Chapitre 13

Nous sortîmes de l'ascenseur. Quelques employés nous saluèrent d'un mouvement de tête pendant que nous nous dirigions dans la salle au fond du couloir. Tous ces bureaux avaient un air aseptisé, aucune chaleur humaine, il n'y avait qu'une légère odeur de café et le froid de la clim qui asséchait les narines.
De l'alcool, du café et du thé étaient disposés dans un plateau en inox sur l'un des meubles de la salle de réunion. Lazzaro se servit un verre de whisky pendant que j'ouvrais les dossiers aux bonnes pages et mettait en place l'ordinateur. Nous étions en avance. Il détestait le retard. Et s'il y a bien quelque chose que j'avais appris c'est qu'il détestait le retard tout comme il haïssait qu'on le fasse attendre excepté lorsqu'il était lui-même volontairement arrivé en avance. Je soufflai un peu pour refaire descendre la pression, je ne m'en étais pas rendu compte mais j'étais incroyablement tendu ces derniers temps.
Les chiffres étaient incroyablement bon, conclus-je mentalement durant la réunion. Une dizaine d'homme en costard cravate, allant de la trentaine à la cinquantaine étaient réunis autour de la table. Mais un coup d'œil vers Lazzaro assis en bout de table et son expression de dureté ainsi que la façon dont il serrait la mâchoire me firent comprendre qu'il n'était pas satisfait. Il sentit sans doute mon regard car il leva les yeux vers moi pendant qu'un des associés déblatéraient aux sujets d'investissement prochains.
Je tapotais machinalement l'extrémité de mon stylo sur ma lèvre inférieure, son regard était de plus en plus lourd quand soudain on m'interpella, c'était mon voisin de table qui m'offrait du café, monsieur Conrad. Le plus aimable ici.

« Merci. » lui dis-je en me reconcentrant sur les chiffres.

J'étais la seule femme aux milieux de ses hommes, à deux reprises on me coupa la parole alors que j'étais debout, à faire mon compte rendu. Je lançais un regard à Lazzaro pour lui intimer de me laisser faire.

« Vous êtes monsieur comment ? » dis-je à l'intention de celui qui venait de me couper la parole et de me faire des remarques des désobligeantes. Il rit avec un air arrogant et me répondit en me regardant de haut. Il se nommait Esposito.

« Comme vous l'avez remarqué vous avez eu tout le temps de vous exprimer, désormais c'est à mon tour de le faire alors fermez-la surtout lorsque vos remarques sont impertinentes. » lui dis-je en gardant mon calme. Je lui lançai un regard noir, il fulminait mais je repris mes explication cette fois. Ses critiques étaient personnelles et non pas lié au travail que j'avais fourni, son égo était touché par une présence féminine à cette table.

Je sentais le regard de Lazzaro, il m'observait me débrouiller au milieu de ces mâles qui ne laissent passer aucune occasion pour vous rabaisser plus bas que terre. Il était assis, le dos appuyé contre le dossier de sa chaise et emmenait doucement son verre à ses lèvres. Il avait toujours cet air confiant dans le regard, comme si tout lui appartenait ici, et c'était le cas. Il avait le dernier mot sur cette compagnie. Lorsque je me rassis, je vis qu'il ne lâchait pas Esposito des yeux.
La réunion touchait à sa fin, je me précipitais dans la salle de pause pour me faire un thé. Conrad apparu à la porte, c'était un homme d'une trentaine d'année, blond, assez sûr de lui mais très gentil comparé aux autres.

« Vous faites du boulot remarquable pour votre jeune âge. » dit-il en se servant un verre d'eau.

« Merci mais je n'ai pas non plus vingt-ans, je vais sur mes vingt-cinq ans. » dis-je en riant.

« Je confirme ce que j'ai dit : vous faites du boulot remarquable pour votre jeune âge. Félicitations. » dit-il avec un sourire. Il s'adossa au meuble et m'observa souffler sur mon thé.

« Vous aussi, votre compte-rendu était très interessant j'ai pris de nombreuses notes qui je pense vont grandement m'aider pour la suite. »

« Ravi que ça vous profite, je suis sûre que vous allez nous être très utile ici. »

La porte s'ouvrit et Conrad se tût. Lazzaro le fixa jusqu'à ce que celui-ci sorte pour nous laisser seul à seul.

« Qu'est ce qu'il te voulait ? » lança t'il en fermant la porte un peu brutalement.

« Me féliciter. » dis-je en haussant mes épaules.

« Je vois clair dans son petit jeu. » lâcha t-il d'une voix tinté par une colère calme, mais il me semblait qu'elle n'était pas dirigé uniquement vers le trentenaire qui venait de quitter la pièce.

« Quel petit jeu Lazzaro ? Il n'y a rien du tout, il est avenant c'est tout.»

« Avenant ? » Il répéta avec un rire moqueur.

Je déposais ma tasse et me mise à le fixer en croisant mes bras sur ma poitrine. J'étais entrain de rêver ou...

« ça t'énerve que je puisse plaire à un homme ici ? »

Il se tourna vers la porte, le clic du verrou se fit entendre et il se dirigea vers moi d'un pas calme et serein. Il retira sa veste et lorsqu'il fut assez proche de moi pour me coincer entre lui et le meuble derrière moi, il reprit la parole.

« Tu es ma femme, leur seul droit est celui de faire profil bas. » dit-il et cela me faisait toujours bizarre de me dire que nous étions marié, notre quotidien n'avait rien d'un couple marié, nous ne mangions pas ensemble, nous ne dormions pas ensemble. Nous étions marié sur papier.

Mes fesses étaient pressées contre le meuble, je finis assise dessus. Je soutenais son regard, il caressa ma lèvre inférieur de son pouce, j'avais l'impression que des petits coups d'électricités titillaient ma poitrine. Son autre main remontait lentement le long de ma cuisse, je le laissais faire, j'avais envie de sa proximité aujourd'hui, mais il se jouait de mes sensations, il voulait me pousser au bord du précipice.

« Je crois qu'il n'est pas du même avis que toi. » lui murmurai-je en provocation en plongeant mon regard dans le sien alors que Conrad était le dernier de mes soucis à l'instant.
« Il l'est, il profite simplement de chaque occasion et c'est pour ça je vais devoir lui rappeler quelques points. »

Il pencha son visage contre mon cou, je sentis sa barbe, ses lèvres frôler ma peau sensible. Ma main trouva sa place sur son épaule recouverte de sa chemise blanche puis dans sa nuque où je m'agrippais en penchant la tête en arrière. Il ne m'embrassait pas, il me frôlait, il allumait un feu ardent sur ma peau, j'avais envie de le supplier et c'est exactement ce qu'il cherchait.
Je rapprochais mon corps du sien, dont mon bassin, j'y sentis le signe de son envie à lui aussi. Il grogna doucement, sa main se resserra autour de ma cuisse. Un sourire se dessina mes lèvres.

« Quelques points ? » répétai-je avec curiosité.

« Qu'on ne se joue pas du patron, et qu'on ne tourne pas autour de sa femme. » dit-il finalement en posant se lèvres contre mon cou.

Je fermais les yeux, un ras de marrais me prenait le ventre mais il fallait que je tienne. Ma main rejoignit la sienne qui tenait ma cuisse, je la déplaçai, il n'y fis pas opposition mais ses yeux étaient plus sombre qu'une nuit sans étoile.

« Tu ne peux pas tout contrôler. » lui soufflai-je en référence à notre conversation dans la voiture et je le repoussais doucement avant de descendre du meuble et de me diriger vers la porte pour la déverrouiller. « À ce soir » lui lançai-je en partant.

Je récupérai mes affaires et me dirigeai vers l'accueil où je fis appeler un chauffeur qui travaillait pour les Moretti. Il fallait que je prenne l'air.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top