Chapitre 28
Alors qu'ils venaient de sortir de la ville, le désert lui apparut plus beau que jamais. N'ayant d'autre choix que de s'accrocher à lui, Tara humait par moment, son parfum viril. Depuis qu'il l'avait surpris avec Anaya, il semblait très contrarié. Peut-être avait-il peur que son image soit entaché par cette histoire ? Il se trompait. Tara n'avait pas besoin de ça pour avoir peur. L'histoire l'avait plutôt ravie. Elle s'était même imaginée être à la place de son arrière grand-mère. Passer de la peur à l'amour donnait quelque chose de magique.
- Nous arrivons au campement, déclara-t-il en l'arrachant à ses pensées.
- Si vite ? Je n'ai pas vu le temps passer.
- Le temps m'a paru bien long, confia-t-il en sautant à terre avec aisance qui lui coupa le souffle ; Vous n'êtes pas très bavarde, que se passe-t-il ?
Il lui tendit ses bras et elle se laissa tomber contre lui. Sa prise se referma autour de sa taille.
- Rien qui puisse vous alarmer, je pensais simplement.
- À quoi ? Demanda-t-il d'une voix grave.
Tara retira le tissu de ses cheveux et profita du vent tiède pour inspirer.
- À votre humeur, avoua-t-elle en soutenant son regard assombri.
Il ne répondit. Ses traits semblaient tendus. Face soleil il paraissait venu d'une autre époque. Oui...c'est ça...Tara avait l'impression d'être dans une autre époque.
La respiration soudainement erratique, il s'approcha lentement et leva le plat de sa main pour survoler sa joue sans jamais la toucher.
- Je m'efforce de ne pas vous effrayer Tara, articula-t-il avec force ; mais comment pourrais-je gagner votre entière confiance si je vous donne l'impression d'être un sauvage ?
- Ce n'est pas ce à quoi je pense lorsque je vous regarde.
- Alors à quoi ? Demanda-t-il en plaçant son autre main près de sa joue.
Tara se pinça les lèvres. Peu à peu il s'abaissait de façon à être proche de son visage.
- Un homme blessé et en colère.
Son souffle chaud se posa sur son visage comme une caresse.
- C'est le cas, affirma-t-il d'une voix rauque.
Il redressa de toute sa hauteur et la prit par le coude pour l'entraîner dans la tente.
Lorsqu'ils furent à l'intérieur, Tara s'avança jusqu'au fauteuil pour s'y reposer un peu car ses jambes étaient sur le point de la lâcher.
- Je regrette d'avoir été si égoïste aujourd'hui, déclara-t-il en la laissant incrédule.
Il retira son poignard puis son arme sans jamais la regarder.
- Je n'aurais pas dû vous proposer de venir à la parade, reprit-il un rictus amer aux lèvres ; J'ai bien vu votre regard dans la foule, c'était comme si je vous avais jeté dans une fosse.
Tara ne lui donnait pas tort mais ne pouvait lui en vouloir.
- C'était un bon exercice.
Il arrima son regard au sien sans jamais se départir de son air rembrunit.
- Mais à quel prix ?
Tara se mit à réfléchir à toute de vitesse sous le poids de son regard.
- C'était votre anniversaire.
Quel argument ridicule ! Songea-t-elle alors qu'il se rapprochait tel un prédateur.
- Nous avons convenus que c'était le vôtre aujourd'hui, contrat-il sèchement comme pour lui-même ; Je devais vous rendre heureuse afin de l'être en retour. Certainement pas vous laissez au milieu d'une foule d'hommes pour ensuite entendre Anaya vous raconter son enlèvement.
- Je vous l'ai dit, je suis ouverte d'esprit.
Mohammed plaqua ses mains sur les accoudoirs du fauteuil et elle dut se carrer contre le dossier pour amortir le choc d'un nouveau contact si proche.
- Tara, auriez-vous été ouverte d'esprit si je vous avais enlevée pour vous garder captive en plein milieu du désert pendant des semaines ?
Comme un poisson hors de l'eau, Tara ferma la bouche.
- C'est bien ce qui me semblait, finit-il par dire une lueur de regret dans les yeux.
- Techniquement, tout à l'heure je ne suis pas montée sur Jaba de mon propre gré, lui fit-elle remarquer à sa plus grande stupéfaction ; on peut considérer ça comme un kidnapping.
Il éclata d'un rire guttural qui la fit frémir de toutes parts.
- Par Allah, je n'ai jamais rencontré une femme avec un esprit autant chargé que le vôtre Tara, dit-il en en la dévisageant avec admiration ; vous mettez tellement de votre énergie pour rassurer les autres, ne pas leur faire de la peine mais vous ?
Cette parenthèse amusée prit fin. Le roi avait retrouvé son sérieux. De là, Tara frotta ses paumes de mains sur ses genoux.
- Tout ceci est nouveaux pour moi, avoua-t-elle en esquissant une grimace ; Je...ne sais pas comment on fait, je ne sais pas...je...
- Je sais Tara, coupa-t-il en se redressa ; prenez votre temps.
Mohammed se retourna pour échapper au désir qui le tenaillé. Lui résister devenait presque impossible. Pendant la parade, Aziz lui avait reporté les nombreux commentaires qu'avaient reçu la jeune femme. Plus de doute possible...Tara était beaucoup trop belle pour exister. Hélas, elle était bien réelle et détruite.
S'efforçant de reprendre le contrôle de son corps, Mohammed prit la bassine en cuivre en y plongea un linge humide.
- Venez vous rafraîchir un peu.
Sa voix le trahissait. Son regard aussi. Pourtant elle se leva pour le rejoindre.
- N'ayez pas peur.
Mohammed se devait d'être prévoyant, attentif à ses moindres réactions.
Il balaya sa masse épaisse de cheveux pour avoir accès à sa nuque. Grave erreur. Gracile, d'une couleur ivoire, sa nuque exposée ainsi lui provoqua un violent frisson qui se mit à parcourir ses veines.
Mohammed posa le linge frais sur sa nuque et apprécia le petit hoquet qu'elle émit.
- Comment faites-vous pour avoir tant de choses au milieu du désert ? Questionna-t-elle d'une voix qui ne faisait aucun doute sur les réactions qu'elle ressentait à son contact.
- Il le fallait, expliqua-t-il d'une voix grave ; Nous avons étudier longuement sur les possibilités d'un mobilier adéquate.
Elle pencha sa tête sur le côté, elle semblait apprécier l'eau fraiche sur sa peau. Mais il devait immédiatement arrêter avant que cette vague de désirs ne menace d'exploser.
Il se planta devant elle pour passer le linge sur son visage. Avec elle au moins, il ne se risquait pas de détruire son maquillage. Son teint était naturel et sans artifice.
- Mes ancêtres n'avaient pas autant de possibilités, ajouta-t-il tandis qu'elle le regardait avec sa paire d'yeux hypnotique.
Pour modérer ses ardeurs, Mohammed entreprit de s'écarter d'elle et se passa de l'eau sur le visage. Non pour se rafraîchir mais pour échapper à ce feu ardent qui allait probablement le tuer.
- Mais en ce qui concerne l'eau, il va falloir la faire chauffer.
Les yeux de la jeune femme se mirent à briller.
- Vraiment ?
- Oui, bien-sûr seulement si vous souhaitez rester ici...Avec moi pour la nuit.
Son regard se perdit un moment dans la contemplation des tapis.
- Pour votre anniversaire, rajouta-t-il doucement ; Vous dormirez sur lit et moi sur le tapis. J'aimerais que vous regardiez le soleil se coucher et les étoiles de plus près.
Son regard se transfigurait à mesure qu'il lui exposait le programme.
Tara fut électrisée par son regard sans équivoque. Il survola de nouveau son visage.
- Ça sera une belle soirée, je vous le promet.
Bizarrement, Tara le crut et n'eut qu'un bref mouvement de recul lorsque ses mains se posèrent sur ses joues. Ce contact fut chaud, intense et raviva cette chaleur étrange qui coulait sur sa peau. Elle pouvait sentir son souffle contre ses cheveux jusqu'à ce qu'elle aperçoive sa bouche si proche de la sienne. Tara avait deux possibilités. Fuir ce baiser ou l'accepter. Ses lèvres s'entrouvrirent alors, et d'une douceur infinie à l'opposée de ce qui émanait de ce roi autoritaire, il posa sa bouche contre la sienne.
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