Chapitre 30

« Une flamme, à force de trop vouloir illuminer, finissait par s'éteindre. »

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Le visage voilé par un sentiment d'impuissance, je laissai mon regard parcourir le journal en ignorant le malaise qui me persécutait. Le titre me glaça le sang :

Étudiants disparus depuis près d'un mois : le mystère reste entier.

Il était dit que cette fois, ils étaient trois, à avoir disparu. En même temps. Quand est-ce que ça prendrait fin ?

Ils avaient disparu le vingt janvier, d'après les journalistes, du moins, ça avait été déclaré ce jour-là, ce qui signifiait que ça faisait plus longtemps. L'une des victimes ne m'était pas inconnue, puisque j'avais suivi quelques cours avec elle, lorsque je participais à certains cours en tant qu'auditeur libre.

Son visage me revint en mémoire. D'après mes souvenirs, elle se prénommait Isaura. Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer la peur que pouvait ressentir ses proches. Ils devaient s'interroger, se demander si elle était toujours en vie, si elle reviendrait.

Comment se portaient-ils, tous les trois ?

Il est vrai qu'une période de tranquillité semblait s'être installée depuis peu, dépourvue de tout événement tragique mentionné dans les médias. Cependant, en privé, nous savions que des individus avaient mystérieusement disparu, comme Thianna, quelques mois avant.

Ou encore James, d'après ce que Laurie m'avait dit, lorsque nous étions allés à la bibliothèque, une semaine avant.

Cependant, je ne savais pas si Eytan était derrière toute cette histoire. Lui avait tué, j'en avais bien conscience, mais concernant les disparus ? Quel serait son intérêt ? Pourquoi emmènerait-il avec lui des Humains, si ce n'était pour leur dérober leur âme ? Et puis, il ne s'était jamais caché pour commettre des atrocités. Au contraire.

Ainsi, ça ne collait pas au profil d'Eytan. Je ne voyais pas pourquoi ils enlèveraient des Hommes... Il serait plus du genre à se jouer d'eux, à les chasser comme le prédateur qu'il était, pour ensuite les tuer, mais pas pour seulement les faire disparaître et peut-être les laisser revenir. En plus, ma vision concernant ce Lisandro m'avait montré une silhouette munie d'un tentacule. Selon moi, c'était lié... Qu'importait l'espèce de Zachary, elle était impliquée.

Et pour avoir mes réponses, il fallait que j'en ai à ce sujet. Au sujet de cet Ange revenu d'entre les morts. Il n'était pas le seul, puisqu'Eden en avait déjà vu, lui aussi. Mais qu'était-ce ?

Mes mains devinrent moites contre le papier du journal, que je reposai sur le bar en déposant de la monnaie pour régler mon chocolat chaud. Je quittai ensuite le café en lançant un dernier coup d'œil aux quelques clients présents.

Épuisée, j'étouffai un bâillement. Depuis quelques jours, le sommeil ne m'ouvrait plus ses bras. Le cauchemar qui me hantait depuis un moment ne me lâchait plus. J'y voyais la noirceur du monde se répandre jusqu'au cœur des Hommes, des Anges, aussi. Le Mal les enveloppait, les dévorait.

Je n'y comprenais rien...

Quand la brise nocturne s'échoua sur mon visage pour se confondre avec la chaleur qui se diffusait dans mes veines, un soupir m'échappa. La lune en croissant surplombait les bâtiments pour les éclairer de sa timide lumière, tout en s'accordant avec le ciel noir entièrement dégagé.

Alors que je m'égarais dans la contemplation des étoiles, un bruit s'éleva et me fit sursauter. Prudente, je pivotai pour chercher une quelconque présence.

— Par pitié, marmonnai-je. Pas encore une créature bizarre...

Les bruits s'amplifièrent pour se joindre à mon souffle erratique. Je me mis en position de défense, prête à dégainer mon arme. Une bête bondit soudainement hors des buissons et s'élança vers moi en grattant ses pattes contre le bitume. En constatant qu'il s'agissait d'un chien au regard agité, je blêmis sans réagir. Il bondit droit sur moi, la gueule entrouverte. Mon dos heurta la terre dans un nuage de fumée alors que j'hésitais à frapper. Ses énormes pattes plaquèrent mes épaules pour me clouer au sol.

Je ne pouvais décidément pas attaquer un simple chien...

Alors que je pensais que ses crocs se refermeraient sur moi, je fus surprise quand sa langue lapa ma joue. Un rire m'échappa en comprenant qu'il ne cherchait pas à m'attaquer. Mes doigts se plongèrent dans son épaisse fourrure avant que des couinements ne roulent dans sa gorge.

— Eh ! m'exclamai-je. Mais d'où tu sors ?

Le chien recula et me libéra enfin de son poids, la langue pendue et les yeux pétillants. Je m'empressai de me redresser en m'essuyant le visage, tout sourire, attendrie par son air joyeux.

Il aboya, comme s'il répondait à ma question, et il scruta vivement les alentours avant de mordre mon pull en couinant. J'entrouvris les lèvres de surprise avant qu'il ne recule encore en pointant ses oreilles vers moi. Je remarquai la balafre qui parcourait son dos et me figeai.

— Elyesa, compris-je.

Le compagnon d'Eden... Le berger allemand aboya encore et saisit à nouveau mon pull en gémissant, les yeux affolés, la fourrure fauve dressée.

— Si c'est Eden qui t'envoie, je suis désolée, mais je ne t'accompagnerai pas, lui murmurai-je.

Je n'avais aucune envie de le revoir depuis notre dernière discussion. Son silence, lorsque je lui avais demandé s'il me faisait confiance, m'avait touchée. Plus que je ne le pensais.

Elyesa couina encore et tira un peu plus mon haut. J'hésitai un instant. Et si Eden était en danger ? S'il lui était arrivé quelque chose ? Le chien, face à mon hochement de tête, tourna les talons en fouettant l'air de sa queue, et il détala pour me guider. Je le suivis en ignorant mon cœur serré d'appréhension.

Je n'étais pas prête à le revoir. Je l'avais évité,tout comme j'avais évité les deux autres Anges, et cela depuis deux semainesmaintenant. C'était puéril, je le savais bien, mais j'avais désiré prendre mes distances pour réfléchir à toute cette histoire. Pour agir égoïstement de mon côté en menant mon enquête. En pactisant avec Eytan.

Mais ça, il était inconcevable qu'ils l'apprennent.

Elyesa s'arrêta en humant l'air, et un grognement s'échappa de sa gueule. Je me postai près de lui en détaillant ce qui nous entourait, les muscles tendus. Qu'avait-il senti ? Il détala encore sans m'attendre, et je m'empressai de le suivre pour ne pas le perdre de vue, le souffle court. Pourquoi était-il si inquiet ?

Mon cœur s'alourdit. Je priais pour qu'il ne soit rien arrivé à Eden, à mes amis...

Les ténèbres commençaient à nous submerger, et même la lune ne pouvait éclairer notre chemin à cause du feuillage des arbres. Le chant des oiseaux nocturnes accompagnait nos pas effrénés alors que l'humidité se faisait ressentir pour me glacer les os. Des brindilles se brisaient sous mes talons, laissant le craquement sinistre se joindre aux différents bruits qui s'élevaient. Je pouvais même entendre le murmure d'un ruisseau.

Je n'aimais pas cet endroit qui était loin de tout.

Le chien s'arrêta enfin, et je fis de même en le regardant avec appréhension. Quand une odeur âcre s'infiltra dans ma gorge, un haut-le-cœur me saisit, avant que je ne blêmisse, le souffle de plus en plus court.

— Oh mon Dieu..., lâchai-je, figée.

Une sensation rappelant une lame glaciale dévala mon épiderme pour me figer. Mes poils se dressèrent sur ma nuque avant qu'une multitude d'émotions ne tournoient dans mon esprit.

Il y avait du sang. Partout. L'odeur de la mort planait, je mourrais d'envie de vomir. Des sueurs froides dévalèrent mon front alors que je m'approchais de ce terrible spectacle, la vue troublée par le dégoût. Par la pitié. La masse, qui gisait un peu plus loin, dans une flaque vermeille, reposait sous un arbre qui semblait vouloir la cacher de ses feuilles. J'avais presque l'impression que la personne dormait.

Elyesa m'observa en silence, posté près du cadavre. Je finis par m'abaisser près du corps en plissant le nez, ignorant mon haut-le-cœur provoqué par le dégoût, mais surtout par la peine.

La victime était une jeune femme de la vingtaine. Ses cheveux caramel baignaient dans du sang et s'en imbibaient pour ressortir son visage cadavérique. Ses paupières ouvertes dévoilaient des yeux bleus ternes, démunis de cette flamme vive qu'était la vie. Ils étaient fixes, contemplent éternellement le néant, la mort qui l'avait emmené pour une valse. Une plaie béante se situait au niveau de sa gorge sanguinolente, comme si on lui avait tranché avec une lame.

Une lame d'épée, à en juger par la taille de la blessure...

Le sang était frais, preuve que l'attaque était récente. Je déglutis péniblement avant de m'attarder sur ses vêtements déchirés au niveau de son dos. Mes sourcils se froncèrent avant que je n'étouffe un cri d'horreur en remarquant que deux plaies immenses se trouvaient au niveau de ses omoplates.

Exactement à l'endroit où se trouveraient les ailes d'un Ange.

Mais la personne n'était pas un Ange. C'était certain.

Qui avait pu commettre une telle atrocité ? Pourquoi mutiler le dos de cette Humaine ? On pourrait croire que le meurtrier avait voulu reproduire un schéma... Qu'il voulait représenter les plaies laissées par un Ange qui voyait ses ailes se faire arracher...

Ou d'un tentacule surgissant d'un dos...

Je détaillai les traits de la victime en priant en silence, chagrinée par le sort qu'on lui avait réservé. L'image des trois disparus me revint en mémoire, et je me sentis perdre pied.

Elle faisait partie de ces jeunes étudiants...

— Elyesa, tu devrais prévenir E...

Ma voix se tut en remarquant que le chien n'était plus là. Ma poitrine devint plus lourde. Je fermai un instant les yeux en faisant fi de la brise nocturne cherchant à repousser l'odeur âcre qui régnait en maître.

Si mes souvenirs étaient bons, la victime s'appelait Leila. Et elle avait un frère.

Il était le troisième disparu.

Peut-être n'était-il pas loin ?

— Elora, s'éleva une voix masculine.

Je me redressai avec hâte et me tournai. Lorsque mon regard crocheta celui de mon interlocuteur, l'agacement tordit mon visage.

— Ziv. Nathan.

Ziv m'observa de ses yeux perçants quand Nathan sourit à pleines dents en s'approchant de moi. Mon sang s'enflamma et je tendis la main pour matérialiser mon épée. Je la pointai vers lui pour le maintenir à bonne distance. Il m'avait peut-être aidé face au scorpion, mais il n'en restait pas moins un ennemi...

— Tout doux ! s'alarma-t-il. Je viens en paix !

Et il loucha sur la pointe de mon arme qui frôlait sa jugulaire. Je l'aperçus déglutir et son teint blêmir. Un pas, et je lui trancherais la gorge. Le vent souffla encore, agitant sa crinière.

— Et range ça, veux-tu ? Ces choses coupent, marmonna-t-il d'une voix étranglée.

— Non, tu crois ? rétorquai-je. On peut toujours essayer.

— Ça suffit, grogna Ziv en empoignant son coéquipier par le haut pour le reculer de mon épée.

Son attention se posa sur le corps qui se trouvait dans mon dos. Face à ses vêtements couverts de sang, la colère dans mes veines brûla un peu plus. Je le dévisageai en m'approchant d'un pas, mes doigts enserrant mon arme.

Quelle drôle de coïncidence, tout de même, qu'ils soient tous les deux présents, dans un sale état, alors qu'un corps reposait là.

— Est-ce vous qui avez tué cette Humaine ?

Nathan éclata de rire. Un rire nerveux. Il recula ensuite en me voyant approcher d'un pas calculé. Son rictus s'effaça avant que ses yeux bleus ne s'écarquillent de stupeur.

— Ah ? T'étais sérieuse ? paniqua-t-il. On n'y est pour rien ! J'ai l'impression de te répéter sans cesse cette phrase !

Il joignit ses mains pour m'implorer et poursuivit :

— Je te jure que nous ne lui avons rien fait !

Mais à quoi jouait-il, cet imbécile ? Alors que j'allais lui envoyer une réplique cinglante, Ziv se posta devant lui, le regard amer. On se défia en silence avant qu'il n'aboie :

— Il a raison ! dit-il. Tu es un Ange, non ? Ne devrais-tu pas être clémente ?

— Clémente ? répétai-je. Qui me dit que vous ne mentez pas ? Les Démons ne sont-ils pas réputés pour mentir ?

Nathan s'ébouriffa les cheveux en laissant l'agacement déformer son visage. Mais face à la sincérité de Ziv, je finis par me reculer.

— Je peux t'assurer que ce n'est pas un mensonge, Elora, continua Ziv.

— Ah oui ? Peux-tu me le prouver ?

Il soupira en haussant ses larges épaules. Nathan retrouva l'ombre d'un sourire et hocha la tête en se tapotant le nez.

— Oui, on peut le prouver ! Ils ne devraient pas tarder, d'ailleurs !

Et, avant que je ne comprenne, mon corps s'écrasa contre le sol. L'herbe me chatouilla le visage quand un gémissement m'échappa. Elyesa lécha à nouveau ma joue, sous le regard moqueur des Démons. Il venait vraiment de me renverser devant eux ? Ridicule ! Si j'avais réussi à intimider Nathan quelques secondes avant, c'était terminé.

— Je vois qu'Elyesa est content de te revoir.

Eden.

Un froid glacial m'engloutit. Le chien recula pour me permettre de me redresser, et il rejoignit joyeusement l'Ange blond. Je nettoyai mes vêtements en levant le nez vers Eden qui me dévisageait silencieusement de ses prunelles noires.
Du sang recouvrait sa mâchoire, ses vêtements, mais aussi ses ailes déployées.

Malgré moi, l'inquiétude rongea mes tripes.

— Que s'est-il passé ? demandai-je. Pourquoi es-tu blessé ?

— C'est peut-être de ma faute, admit Ziv en toisant froidement Eden.

Nathan rit encore et émit un sifflement se voulant mélodieux, les mains égarées contre sa nuque pour lui donner une allure nonchalante. Agacée, je les observai tour à tour, dans l'attente d'une explication.

— Disons que ton ami et Ziv se sont un peu volés dans les plumes avant que tu n'arrives, m'expliqua le Démon à la chevelure de blé. Quand on t'a entendu arriver, on est venu te saluer.

— C'est pour ça que nous te répétons que nous sommes innocents quant à ce meurtre, ajouta Ziv en se détournant enfin de mon ami. Nous étions occupés.

Eden grogna de frustration et replia ses ailes. Divers sentiments semblaient le ronger, à cet instant. Rancœur. Culpabilité.

Voilà la raison pour laquelle tous les deux étaient blessés, donc...

— Ils disent la vérité, confirma Eden d'une voix glaciale. Si Elyesa est venu te chercher, c'est parce qu'il s'inquiétait pour moi.

Et ses lèvres se soulevèrent en un sourire carnassier alors que ses pupilles se vrillaient dans celles de Ziv qui se crispa, les traits mauvais. La rancœur qui transparaissait de leurs pores était puissante, voire même écrasante.

qu'Eden avait attaqué Aela et que Ziv s'était interposé, ils ne cessaient de se défier. La haine qu'ils ressentaient à l'égard de l'autre était même insupportable. Inexplicable, aussi.

— Mais ça n'a servi à rien, ce misérable Démon a mordu la poussière, le provoqua-t-il.

La mine de Ziv s'assombrit davantage et, avant qu'il ne fasse un pas vers mon ami, je m'interposai en sifflant :

— Un pas de plus, et tu finis en pâtée pour Εάί.

Le Démon me dévisagea un long moment avant que ses épaules ne s'affaissent, et il soupira en reculant.

— Je n'ai rien contre toi, Elora, mais ton ami me tape sur le système..., grinça Ziv.

Je croisai les bras contre ma poitrine en dévisageant les trois hommes. Pourquoi s'étaient-ils battus, au juste ? Qui avait tué cette Humaine ? Ou pouvaient être les deux autres disparus ?

J'étais au sein d'une tempête de questions, malmenée par l'absence de réponses.

— Alors si vous n'y êtes pour rien, qui a tué cette femme ? les interrogeai-je.

Eden détourna vivement les yeux. Nathan, d'un revers de main, repoussa ma question et s'adossa à un arbre en toisant avec dégoût Elyesa qui lui grognait dessus, le poil hérissé.

— Qu'est-ce que tu as à me regarder, toi ? siffla-t-il en fronçant les sourcils.

Elyesa gronda un peu plus avant que Nathan se racle la gorge, ses yeux bleus se rivant dans les miens, et il haussa les épaules.

— Et comment peut-on le savoir ? s'agaça-t-il. On était trop occupé à régler le compte de ces abrutis d'Anges.

Ces abrutis d'Anges ?

Le regard de Nathan fixa un point fixe alors que le craquement d'une brindille s'élevait. En comprenant que quelqu'un s'approchait, je pivotai pour apercevoir Tyler, essoufflé, lui aussi dans un sale état. 

— Vous vous êtes donnés le mot ou quoi ? sifflai-je.

— Tes amis sont venus ici avant que tu n'arrives, et Eden s'en est pris à Ziv sans aucune raison, m'expliqua Nathan. C'tout.

Pourquoi s'en serait-il pris à lui ? Intriguée, je fixai Eden qui se mit à fuir mon regard, les joues légèrement rosies. Bon sang, mais que taisait-il ? Que se passait-il, à la fin ?

— Peu importe. De toute manière, le fait est que vous auriez pu sauver cette femme, mais vous étiez trop occupés à nous chercher des problèmes. Bonjour les Anges ! ricana Ziv avec amertume.

— Vous cherchez des problèmes ? répéta furieusement Tyler. Vous plaisantez ? Vous prétendez qu'on a attaqué sans raison, mais c'est faux ! Remettez les choses dans leur contexte. Si Eden s'est énervé, c'est parce qu'il vous a entendus !

Nathan perdit son air suffisant et dévisagea mon ami, les traits assombris, et il le pointa du doigt en aboyant :

— Et qu'a-t-il entendu ? Hein ?

Eden se massa les paupières en poussant un soupir de lassitude. Quand il les rouvrit, ses iris brillèrent de défi. Le murmure du cours d'eau brisa ce long silence, rejoint par le vent s'égarant dans le feuillage des arbres qui nous encerclaient.

— Ziv, tu disais à Nathan qu'Eytan vous avait demandé de mettre fin à la vie d'un humain pendant qu'il s'occuperait d'une deuxième personne.

Ziv retint son souffle avant de serrer si fort les poings que ses jointures blanchirent. Quant à moi, je réfléchis aux propos d'Eden. Eytan les avait donc envoyés tuer quelqu'un ? Qui ça ? Pour quelle raison ? Le corps rigidifié par la colère qui grondait dans mes veines, je craquai ma nuque en les dévisageant tous.

— Vous étiez en route pour tuer quelqu'un ? Qui ça ?

— Tu as donc écouté notre conversation, satané d'Ange ! cracha Ziv en m'ignorant. Tu n'as entendu qu'un bout de notre discussion, et tu te permets de faire des conclusions et t'en prendre à nous ? Moi qui pensais que les êtres célestes étaient bons !

— C'est vrai que vous, les Démons, vous valez mieux que nous. Le mot « pacifiste » vous colle à la peau, renchérit Eden.

La colère monta en flèche. Rien n'avait de sens. Que ça soit mes amis ou ces deux Démons, aucun d'entre eux n'agissait comme il le fallait. Ce que je voyais, personnellement, c'étaient des enfants.

— Vous êtes pareils, au final ! explosai-je. Ange ou Démon, vous ne valez pas mieux que l'autre !

Je pointai du doigt les deux Démons et poursuivis :

— Vous, là ! Vous n'êtes pas à plaindre, dans cette histoire ! Vous étiez en route pour tuer un Humain ! Avez-vous seulement conscience de la cruauté dont vous faites preuve ?

Ils me toisèrent en gardant le silence. Tyler approcha, prêt à dire quelque chose, mais je repris, à bout :

— Et vous... Le devoir d'un Ange n'est pas de protéger les Hommes ? Vous auriez pu venir au secours de cette jeune femme à temps. Mais au lieu de cela, vous continuez votre petite guéguerre avec les Démons.

Un rire sans joie m'échappa avant que je ne fusille du regard Nathan qui me dévisageait, la bouche entrouverte, l'air hagard. 

— Et arrête de me regarder comme ça, sombre idiot !

Ils me mettaient tous en rogne ! Je ne supportais plus cette querelle entre eux, ni de voir ce corps au visage démontrant toute la souffrance ressentie de son vivant. Personne ici ne respectait la mémoire de cette Humaine.

Personne.

Comment mes amis et ces imbéciles de Démons pouvaient-ils autant manquer de respect aux défunts ? Une petite dispute valait-elle plus qu'une prière pour guider une âme ? J'aurais mille fois préféré me retrouver seule, à cet instant, pour que la mort de cette Humaine soit un minimum respectée...

Peinée, je me détournai du corps gisant sur l'herbe souillée par du sang, la tristesse s'amusant à malmener mon cœur.

— Je vois que les esprits s'échauffent ici.

— Sérieux ? m'écriai-je. C'est une réunion ou quoi ?

Un ricanement me répondit avant qu'une frêle silhouette ne s'approche pour s'extirper des ténèbres. D'un pas gracieux, Aela s'approcha, le visage illuminé par les rayons de la lune filtrant à travers les feuillages. Ses boucles blondes suivirent chacun de ses pas alors que ses yeux noisette riaient de la situation.

— Ziv. Nathan. Rentrez, dit-elle en m'ignorant. La mission a échoué. C'est trop tard.

Ziv jura et marmonna quelque chose tandis que Nathan gardait le silence, les yeux rivés au sol.

Aela se tourna ensuite vers nous. Ses prunelles heurtèrent ceux d'Eden. Lui la dévisagea longuement, les muscles tendus et les sourcils froncés. Ensuite, la Démone me toisa longuement en retroussant ses lèvres charnues en un sourire moqueur.

— Ravie de t'avoir revue, Elora.

Et elle déploya ses ailes, bientôt suivie par les deux autres Démons. Elle s'approcha de Ziv pour lui caresser tendrement la joue, peut-être dans l'espoir de le détendre. Il la couvrit d'un regard brûlant, les épaules moins raidies.

— Eytan... A-t-il réussi ? lui demanda-t-il, les yeux brillants d'espoir.

— Non. Il est arrivé trop tard, lui aussi.

Ziv opina d'un air abattu quand Nathan jura en nous toisant avec haine alors que j'assimilais les propos d'Aela. Que se passait-il, à la fin ?

— Vous, bande de piafs écervelés ! C'est à cause de vous ! s'énerva Nathan. La prochaine fois, occupez-vous de vos auréoles ! Quand comprendrez-vous ? Réfléchissez, putain, vous ne voyez rien !

Et il battit des ailes dans un bruissement qui imposa le silence à l'assemblée. Fou de rage, il prit son envol sans rien ajouter de plus. Ziv lança un dernier coup d'œil haineux à Eden et s'envola à son tour, laissant Aela face à nous, la mine sérieuse. D'un geste félin, elle pivota sur elle-même en nous observant avec intensité, comme si elle cherchait à lire en nous.

— Pour une fois, Nathan n'a pas tort, nous annonça-t-elle. Occupez-vous de vos affaires. Vous ne pouvez pas comprendre. Vous, les Anges, êtes trop aveuglés par l'envie de faire le bien, que vous ne voyez plus le mal. N'est-ce pas ironique ?

Elle avait étrangement raison... Une flamme, à force de trop vouloir illuminer, finissait par s'éteindre. Résultat : pas même elle n'avait une source lumineuse. De même pour un Ange, il cherchait à faire le bien qu'il finissait par oublier de vivre pour autre chose.

Le Bien et le Mal ne formaient qu'un. L'un ne vivait pas sans l'autre. Sans ça, il n'y avait aucune égalité, aucun équilibre. Un Ange devait le comprendre. La bonté n'était pas toujours gagnante. Bien au contraire.

— Vous vous voilez la face, en avez-vous conscience ? Il y a un tas d'indices sous vos yeux, mais vous préférez les ignorer, quitte à nous accuser, à tort.

Eden s'approcha d'Aela d'un pas menaçant, le torse bombé et les yeux brillants de fureur. Elle leva le doigt en soutenant son regard en signe d'avertissement, nullement déstabilisée par son humeur massacrante.

— Que vas-tu faire ? Me réserver le même sort que Ziv ? Seulement parce que j'énonce les faits ? Fais-toi plaisir, Eden. Fais-moi souffrir, alors, ronronna-t-elle.

Un sourire sensuel fendit son visage avant qu'elle ne s'humecte les lèvres, une lueur démoniaque traversant son regard. J'observai la scène sans mot dire, troublée par l'atmosphère pesante qui nous entourait, par ce qui émanait d'eux. Même Tyler retint son souffle.Eden tiqua et s'arrêta en l'observant longuement, hésitant quant à ce qu'il devait faire. Devait-il l'attaquer ou l'ignorer ? Aela était maligne. Elle le provoquait, elle cherchait à le pousser à bout. Elle se servait également de son charme démoniaque pour le troubler plus qu'il ne l'était déjà.

Devant le regard dévorant d'Eden, qui semblait déstabilisé par son air sensuel, Aela sourit un peu plus et lui fit un clin d'œil avant qu'elle ne prenne à son tour son envol en provoquant une légère bourrasque.

Perdue, je restai debout en rangeant mon épée, puis j'approchai du cadavre en croisant encore les bras. La colère fut bien vite remplacée par la tristesse. Cette pauvre Humaine... Pourquoi n'avais-je pas été là plus tôt ? Peut-être aurais-je pu lui venir en aide ? Peut-être aurais-je pu découvrir son meurtrier ?

La vie était parfois mal faite, elle qui cherchait à nous faire douter, pour qu'on tente de refaire le monde avec des si, sans que nous ne puissions le changer avec des actes.

Le destin était bien cruel.

Ignorant le silence religieux qui m'écrasait, ainsi que les deux Démons, je m'agenouillai sans cesser d'observer le corps.

— Elora..., souffla Tyler.

— Silence, le coupai-je en gardant mon attention rivée sur la pauvre femme. Vous en avez assez fait. Aidez-moi, plutôt...

Eden se joignit à moi, perdu dans ses pensées. Il tenta plusieurs fois d'accrocher mon regard, mais à chaque essai, je le toisai avec fureur. Lui en voulais-je par rapport à notre dernière discussion, ou étais-je blessée parce qu'il n'avait pas été là pour aider cette Humaine ?

Je ne le savais pas moi-même...

Le fait était que cette femme était morte. Par leur faute, mais aussi par la mienne. J'étais arrivée trop tard. Mais eux... Ils auraient pu la sauver, s'ils n'avaient pas cherché à affronter les Démons.

Mais la finalité, dans tous les cas, n'aurait pas été la même ? Le destin n'était-il pas ainsi ? On avait parfois plusieurs options, mais qu'importait notre choix, le résultat restait inchangé.

Pouvais-je donc leur en vouloir ? Non, évidemment que non. Ils ne pensaient pas à mal, et ils devaient assez culpabiliser comme ça...

Pourtant, je ne dis rien. Je me contentai simplement de m'occuper du corps avec l'aide des deux Anges. Mais de nombreuses questions me tourmentaient. Qui était le meurtrier ? Où était-il ?

Et où étaient les deux autres disparus ? Étaient-ils en vie ou non ?

Hello le peuple !❤️

Alors je publie parce que je ne vais pas pouvoir écrire GOTD jusqu'à mai à peu près ! Donc pour vous faire attendre voici un bon gros chapitre !😏

Alors pour commencer, qu'en avez-vous pensé ?

Des avis par rapport aux personnages ? Elora ? Les Démons ? Les Anges ?😏

Le petit Elyesa ?😍

Des théories ? Que voulez faire les démons à votre avis ? Qu'est-ce qui est trop tard ?

Lâchez-vous les amis ❤️

Ensuite, je vous préviens, mais je vais changer le titre du roman, parce que l'actuel ne me plait vraiment pas, il est commun et bah... pas très réfléchi !😂

Donc je cherche des titres en rapport avec le roman, si vous avez des idées n'hésitez pas, il faut seulement que ça soit en français et pas en anglais ! 😂

Ensuite, je ferais un tome 2, tout bien réfléchi, car si je fais une partie 2, ça ferait beaucoup trop de chapitres pour un seul livre, puis j'ai commencé une couverture pour le prochain tome ! 😘

Voilà voilà ! Gros bisous et désolée pour ce long paver ! 🙏🏽

Musique en média : Ruelle - War of hearts

~Chapitre revu~

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