Chapitre 12
Je m'enfermais dans le travail, je lisais des dizaines de dossier sur la compagnie Moretti, m'imprégner de leur histoire, de leur politique était mon objectif. Je détenais quelques parts désormais et je voulais les gérer au mieux. Des feuilles d'études de marchés défilaient sous mes yeux, ainsi que des contrats, des comptes rendues, des courbes, des statistiques. C'était encore plus que ce que je pensais sans compter les dossiers de la Suisse que m'envoyait Nora et que je devais gérer. Ma boite mail était pleine à craquer (si elle pouvait craquer). Dans une heure et demi aurait lieu le bilan de la semaine à la compagnie, je devais m'y rendre avec Lazzaro qui lui aussi était pour la plus part du temps dans son bureau à la compagnie ou dans celui de la maison.
La porte s'ouvrit et je n'eus pas à relever les yeux de mon ordinateur pour deviner qui c'était.
Il n'y avait que lui pour se permettre d'entrer sans frapper.
« Oui ? » demandai-je en tournant mes yeux vers lui, je me redressais sur ma chaise.
Les manches de sa chemise noir étaient retroussées sur ses avants-bras, et je devinais son torse musclé sous le tissu. Mon regard croisa ses iris noir, c'était toujours aussi délicat avec ses yeux posés sur moi. Je déglutis et ouvris la bouche discrètement pour y faciliter le passage de l'air. Il passa une main sur sa barbe et passa derrière mon bureau pour se pencher au dessus de moi et observer ce que j'étudiais.
« Intéressant. Il y a des fichiers complémentaires dans mon bureau. » dit-il, je sentais son souffle chaud sur ma tempe.
« Je dois déjà finir ceux là, j'ai un disque dur plein. »
« Tu n'es pas obligé de les lire, tu connaîtras l'entreprise sur le tas, au fur et à mesure. »
« Je préfère faire comme ça, c'est une vision globale, c'est long mais à la fin j'y gagnerais en temps et en précision. »
Sa main se posa dans mes cheveux et mon corps se tendit à ce contact.
« Qu'est ce que tu fais ? » soufflai-je quand il commença des petits mouvements circulaires sur ma nuque, je me demandais à quoi il pensait à l'instant.
« Tu es belle quand tu te laisses faire, quand tu arrêtes de sortir les griffes. » dit-il près de mon oreille, mes paupières étaient à demi-fermé à cause de son petit massage, je n'avais aucune conviction pour les rouvrir.
« Et toi tu es beau quand tu te tais. » lui soufflai-je en inclinant mon visage vers le sien.
Ses lèvres étaient à quelques centimètres des miennes, sa barbe me chatouillait presque et je mourrais d'envie de l'embrasser. Un petit gémissement étouffé s'échappa de mes lèvres lorsque son pouce roula à la base de mon crâne. J'avais rouvert les yeux, son regard glissa du mien à ma poitrine dont la naissance était découverte par le haut de mon chemisier en soie. Il replongea ses yeux dans les miens.
« On part dans 15 minutes. » dit-il en se redressant.
Lorsque la porte se referma, je me levai en passant une main dans mes cheveux le souffle court. Je réajustai ma jupe puis me servit un verre d'eau avec quelques glaçons. Il fallait que je prenne l'air, j'avais l'impression que ma peau s'était réchauffée de plusieurs degrés.
Qu'est ce qu'il me prend ? Me demandai-je, je ressentais du désir pour lui, c'était évident mais je ne voulais pas craquer, pas après tout ce qu'il s'était passé, il n'aurait pas ce plaisir. Je repris rapidement mes esprits, attrapais mon dossier pour le bilan sur le coin du bureau et sortis chercher mon sac à main dans la chambre avant de rejoindre celui qui était mon mari en bas. Je m'installais dans la voiture à ses côtés et au niveau du portail, le garde armé et son chien se décalèrent pour laisser les grandes barrières métalliques s'écarter.
Voilà un mois que je vivais ici et je découvrais une sécurité encore plus renforcé que la maison de mon grand-père, visiblement nous ne jouions pas dans la même cours. Je ne m'y habituais toujours pas.
Tous ces changements rapides dans ma vie m'avait laissé un goût étrange dans la gorge.
« À quoi tu penses ? » me demanda Lazzaro au bout de plusieurs minutes d'une conduite silencieuse.
« À à quel point la vie peut vite changer. » dis-je, pensive.
« C'est un deuil perpétuel, du nous d'hier, du quotidien qu'on menait il y a peu. Tout évolue constamment, sans prévenir.»
Je lui lançai un regard, il m'aidait à mettre des mots sur quelques unes des pensées inconscientes qui me traversaient depuis plusieurs semaines. Nos regards se croisèrent un instant, il reporta le sien sur la route. Dehors le vent s'était levé.
« Vivre c'est parfois ne pas avoir le contrôle Alaïa. »
« Pourquoi tu me dis ça ? »
« Parce que tu as besoin de l'entendre. »
« Tu penses que je veux tout contrôler ? »
« Je ne le pense pas, je le sais. » il passa son pouce sur sa lèvre inférieur avant de reposer sa main sur le volant.
« Tu m'observes tant que ça ? Serais-tu obsédée par moi Lazzaro ? » demandai-je avec un petit sourire narquois sur les lèvres.
Il sourit, de la façon que je lui connaissais bien, sombre, énigmatique.
« Si je répondais à cette question tu dormirais avec un couteau entre les mains. »
« Mais je n'ai pas peur de toi alors je ne dormirais avec aucun couteau. » lui dis-je par provocation. Au fond je savais qu'il y avait des choses qui m'échappaient, qu'il renfermait des choses sombres comme la nuit.
« Tu ne connais pas encore tout de moi, et c'est très bien comme ça. » dit-il tout bas, presque comme s'il se parlait à lui-même.
Il gara la berline dans le parking souterrain et cette conversation se termina ici.
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Bonjour ! J'espère que cette histoire vous plaît. N'hésitez pas à me donner vos avis ça compte beaucoup pour moi :)
Que pensez-vous de cette nouvelle histoire ? Des personnages ? De l'intrigue ?
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