Chapitre 56
Prenant garde, Tara jeta quelques coups d'œil vers Amalia puis prit la carte des menus et la consulta sans un mot. Jusqu'ici la tension demeurait stable. Froide et hostile.
- Philip, je vous pensais bien plus intelligent que ça, lança Mohammed d'une voix rêche.
Le vieil homme se racla la gorge sous les yeux noirs de sa fille. À première vue, Tara pensait qu'il était là sous les manœuvres de sa fille.
- Je suis venu pour soutenir ma fille, se justifia-t-il en essuyant son front moite.
- Soutenir l'indéfendable ? Répliqua Mohammed en levant un sourcil ; Une femme qui est prête à tout pour avoir de l'argent ? Qui m'a trompé ? Qui m'a volé un an de ma vie ? Condamné dans un fauteuil roulant ?
Philip, planta son regard dans le sien non sans rougir de honte.
- Je ne suis pas responsable de l'accident ! S'indigna celle-ci.
- C'est tout comme, riposta Mohammed en la foudroyant du regard ; Comment oses-tu raconter des inepties à la presse ? Tu pensais que j'allais rester tranquillement dans mon coin en te laissant salir mon honneur un peu plus ?
Tara réprima un sursaut lorsqu'elle vit l'expression de son compagnon se fissurer au point de ne plus le reconnaître.
- C'est toi qui a ouvert les hostilités, je ne fais que répondre aux attaques mon cher Mohammed.
- Preuve évidente que tu te perds Amalia, rétorqua-t-il sèchement ; Tu crois sincèrement que j'allais me taire à jamais ? Toi qui avait dans l'intention de me revenir sans que je sache la vérité ?
Un lourd silence s'ensuivit. Ni Tara ni le père de celle-ci osaient s'interposer. Amalia serra ses lèvres, les joues cramoisies.
- Tu es coupable d'adultère, coupable d'avoir essayé de me mentir sur un enfant à naître, poursuivit-il froidement ; Tu es la risée des magasines, tu suscites l'indignation dans mon pays et tu as le culot de mentir sur une prétendue pension qui n'a jamais existé ?
- Le contrat de mariage....
- Stipule qu'en cas de divorce dont la faute vient du mari il se doit de payer son épouse humiliée.
Mohammed se carra contre le dossier de la chaise en haussant un sourcil.
- Il me semble que c'est toi qui m'a humilié non ?
Tara retint sa respiration. Amalia semblait sur le point d'exploser. Philip se décomposa au fil de la confrontation.
- Je t'ai tout donné Amalia, tu m'as trahi, trompé, volé des années.
- Nous étions heureux ensembles c'est toi qui a tout gâché !
- Nous n'étions pas compatible, contrat-il en se redressant ; Tu n'as pas la même conception du mariage que moi, enfin bref...
Mohammed appela le serveur pour commander deux cocktails. Une fois partie, il sortit de sa poche un papier qui sonnerait le glas de sa défaite.
- Je sais que tu as été payé pour tes interviews, tu ne donnes rien sans rien.
Il marqua une pause dans laquelle, le serveur déposa deux verres sur la table.
- Tu as le choix, poursuivit-il sèchement ; Sois tu cesses cette comédie immédiatement, sois je reprendrais les parts que j'ai cédée à ton père, ce qui l'amènera à la faillite ainsi que la tienne.
Amalia se redressa les poings serrés. Philip quant à lui, examina le papier que venait de lui tendre Mohammed. C'était un homme redoutable et impitoyable qui se dressait devant elle. Tara en eut le souffle coupé. Il avait tout prévu.
- Tu n'as...
- Assez ! Siffla Philip entre ses dents ; Assez tu m'entends ! Tu as fait assez de dégâts comme ça !
La réprimande de son père indigna cette dernière. Mohammed esquissa un sourire diabolique.
- Tu t'attaques sans vergogne à un souverain que tu as sali ! Et tu sembles naïve au point d'oublier à qui tu t'adresses, gronda son père en desserrant sa cravate ; J'en ai assez de tes caprices ! Tu m'as bien compris !
Une rage emplit les yeux de sa fille dont les lèvres tremblaient de colère. Néanmoins, elle se tourna vers Mohammed en inclinant sa tête.
- Maintenant que tout est réglé nous allons finir notre déjeuner pour ne pas éveiller la curiosité des paparazzis, conclut Philip en levant son verre.
Tara observa Amalia à la dérobée et sut qu'elle ne s'arrêtera pas à ce simple accord. Quelque chose brillait dans ses yeux. Elle n'était pas sincère malgré le piège qui s'était refermé sur elle.
Feignant un besoin urgent d'aller aux toilettes, Tara se leva imitée par Amalia.
- Laissez-moi vous accompagner, proposa-t-elle sur un ton beaucoup trop doux pour être sincère.
Mohammed s'interposa immédiatement avant qu'elle ne posa sa main sur son bras avec un sourire en coin.
- Laisse, ça va aller, assura-t-elle sous l'œil noir du souverain.
Perplexe, il inclina de la tête sans quitter son ex-femme des yeux. Pour faire bonne figure, Tara plaqua un sourire sur ses lèvres en traversant le restaurant. Les toilettes pour dames étaient souvent un terrain où les femmes se retrouvaient pour échanger des ragots ou des critiques à l'égard de leur concurrentes. Tara le savait par les expériences des héroïnes de ses romans préférés.
Une fois la porte refermée, Tara ignora délibérément sa rivale et s'enferma dans une cabine. Forcée de constater qu'elle voulait être seule avec elle pour la confronter, Tara sortie de la cabine pour se laver les mains. Amalia rehaussait les contours de ses lèvres avec un rouge à lèvres dont la couleur ne s'associait guère avec son fard à paupières.
- Vous n'espérez tout de même pas vivre avec lui toute votre vie ? Lança-t-elle d'une voix rieuse.
Tara croisa son regard dans le grand miroir.
- Ma relation avec Mohammed ne vous regarde en rien madame.
- Il vous quittera...ou vous le quitterez, dit-elle en haussant les épaules.
Tara esquissa un sourire faussement poli.
- Merci, mais je pense que....
- Mohammed ne vous a pas révéler tous ses secrets, coupa-t-elle avec un sourire provocateur ; Notamment un qui pourrait vous faire changer d'avis.
Refusant de se laisser déstabiliser, Tara s'essuya les mains dans la serviette.
- Il a quelques petites difficultés à procréer, lança-t-elle au moment où elle s'apprêtait à partir ; Ce n'est pourtant pas fautes d'avoir essayé.
Tara la foudroya du regard, réprimant la vague d'inquiétude qui aurait pu la trahir.
- c'est pour cela que je suis presque sûre que ce bébé n'était pas le sien.
- Vous n'avez aucune honte, nota Tara sèchement.
Un sourire mielleux se dessina sur les lèvres de celle-ci.
- Si vous connaissez tout de mes plans vous devriez savoir que j'ai tenté à maintes reprises de tomber enceinte avant ce petit accident, au début je pensais que c'était moi le problème.
Pour parfaire son attaque, Amalia esquissa une moue théâtrale.
- Oups...vous semblez très pâle, commenta-t-elle en feignant l'étonnement : Vous aurais-je choqué ?
Tara serra les dents.
- Si vous essayez de m'intimider pour parvenir à me faire fuir, sachez que ça ne marche pas, déclara Tara en redressant la tête.
- Oh mais vous n'aurez pas besoin de fuir, rétorqua-t-elle en la dévisageant de la tête aux pieds ; Lorsque Mohammed comprendra qu'il a un souci de....fertilité, il vous quittera.
Tara tint bon, serra les dents, lèvres serrées, le regard à la hauteur du sien.
- Mohammed est comment dirais-je, reprit-elle en faisant mine de réfléchir ; Très traditionnel, très religieux aussi je pense qu'il ne supportera pas d'être le dernier d'une lignée qui a déjà eu beaucoup de problème coté reproduction preuve en est ! Il est le seul enfant restant pas même un frère ou un cousin !
Elle s'approcha lentement, prenant le temps de savourer sa victoire.
- Il vous quittera, chuchota-t-elle lentement ; Car derrière cet homme impitoyable se cache un sentimental qui ne supportera pas l'idée d'être stérile car je suis sûre qu'il l'est.
Tara se rapprocha lentement, heureuse de constater qu'elle arrivait à la hauteur de son oreille pour lui chuchoter ;
- Et moi j'ai hâte de vous prouver le contraire.
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