Chapitre 60



Un mois plus tard :

Tara exhala un soupir tremblant, le front collé à la vitre, admirant les dunes de sable. Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis leur voyage à New-York et le déchaînement médiatique était toujours aussi vif. Tara ne regrettait pas son choix, elle regrettait les conséquences. Et elles étaient nombreuses. Combien de fois devrait-elle affronter le visage de son agresseur diffusé partout dans la presse ?

Car si les médias du Khazban n'avaient pour l'heure diffusé aucune photo de ce monstre, ceux d'Amérique et ceux d'Italie n'avaient eu aucune pitié pour elle. La seule chose qui lui donnait le courage de faire face à tout ces souvenirs douloureux était la bienveillance du pays. Pour la première fois de sa vie, Tara se sentait en sécurité. Mohammed avait su gérer la situation avec l'aide de son frère. Inconsciemment, les deux hommes s'étaient rapprochés. Au moins une bonne nouvelle, songea-t-elle en soupirant.

- Tara ! Mon enfant ! Depuis combien de temps êtes-vous devant la fenêtre ?

La gaîté de Anaya suffit à lui rendre son sourire.

- Suffisamment pour perde la notion du temps.

- Il fait très chaud, c'est l'époque la plus brûlante de l'année, vous devriez éviter le soleil.

Tara se retourna en fronçant des sourcils.

- Je suis à l'intérieur, lui fit-elle remarquer.

- Le soleil est capable de traverser les carreaux, vous devriez regarder vos joues une seconde.

Tara s'approcha de la coiffeuse et hoqueta. Ses joues étaient si rouge qu'elle se demandait si cette teinte était la même que quand elle rougissait.

- Mon dieu ! Je n'avais pas fait attention !

Anaya éclata de rire.

- Buvez un peu d'eau pour vous hydrater.

Tara hésita longuement et ça depuis plusieurs semaines. Bien que réprimandée par la moitié du château, elle se sentait gênée de boire et de manger en cette période de jeûne très importante pour le pays.

- Tara ! Vous devez boire ! Insista-t-elle en pointant son index vers elle.

- C'est...ça me gêne.

- Et moi je suis gênée de vous voir gênée, rétorqua Anaya d'une voix mécontente ; Vous avez assez prouvé votre bienveillance à notre égard, ce soir, au couché du soleil notre jeûne prendra fin et...

- Parfait ! Alors j'attendrais ce soir et...

- Tara...

Elle se figea, interdite, sous cette voix masculine, grave et rocailleuse. Elle se tourna vers lui. Il se tenait dans l'encadrement de la porte, l'air mécontent...néanmoins ses lèvres tremblaient en une esquisse d'un sourire visiblement moqueur.

Instinctivement elle se toucha les joues.

- Anaya a raison, enchaîna-t-il en pénétrant dans la chambre ; Tu n'as pas à te sentir gênée.

Il s'empara de la carafe d'eau pour lui servir un verre. Vêtu de sa dishdash, il avait l'air davantage redoutable.

- C'est dans ma nature, se justifia Tara.

- Je sais, concéda-t-il en comblant l'espace qui les séparait ; Ton respect envers nous est honorable, mais tu n'as pas à te sentir coupable.

Implacable, il l'obligea à s'hydrater. Vacillant sur ses jambes, elle redoutait un malaise et se laissa tomber sur le fauteuil. Mohammed avait des années de pratique, comme le reste du personnels. Ni boire ni manger ne semblaient pas les affaiblir au contraire. Pas une seule trace de sécheresse n'était visible sur sa bouche au contraire de la sienne complètement asséchée. Tara s'était tellement sentie privilégiée au contraire d'eux qu'elle s'était risqué à jouer les plus maligne. Son corps ne manqua pas de lui rendre la monnaie de sa pièce.

- Ne recommence plus jamais ça, murmura-t-il en posant le revers de sa main sur son front brûlant.

" Plus jamais " Ces mots signifiaient qu'il y en aurait d'autre...

Son cœur se gonfla secrètement.

- Je ne recommencerai plus, murmura-t-elle en esquissant un faible sourire.

Ses yeux opaque se plantèrent dans les siens et le monde semblait avoir totalement disparu.

- Ce soir, nous allons célébré la fin du mois saint, il n'y aura que nous deux, je te veux à mes côtés.

- Mais ? Demanda-t-elle en le voyant hésiter à poursuivre.

Il s'accroupit en face d'elle, l'air soucieux. Le comportement de Mohammed avait changé ces dernières semaines. Il était d'avantage plus protecteur. Bien qu'elle adorait ça, elle avait l'impression qu'il souffrait.

- Tu as l'air épuisé, commenta l'homme en fronçant légèrement des sourcils ; Tout ce qui s'est passé pendant ce mois semble t'avoir épuisée et...

- Je suis fatigué oui, avoua-t-elle en soutenant son regard inquiet ; Fatiguée de devoir affronter mon histoire, mais je vais bien.

Perplexe, il se releva en lui tendant sa main, Tara la prit et se laissa guider jusqu'au lit. Elle s'y allongea, désireuse qu'il l'embrasse. À chaque tombée de la nuit, avant l'aube, il l'embrassait avec une fougue sans précédent. Tara se sentait en sécurité dans ses bras puissants.

- Tu devrais te reposer un peu pour être en forme ce soir, conseilla-t-il doucement.

- Que vas-tu faire ? Demanda-t-elle en se mordant la lèvre.

- Je dois régler certain détails pour ce soir et j'ai une réunion avec le conseil.

Tara acquiesça silencieusement. Elle remarqua que ses traits très étaient marqués par la fatigue.

- Tu as l'air tendu Mohammed.

- Ce n'est rien de le dire, confirma celui-ci en lui prenant la main ; Je dois me battre pour te protéger, Tina Thomas vient de m'annoncer leur retour en Italie et...

- Et tu as peur que je reparte ? Pourquoi je ferais une chose pareille ?

Tara se redressa d'un bond. Croyait-il réellement qu'elle allait repartir alors qu'elle était amoureuse de lui.

- Je me posais simplement la question...

- C'est une très mauvaise question, rétorqua-t-elle d'un colère à peine contenue.

- Elle est réticente à l'idée que tu restes ici, lui rappela-t-il.

- Jusqu'à ce qu'elle s'entretienne avec moi, répliqua-t-elle doucement ; Elle a vu à quel point j'avais fait d'énorme progrès et n'a pu que les constater.

Elle marqua une pause.

- Ce voyage a été bénéfique pour toutes les filles, elle est parvenu à faire ce qu'elle voulait, mais je ne repartirais pas au centre, ce n'est plus ma place et elle le sait.

- Doucement habibti, ordonna-t-il comme elle s'agitait....complètement affolée.

- Pourquoi me dis-tu ça Mohammed ? Tu ne veux pas que je reste ?

Vif comme un prédateur il prit son visage en coupe pour l'approcher du sien.

- C'est mon souhait le plus cher Tara, articula-t-il les yeux assombris.

- Alors...

Tara s'interrompit, sa tête lui tournait.

- Alors cessons de discuter sur un départ qui n'aura pas lieu, conclut-elle.

Mohammed détendit la pression de ses mâchoires serrées. Quel idiot ! Se maugréa-t-il intérieurement. Comment avait-il pu lui poser une question aussi stupide ? Évidemment, Mohammed connaissait déjà la réponse. Il voulait se rassurer lui-même. Ce soir serait un grand soir...

- Repose-toi mon amour, conseilla-t-il en posant un baiser sur son front.

Il l'obligea à s'allonger, complètement démuni face à la tentation qui s'émanait d'elle dangereusement.

Il quitta la chambre après un dernier baiser et disparu dans les profondeurs du couloir silencieux. De l'autre côté de l'enceinte du château, Klaus l'attendait. Tara n'était pas encore au courant de son arrivée et encore moins sur les raisons qui l'avaient poussée à le faire venir jusqu'ici.

Depuis qu'elle avait révélé son identité, Mohammed et Klaus entretenaient des liaisons plus amènes et plus civilisées. En revanche ils ne s'étaient jamais revu depuis leur confrontation violente qui auraient pu les amener à se battre.

Autrement dit, c'était quitte ou double. Soit Mohammed mènerait fièrement sa bataille soit il serait contraint de se battre pour obtenir sa bénédiction.

Mohammed s'arrêta devant les portes, inspira profondément avant de les pousser pour confronter le redoutable frère de la femme qu'il désirait épouser.

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