Chapitre 20
« Comment réagir lorsque l'un de nos proches faisait face à un danger sans que l'on ne puisse réagir ? »
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Tyler maintenant toujours mon poignet avec fermeté. Son teint livide ressortait la lueur affolée luisant dans son regard. La situation lui échappait, autant qu'elle m'échappait. Je le suivais sans réellement prendre conscience de ce qu'il se passait, heurtée par l'effroi qui émanait de lui.
Quand je regardai derrière moi, la gravité de la situation me frappa de plein fouet. La créature titanesque nous poursuivait toujours en poussant des hurlements à en faire trembler la terre. Le sol semblait lutter pour ne pas céder sous ses pas effrénés. Mais d'où venait cette chose ? Il n'y en avait pas dans mon monde !
Un léger grésillement perça le bourdonnement de mes oreilles, et j'aperçus un léger éclat. Je m'agitai.
— Tyler ! Attends ! m'exclamai-je en me retirant de sa poigne.
Il me lança un coup d'œil perplexe sans arrêter de courir, alors que je m'arrêtai, figée.
— Arrête-toi ! m'écriai-je.
Mais il ne m'écouta pas. Une lumière intense m'aveugla alors qu'un hurlement de douleur résonnait dans mon crâne. Je clignai des cils avec inquiétude, le teint blême d'appréhension, et un vertige me secoua quand je vis le corps de Tyler à terre, parcouru de soubresauts.
La bile remonta dans ma gorge à cette vue. Je m'empressai de le rejoindre en ignorant les hurlements de la bête et posai ma main sur son torse qui se relevait beaucoup trop vite. Ensuite, je scrutai les environs pour constater que nous étions prisonniers d'un dôme pratiquement invisible envoyant des petites étincelles rosâtres.
J'avais vu juste. Nous étions pris au piège dans les bois, bloqués par une force invisible qui nous assaillait si nous essayions d'en sortir. Mon ami en avait payé les frais.
Il tenta de rouvrir les yeux, à en juger par le tressautement de ses paupières, et un long gémissement traversa l'orée de ses lèvres. Je me concentrai sur lui, les mains toujours posées contre son torse, mais les pas frénétiques du monstre continuaient et me faisaient trembler, impossible de rester immobile.
Impossible de le soigner dans l'immédiat, pas avant que la bête ne soit arrêtée.
— Pitié, Tyler, soufflai-je. Crève pas maintenant. J'ai besoin de toi pour battre cette chose.
Un rugissement effroyable s'éleva pour faire écho dans l'entièreté de mon être. Je grimaçai en daignant enfin lever la tête vers le scorpion, les muscles noueux. Le point positif était que, grâce à ce dôme, les Humains ne pouvaient pas voir ce qui se passait dans le bois, et s'il était impossible d'en sortir, il en était de même pour y entrer.
Alors je me redressai en ignorant mes jambes vacillantes et levai le nez vers le monstre, le sang échauffé et le cœur serré à l'égard de mon ami. Mes ailes se déployèrent enfin dans un bruissement tandis que je serrais mon épée.
— Amène-toi ! m'écriai-je.
Mais était-ce à l'attention de ce monstre, ou de celui qui nous avait emprisonnés ici ?
Le scorpion émit un rugissement qui fit trembler le sol, et en voyant des petites bêtes être propulsées par sa gueule béante, mon estomac se tordit de dégoût.
Comment allais-je faire face à cette bête ? Impossible de prévenir mes amis. Ils ne pouvaient pas pénétrer dans le bois et, pour me débarrasser de cette force invisible, je devais me débarrasser de cette chose.
Mais seule avec un blessé, mes chances de réussir étaient minimes...
Lorsque des ronflements parvinrent à mes oreilles, je retins mon souffle en lançant un regard interloqué à Tyler. Devant son visage maintenant paisible, mon sang bouillonna et repoussa l'inquiétude. S'était-il vraiment endormi ? Comment osait-il ?
Le monstre feula encore, envoyant de nombreux scorpions vers moi. Je me protégeai d'eux en fendant l'air avec mon arme et en sectionnai quelques-uns en éloignant les autres à distance raisonnable, grimaçant parfois lorsque leur sang verdâtre se répandit sur mon visage brûlant.
— Tyler, tu as plutôt intérêt à te réveiller, ou je te tue moi-même, si ce n'est pas le monstre qui le fait ! grognai-je.
Un scorpion fonça sur moi. Je pivotai sur le côté pour l'éviter et, d'un coup de pied, je l'envoyai sur mon ami. La bête se maintint à lui en enfonçant ses canines dans sa chair. Je grimaçai, compatissante, tandis que l'Ange ouvrait les yeux brusquement. Il poussa un hoquet de surprise et se redressa en sautillant. Il empoigna la bête, sous mon regard ahuri, qui se mit à gesticuler en hurlant avant de s'enflammer pour finir en cendres.
Au moins, il était réveillé.
— Quelle misère ! s'agaça Tyler. Ils vont voir de quel bois je me chauffe !
Un halo l'enveloppa quand il déploya à son tour ses ailes crème dont le bout des plumes rappelait de l'or. Ses boucles rousses virevoltèrent quand il leva le menton avec arrogance, ses yeux émeraude brillants de haine. Deux épées se matérialisèrent, et il les empoigna avec véhémence.
— Et dire que je suis venu ici parce que j'ai vu Brooke qui prétendait vouloir te passer un message... Quel abruti je suis de l'avoir écouté.
Brooke ? Pourquoi l'aurait-elle piégé ? Je me rembrunis en repensant au fait que son âme appartenait à Eytan. Forcément...
La bête rugit à nouveau avant d'envoyer sa tête massive vers nous, gueule entrouverte, prête à refermer ses dents sur nous. Je pris mon envol en même temps que Tyler, et battis des ailes dans un souffle puissant.
— Tyler ! l'interpellai-je. Attire son attention et, si possible, utilise ton pouvoir pour brûler de ses membres afin de le paralyser ! Quant à moi, je vais essayer de lui crever un œil.
Sa vision était large. Si je parvenais à infliger une blessure au niveau de ses yeux, la bête aurait un énorme handicap. Il nous serait plus facile de l'atteindre, ainsi.
Tyler opina et battit des ailes pour s'élancer vers notre adversaire. Il virevolta autour de lui, ce qui lui arracha un hurlement d'agacement, et il tenta d'envoyer le venin de sa queue sur lui. L'ange évita l'assaut alors que le membre percutait le sol dans un bruit assourdissant, provoquant un nuage de fumée.
Mon ami plaça ensuite ses mains en avant et une lueur orangée s'en dégagea. De nombreux cris stridents s'élevèrent : le hurlement d'une multitude de scorpions. L'une des pattes du monstre noircit, ce qui m'arracha un sourire. Il brûlait les nombreuses bêtes qui formaient le membre de cette créature effroyable.
Je m'approchai prudemment du monstre qui s'agitait, prête à l'assaillir, mais il tenta de me heurter. Je l'évitai de justesse avant qu'il ne se cabre en envoyant son membre arrière vers Tyler. Mon cœur rata un battement alors que je fonçais vers lui, animée par la volonté de le protéger.
Mais je ne fus pas assez rapide.
Tyler fut percuté de plein fouet. Un hurlement de douleur lui échappa alors qu'il chutait. Je vis son corps tomber en ralenti, percutant violemment la terre et de la fumée s'envola autour de lui. Rapide, je battis des ailes et, lorsque mes pieds atteignirent le sol, je fonçai dans le nuage terreur qui s'élevait sans pitié, ignorant la fumée se propageant dans mes poumons meurtris.
— Tyler ? l'appelai-je, la gorge nouée.
Aucune réponse.
Le cœur battant douloureusement et la bouche pâteuse, je scrutai avec difficulté les alentours, les oreilles bourdonnantes, les tripes retournées.
J'étais terrorisée.
Comment réagir lorsque l'un de nos proches faisait face à un danger sans que l'on ne puisse réagir ? Un goût âcre titilla ma langue : celui de la peur et de l'impuissance.
Le silence régna. Je n'entendis plus rien, pas même la bête qui grognait. Impossible de voir ce qui m'entourait tant la fumée qui s'élevait était épaisse et terreuse. L'appréhension dévorait mes entrailles, me retournait l'estomac.
Je devais le retrouver.
Mais qu'allais-je voir ?
J'avais si peur de retrouver son corps sans vie, baignant dans une mare de sang.
Assourdie par les battements de mon cœur, je secouai la tête. Non, il était forcément en vie ! Il était un Guerrier ! Il fallait simplement que je le retrouve et, ensuite, on se battrait contre cette bête titanesque.
Une goutte de sueur perla le long de ma nuque et ma gorge se noua davantage.
Qui voulais-je leurrer ? Avec une chute pareille, personne ne survivait. Pas même un Ange.
La bête m'asséna un coup sans que je ne puisse me défendre. Mon corps vola contre un arbre et mon souffle se coupa. Je sentis du sang s'écouler à l'arrière de mon crâne, et une grimace déforma mes lèvres asséchées. Avant que je ne reprenne pleinement conscience, le bout de l'une de ses pattes fonça droit sur moi pour se plonger dans mon bras gauche. Un hurlement sinistre déchira ma gorge, et ma vue se troubla. Un liquide poisseux s'échappa de ma plaie.
La griffe, formée par des scorpions plus petits, s'agita dans ma chair et me souleva l'estomac dans un haut-le-cœur violent. Mon corps se détacha du sol alors que la créature me rapprochait de sa gueule béante, là où une multitude de bêtes s'en écoulaient, telle de la salive. Un frisson me parcourut et je luttai avec peine pour garder les yeux ouverts.
Si je les fermais, je risquais de ne plus les rouvrir.
Mon adversaire rugit. Mes cheveux virevoltèrent sous la puissance de son hurlement, projetant d'autres scorpions, avant que la douleur au niveau de mon bras ne s'amplifie, m'assombrissant la vision. Meurtrie, j'agitai mon membre sanguinolent avant de grimacer. Mon corps, toujours suspendu dans le vide, trembla un peu plus, simplement maintenu par ce monstre.
La bête s'agita encore, et sa griffe s'enfonça davantage dans mon bras, ce qui provoqua un craquement sinistre. Je hurlai à nouveau, aveuglée par la douleur vive.
— Elora !
Un sifflement s'éleva dans l'air. Et, à travers ma vue trouble, je remarquai que la patte qui me maintenant, toujours plantée dans ma chair, fut arrachée du corps de la bête. Les minuscules insectes dans ma plaie s'agitèrent un peu plus, provoquée des milliers de fourmillements, prêtes à m'arracher un cri.
Ils s'échappèrent avec empressement de mon bras alors que je tombais dans le vide en fermant les paupières, prête à encaisser le choc.
Pourtant, l'atterrissage ne fut pas douloureux.
— Oh, Elora, ouvre les yeux.
Avant que je ne réagisse, je sentis que le reste de la griffe du monstre fut arraché de ma peau. Je serrai les dents pour ne pas hurler et rouvris les paupières pour croiser le regard d'Aela.
— Ne me regarde pas comme ça. Moi aussi, j'aimerais être ailleurs que coincée ici. Aide-nous plutôt à en finir avec ce truc.
Elle posa ses mains sur mon bras qui formait un angle étrange, et un vertige m'assaillit à cette vue, répugnée par ce que je voyais.
— J'espère que tu n'es pas douillette, reprit la blonde.
Et, avant que je ne renchérisse, un craquement sinistre s'éleva dans l'air, suivi de mon propre hurlement. Je me tendis en serrant la mâchoire, la vue brouillée et le souffle haché. Quand mon vertige se calma, je reportai mon attention sur mon bras, remis en place, et posai avec hâte ma main dessus en laissant une douce chaleur se propager dans mes veines. Je me sentis faiblir un peu quand mon pouvoir de guérison s'étendit.
— Bien, lâcha Aela, moqueuse. Je m'attendais à pire, venant de toi.
Un soupir m'échappa quand la douleur dans mon bras s'apaisa, et je reportai mon attention sur Aela, curieuse quant à sa présence. Elle haussa les épaules, tout sourire.
— Mais que..., commençai-je avant de me figer. Tyler !
Tremblante, je reculai en observant les alentours, le front moite de sueur.
— Tyler ! hurlai-je.
— Elora ?
Cette voix... Ce n'était pas Tyler.
Je me tendis un peu plus avant de suffoquer. Aela fronça les sourcils face à mon teint blême et, lentement, je me tournai vers le nouvel arrivant pour croiser son regard bleu.
— Nathan ? murmurai-je.
Il esquissa un rictus en bombant le torse.
— Je vois que tu te portes bien ! Heureusement qu'Aela était là, hein ?
— Mais... Que faites-vous ici ? les interrogeai-je d'une voix tremblante.
Nathan perdit son sourire et plissa le nez, comme si je l'avais vexé.
— Quoi ? C'est tout ce que tu trouves à dire, alors qu'Aela t'a sauvé la mise ? Ce n'est pas très gentil, tu me brises le cœur.
Je me redressai, plongée au cœur de mes tourments, les sourcils froncés et le souffle encore haletant.
— Où est Tyler ?
Un coup d'œil en arrière me permit de constater qu'Aela n'était plus là. Je regardai ensuite ce qui nous entourait et pris conscience que Nathan et moi nous trouvions dans une sorte de dôme perlée, nous protégeant du monde extérieur, ainsi que du monstre qui ne pouvait plus nous voir.
Si les Démons étaient ici, c'était la preuve qu'ils étaient là avant que le lieu ne soit bloqué... Mais que fichaient-ils là ?
Et pourquoi m'avaient-ils aidé ?
Nathan s'approcha de moi avant de poser ses mains sur mes épaules, les traits tirés et le regard brillant. Ses mèches blondes retombant devant son front cachaient à peine l'entaille ensanglantée qui traversait sa peau. Comment s'était-il fait ça ?
Crispée, je le dévisageai. Il souffla alors que j'appréhendais la suite.
— Elora... Ton ami n'a pas survécu.
Et là, j'entendis mon cœur éclater.
Helloooooo 😘
Je suis vivante les gaaaars désolée pour le retard hihi
J'espère que vous allez aimé ce chapitre bien pourri ! J'avais pas d'inspiration du coup j'ai pondu du caca ! Mais bon 😂
Bisous et je vais me remettre à publier les autres romans aussi ! ❤️
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