Chapitre - Mixte
« Pour terrasser l'ennemi, il fallait connaître son point sensible pour pouvoir atteindre son cœur. »
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Eden errait dans ce drôle de lieu en scrutant les alentours.
Il était sur Terre depuis quelques jours, voire semaines. C'était un endroit étrange, mais pourtant formidable.
Cela lui changeait des terres arides sur lesquelles il avait dû combattre ces étranges créatures.
Mais, d'après les dires, le Démon qui sévissait sur Terre semblait intouchable. Il s'interrogeait. N'avait-il pas une faiblesse ?
Pour terrasser l'ennemi, il fallait connaître son point sensible pour pouvoir atteindre son cœur.
Mais avant d'atteindre celui du prénommé Eytan, il fallait avoir la certitude qu'il en ait un.
Ici, il y avait de magnifiques forêts enjolivées par le chant des oiseaux, et autres bêtes. Les Hommes, semblait-il, adoraient se promener au milieu des bois, leur visage rayonnant prouvait que leur cœur s'échauffait lorsqu'ils étaient en contact avec la nature.
Chez les Anges aussi, la nature primait.
Eden soupira. Son Εάί, Elyesa, l'avait sauvé d'une mort certaine en prenant la forme d'un Phénix.
Ces créatures pouvaient prendre un tas d'aspects, mais rarement celui d'une bête surnaturelle, à moins que ça ne soit dans le Fœrî, et encore, les cas étaient rares.
Heureusement qu'il avait entendu ses appels et qu'il s'était métamorphosé en un oiseau de feu pour l'arracher des griffes de l'enfer.
Maintenant sous forme de doberman, Elyesa cheminait à ses côtés. La particularité de son compagnon était la longue balafre qui traversait son dos, cicatrice laissée il y avait maintenant quelques années, lors d'une énième bataille sur le front.
L'Εάί émit soudainement un grognement en hérissant les poils pour se donner un air menaçant, et ses babines se retroussèrent agressivement. Eden lui lança un regard perplexe.
— Qu'est-ce que tu as, Elyesa ?
Le chien grogna un peu plus fort avant d'aboyer en direction d'un arbre. Ses crocs se dévoilèrent avant qu'il ne claque la mâchoire dans le vide. L'Ange suivit son regard et aperçut un corbeau impressionnant sur une branche. La puissance qu'il dégageait était étonnante. Ce n'était pas un simple animal.
Ni un simple Démon.
Le volatile prit son envol et s'éloigna des deux compagnons d'un battement d'ailes. Eden, crispé, le regarda disparaître, les sourcils froncés sur des yeux noirs luisants de méfiance.
Elyesa frotta son museau contre lui en gémissant. L'Ange hésita et, en remarquant son regard agité, il le suivit. Il dut courir pour ne pas le perdre de vue, le cœur battant la chamade d'appréhension.
Ils traversèrent un pont naturel formé par des rochers pour ensuite cheminer le long d'un sentier parsemé de racines et de buissons.
Ici, le soleil cognait fort, entièrement dévoilé.
— Où m'emmènes-tu ? demanda Eden.
Il suivit encore un moment Elyesa pour se retrouver dans un immense jardin mal entretenu. Les fleurs fanées luttaient pour ne pas fléchir sous le souffle puissant du vent. D'innombrables mauvaises herbes s'étendaient près des bourgeons ne demandant qu'à s'ouvrir, mais refermées sur elles-mêmes par peur d'être souillées.
Et, au milieu de cette étendue ayant perdu de sa splendeur, se trouvait une silhouette face à une Humaine tremblante.
Face à l'aura démoniaque de la jeune femme dos à lui, Eden sentit son sang s'enflammer. Il s'empressa de s'approcher d'elle en matérialisant son épée, une lueur menaçante enveloppant son corps raidi.
— Recule de cette Humaine, ordonna-t-il d'une voix ferme.
Surprise, la jeune femme tourna vers lui et plongea ses yeux noisette dans les siens avant d'étirer ses lèvres pleines en un sourire en coin.
Son air provocateur enflamma un peu plus le sang de l'Ange qui s'approcha d'elle, son épée en main.
— Encore un Ange ? Vous êtes décidément de partout..., lui dit-elle en plissant les yeux.
— Elyesa, éloigne-toi d'ici et tente de retrouver Tyler et les autres pour les faire venir, siffla Eden sans se détourner de la Démone.
Elyesa grogna à l'encontre de la blondinette souriante et il se métamorphosa bien vite en un rapace de taille moyenne à la carrure plutôt robuste. Son plumage gris foncé s'éclaircissant au niveau de son ventre, parsemé de taches noires, gonfla lorsqu'il déploya ses immenses ailes. Il prit son envol sans un bruit et s'éloigna.
Eden, quant à lui, garda son attention rivée sur la Démone et il lança une œillade à l'Humaine qui le suppliait de son regard noisette. Sa peau noire, recouverte de sueur, ressortait la peur qui tordait ses traits fins.
— Pourquoi t'en prends-tu à cette Humaine ? l'interrogea Eden en reportant son regard sur la Démone qui patientait, tout sourire.
— Je ne l'ai pas touchée, regarde par toi-même. Semble-t-elle blessée, selon toi ? répliqua-t-elle en plissant les yeux. J'ai simplement discuté avec elle. Y a-t-il un problème à cela ?
L'Ange dévisagea froidement la Démone à la chevelure blonde ondulant dans son dos. Ses traits angéliques s'opposaient pourtant à sa nature. L'aura argenté enveloppant son corps frêle luisait autour d'elle pour rappeler un halo céleste, alors qu'il n'en était rien.
Amusée quant à l'agressivité émanant du Guerrier qui lui faisait face, la jeune femme croisa les bras contre sa poitrine. Ses cheveux d'or, légèrement bouclés, retombaient jusqu'à sa nuque et faisaient ressortir la couleur onyx de ses yeux flamboyants de fureur et de rancœur. Sa carrure svelte dégageait une aura écrasante.
Il était haut gradé, elle le sentait.
Son allure lui plaisait. Il avait l'air puissant.
— Vois-tu un problème, pitoyable Ange ? poursuivit-elle en penchant la tête sur le côté sans perdre son air provocateur.
— Si tu ne t'éloignes pas d'elle, il y aura bien un problème, oui, répliqua-t-il amèrement.
La Démone fit la moue avant de hausser les épaules. Elle tourna ensuite vers l'Humaine et s'agenouilla près d'elle pour être à sa hauteur. Ses lèvres se recourbèrent en un sourire arrogant lorsqu'elle souffla :
— Dis-lui, toi, que je ne t'ai pas fait de mal. De nous deux, qui est venue chercher les problèmes ?
L'Humaine, dont l'aura s'agitait autour d'elle, releva des yeux larmoyants vers l'Ange qui réfléchit à une solution pour lui venir en aide sans qu'elle ne soit blessée.
— C-c'est moi, oui... Mais tu... Tu as été la dernière personne à avoir blessée Brooke avant sa mort... Tu l'as poussé au suicide !
— Ah... Ça ? Tu étais présente au bar, ce jour-là ? Désolée de l'apprendre.
— Tu... Pourquoi lui as-tu craché ces choses horribles ? sanglota l'Humaine.
Eden vit là un moment opportun pour assaillir. Il s'élança vers l'Humaine en déployant ses ailes, et dans un bruissement, il enveloppa la femme noire de ses bras puissants et l'éloigna de la Démone habilement. Elle pleura contre lui, écrasée par la peur, par l'incompréhension, et par le chagrin. L'Ange sentit son cœur se serrer face à la tristesse qui submergeait la femme, et bientôt, il la déposa plus loin, contre un rocher mousseux, et lui fit un tendre sourire dans l'espoir de la rassurer.
— Ne bouge surtout pas d'ici. Il ne t'arrivera rien, c'est promis.
Et Eden tenait toujours ses promesses.
Il se redressa et se tourna lentement vers la Démone qui avait elle aussi déployée ses ailes, armée de deux dagues luisantes sous les rayons du soleil. Son sourire s'était effacé pour laisser place à un air plus mauvais.
— Pourquoi te mêles-tu de mes affaires ? s'agaça-t-elle. Qui es-tu, d'ailleurs, pour agir comme un Gardien ?
Eden s'approcha d'elle en serrant fermement son épée, assourdie par les battements colériques de son cœur.
Sur Terre ou sur le champ de bataille, les Démons étaient semblables. Et cette femme serait son adversaire, il lui ferait regretter de s'en être pris à une innocente.
— Je me mêle de tes affaires ? s'amusa-t-il. Le rôle des Anges est de protéger les Humains, si je ne me trompe pas. Cette Humaine était en danger.
— Absolument pas, siffla-t-elle. Nous discutions !
— Discuter ? Les Démons savent discuter ? ironisa Eden.
— Que faisons-nous actuellement, selon toi ? renchérit-elle froidement.
Eden ravala un sourire arrogant et s'élança vers elle. Son épée fendit l'air et siffla de manière menaçante. Le tranchant frôla la joue de la Démone qui s'éloigna d'un battement d'ailes, les yeux rivés dans ceux de son adversaire, et elle le provoqua :
— Les Anges savent se battre ? Décidément, je suis de plus en plus surprise.
Les lèvres de l'Ange se recourbèrent en un rictus mauvais et il évita de justesse la dague qui fonça vers sa poitrine avant de repousser la Démone en lui fauchant ensuite les jambes. Elle tomba en arrière en utilisant sa force colossale pour le faire passer par-dessus son corps chutant et le projeter plus loin.
Eden ancra profondément ses talons contre l'herbe pour ne pas trébucher, et il releva un regard malicieux vers la Démone qui s'empressait de se relever, ses ailes grises battants furieusement dans son dos.
— Que faisons-nous actuellement, selon toi ? répliqua-t-il de manière provocatrice.
La Démone s'agaça et lança l'une de ses dagues vers sa poitrine. Il se protégea à l'aide de son épée et, lorsqu'il releva les yeux vers elle, la blonde se retrouva devant lui en le menaçant de son autre arme. Le tranchant frôla sa gorge alors qu'il relevait la tête, ses pupilles noires brûlantes d'une lueur mauvaise, miroir de la haine qu'il ressentait à l'égard des Démons.
De cet être.
Son souffle s'échoua sur le visage de son adversaire qui ne cilla pas, la dague toujours près de la gorge de l'Ange qui la surplombait. Elle le défiait, nullement intimidée par son aura de Guerrier.
— Tu me sembles bien trop confiant pour un Elite incapable de prévoir une attaque aussi prévisible, lui souffla-t-elle, mauvaise.
Les yeux toujours plongés dans ceux de la Démone, Eden retint un rire moqueur et plissa les paupières. Ses iris onyx se mirent à luire avant qu'il ne saisisse rapidement le bras de son adversaire pour lui tordre, et il la repoussa sans management, le menton fièrement levé.
Elle releva un visage empli de colère vers lui avant que ses traits ne se déforment. Un hurlement traversa ses lèvres avant qu'elle ne plaque ses mains contre ses tempes. Retombant sur ses genoux, la Démone gémit en secouant la tête dans l'espoir de se libérer de cette atroce douleur.
— Que dois-je dire à ton sujet ? demanda Eden sans jamais se détourner. Protéger son corps, c'est bien, mais protéger son âme, c'est mieux. Tu n'as même pas été capable de protéger tes cellules nerveuses.
La jeune femme releva difficilement le nez vers lui, le corps tremblant, et elle tenta de se relever.
En vain.
Les nerfs étaient très sensibles, et il les visait pour l'affaiblir. Elle avait l'impression que son crâne allait exploser. C'était insupportable.
Pourquoi ne s'était-elle pas protégée ? Elle avait bien compris qu'il n'était pas qu'un simple Guerrier, mais en le provoquant, elle espérait le pousser à bout pour qu'il perde ses moyens.
Mais il avait été bien plus rusé qu'elle...
Un sifflement dans le dos d'Eden le contraignit à se détourner. Il évita à temps l'assaut du nouvel arrivant armé d'une épée à double tranchant qui avait tenté de l'assaillir, alors qu'un autre s'agenouillait rapidement près de la Démone, et son regard vert crocheta celui de l'Ange, animé par un éclat meurtrier.
— Tu as commis une belle erreur en t'en prenant à elle, Ange...
La jeune femme, qui avait cessé de hurler, cligna rapidement des paupières, le visage déformé par la douleur. Son compagnon lui lança un coup d'œil inquiet avant de se relever quand il constata qu'elle allait mieux. Eden le dévisagea avant de lancer un coup d'œil au deuxième homme qui le menaçait de son épée.
— Je vois que les Démons ont toujours cette manie d'agir comme des lâches. Deux contre un ? J'ai presque pitié de vous.
— Tu aurais peut-être dû réfléchir à deux fois avant de fourrer ton nez dans nos affaires, siffla le Démon blond qui le toisait.
L'autre, un grand brun aux yeux émeraude, se posta devant la Démone pour faire barrage de son corps afin de la protéger corps et âme.
L'Ange les observa en cherchant un moyen de les repousser à lui seul.
Mais cela risquait d'être plus compliqué que prévu. Ils semblaient être des Guerriers, eux aussi, et comme ils étaient deux, sans compter la blessée, ils étaient plus avantagés.
Une traînée enflammée serpenta jusqu'aux pieds d'Eden pour menacer le Démon blond de le brûler s'il ne se dépêchait pas de reculer. Il battit rapidement des ailes pour se poster au côté de son coéquipier, la mine assombrie par l'agacement.
L'Ange, en comprenant de qui provenait cette attaque, afficha un sourire.
— Désolé pour le retard, Eden ! s'excusa une voix familière.
Tyler le rejoignit, les mains tendues vers leurs adversaires, et la traînée enflammée disparut. Elora et Âlma s'approchèrent à leur tour, les traits tordus par la fureur, et les yeux brillants pourtant de défi.
— Deux contre un, pour toi, ce n'est pas équitable, mais quatre contre deux, ça l'est plus, tu crois ? grogna le Démon blond en les toisant.
— T'en fais pas, Nathan, je vais mieux, souffla la jeune femme en se relevant, les jambes flageolantes.
— Tu veux que ça soit équitable ? Soyons fair-play, dans ce cas. Âlma, occupe-toi de l'Humaine. Nous trois, on va régler le compte à ce pathétique trio, dit Tyler en levant le menton de manière arrogante.
Âlma opina, lança un coup d'œil ravi à Eden, qui répondit par un sourire, et elle rejoignit bien vite l'Humaine qui se trouvait plus loin, le teint blême et les yeux écarquillés de stupeur.
Sa mémoire serait bien vite effacée, une fois qu'ils auront fait face à ces Démons.
— Content de te revoir, Eden, d'ailleurs, lança Tyler en lui lançant un clin d'œil.
Et il fut le premier à assaillir l'adversité.
***
[PDV Elora]
Je me baissai à temps pour éviter l'épée de Nathan tranchant l'air au-dessus de ma tête. Le souffle haletant, je me redressai en retenant une grimace de douleur lorsque mes cicatrices au ventre s'éveillèrent, et je frappai son ventre d'un coup de talon. Mon adversaire retint son souffle en reculant, et j'en profitai pour lui faucher les jambes, les traits tordus d'impatience.
On affrontait ces trois Démons depuis un moment, et aucun d'entre eux ne voulait baisser les armes. Que ça soit dans le camp des Anges ou le leur, personne ne réussissait à prendre le dessus.
Seulement, je fatiguais. Mon corps n'arrivait plus à me suivre. Était-ce psychologique ? Je n'en savais rien, mais je me sentais faiblir. Depuis l'attaque d'Eytan, ça ne s'arrangeait pas. Au contraire...
— J'dois dire que je ne m'attendais pas à ce que tu parviennes à te défendre dans ton état, Elora, m'avoua Nathan dans un murmure, comme sur le ton de la confidence.
Soufflée, je lui lançai un coup d'œil avant qu'il ne se relève avec agilité, et ses ailes battirent devant moi pour former une bourrasque. Je me reculai en protégeant mon visage de mes bras, et je le vis juste à temps m'assaillir encore. Je pivotai pour éviter le tranchant de son épée, et du sang perla le long de ma joue dans une vive douleur.
L'enfoirée m'avait touché.
Un sourire satisfait tordit sa bouche, et il s'empressa de battre des ailes pour s'éloigner. Je m'apprêtai à le suivre, mais j'aperçus le prénommé Ziv asséner un coup à Eden qui manqua de trébucher, sonné par le coup, et lorsqu'il releva sa hache luisant d'une aura malveillante, je tendis les doigts sans hésiter, le cœur m'acclamant pourtant, me suppliant de ne pas utiliser ce don.
Mais je n'en avais pas le choix.
De l'eau jaillit du sol pour former un rideau aquatique autour du corps du Démon qui se figea. Il baissa son arme, surpris, et j'en profitai pour plonger dans la fine cascade pour lui donner un coup de pied dans l'estomac afin de le faire reculer. Un coup d'œil en arrière me permit de voir qu'Eden avait repris ses esprits. Ses yeux noirs me fixèrent avec stupeur à travers la chute qui s'arrêta enfin lorsque je refermai mes doigts tremblants, la bouche pâteuse.
Il n'y avait pas eu de problèmes... Tout allait bien.
— Vous me fatiguez, siffla le Démon à la chevelure noire en serrant son arme. Ce combat s'éternise.
Ses iris de jade brillèrent de lassitude avant qu'il ne recule de quelques pas. Aela le rejoignit en lançant un regard meurtrier à Eden, qui fronça les sourcils, et elle asséna :
— Il est vain de continuer cette bataille, nous n'avons pas envie de vous tuer, en avez-vous conscience ? Je n'ai pas envie de perdre plus de temps avec vous. Nous avons mieux à faire.
Son attention se posa sur moi et son faciès se munit d'un sourire mauvais. Elle saisit le bras de Ziv sans se détourner de ma personne.
— Et toi aussi, tu as mieux à faire, je pense. Comme par exemple soigner ce que tu as là.
Elle accompagna ses paroles en tapotant son ventre du bout des doigts, toujours armée de son rictus. Je me sentis blêmir en comprenant son sous-entendu, et mes plaies me lancèrent à nouveau, comme si ses propos les avaient irrités.
— Tes amis sont au courant que tu es empoisonnée ? Non ? Tu devrais leur dire.
Je retins mon souffle lorsqu'elle prononça cette phrase. Son compagnon me lança un coup d'œil indéchiffrable avant qu'une boule enflammée ne passe derrière eux, bientôt accompagné par un rire amusé.
— C'est tout ce que t'as, poil de carotte ? ricana Nathan en évitant un énième assaut de Tyler, ses cheveux blonds se hérissant pitoyablement sur son crâne.
— Arrête de t'enfuir, espèce de lâche ! s'agaça mon ami en cherchant à l'atteindre.
Le souffle court, je reportai mon attention sur les deux Démons qui nous dévisageaient, Eden et moi, avant de sentir le regard lourd de mon ami, qui devait probablement m'observer avec horreur suite aux paroles d'Aela. Il n'y avait plus un bruit. Rien. Mais pouvaient-ils entendre les battements chaotiques de mon cœur ?
Empoisonnée...
Impossible... Je n'étais que mutilée... Ils devaient se moquer de moi...
— Ziv, Aela, nous ferions mieux de partir. Ces Anges n'en valent pas la peine, annonça Nathan en les rejoignant dans un battement d'ailes, son jean brûlé à certains endroits.
— C'est ça, fuyez, le provoqua Tyler, la respiration lourde.
Nathan s'apprêta à renchérir, piqué par les propos de mon ami, mais le Démon brun secoua la tête en me toisant de son regard d'émeraude, ses grandes ailes vermeilles déployées dans son dos.
— Préoccupe-toi de ton petit problème, avant de vouloir te battre inutilement. Depuis combien de temps es-tu empoisonnée ? Trois jours ? Une semaine ?
— De quoi parle-t-il, Elora ? s'inquiéta Tyler.
— Oui, de quoi parle-t-il ? s'amusa Nathan avant d'éclater de rire. Allez, à la revoyure, les nuls !
Il se volatilisa sans rien ajouter de plus. Aela nous embrassa une dernière fois du regard avant de sourire, se nourrissant de l'air indigné de mes amis, ainsi que de mes traits crispés.
Ils étaient au courant, évidemment... Mais pas mes amis. Comment aurais-je pu leur dire ? Je ne savais même pas que j'étais empoisonnée jusqu'à maintenant. Je me sentis faiblir depuis cette attaque, mais je n'en avais pas fait cas. Ce qui m'avait le plus perturbé, c'était d'être à jamais mutilée.
Et ce que ça impliquait était pire...
— Sache une chose, Elora, c'est que lorsque les Ovirses attaquent, leurs victimes n'en ont plus que pour un courte durée. Et, à en juger par ton teint, le délai imparti approche... Comment vas-tu t'y prendre ?
Alors cet être fait de ténèbres était un Ovirse... Jamais je n'avais entendu parler d'une telle créature.
— Toi, tu m'agaces ! siffla Tyler en amorçant un pas.
Ziv lui lança un regard d'avertissement, et il nous toisa avant d'être enveloppé par une lueur sombre, tout comme Aela. Bientôt, ils disparurent dans un silence religieux sans laisser une seule trace. Plus détendue maintenant qu'ils étaient partis, je pris une profonde inspiration en grimaçant un peu, assaillie par la brûlure lancinante mon ventre. Tyler me fonça dessus et examina mes traits avec angoisse. Je le regardai à travers ma vue trouble, le souffle haché, la brise s'échouant sur mon visage.
— Pourquoi ont-ils dit que tu es empoisonnée ? Que s'est-il passé, bordel ?
— Ce n'est pas le moment ! hasardai-je en le repoussant. Nous devons nous occuper de l'Humaine.
Je croisai ensuite le regard scrutateur d'Eden et me rembrunis. Cet homme était si doué pour analyser les personnes qui lui faisaient face. Pour trouver la vérité dans un mensonge. Oui, il y avait des individus qui voyaient tout, qui parlaient peu, mais écoutaient beaucoup.
Et devant ses yeux ébène si intenses, je me sentis faiblir, moins confiante, mais je passai près de lui sans rien démontrer pour rejoindre Âlma d'un pas traînant. Elle rassurait la jeune femme que je reconnus aussitôt.
Inaya, l'amie de Brooke. Décidément, elle se mettait constamment en danger...
Armée d'un air doux, je m'approchai d'elles sans me détourner de l'Humaine tremblante. Âlma leva le nez vers moi.
— Je l'ai interrogé pour savoir ce qu'elle faisait là, m'expliqua-t-elle en caressant tendrement le dos d'Inaya. D'après ses dires, elle a cherché à confronter Aela parce qu'elle serait la cause de la mort de son amie.
— C'est ça..., confirma Inaya en ravalant un sanglot. Cette fille avait humilié Brooke avant qu'elle ne se suicide... Je n'ai pas pu m'empêcher de lui rentrer dedans lorsque je l'ai vu.
Ses joues se couvrirent de larmes avant qu'elle ne hoquète, le corps traversé de spasmes. Mon cœur s'enserra quand je ressentis toute sa tristesse. La pauvre n'avait pas fait le deuil de Brooke... Le pourrait-elle un jour, d'ailleurs ? Pouvions-nous réellement nous remettre de la mort d'un être aimé ?
— Je... J'ai voulu qu'elle me donne des explications quant à son comportement à l'égard de Brooke, et elle m'a dit que ses raisons ne me regardaient pas... Que si je ne voulais pas finir comme Brooke, j'avais plutôt intérêt à me calmer...
— Elle t'a menacé, cette garce, jura Tyler dans mon dos.
— Je ne sais pas si c'était une menace, honnêtement, avoua-t-elle entre deux reniflements. Elle ne semblait pas agressive en me disant ça... J'avais même l'impression que c'était un conseil...
Elle essuya ses yeux d'un revers de main avant d'ajouter :
— Oui, elle semblait me dire que si je continuais de me mettre en colère, il m'arriverait des problèmes, comme il en est arrivé à Brooke...
Qu'est-ce que cela signifiait ? N'était-ce pas là une menace implicite ? Inaya ne savait pas que Brooke avait été tué, alors elle ne pouvait pas se douter qu'Aela sous-entendait qu'elle aussi risquait de voir son âme se faire dérober si elle continuait de se mêler de leurs affaires.
Mais d'un côté, pourquoi prendre la peine de la prévenir alors qu'elle pouvait en finir avec elle en un claquement de doigts ?
Les Démons n'en avaient pas après elle, dans quel cas, ils l'auraient tué. Alors pourquoi l'avertir ? Pourquoi ?
Quelque chose nous échappait, je le savais, mais quoi ?
— Dans tous les cas, c'est terminé, ne t'en fais pas, la rassura Âlma.
— Vo... Vous êtes quoi, au juste ? Que se passe-t-il dans cette ville, à la fin ?
Âlma grimaça avant de poser ses mains contre les tempes d'Inaya. Je reculai de quelques pas pour lui laisser de l'espace afin qu'elle lui efface la mémoire. Au moins, elle était saine et sauve, c'était le principal.
Tyler me regarda m'éloigner avec curiosité alors que je n'exprimais rien, par peur de leur montrer que mes plaies me faisaient souffrir. Je ne voulais pas leur dire ce que j'avais subi, il y avait une semaine. Je ne pouvais pas leur avouer que j'avais été assaillie dans une illusion, et que mes plaies étaient devenues réelles.
Que j'étais empoisonnée.
— Elora.
La voix d'Eden m'arracha un sursaut. Je me tournai vers lui en efforçant un sourire, et je lui soufflai :
— Eden. Contente de te revoir. Ça faisait longtemps, pas vrai ?
— Un Ovirse t'a attaqué ? me demanda-t-il.
— Je ne sais pas ce qu'est un Ovirse, mentis-je.
Ses lèvres frémirent d'agacement alors qu'il plissait les yeux, probablement las de ma fausse naïveté. Mais même s'il affichait cet air glacial, je le connaissais assez pour savoir qu'il s'inquiétait. Oh oui, le pauvre était rongé par l'appréhension. Par ma faute.
— Ce sont des créatures faites d'ombres ne vivant qu'à travers les rêves et les illusions. Elles peuvent empoisonner leurs victimes avec leurs griffes, et si la personne n'est pas soignée au bout d'une semaine, elle meurt.
— Oh... Une semaine, hein ? demandai-je bêtement.
Un sourire figé déforma mes lèvres avant que je ne vacille, écrasée par le poids de ses paroles. Ça tombait mal, j'avais fait face à cette bête il y avait une semaine pile.
La vue troublée, je lâchai un rire jaune, parcourue de sueurs froides, et soufflai malgré ma bouche sèche :
— Mince...
Et je m'écroulai, aveuglée par des points noirs dansant devant mes yeux, l'impression que le sol se dérobait sous mes pieds m'étreignant.
Hello la populace, ❤️
Je ne suis pas morte ptdr, j'ai galeré à écrire ce chapitre de m*rde.
J'espère donc que vous allez l'aimer.
Qu'avez vous-pensé d'Eden ? D'Elora ?
Des autres personnages ? Vous avez des théories? Dites-moi tout !
La musique en média c'est : Leave a Ligh On - Tom Walker. Je trouve qu'elle va bien avec le chapitre 😂
Gros bisous ❤️
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