Chapitre 61



  - Bonjour Klaus, comment allez-vous ?

L'Italien se retourna pour le confronter. Il n'y avait plus de mépris dans son regard mais de la méfiance. Pour gagner son approbation, Mohammed savait qu'il allait devoir faire preuve de finesse.

- Je vais bien, dit-il en lui serrant la main.

- Est-ce que votre femme se plaît dans sa chambre ?

Sachant celle-ci enceinte de bientôt huit mois, Mohammed avait prit soin de lui offrir la meilleure suite.

- Meredyce n'est pas compliqué à satisfaire, elle vous remercie, répondit l'homme d'une voix neutre.

Comme Tara songea-t-il en déviant son regard sur la porte close.

- Seulement, je commence à m'impatienter de voir ma sœur et surtout connaître les raisons de ma présence ici.

- Suite à nos conversations j'ai songé à vous inviter pour que nous puissions repartir sur de bonnes bases, expliqua Mohammed en ouvrant les portes qui menaient au joyaux de la famille.

- Vous avez sans doute raison, concéda-t-il d'une voix sèche ; Mais toutes ma vie j'ai eu affaires à des négociations, je sais que je ne suis pas là uniquement pour enterrer la hache de guerre.

En plein dans le mille, songea Mohammed en serrant les dents.

- Quant à moi, commença Mohammed sur un ton neutre ; J'ai eu affaires à des hommes redoutables qui j'ai plié en deux, inutile de vous dire que je ne reculerais devant rien pour que vous me donniez une chance de me comprendre ?

Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de son adversaire.

Mohammed lui, se retint d'esquisser un sourire machiavélique. Il valait mieux jouer la carte de l'impartialité.

- Avez-vous les retours de Tina Thomas ?

- Ils sont très concluent, avoua-t-il à son plus grand étonnement ; Je ne peux le nier, Tara est amoureuse de vous et a trouvé la paix qu'elle cherchait.

Mohammed se retint de ciller. Au début, il ne sut dire si c'était une tactique d'intimidation de la part de ce frère si protecteur. Mais il y avait quelque chose de fort dans son regard. Quelque chose de sincère.

- Mais ? Lança-t-il avec prudence.

- Mais elle demeure encore ma sœur, et j'ai beau me persuader que vos intentions sont sincère, je crains toujours le moment où elle viendra pleurer au creux de mon épaule.

- Ça n'arrivera jamais ! Articula-t-il le regard fermement ancré dans le sien.

- Et qu'est-ce qui vous fait dire une chose aussi importante aussi solennel ?

Mohammed fit le tour des coffres pour se planter devant lui.

- Toute ma vie j'ai été jugé sur mon apparence impitoyable, expliqua Mohammed d'une voix altérée par les amers souvenirs qu'il gardait de cette époque ; Le play-boy du désert prétendant au trône alors qu'il succède les maîtresses, voilà l'image que l'on m'a donnée durant six ans.

Mohammed inspira imperceptiblement avant de reprendre.

- Sauf que je n'étais rien de tout ça et je n'ai jamais cherché à m'en défendre. Puis ensuite j'ai épousé Amalia dans l'espoir d'être heureux et cet espoir m'a conduit dans un fauteuil roulant.

- Je suis sincèrement désolé, déclara Klaus sincère.

- Et au moment où j'avais l'impression de mourir chaque fois que je me levais sous l'aide de mon personnel complètement anéanti d'avoir absolument tout perdu...Tara est arrivée.

Mohammed se rapprocha lentement de la grande fenêtre en repensant à ce moment comme s'il le vivait encore.

- Ses grands yeux ont exprimé tellement d'émotions ce jour-là, murmura-t-il en contemplant son héritage figé sous ce soleil de plomb.

- Je crois que je l'ai aimé à cet instant sauf que j'ignorais à quoi ressemblait l'amour ni même comment comprendre les sentiments qu'elle m'inspirait.

Mohammed fit face à l'homme qui contre toute attente, l'écoutait attentivement.

- Tara m'a aidé plus que je l'ai aide, et je désire finir ma vie avec elle.

Klaus Kreighton serra les mâchoires, le regard empreint d'incertitudes.

- Autrement dit, vous êtes en train de me demander la main de ma sœur ? parvint-il à dire comme cela lui coûtait.

Mohammed inclina sa tête en guise de réponse.

Un combat silencieux s'ensuivit. Ils se regardèrent en silence avant que Klaus pousse un juron entre ses dents.

- Est-ce qu'elle le sait ? Demanda-t-il d'une voix précité en arpentant la pièce d'un pas nerveux.

- Pas encore.

- Vous vous connaissez que depuis trois mois tout au plus, contrat-il.

- Pour moi, j'ai l'impression que ça fait une éternité.

- Tara est fragile malgré les efforts qu'elle a fait depuis trois mois.

- Je le sais, acquiesça Mohammed sérieusement ; Je le sais plus que quiconque, répéta-t-il avec force. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour la protéger des regards qui lui font encore peur.

Klaus s'arrêta, le regard voilé d'une tristesse qui lui serra le cœur. Il se souvenait des paroles de sa femme. Cet homme était anéanti depuis l'agression de Tara. Il se sentait coupable de l'avoir abandonnée. Et aujourd'hui il essayait de réparer sa faute.

- Vous n'êtes pas responsable de ce qu'il s'est passé Klaus, lâcha-t-il en dévisageant sa réaction ; Tara le sait, votre femme le sait, il n'y a que vous qui vous faite du mal.

Le visage de ce dernier se fissura. Un rictus amer se forma sur sa bouche crispée.

- Il est peut-être temps de vous pardonner ce remord qui ne devrait même pas vous ronger.

Il se passa une main nerveusement. Un silence s'abattit brutalement. Mohammed demeura silencieux dans l'attente d'une réponse. Klaus Kreighton releva alors la tête, impassible néanmoins trahi par ses traits durcis.

- Si vous lui faites du mal...je vous tuerais.

Intérieurement, Mohammed souriait.

- Je vous remercie Klaus, murmura-t-il en venant lui serrer la main ; Je vous promets de passer chaque heure de ma vie à la rendre heureuse.

Le cœur battant violemment contre ses tempes, il raccompagna le frère de Tara jusqu'à sa chambre. Après vives réflexions il suggéra au couple d'aller à la rencontre de Tara. Il était convaincu qu'elle serait heureuse de retrouver son frère.

- Nous ne pouvons rester pour diner, l'informa Klaus au moment où s'apprêtait à partir.

Attristé pour Tara par ce départ brutal, Mohammed fronça des sourcils.

- La grossesse de ma femme nécessite une surveillance de tout les instants.

- Rectification, Klaus surveille ma grossesse au point que je me demande si ce n'est pas lui qui va m'accoucher, rectifia Meredyce en jetant un regard réprobateur à son mari.

- Bien évidemment que c'est moi, affirma celui-ci en rentrant dans le jeu de son épouse avec une lueur amusée au fond des yeux.

- Une fois la naissance de votre enfant, Tara serait ravie de pouvoir dîner avec vous et passer quelques jours de plus avec Meredyce.

- Plus que deux mois, chuchota Klaus en posant une main protectrice sur son ventre.

Jalousement, Mohammed observa le ventre rond de la jeune femme et une immense douleur lui comprima le cœur.

Il préféra laisser le couple à leur joie pour savourer la sienne. Mais la scène qu'il venait d'observer ne parvenait pas à lui faire savourer son propre bonheur. Encore une fois, il avait l'impression d'être égoïste. Il pénétra dans la salle des coffres une seconde fois pour ouvrir le dernier coffre qui contenait la bague de fiançailles de sa mère.

Quelques jours auparavant il avait pris soin de l'ajuster à la bonne taille. Il avait aussi fait rajouter des diamants aussi pure que l'était la femme qui la porterait. Son amour pour elle s'insinuait dans sa chair. Il n'y avait plus de doute possible. C'était celle qu'il attendait. Il referma l'écrin incrusté d'or en inspirant bruyamment. Ce qu'il s'apprêtait à lui demander serait le début d'un nouveau commencement. Seule zone d'ombre qui l'empêchait d'apaiser les tensions qui le tenaillaient c'était de ne pas savoir si elle accepterait de devenir sa femme.

Plusieurs minutes passèrent avant qu'il se décide à quitter la pièce. Il rejoignit la chambre et resta en retrait près de la porte. Entourée de sa seule famille la jeune femme souriait radieusement à son frère, écoutant attentivement les dernières nouvelles qu'il lui ramenait de l'Italie. Pour en terminer avec les peurs qui l'habitaient, Mohammed savait qu'elle devrait se confronter à ce pays qu'elle aimait et haïssait à la fois. Il croisa les bras, sans jamais cesser de la regarder attentivement. Affaiblie par ce dernier mois éprouvant ses beaux yeux étaient marqués de vilaines cernes. Elle se leva en vacillant légèrement et il se retint d'intervenir à la hâte. Klaus le devança en la rattrapant par le bras et l'obligea à s'asseoir.

- Votre altesse ? Tout va bien ? Demanda Aziz à voix basse.

Soucieux sur l'état de santé de Tara il se tourna discrètement vers lui.

- Prend rendez-vous pour demain avec le docteur Hadjy.

- Vous vous sentez mal ? S'inquiéta Aziz en regardant instinctivement ses jambes.

Mohammed secoua négativement de la tête.

- C'est pour Tara.

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