Chapitre 35

« Il voulait me faire danser ? Très bien, j'allais mener le pas et le faire tomber. »

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Il n'avait rien.

Axel se portait bien. Au loin, il se tenait droit, plein de vie. Oh oui, il se portait bien.

Après avoir confronté Eytan, j'avais contacté mes amis par télépathie, avec beaucoup de peine, pour leur demander à tous de chercher Axel, et j'avais cherché à le retrouver, rongée par l'angoisse.

Et si j'arrivais trop tard ? Si Eytan avait été plus rapide que moi ? Si ses coéquipiers s'étaient occupés de lui pendant qu'il me faisait face ?

Toutes ces questions m'avaient troublé la vision, alors que je survolais la ville sous les couleurs de l'aurore, rongée par mes appréhensions et mes doutes, cherchant avec désespoir Axel. Eden avait fini par me recontacter en me disant qu'il avait vu l'étudiant sortir de chez lui pour partir jusqu'à la faculté.

Il était resté à proximité, discret, jusqu'à mon arrivée, et j'avais pris sa place pour garder un œil sur lui.

Nous étions arrivés à temps.

Mais jusqu'à quand ?

Depuis ma vision qui remontait au matin même, très tôt, je ne cessais de me ronger les sangs à son sujet. Ce n'était pas anodin, il était en danger, s'il allait bien aujourd'hui, serait-ce le cas demain ? Il fallait que je garde un œil sur lui.

J'avais trop souvent échoué, mais je ne pouvais pas me permettre de recommencer. Si Axel m'en voulait, ce n'était pas grave, ça ne signifiait pas que je devais renoncer à veiller sur lui. Je préférais être détestée, mais le savoir sauf, plutôt qu'être appréciée par un cœur figé à jamais.

Si je devais endosser le rôle d'un Ange Gardien, qu'il en soit ainsi. Eytan ne l'atteindrait pas. Je ne le lui permettrais pas. Je deviendrais l'armure de l'Humain pour encaisser le choc des assauts de l'adversité.

Si je devais renoncer à ma vie pour lui, ainsi soit-il. Si j'avais perdu mon chemin et que j'empruntais la mauvaise voie, je restai un Ange, et mon rôle était de protéger. Si je pouvais lui permettre de goûter à la chaleur de la vie en sombrant dans les abîmes froids de la mort, j'acceptais.

Je n'avais plus peur des ténèbres à force de les fréquenter.

Au péril de ma vie.

Mais je devais avouer que je commençais à être écrasée par la fatigue. Je n'avais pas pu dormir depuis un long moment. Le pourrais-je seulement en sachant qu'Eytan risquait de s'en prendre à l'Humain à n'importe quel moment ? Telle une ombre, il le tourmentait sans qu'il ne le remarque, attendant le moment opportun pour lui retirer la vie.

Hors de question.

J'avais erré près de la faculté, dans les couloirs sombres, m'étais même infiltrée dans l'un de ses cours pour le suivre toute la matinée, et maintenant, j'étais là, à veiller sur lui, qui discutait avec James, sans m'avoir remarqué.

Bon sang, mais qu'est-ce que je faisais ?

J'avais une enquête à mener, des créatures à arrêter... Comment avancer de mon côté, en sachant qu'Axel était en danger ? Si je n'étais pas entrée dans sa vie, il n'aurait pas un Démon à ses trousses.

Aurait-il été en danger, s'il ne m'avait pas rencontré ? La vie n'était-elle pas déjà semée de risques ? Pouvais-je entièrement me blâmer de ce qui pourrait lui arriver ? ... Pour m'apaiser un peu, je me répétais que s'il n'avait pas un Gardien lui étant assigné, c'était parce que le destin en avait décidé ainsi, et que ce n'était pas à moi, de porter son fardeau.

Mais c'était égoïste, parce qu'en étant entré dans sa vie, j'avais mené avec moi mes problèmes, des problèmes devenus sien. Un tas d'Hommes ne se voyaient pas protéger par un Ange, et pourtant, ça ne les empêchait pas de vivre pleinement leur vie sans que rien ne leur arrive.

Mais ces Hommes n'ont pas croisé ta route, me murmurai-je à moi-même.

Non. Non, effectivement, et c'était pour cette raison que je veillais sur lui. Pour réparer mes torts. Pour l'empêcher de goûter à la folie d'un Démon qui en avait après moi. Uniquement moi.

Les yeux plissés, je continuai d'observer discrètement Axel qui écoutait James parler. Ils affichaient tous les deux un air concentré, leur aura s'agitant parfois autour d'eux, sans pourtant trahir leurs émotions. Je devais avouer que c'était frustrant. Quelque chose semblait les tourmenter, mais quoi ?

Les paupières lourdes, je retins un bâillement et sentis l'odeur de quelques fruits, se mêlant à celui du bois, effleurer mes narines. Je basculai la tête en arrière pour contempler le ciel bleu, dégagé, dévoilant un soleil resplendissant. Malgré moi, j'affichai un sourire.

Quand une voix lointaine résonna à mes oreilles, je me raidis avant que mes muscles ne se raidissent. Mon crâne me martela soudainement, et ma vue se troubla le temps d'un instant. Je compris bien vite que quelqu'un essayait de parler avec moi par télépathie, pouvoir épuisant à utiliser, donc peu utilisé.

Je m'ouvris en grimaçant, m'efforçant de ne pas avoir l'air perturbé, au risque d'attirer l'attention des étudiants autour de moi.

« S'il vous plaît, venez ! » retentit une voix affolée.

Je reconnus de suite Âlma. Le visage blêmissant, je fermai les paupières en remarquant les tressautements dans sa voix.

« Je... J'ai besoin de vous en urgence chez moi ! Ils vont... »

La communication se coupa brusquement. Comme expulsée par mon propre corps, je me sentis flancher, ma vision s'obscurcissant encore. Mon crâne, bientôt, se fit moins lourd, et je papillonnai des cils pour reprendre mes esprits, chamboulée par ce que je venais d'entendre.

Elle était en danger, je l'avais senti. Sa voix affolée. Le fait que la télépathie s'interrompt soudainement. Comme si quelqu'un lui avait fait du mal... Je lançai un dernier coup d'œil à Axel en hésitant, et je tournai les talons rapidement, le visage de mon amie me hantant sans pitié.

Dans un lieu isolé et hors de vue, je déployai mes ailes et m'envolai. Cette fois-ci, l'urgence de la situation me forçait à agir rapidement, malgré le risque d'être repéré. Les Anges possédaient un don unique leur permettant de se fondre dans leur environnement lorsqu'ils volaient, les rendant ainsi moins visibles aux yeux des Humains. C'était une compétence cruciale, surtout dans des moments comme celui-ci où la discrétion était essentielle pour accomplir ma mission sans attirer l'attention.

***

— Elora ! entendis-je dans mon dos alors que je m'approchais du bâtiment d'Âlma en courant après avoir atterri à l'abri des regards.

Le front en sueur et essoufflée, je tournai le nez pour croiser le regard affolé de Tyler, accompagné d'Eden. Tous les deux avaient les traits rongés par l'inquiétude.

— Tu as entendu Âlma, toi aussi ? me demanda Tyler, la voix tremblante.

Sans mot dire, je hochai la tête en poursuivant ma route, mes amis sur mes talons. On pénétra dans le bâtiment avant de monter rapidement les escaliers. Une fois devant le seuil, l'odeur du soufre, mêlé à celui du sang, s'infiltra dans mes poumons, me retournant l'estomac. Je me figeai en observant la porte entrouverte, les tripes noueuses.

Qu'allais-je voir, en entrant chez elle ?

Pas Âlma. Si nous la retrouvions morte ? Si elle gisait dans une mare de sang ? Si... ?

Tyler, tétanisé, ne bougea pas d'un iota, le regard fixé sur la porte, et à son regard de jade, je compris qu'il devait se poser les mêmes questions que moi. Eden n'hésita pas. Il entra le premier, ses doigts agrippant déjà son épée.

Je fus la deuxième à entrer. L'odeur âcre régnait en maître, et je remarquai bien vite des traces de lutte. Un meuble était retourné, et un miroir gisait à terre, ses verres éparpillés un peu partout. Du sang couvrait le tapi blanc dans un contraste saisissant. Effroyable.

Mon cœur s'affola alors que j'observais ce triste spectacle, les oreilles de plus en plus bourdonnantes. Eden s'éloigna pour vérifier les autres pièces, prudent.

Qu'elle soit en vie. Qu'elle soit en vie...

Je m'approchai de sa fenêtre ouverte en ignorant le grincement de mes pas contre le parquet, et retins mon souffle en remarquant que des traces ensanglantées tachaient la rambarde, comme si une main s'y était agrippée. Une rage sourde monta en moi en comprenant qu'elle avait été enlevée.

— J'ai trouvé quelque chose ! entendis-je.

Tyler, agenouillé près du canapé, se releva en nous désignant un papier. D'un geste maladroit, il s'approcha d'Eden et moi et, en remarquant une légère trace vermeille sur la feuille blanche, ma haine s'accentua encore. L'Ange roux lit rapidement les quelques lignes avant de blêmir, et une fureur sans nom anima ses yeux. Eden ne dit rien, curieux quant à ce qu'il pouvait découvrir entre ces mots.

Sans rien dire, il me tendit le papier, les lèvres fermement pincées. Je m'en saisis, et Eden lut par-dessus mon épaule, découvrant ce qui était écrit en même temps que moi.

Salut, les Anges.

Comme vous vous en doutez, nous avons avec nous votre amie. Une vraie tigresse, d'ailleurs. Elle s'est bien défendue, mais ça n'a pas suffi. Allez-vous l'abandonner, ou venir la chercher ? Nous avons hâte de voir cela.

Ne vous inquiétez pas, on ne l'abîmera pas. Du moins, pas beaucoup.

PS : Je veux que seulement deux d'entre vous viennent la récupérer. Si vous venez tous les trois, on la tuera.

Deuxième PS : L'endroit où nous nous trouvons est à double entrée. Allez-vous comprendre de quoi je parle ?

La rage monta encore en moi et implosa en laissant des jets enflammés se propager dans mon être entier. Je serrai la feuille entre mes doigts tremblants en étouffant un juron, la vision trouble.

Eden croisa mon regard haineux et, sans rien exprimer, il saisit le papier pour relire les mots, réfléchissant probablement au sens de l'indice. Quant à moi, je tournai en rond, comme un lion en cage, en sifflant :

— Qui a fait ça ? Qui est le lâche ayant écrit ce mot ? Que veulent-ils d'Âlma ?

— Ça doit être encore un coup tordu d'Eytan, grinça Tyler en prenant une profonde inspiration.

Mais je sentis sa colère et son inquiétude. Ses sentiments se mêlaient aux miens. J'en avais la nausée. Je me sentais malmenée, perdue. Bon sang, nous étions arrivés trop tard...

Ils avaient emmené mon amie...

Je comprenais mieux la vision que m'avait provoquée le toucher d'Eytan... Il m'avait mené sur une fausse piste pour que je me détourne de mes proches. Ce n'était pas Axel, qui était en danger, mais Âlma...

Cet enfoiré avait fait exprès de me manipuler ainsi... Encore une fois...

— Le mot parle d'un endroit à double entrée, murmura Eden d'une voix contrôlée.

— L'indice de merde ! jura soudainement Tyler.

— Calme-toi, Tyler, lui intima l'Ange blond. Le but de la personne ayant écrit ce mot est de nous déstabiliser. Tu...

— Je m'en fous ! aboya mon ami pour le couper. Je suis pas déstabilisé, je suis furieux ! Furieux de ne pas avoir été là pour Âlma ! Ils l'ont emmené, Eden ! Et dans quel état est-elle ? Regarde l'état de son salon !

Je l'observai sans répondre quoi que ce soit, autant troublée que lui. J'étais furieuse, moi aussi. Je me sentais même égoïste d'avoir placé mes amis en second plan...

Eden posa une main rassurante sur l'épaule de Tyler et ancra ses pupilles noires dans les siennes, son aura rassurante cherchant à envelopper notre ami agité. Son sang-froid m'avait toujours impressionné, mais aujourd'hui, il me perturbait. Comment faisait-il pour rester aussi droit, quand le monde s'acharnait ? N'avait-il donc aucune faiblesse ?

— Je le suis aussi, Tyler, mais tu sais autant que moi que ce n'est pas la colère qui nous permettra de la retrouver.

Je me détournai d'eux, les laissant discuter sans m'en mêler, le regard dans le vague. Qu'importait qui avait écrit ce mot, qu'importait qui avait emmené Âlma, il était évident que le but était de nous déchirer. Pourquoi nous demander de venir à deux, sinon ? Il s'agissait d'un piège. Notre amie servait d'appât, j'en étais certaine, mais pourquoi ?

Et l'indice... Il était à la fois énigmatique, mais pourtant si évident...

— Il s'agit de l'Aôtu, révélai-je.

Mes amis se turent pour m'observer avec attention. Je hochai la tête en agitant le morceau de papier pour enchaîner :

— Une double entrée... Une double entrée sur deux mondes différents. La première mène à notre monde, et la deuxième à la Terre.

Tyler bomba le torse en prenant une profonde inspiration, toujours agité, alors qu'Eden fixait le sol, réfléchissant à mes paroles.

— Je suis certaine qu'il s'agit de l'Aôtu ! Je le pressens. L'indice flagrant qui l'accompagne confirme que ce mot est un piège.

Pourquoi nous donner un si gros indice, si ce n'était pas pour nous leurrer ? Le but était de nous mener jusqu'à là-bas pour mieux attaquer. C'était évident... Je m'affolai, prête à foncer jusqu'au lieu indiqué, mais Eden se posta devant moi pour faire barrage, la mâchoire raidie, une lueur intelligente étincelante dans son regard.

— On ira, mais toi, tu restes ici.

— Quoi ? m'offusquai-je. Et pourquoi pas moi ?

Eden contracta un peu plus la mâchoire et lança un coup d'œil à Tyler qui s'immobilisa. Quelque chose passa entre eux, et un éclat de compréhension luisit dans les yeux émeraude de l'Ascendant qui ne pipa mot. Je reculai pour m'extirper de la chaleur de l'Ange me faisant barrage en comprenant une chose.

— C'est par rapport à Eytan, n'est-ce pas ? ris-je jaune. Ne me dites pas qu'il s'agit encore de lui ?

Eden tiqua un instant, et je compris que j'avais vu juste. Il secoua pourtant la tête et répondit :

— Pas uniquement, renchérit Eden. Mais je préfère que tu sois présente. Tu as eu une vision concernant cet humain, et je veux que tu sois à proximité si ça arrive.

J'émis un rire froid et le toisai, piquée. Je ne pouvais pas sauver tout le monde ? J'en avais bien conscience, mais il s'agissait de mon amie ! Je voulais partir avec eux, je voulais lui venir en aide, à défaut de ne pas l'avoir protégé comme il le fallait.

Quelle piètre amie serais-je si je restais ici en les laissant faire ? N'avais-je déjà pas commis une terrible erreur en lui tournant le dos, d'une certaine manière ? Je n'avais pas été présente pour elle... Je n'avais pas été là pour la sauver des griffes de ses geôliers.

— Ah oui ? Mais si Eytan est derrière l'enlèvement de notre amie, il ne pourra pas s'en prendre à Axel.

L'Ange ne répondit rien. Agacée, je poussai un soupir en reculant encore, et je hochai la tête, furieuse par l'évidence : Eytan pouvait très bien envoyer Ziv, Nathan ou encore Aela s'en prendre à Axel...

Ce fin stratège était le maître des ombres, il pouvait les mener là où il le désirait sans avoir à se déplacer. Furtif et rusé, il avait le pouvoir sur tout. Où qu'il soit.

— Très bien ! capitulai-je. Allez-y ! Mais s'il y a le moindre problème, je veux être mise au courant !

Tyler amorça un pas dans ma direction. Plus détendu, mais les traits voilés, il ébouriffa mes cheveux en me lançant un coup d'œil empli d'assurances.

— On va la retrouver et revenir aussitôt, Elora, m'assura-t-il. Tu verras, ça sera rapide.

— Vous foncez droit dans la gueule du loup, murmurai-je. Ils veulent vous mener sur l'Aôtu en sachant que là-bas, vous serez plus vulnérables.

— Ils le seront aussi, personne n'échappe à la règle de l'Aôtu. Qu'importe qui nous sommes, les pouvoirs sont limités. On sera tous sur un pied d'égalité, Elora. Et puis, on a nos armes.

Le cœur au bord des lèvres, je voûtai les épaules. Eden releva un instant mon visage pour plonger ses iris dans les miens, et face à la douceur qui y brillait, je me détendis malgré moi. J'y lus une multitude de promesses, une assurance vivace, un désir de vengeance.

Je pouvais compter sur lui. Sur Tyler.

Ils retrouveraient Âlma.

— Nous allons revenir tous les trois, Elora, je te le promets.

Oh Eden, l'Ange au cœur de Guerrier. Je savais qu'il tenait toujours ses promesses. Il était assez fort pour laisser les plus faibles se reposer sur lui. Je pouvais lui faire confiance.

Je soutins son regard sans répondre. Il se recula pour fermer les paupières avant qu'une bourrasque ne s'élève autour de nous. Ses cheveux blonds s'agitèrent un instant, malmenés par le souffle puissant émanant de son énergie, et ses ailes se déployèrent en silence, gracieusement. Un trou noir se forma à ses pieds alors que son corps dégageait une lumière dorée.

— Soyez prudents..., chuchotai-je.

Tyler me lança un sourire étincelant avant que le trou noir ne s'agrandisse encore, et ils s'y engouffrèrent avant qu'il ne se referme sans un bruit. Je me retrouvai seule, écrasée par divers sentiments.

Même si Eden était puissant, il lui serait impossible de les téléporter jusqu'au sommet de l'Aôtu, puisqu'en ce lieu, les pouvoirs étaient rendus inefficaces.

Plus on s'approchait de la frontière séparant nos deux mondes, plus la magie se voyait réduite, comme aspirée par la puissance de la montagne.

Et ça, il était évident que les assaillants y avaient pensé.

Bien vite, mes traits se décomposèrent. Pourquoi Âlma ? Pourquoi s'en prendre à elle ? Le fait qu'ils ne partent qu'à deux m'angoissait plus que de raison. Mieux nous séparer pour mieux nous briser. La personne qui était derrière tout cela s'amusait à nous malmener. C'était digne d'Eytan...

Je quittai rapidement l'appartement d'Âlma, incapable d'y rester plus longtemps, de supporter la vue du sang qui était peut-être le sien, rongée par l'appréhension. J'espérais qu'elle aille bien... Il était inconcevable qu'il lui arrive quelque chose.

J'avais tant cherché à protéger les Humains que j'en avais oublié de chérir mes amis.

Mon cœur gonfla à nouveau de fureur quand un souffle effleura ma nuque. Je me tournai rapidement pour empoigner la gorge de la personne se tenant dans mon dos, les dents serrées. Un rire s'échappa de ses lèvres, malgré son regard affolé.

— Eh, doucement, misérable Ange ! lâcha-t-il en retenant son souffle.

— Que veux-tu Nathan ? grognai-je en relâchant légèrement son cou.

Il me repoussa pour se masser le cou, un sourire fendant son visage. Ses yeux bleus se relevèrent vers moi, brillants d'un éclat malveillant.

— Suis-moi.

Avant que je ne renchérisse, il tourna les talons et s'enfonça dans le bois se trouvant en face des immeubles. Hésitante et méfiante, je me décidai, à le suivre malgré tout, prête à me défendre. Qu'il s'agisse d'un piège ou non, ça m'importait peu. Nathan pouvait m'apporter des réponses. Le suivre était peut-être idiot, mais ne pas le faire me ferait peut-être perdre des indices.

Bientôt, on marcha en silence, s'éloignant de plus en plus de la ville, le chant d'un lac s'élevant au loin, accompagné par le chant des oiseaux et la brise s'échouant dans le feuillage des arbres.

Pendant une dizaine de minutes, le Démon mena le pas sans rien dire. L'odeur du soufre me parvint bientôt jusqu'aux narines. Je me tendis en observant les alentours, et je m'attardai sur Nathan qui se tourna enfin vers moi, tout sourire.

— Je dois te laisser ici, commença le Démon en se tournant.

Je le dévisageai, les mains tremblantes d'appréhension. J'avais un terrible pressentiment. L'odeur qui régnait... Ce n'était pas normal. Quelque chose se passait au sein de ce bois.

— Il te laisse dix minutes, pas plus, pas moins, poursuivit-il. Si tu retrouves ton humain à temps, il ne lui arrivera rien. Mais si tu arrives trop tard, ta vision aura lieu.

Ses ailes se déplièrent dans un petit bruissement. Furibonde, je fonçai sur lui. Il parvint à éviter mon assaut en pivotant sur le côté, tout en ricanant, moqueur. La colère, déjà bien présente, se fit plus brûlante et crépita dans mes veines jusqu'à m'aveugler.

— Je n'y suis pour rien, moi ! Tu devrais m'ignorer, le temps est compté !

— Oh, Nathan..., sifflai-je. Je te promets que je vais te faire ravaler ton air si hautain.

— Bien sûr, bien s...

Avant qu'il ne termine sa phrase, je tendis ma paume vers lui et un gémissement de douleur s'échappa de ses lèvres qui se mirent à trembler. Il s'écroula à genoux en poussant un cri. Je resserrai mes doigts sans le quitter du regard. Une lueur intense émanait de ma main qui s'enserrait et crépitait dans l'air.

— Oh mais ce n'est pas une parole en l'air, Démon, grognai-je, moqueuse. Tu vas réellement le regretter. Je vais t'exploser la cervelle. Mais ça sera rapide. Tout dépend de toi. Si tu continues de lutter, ça sera bien plus douloureux.

— De- dépêche-toi, reprit-il difficilement. Tu pourras m'exploser la cervelle après, si tu t'y prends b- bien.

Un petit rire secoua mes épaules et je reculai en cessant d'user mon pouvoir sur lui, ravie de lire de la terreur dans ses yeux vitreux. J'agitai ma main, comme pour retirer quelque chose, et le contemplai s'écrouler dans un bruit sourd, la poitrine remontant avec hâte et son souffle court. D'un clignement de paupières, j'ignorai la pitié qui tentait de m'assaillir, trop nerveuse pour ressentir autre chose.

— Heureusement pour toi que tu n'as pas grand-chose dans le crâne, murmurai-je.

Puis je tournai les talons en déployant mes ailes, prête à retrouver Axel.

Sous mes airs confiants, la peur s'immisçait en moi. Car même si j'avais eu le dessus sur Nathan, je ne l'avais pas sur la partie. Eytan menait la danse, et il me manipulait comme une marionnette. Il tirait les ficelles et, bientôt, elles céderaient, moi avec.

Mais même s'il était le maître de la partie, je n'abandonnerais pas. Je comptais me relever, encore et encore, et mener à mon tour le jeu.

Il voulait me faire danser ? Très bien, j'allais mener le pas et le faire tomber.

Hello les enfants !❤️

Encore un chapitre, en même pas une semaine ! Le prochain ne devrait pas traîner non plus, j'ai déjà les idées en place eheh !

Soooo, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Ça vous a plu ? 😏

Qu'avez-vous pensé de l'enlèvement d'Âlma ? Qui a laissé le mot ? Pourquoi seulement deux personnes ? Nathan qui fait passer un message ? Qu'arrivera-t-il à Axel ? Je veux savoir toutes vos théories ! Lâchez-vous les copains 😍

A plus dans le bus ! ❤️

~Chapitre revu~

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