avoir encré dans leur peau.
Une fois dans la maison, je retirai mes talons en soupirant de bien-être puis enfilai une tenue confortable pour bouger. Je descendis au sous-sol où les murs étaient gris anthracite. Un genre de hall sous-terrain desservait plusieurs salles dont la plupart étaient verrouillées par un système de carte numérique, seule la salle de sport m'était ouverte. Et c'est à moi qu'il faisait la moral sur le contrôle...
Je tapais un peu dans le punching-ball pendant quelques minutes puis allumai le tapis de course. Je voulais me défouler, faire sortir mon énergie et la concentrer là où elle me serait utile. Ruminer ne m'aiderait pas à avancer.
Au bout d'une quarantaine de minute, essoufflée, je pris une petite serviette avec laquelle je tapotais mon visage. En me réhydratant, je me dirigeais vers le hall. Je m'amusais à tourner chaque poignée par soucis de 'on ne sait jamais' mais face à l'une des portes, le battant s'ouvrit sans un bruit. Une lumière automatique s'alluma au plafond. Surprise, je posais ma bouteille d'eau là où je le pus. Avec hésitation, je fis un pas à l'intérieur. Je n'avais peut-être pas le droit d'être ici mais si c'était le cas la porte aurait été verrouillé non ?
Il y avait des étagères où était empilé des mallettes noirs, des boites, des cartons. Je me demandais ce qu'elles pouvaient bien contenir. Prise par la curiosité, je tirais délicatement l'une d'elle. Je la posais sur le sol et l'ouvris. Une arme démontée me fit face. Sur le battant du haut de la malette, il y avait des papiers, des genres de documents d'identification ou d'authenticité. La crosse était gravée, cette arme était incroyablement belle.
« C'est qu'il y a des trésors dans cette pièce. » me murmurai-je à moi-même en tirant une boite au carton rigide.
Des vielles photos d'une maison s'y trouvait, en retournant le photo j'y vis une date inscrite à la va-vite « 1978 ». L'encre du stylo avait un peu bavé. Elle semblait immense, la façade en pierre me faisait penser à la Grèce antique. Je reposais les photos et sortis une troisième boite que je n'hésitais pas une seconde à ouvrir. J'y sortis un vêtement de la taille d'un enfant de 5 ans tout au plus, un petit pull bleu. Mon cœur se serra pour une raison que je ne parvins pas à saisir. Le doux tissu sous mes doigts... Délicatement je reposais le pull. Il y avait peut-être eu un enfant ici... Confuse, je refermais le tout et le rangeais à sa place. Pensive, je me passais une main sur le front. Je refermais doucement la porte, comme si l'on m'entendait. Après avoir récupérer ma bouteille d'eau, je retournais au rez-de-chaussée. Il faisait déjà nuit.
Après une longue douche, je me plaçais face à la baie du salon. La lune était pleine dans le ciel, j'ouvris la baie vitrée et ce fut la musique des criquets qui parvint à mes oreilles ainsi que celui de la mer au loin. Apaisante, comme toujours ces effets sur moi n'avaient pas d'égaux. La brise fraîche rencontra mes jambes nues et mes épaules découvertes par les fines bretelles de la robe de nuit que je portais mais cela me fit un bien fou.
Pendant que je faisais réchauffer le repas que nous avait laisser la cuisinière le midi même, Lazzaro rentra. Son arrivée allégea le silence devenu pesant de la maison ces dernières minutes.
Dans la cuisine ouverte, je me servis un verre de vin rouge puis prit appuis sur l'îlot central en l'observant.
« Demain a lieu le mariage de Livia et Adrian. » lui rappelai-je après avoir bu une gorgée.
Il vint vers moi alors je me tournais pour lui prendre un verre à pied dans le placard. Pendant que je le servais, il goûta dans mon verre en posant ses lèvres exactement là où ma bouche s'était abreuvée il y a quelques secondes.
« Le clan Moretti s'agrandit encore. » dit-il avec un sourire.
« Tu dois en être très satisfait. Livia est une femme superbe, intérieurement comme extérieurement, elle est d'une famille qui n'a jamais fait de vague. » énumérai-je en observant le liquide grenat à travers le cristal, un sourire perdue sur les lèvres.
« Toi aussi, la fierté que j'éprouve pour cette famille fait la tienne. Tu en fait partis désormais. » dit-il comme un rappel en déboutonnant quelques boutons de sa chemise.
« J'ai tendance à oublier que je porte ton nom. »
« Ce n'est pas juste un nom Alaïa, c'est un art de vivre, un art d'être.
Et tu es la femme qui personnifie le mieux cette famille, même si tu ne t'en rends pas encore compte. »
Il reposa son verre vide sur l'îlot et se servit à nouveau. Il dirigea la bouteille dans ma direction et remplit mon verre.
« Qu'est ce que tu sais de moi Lazzaro ? Et depuis combien de temps ? Comment tu m'as connu ? » demandai-je en me penchant vers lui. L'îlot central nous gardait à distance l'un de l'autre.
« J'étais là, à travers chaque personne à laquelle tu parlais, à laquelle tu te liais d'amitié. Je connaissais déjà par cœur chaque millimètre de ton visage, chaque intonation de ta voix, la moindre mimique de ta moue boudeuse avant même que tu ne saches mon prénom. » dit-il en faisant le tour du meuble pour se retrouver à mes côtés.
Il prit deux assiettes et y disposa nos repas.
« Depuis quand ? » répétai-je en ne le lâchant pas des yeux.
« Des années. Depuis tes dix sept ans j'ai pris le relais de la surveillance de ton père, pendant qu'il s'occupait de celle de ta mère. »
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