Chapitre 41
Tara sentit le parfum viril de Mohammed emplir ses narines. Enfin ! Songea-t-elle en le voyant se réinstaller.
- Tout va bien ? Demanda-t-elle comme il semblait vaguement ailleurs.
Il se frotta la barbe en soupirant.
- Ce dîner commence à devenir trop long, dit-il sur un ton impatient.
Tara sentit qu'il y avait autre chose. Il avait passé plus de cinq minutes à discuter avec un homme et elle avait bien senti dans son regard qu'il y avait un problème. Seulement elle ignorait lequel.
- Je vois bien qu'il y a quelque chose, insista Tara d'un murmure inaudible.
Il lui sourit affectueusement et lui prit la main. Aussitôt son regard devint enfiévré. Cela lui conférait un charme à la fois glacial et exotique.
- C'est la première fois qu'une femme parvient à lire en moi pour déceler mes failles.
Timidement, elle baissa les yeux sur la nappe et se mit à la triturer nerveusement. Il se leva alors en prenant tout le monde de court incompris Tara.
- Messieurs, mesdames, il est temps pour moi de me retirer.
Cette déclaration subite ne manqua pas de faire du bruit. Même les serveurs se mirent à chuchoter en eux. Tara se leva en lissant des plis imaginaires sur sa robe et écarta maladroitement sa chaise. Ils se levèrent tous pour s'incliner. Son cœur rata un battement quand il lui prit la main pour l'entrainer à l'extérieur. Bien silencieuse, la ruelle était tout de même bouclée pour des raisons inconnues. Avec le peu de mots arabe qu'elle avait appris dans un bouquin que lui avait prêté Anaya, elle comprit que des photographes étaient postés au quatre coin de la ruelle.
- Monte Tara.
- Est-ce que c'est grave ? S'inquiéta-t-elle en grimpant dans la voiture.
Il passa sa tête dans l'habitacle le visage grave.
- Pour toi non, pour eux oui.
Tara sut qu'elle n'en saurait pas plus. Il referma sa portière et prit place côté conducteur.
- Quelqu'un a dû les prévenir que j'étais accompagné d'une femme, siffla-t-il entre ses dents.
- Cela t'arrive souvent ? Demanda-t-elle d'une voix qui manquait de souffle.
- Étant donné que tu es la première femme depuis Amalia je dirais rarement, répondit-il en démarrant en trombe.
Tara hoqueta puis se mordit la lèvre inférieure. Quelle idiote faisait-elle à présent !
- Par....don je....
- Chut...murmura-t-il en capturant sa main ; Tu n'as rien dit de mal. J'ai eu des aventures avant Amalia mais pas après. Je suis un homme fidèle à ses principes et ses valeurs.
Des flashs crépitèrent au passage de la voiture. Tara mit sa main devant son visage ce qui l'amusa.
- Les vitres sont teintées, lança-t-il en faisant ronfler le moteur.
- Oh...
Il posa leurs mains liées sur le levier de vitesse puis s'engagea sur la route principale. Peu à peu, la route devint sombre. Seule le clair de lune éclairait le paysage. Il ne lâcha pas sa main mais demeura silencieux. Concentré sur sa conduite, on aurait dit une statue de pierre imperturbable.
- Tu dois être morte de faim, avait-il lâché devant les grilles du château.
Quittant brusquement sa torpeur, Tara rougit sans savoir pourquoi.
- J'ai faim oui, avoua-t-elle avant que son ventre ne le fasse à sa place.
Ils étaient partis juste après l'entrée, Tara n'avait presque rien avalé.
- Viens, je vais te conduire à mes appartements, déclara-t-il en lui prenant la main.
Le cœur battant à tout rompre elle le suivit jusqu'au corridor ouvert sur cette voûte étoilé absolument magnifique...
Ils montèrent tous les étages du château pour rejoindre un long couloir silencieux débouchant sur deux portes incrustés d'or. Il les poussa à l'aide de ses deux mains et s'écarta pour la laisser passer. Tara hoqueta en le précédant dans l'immense pièce...son antre. Tara avait l'impression d'être rentrée dans un appartement immense. Elle balaya sa demeure d'un oeil attentif et émerveillé. Les hauts plafonds étaient ornés de dessins et de dorures. Il y avait deux salons dont l'un semblait privé. Elle monta les trois marches recouvert d'un tapis et aperçut une porte au fond de l'immense pièce. Elle fit un tour sur elle-même et découvrit un escalier en bois massif qui donnait sur un étage mystérieux.
- Ma chambre, déclara-t-il comme il la voyait intriguée par l'étage.
Encore une fois, Tara se retrouva dans une situation extrêmement embarrassante ce qui ne manqua pas de l'amuser.
- Je t'en prie monte, dit-il en jetant sa veste noire sur l'un des canapés ; Je reviens dans cinq minutes.
La bouche entrouverte, elle le suivit du regard tandis qu'il partait en direction du couloir. Jugulant au mieux sa panique, Tara monta l'escalier ouvert sur la salle à manger et ouvrit la porte en bois massif. Elle était lourde, constata-t-elle en la poussant. Tara prit conscience qu'au moment où elle découvrit la chambre qu'elle allait passer sa nuit avec Mohammed. Ses mains devinrent moites, son regard se porta sur le grand lit majestueux composé d'une estrade. De grands piliers surmontaient les pieds du lit et de loin on pouvait deviner la texture crémeuse des draps. La naissance de ses doigts sur sa bouche, Tara contempla le reste de la chambre en peinant à croire que tout ceci était réel. Et pourtant...
- Tu m'as l'air impressionnée, lança-t-il derrière elle.
Terminant de faire un tour sur elle-même, Tara lui fit face et sentit une chaleur naissante caresser sa peau. Il la désirait, songea-t-elle en mettant ses mains derrière son dos. Il suffisait de regarder cette flamme ardente dans ses yeux noirs pour s'en convaincre.
- Qui ne serait pas impressionné devant tout ceci, répondit-elle en s'installant sur le fauteuil pourpre.
Il s'avança avec une démarche nonchalante puis posa ses mains sur les accoudoirs. Visiblement inconscient de son trouble, il lui caressa la joue avec son pouce puis posa un chaste baiser sur ses lèvres. C'était comme un lien invisible les reliait.
- Je t'ai rapporté quelques affaires de nuit, tu devrais utiliser la salle de bain pour te préparer.
Mohammed sentit l'inquiétude l'envahir. Ses grands yeux bleus ne pouvaient plus la trahir. Mohammed en connaissait chaque lueur. Pourtant, elle lui sourit en acquiesçant difficilement. Elle se vouait une lutte intérieure qui lui serra le cœur.
- Je vais passer commande, je reviens.
Mohammed s'écarta puis sortit de la chambre pour lui laisser le temps de s'habituer. Par-dessus tout, Mohammed la voulait pour lui seul et ce sentiment d'égoïsme qui le tenaillait depuis plusieurs jours devenait plus fort. Néanmoins, il savait au plus profond de son âme que son comportement était mal et pourrait s'empirer s'il ne reprenait pas immédiatement le contrôle de son esprit. Appuyé sur le marbre de son balcon, il contempla l'horizon en songeant à son avenir. Forcé de constater qu'il n'arrivait pas à extirper Tara de son esprit il quitta le balcon pour rentrer à l'intérieur les yeux rivés sur l'escalier. Une odeur de friture remplaça une fraction de seconde le parfum envoûtant de la jeune femme. Il découvrit un sac posé sur la console de l'entrée. N'y tenant plus, il attrapa le sac et verrouilla les portes d'entrées.
Il grimpa les marches une à une pour lui laisser davantage de temps puis ouvrit la porte délicatement.
Veillant à ne pas l'effrayer, il pénétra dans sa chambre en jetant un regard circulaire dans la pièce.
- Tara ? L'appela-t-il en fronçant des sourcils.
- Je suis ici ! J'arrive !
Par Allah....même quand elle parlait Mohammed sentait des particules de frissons lui brûler la peau.
- Je t'ai emprunté ton peigne, murmura-t-elle en sortant de la salle de bains.
Il déglutit lentement pour endiguer le désir qui était en train de le submerger. Elle s'était vêtue d'une robe blanche qui lui arrivé aux genoux. Sa poitrine laiteuse lui était dévoilée à présent...et il eut peine à remonter ses yeux dans les siens. Il devinait sa respiration erratique, ses joues emplis d'un adorable rose s'exprimaient pour elle. Ses cheveux attachés en natte lui conférait une innocence qui le fit reculer d'un pas.
- J'espère que ça ne te dérange pas ? Demanda-t-elle en venant jusqu'à lui tout enfilant un large gilet blanc.
- Non, dit-il d'une voix si rauque qu'il eut peine à la reconnaître.
- Tout va bien Mohammed ?
Elle s'inquiétait encore pour lui sans savoir qu'elle était à l'origine de ses tourments.
- Tout va bien habibti, chuchota-t-il en levant sa main pour la poser sur sa joue.
Elle ferma les yeux puis les rouvrit en lui offrant un magnifique regard. Et alors qu'il pensait être assez fort pour résister, Mohammed encadra son visage dans ses paumes de mains.
- Promets-moi que tu n'as pas peur ? Je ne veux pas te forcer à dormir avec moi si tu n'en as pas envie Tara.
Ses yeux se mirent à étinceler.
- Je sais que tu n'as pas l'habitude et...
- Je n'ai pas peur Mohammed, coupa-t-elle en secouant de la tête ; Je veux dormir avec toi.
Soulagé intérieurement il ne laissa pourtant rien transparaître. Cette jeune femme le rendait tellement fou qu'il ne parvenait plus à réfléchir....pire encore...
Il sentait son cœur battre à nouveau.
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