Chapitre 17
Tara réprima un sursaut et se retourna pour faire face au roi. Mon dieu ! Serait-il possible qu'il les ait entendu ?
Bras croisés contre son torse puissant, Mohammed Al Zahar se redressa dans l'encadrement pour pénétrer dans la chambre. Tara n'eut d'autre choix que de retenir sa respiration. Il était encore plus grand encore que dans ses frais souvenirs. Anaya avait raison, si jamais il venait à en apprendre plus sur Amalia, il se mettrait sans aucun doute dans une colère noire. Il resterait à jamais dans l'ignorance. Il ne pourrait jamais savoir si l'enfant était le sien ou celui d'un autre. Plus grave encore... les plans de son ex-femme étaient bien plus cruels qu'il le pensait.
Sa chemise noire, légèrement déboutonnée révélait un torse hâlé et qui semblait dur comme de la pierre. Tara devait cesser de se battre contre sa raison ne serait-ce qu'une seconde...le roi était un homme profondément magnifique. Il avait beau faire tout son possible pour paraître désagréable, même impassible, quelque chose de puissant émanait de lui et donnait la sensation d'être en sécurité.
Avait-elle lu trop de livre ? Son arrière grand-père avait-il réellement enlevé sa femme ?
Immédiatement Anaya essuya ses mains avec un sourire qui ne laissait rien transparaître de leur discussion.
- Mademoiselle Kreighton me confiait regretter déjà de devoir quitter cette belle chambre.
Tara cilla, vacilla sous ce beau sol en marbre qui semblait s'ouvrir sous ses pieds. Une telle excuse en se servant d'elle revenait clairement à la jeter dans la gueule du loup. Anaya semblait parfaitement détendue. Tara elle, se mit à rougir comme une pivoine lorsqu'il s'approcha, décroisa ses bras tout en la scrutant de la tête aux pieds. Elle aurait pu jurer qu'il la déshabillait du regard si elle n'avait pas baisser les yeux.
- Est-ce bien vrai ? Demanda-t-il d'une voix qui souffrait cruellement de douceur mais qui se révélait étonnement rassurante.
Que répondre ?
Si elle venait à dire la vérité...elle condamnait Anaya à dire la sienne.
- Oui, c'est vrai votre majesté, répondit-elle alors.
- Alors Anaya dit vrai, je suis heureux de le savoir, répondit-il sur un ton satisfait ; Et je serais davantage heureux si vous restez ici pour le reste de votre séjour.
Cette demande déclencha en elle un raz-de-marée de frissons. Elle dut rejeter sa tête en arrière pour le confronter. Sa gorge se noua. Son courage se mua en désespoir.
- Cela ne serait pas juste pour les autres filles.
Il hocha brièvement de la tête et son regard se porta sur Anaya.
- Mademoiselle Kreighton a raison, dit-il alors ; L'aile Ouest comporte suffisamment de chambres pour toutes les accueillir ainsi le problème est résolu.
Tara sentit son cœur battre à résonances redoublées lorsque son seule rempart au roi prit la fuite.
Dorénavant seule et en proie à un trouble mystérieux, Tara se détourna pour rejoindre le lit.
- Cette robe vous va à ravir, déclara-t-il pour briser le silence.
- Merci infiniment pour ce cadeau, parvint-elle à dire en se retournant pour lui faire face.
Mohammed n'avait pas dormi de la nuit. Mais il était le seul à le savoir. Des pensées inopportunes l'avaient empêché de dormir. Il se revoyait encore tourner comme un lion en cage dans ses appartements. Tara Kreighton envahissait toutes ses pensées. Alors il avait parcouru le couloir pour la veiller toute la nuit. Il jeta un regard biais vers le fauteuil dans lequel il était resté toute la nuit à l'observer. Le lendemain, lorsqu'il avait croisé son regard dans le miroir, il s'était dégoûté de ressentir un tel désir pour cette jeune femme si innocente et qui tentait chaque jour de se reconstruire. Chaque fois qu'elle osait relever les yeux sur lui, il lisait de l'anxiété dans son regard. Il fallait à tout prix qu'il change l'image qu'elle avait de lui. Pour cela, il fallait déjà qu'elle accepte son invitation.
- J'aimerais vous montrer quelque chose Tara, seriez-vous prête à m'accompagner dehors ?
Une lueur de surprise gagna ses yeux bleus. Elle hésitait, et rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de la voir hésiter. Dans cette brèche ouverte, Mohammed lui tendit sa main. Après un bonne minute qui lui parut une éternité, Mohammed inspira imperceptiblement lorsqu'elle prit sa main avec une certaine crainte qu'il était prêt à combattre.
- Où allons-nous ? Demanda-t-elle en le suivant dans le couloir.
- C'est une surprise.
- Je crains les surprises, rétorqua-t-elle d'un murmure.
Mohammed s'arrêta. Il n'avait pas pour habitude de laisser ses émotions prendre le pas sur sa raison. Or, Tara...était l'exception. Sa vie, fermement contrôlé venait de recevoir une exception qui l'avait curieusement poussée à allait au-delà de simples efforts physiques. Dès l'instant où elle était sortie de son salon privé, Mohammed avait rappelé son médecin pour accepter sa proposition. Tara Kreighton avait été le moteur de sa guérison. Rongé de l'intérieur, Mohammed posa le plus prudemment possible sa main dans son dos. Elle se raidit entièrement mais le laissa la guider.
Passant le corridor, Mohammed la surprit en train de regarder les magnifiques jardin qui s'étendait à perte de vue. Elle voulait y aller, Mohammed le lut immédiatement dans son regard.
- Je me suis inspiré des jardins de Versailles, expliqua-t-il en voyant les joues de la jeune femme devenir écarlates.
- Ils sont magnifiques, murmura-t-elle en le suivant maladroitement.
- Vous aimez jardiner ? Demanda-t-il incapable de savoir dans quel sens orienter la discussion.
- Jusqu'à hier non.
- Vous avez déjà vu des chevaux ? S'enquit-il en essayant vainement d'étouffer le désir qu'elle lui inspirait.
Elle releva sa tête et la rejeta en arrière, les yeux brillants. Ses cheveux de jais prirent des teintes cuivrés au soleil. Elle le troublait.
- Non, seulement à la télé.
Mohammed réprima un sourire.
- Alors venez Tara, déclara-t-il en posant sa main dans son dos.
Tara sentit des frissons parcourir son corps lorsque sa main se posa dans son dos. Elle se battait, elle luttait contre l'anxiété qui montait en elle. Mohammed Al Zahar se comportait comme un gentleman, elle était forcée de le reconnaître.
Lorsqu'ils arrivèrent devant une immense bâtisses en bois, Tara retint son souffle. Elle découvrit des dizaine de chevaux encerclé par des barrières en bois. Le paysage était magnifique. Une émotion particulière lui serra le cœur. Elle n'avait qu'une envie s'approcher de plus près pour les caresser. Elle voulait oublié ne serait-ce qu'une seconde ses peurs, elle voulait les dominer.
- Je peux les caresser ? Demanda-t-elle lorsqu'ils s'approchèrent de la barrière.
- Bien-sûr, assura-t-il en posant son pied sur le tronçon de bois.
Sa carrure impressionnante exposée au soleil le rendait encore plus conquérant. Sa peau brune ruisselait sous la lumière, dévoilant une fine toison sombre.
Pour chasser ce nouveau trouble, Tara dévia son regard sur le bel étalon noir.
- Ils m'appartiennent tous mais plus particulièrement Jaba.
- Il est magnifique, murmura-t-elle en montant sur son le tronçon pour approcher sa main.
- Je ne l'ai pas monter depuis mon accident, reprit-il d'une voix sombre ; J'ai parfois l'impression qu'il ne sait plus qui je suis.
- Un animal n'oublie jamais son maître.
- Vous l'avez lu dans les livres ? S'enquit-il d'une voix légère.
Tara arrima son regard au sien. Et elle le vit sourire. Cette nouvelle facette de lui la fit rougir, irradia son ventre d'une étrange sensation qu'elle ne s'expliquait pas.
- Oui, avoua-t-elle en soutenant difficilement son regard.
Appuyé avec nonchalance sur la barrière Mohammed offrit sa main à son étalon en faisant mine d'ignorer la jeune femme. En agissant ainsi il voulait lui montrer qu'il respectait son espace personnel et surtout...par-dessus tout il voulait qu'elle amorce une conversation, n'importe laquelle.
- Vous allez remonter bientôt ? Demanda-t-elle enfin.
Lentement, Mohammed coula son regard sur elle. Des lueurs encore méconnues illuminaient son regard. Sa beauté farouche l'ébranlait tout entier. Sa vision se rétrécit subitement. Il n'y avait plus qu'elle et lui. Alors prudemment il répondit ;
- Si vous montez avec moi oui...
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