Chapitre 32
Une fois Jaba équipé, Tara suivit Mohammed à l'extérieur de la tente. Le soleil était si chaud que son visage se mit à rougir immédiatement.
- Je vais vous aider à monter.
Tara sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine lorsqu'il la souleva pour la mettre sur la selle.
Il se mit devant elle et lui ordonna de le tenir par la taille. Avec un pincement au cœur elle regarda la tente une dernière fois, les yeux déjà brouillés de larmes. Jamais elle n'aurait crû que cette expérience l'aurait aidée à surpasser ses peurs. Si ça ne tenait qu'à elle, Tara serait restée plus longtemps. Hélas Mohammed avait des responsabilités qui ne lui permettait pas de rester si longtemps éloigné du château.
- Merci pour cette journée, je ne l'oublierais jamais.
Sa main large et ferme passa par derrière pour détacher la sienne de sa taille. Il la ramena enlacée à la sienne au devant des rênes.
- Moi non plus Tara, murmura-t-il en faisant avancer Jaba plus vite ; Si un jour vous êtes d'accord nous irons dans l'autre tente.
Tara profita qu'il soit dos à elle pour écarquiller les yeux. Un sourire se plaqua sur ses lèvres.
- Celle de l'oasis ? Demanda-t-elle en parvenant difficilement à dissimuler sa hâte.
- Celle-ci même, affirma-t-il d'une voix rauque.
Ses doigts liés aux siens se pressèrent contre sa main. Leur longue chevauchée fut accompagnée par des vents assez fort qui par moment l'empêchaient de respirer.
- Le vent se lève, commenta-t-il d'une voix préoccupée ; Vous allez passer devant.
Son ton ne souffrait d'aucune réplique. Tara se laissa conduire comme une poupée de chiffon. Et alors qu'elle pensait être face à l'horizon, il passa ses bras autour de ses épaules et la positionna face à lui pour l'encadrer de ses deux bras puissants. L'ordre était clair, Tara ne mit pas longtemps à le comprendre et cala son visage au creux de son épaule pour se protéger du sable qui virevoltait autour de l'étalon. Secrètement, Tara ne bouda pas son plaisir d'être encore blottie contre ce corps robuste. Elle ferma les yeux et se laissa conduire dans cette position jusqu'au château. Lorsqu'ils passèrent l'enceinte, Tara redressa la tête et se détacha peu à peu du Roi.
- Nous y voilà Tara, déclara-t-il en embrassant son visage du regard.
- Merci infiniment...
Il la fit descendre et l'aida à marcher jusqu'à la terrasse ombragé de passages étroit.
Il ôta ses gants noirs sans la quitter des yeux. Elle pouvait percevoir son désir emplir son regard perçant.
- Vous désirez peut-être vous reposer un peu ? Proposa-t-il alors que Aziz se dirigeait vers eux.
- Votre altesse pardonnez-moi mais vous êtes demandé dans votre bureau.
Cette nouvelle intrusion ne manqua pas de marquer les traits de l'homme.
- Allez-y votre majesté, dit-elle alors en se levant ; Je vais me reposer un peu.
Tara exécuta une révérence maladroite et quitta le petit coin d'ombre pour laisser les deux hommes finir leur conversation. Elle pouvait d'ores et déjà sentir le poids de son regard contre sa nuque. Tara continua son chemin jusqu'au couloir sans jamais se retourner.
Mohammed suivit la jeune femme des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Il foudroya Aziz du regard mais ce dernier resta impassible.
- Qui est ce visiteur qui ne s'est pas annoncé ? S'enquit-il gravement.
- Votre ennemi politique si je puis dire.
Mohammed roula des yeux et s'engagea dans le long corridor qui menait à son bureau.
- Que veut-il exactement ? N'a-t-il pas encore compris que je ne ferais jamais affaires avec lui même si j'étais au bord du gouffre ?
Aziz pressa le pas pour le rattraper.
- Visiblement non...
Furieux de cette intrusion, Mohammed entra dans son bureau en maitrisant à peine son humeur bouillonnante.
- Bonjour à vous Raoul, le salua-t-il en lui souriant froidement.
Le vie cheikh de l'état voisin se leva pour s'incliner. Les échanges seraient sans doute houleux. Mohammed préféra alors garder son sang froid jusqu'au départ des hostilités.
- Bonjour votre majesté, comment allez-vous ?
Mohammed plissa les yeux. La fausse politesse de cet homme n'était pas sans le rendre perplexe.
- Comme vous pouvez le voir, je me porte bien.
- Ravi de pouvoir le constater.
- Qu'est-ce que vous amène Raoul ? Demanda-t-il de but en blanc ; Je vous ai offert des cuves de pétroles l'an dernier.
- Je suis ici à propos des dires qui cours à votre sujet.
Mohammed leva un sourcil faussement étonné et prit place dans son fauteuil pour confronter ce cheikh dont l'arrogance mal placé n'avait d'égale à son sens pitoyable des affaires.
- Vraiment ? Que disent ces rumeurs ?
Raoul croisa les jambes.
- Que vous ne pourrez jamais donner au royaume ce qu'il veut par-dessus tout, c'est-à-dire une épouse et des héritiers.
Mohammed eut peine à dissimuler la rage qu'il gardait en lui. Comment osait-il venir jusqu'ici pour l'accuser de la sorte.
- Il ne faut pas croire aux rumeurs mon cher Raoul la plupart d'entre elles sont fausses.
Ce dernier esquissa un sourire qui en disait long sur sa réponse.
- Il n'empêche que celle-ci persiste, insista ce dernier ; Aussi je suis venu pour vous proposer d'épouser ma fille.
Mohammed se retint d'éclater de rire. Était-ce une plaisanterie ?
- Êtes-vous sérieux Raoul ? Demanda-t-il avec un cruel sourire en coin ; Vous êtes sérieusement en train de me proposer un mariage avec votre fille Samira ? La même Samira qui jadis quatre ans m'a offert une prestation des plus...désolante ?
Le vieux cheikh le transperça du regard non sans rougir de honte.
- Samira a changé, elle est plus réfléchie maintenant.
- Ah vraiment ? De quel réfléchi me parlez-vous Raoul ? La dernière fois que je l'ai vu c'était il y a trois semaines sur un torchon dans lequel votre fille se prélassait sur un yatch en compagnie d'un homme ou deux ?
Raoul se leva précipitamment.
- Samira sera une parfaite épouse ! Clama-t-il haut et fort.
- Raoul, notre rencontre arrangé a été une catastrophe l'épouser pour me conduirait à la mort, lâcha Mohammed froidement en se levant lentement.
Comme il voulait parler, il le fit taire en levant sa main.
- Elle n'a ni intérêt pour votre propre pays ni pour le peuple qui le composent alors pourquoi en aurait-elle pour le mien ?
- Vous causerez votre propre perte si vous refusez cette union et vous le savez ! S'agaça-t-il en le pointant du doigt.
- Et vous êtes en train de causer la vôtre en vous adressant à moi de cette façon, répliqua Mohammed d'une voix menaçante.
- Votre fille n'est pas prête à donner ce qu'un homme comme moi recherche d'une femme, poursuivit-il froidement ; je recherche une femme avec qui je peux promettre fidélité et honneur ainsi qu'un amour incommensurable.
- Comme votre ex-femme par-exemple ? Lança Raoul sur un ton bravache.
- Dit l'homme qui s'est marié sept fois, répliqua Mohammed le regard de plus en plus noir.
Assez, songea Mohammed en se rasseyant.
- Si vous étiez venu me voir dans de meilleures conditions, je vous aurez offert une alliance Raoul, mais comme toujours votre arrogance parle pour vous ; Je ne tolérerais pas d'avantage de vous. Venir m'accuser de ne pas pouvoir offrir à mon peuple ce que moi-même je veux vous déshonore.
Une fois de plus le vieux sage rougit de confusion.
- Lorsque vous serez disposé à venir me voir dans de meilleures conditions alors nous pourrons peut-être convenir à une entente.
Mohammed mit fin à cette désagréable plaisanterie en désignant la sortie du menton.
Lorsqu'il fut seul, Mohammed lâcha un juron et se carra dans son fauteuil. Avait-il menti ou son peuple se soucier réellement de son état de santé ? Sur le fait qu'il n'avait ni femme ni enfant ?
Avec humeur, il se leva dents serrées et se mit à arpenter son bureau comme un lion en cage. Parfois il aurait voulu que son destin soit moins compliquée. Toutes ces responsabilités qui l'incombaient...finissaient par le lasser. Parfois il songeait à ce qu'il pourrait ressentir si une femme l'aimait pour l'homme qu'il était et non pour son titre. Ressentir ce que les autres hommes éprouvaient en retrouvant leurs femmes après une longue journée de travail. Lui aussi voulait éprouver ce sentiment.
Physiquement abattu, il posa ses mains contre les encadrements de la fenêtre et sentit tout son être se raviver lorsqu'il aperçut Tara dans les jardins. Pendant une seconde qui lui parut une éternité...il se demanda si ce n'était pas elle....la femme qu'il attendait.
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