Chapitre 18
« Etait-il possible d'abattre la mort ? »
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Une seule mission : protéger les Humains.
Et je n'en étais même pas capable.
Une bonne à rien, c'était ce que j'étais.
J'avais failli à ma mission. Encore.
Les Anges étaient censés protéger les Hommes. Veiller sur eux. Les sauver. Mais comment les protéger quand un Démon était à nos trousses et s'en prenait aux personnes qui nous entouraient ? C'était de ma faute. Il s'attaquait aux pauvres Humains qui avaient le malheur de croiser ma route.
Il était la Mort. Je semais le chaos.
Un simple message. De simples mots. Toute une histoire. Et une punition pour mon manque de sérieux.
Le regard à la dérive, comme mon cœur, et la nuque raidie, je repoussai difficilement mes pensées en ignorant Tyler qui me dévisageait. D'une voix blanche, je m'excusai, sous les yeux scrutateurs d'Eden.
Pourquoi n'avais-je pas écouté mon intuition ? J'aurais pu la sauver...
J'affrontai alors mes démons, le cœur lourd. Il fallait que je la regarde. Que je constate à quel point j'étais fautive.
La bibliothécaire baignait dans une mare de sang. Ses grands yeux étaient égarés dans le ciel, démunis de vie, preuve que son âme l'avait quittée. Sa bouche grande ouverte semblait ravaler un hurlement figé. Je sentis mon cœur se serrer, lui qui avait la chance de battre encore.
Même si cette femme ne respirait plus, son expression prouvait qu'elle avait souffert. Qu'avait-elle pu voir pour afficher une pareille expression ?
Je continuai de l'observer, l'estomac retourné par cette vision d'horreur, mais aussi par l'odeur qui planait. Une plaie béante s'ouvrait au niveau de sa poitrine encore sanguinolente. Je m'en détournai pour m'attarder sur la masse de cendres qui se situait là où devaient être ses jambes.
Il lui avait brûlé ses jambes.
Une main pressa mon épaule. Je croisai les pupilles sombres d'Eden et, doucement, il me prit dans ses bras, peiné par mon état. Sa chaleur m'enveloppa et m'arracha un soupir.
— Arrête de te sentir coupable, murmura-t-il à mon oreille. Tu n'y es pour rien.
Je m'écartai, la gorge nouée. Un coup d'œil vers la bibliothécaire enflamma mon sang. Si. J'étais coupable. Coupable d'avoir croisé sa route. Coupable de ne pas avoir écouté mon intuition.
Coupable d'être la proie d'Eytan.
« Et ça tombe bien, je suis la Mort. »
Cette voix semblait résonner dans mon esprit pour lanciner mon crâne, semblable à une litanie. Il lui avait ôté la vie, comme il l'avait fait avec Brooke et tant d'autres...
— Je n'ai pas pris au sérieux ces menaces..., grondai-je. Je n'ai pas fait mon travail ! Je n'ai pas réussi à la sauver...
Ma voix se brisa avant qu'une petite douleur ne martèle mes tempes.
— Mais je peux faire quelque chose...
Eden haussa les sourcils, surpris par mon ton glacial, la mine inquisitrice.
— Si je ne peux pas protéger les humains de ce monstre, je peux faire en sorte qu'il ne cause plus de problèmes.
Un rictus fendit mon visage. Âlma, postée derrière mon ami, m'observait avec stupeur, son teint bien plus pâle que d'habitude.
— Et pour ça, il suffit de le tuer. Il ne pourra plus faire de mal à qui que ce soit.
Tyler se pinça les lèvres alors que la brunette écarquillait les yeux. Eden, lui, n'exprima rien. Ses pupilles s'enflammèrent ensuite d'un drôle d'éclat.
Et il éclata de rire.
— Tu veux tuer Eytan ? répéta-t-il dans un rire.
Mes muscles se raidirent. Avant que je ne renchérisse, il reprit :
— C'est comme si tu me disais que tu voulais abattre la Mort.
Vexée, je croisai les bras, mais ses paroles continuèrent de se répéter. Eytan était la personnification même de la Mort, oui.
Seulement, était-il possible d'abattre la Mort ?
Nous cherchions à arrêter les Démons, nous, les Anges. Mais Eytan était au-dessus de cela. Nous avions bien vite compris qu'il ne pouvait être terrassé. Mais j'étais lasse. Comment mener à bien notre mission si nous ne l'arrêtions pas ? Nous nous voilions la face depuis quelques temps, mais il fallait que cela cesse.
Il fallait qu'on l'arrête.
— Il doit bien avoir un point faible, crachai-je. Personne n'est intouchable.
— Tu sais bien que nous ne sommes pas de taille, répliqua Eden. Nous ne savons rien de lui. Nous devons encore rassembler des informations à son sujet avant de prendre des risques.
— Il a raison, affirma Âlma. Et puis, notre priorité, pour le moment, c'est de trouver qui est derrière toutes ces disparitions.
Mais si c'était Eytan, qui causait la disparition de ces Humains ? Nous savions qu'il les tuait, alors ça ne m'étonnerait pas. Pour que tout cela cesse, il fallait qu'il soit hors d'état de nuire... Mais ils avaient raison. Cet homme n'avait rien à voir avec tous les Démons qu'on avait pu affronter auparavant. Nous ne savions rien de l'étendue de ses pouvoirs. Tenter quelque chose contre lui serait bien trop risqué.
L'Ange blond se détourna enfin pour examiner à nouveau le corps. Plongés dans une ruelle, là où aucune âme n'errait, nous cherchions encore des indices. Et, ce qui me troublait le plus, c'était que le lieu dans lequel nous nous trouvions était une ruelle. La même que dans mon songe.
Eden me congédia en remarquant mon air épuisé. Je m'éloignai donc d'eux en poussant un soupir à fendre l'âme, et je quittai la ruelle sombre pour me retrouver dans un chemin pavé où la lueur de la lune se reflétait sur le sol humide. Le bruit de mes pas se joignait aux battements furieux de mon cœur.
Pendant un long moment, je continuai de marcher jusqu'à me retrouver sur le sommet d'une falaise, animée par le désir de m'éloigner de mes problèmes. Ici, je surplombais la ville et les lumières qui l'animaient. Je me sentais si grande. Si loin de tout. Mais ce n'était qu'une illusion. Qu'une pause, le temps d'un instant, avant le retour à la réalité.
J'étais épuisée de me poser tant de questions. Que pouvait être Eytan, s'il n'était pas un simple Démon ? Comment l'arrêter ? Nos alliés présents dans nos mondes nous étaient d'aucune utilité. Savaient-ils au moins que nous étions sur Terre ? En avaient-ils quelque chose à faire ?
La majorité des Anges qui descendaient sur Terre était des Gardiens, leur préoccupation n'était pas les Démons, mais bien protéger l'Humain qui leur était assigné.
Et puis... Si les autres ne nous étaient d'aucune utilité, c'était normal. Mon cœur se serra à cette pensée. Et Dieu, lui ? Pourquoi ne se manifestait-il donc jamais ? Son manque d'action me faisait parfois douter de son existence...
Depuis que j'avais rencontré Eytan, je doutais d'un tas de choses. Ma vie ne se résumait qu'à la mort. Partout où j'allais, les âmes périssaient.
Mais je ne pouvais pas abandonner. Pas quand personne ne cherchait à lui faire face...
J'avais juste besoin d'une pause...
Quand un souffle froid effleura ma peau et que je ressentis une présence, je relevai le nez et croisai le regard brillant d'un Fantôme. La vieille dame... Elle me contempla en silence, son corps vaporeux flottant à quelques mètres du sol.
— Vous...
Sa bouche forma un petit sourire, et elle s'approcha un peu. Je fus frappé de sentir à quel point sa présence était chaleureuse. Bienveillante. C'était bien la preuve que, de son vivant, elle avait été une bonne personne.
« Je suis contente d'enfin pouvoir discuter avec toi. »
— Je vous ai aperçu plus d'une fois ! J'ai essayé de vous interroger, mais vous disparaissiez si vite.
« Je le sais, oui... Mais tu étais constamment entourée. Et je suis trop faible pour rester dans un lieu animé. »
Perplexe, je la dévisageai avant que je ne l'interroge :
— Auriez-vous assisté à des choses ? Savez-vous ce qu'il se passe ici, en ce moment ? Je suis désolée de vous le demander ainsi, mais je crois que je suis un peu perdue...
Le doux sourire qu'elle afficha réchauffa un peu ma poitrine, mais elle secoua la tête en soufflant :
« Pour être sincère, et comme je te l'ai dit, je suis faible, il m'est impossible d'aller là où je veux et y rester un long moment. Pire encore quand une énergie malfaisante règne. »
Déçue, je hochai la tête. Certains Fantômes, ceux présents sur Terre depuis trop longtemps, se voyaient faiblir. Il leur était donc difficile de contrôler leurs mouvements, de rester quelque part le temps qu'ils le désiraient. Je savais aussi qu'une énergie sombre les atteignait davantage, ce qui les repoussait bien souvent.
Je compris vite qu'elle errait donc sur Terre depuis trop longtemps. Cela m'enserra le cœur de peine.
« Mais je sens que quelque chose de grave se passe. Nous le sentons tous. J'étais là, lorsque cet homme que tu as questionné souffrait... Je l'ai vu s'agiter, j'ai vu le mal le ronger. »
— Frédérick ? m'enquis-je.
Elle opina, ses yeux brillants avec intensité. Oui, je me souvenais de l'avoir croisé, mais elle s'était volatilisée très rapidement.
« Quand j'ai croisé ton regard et que j'ai vu la pureté qui t'animait, j'ai ressenti de l'espoir. J'erre ici depuis si longtemps ! Savoir que quelqu'un pouvait enfin me voir m'a donné l'impression de revivre. »
Sa bouche forma à nouveau un sourire avant qu'elle ne poursuive :
« Je t'ai donc suivi plusieurs fois, dans l'espoir de pouvoir discuter avec toi, mais je n'ai jamais trouvé le bon moment. Il faut dire que tu es très occupée avec cette histoire de Démon... »
— Vous étiez là, lorsque je cherchais mon amie. C'est vous, qui m'aviez indiqué le chemin à suivre.
Lorsque les Démons s'en étaient pris à Laurie, ce Fantôme s'était matérialisé en me disant de faire attention. Elle s'était volatilisée aussi vite, probablement rejetée par l'énergie démoniaque qui la cerclait.
« Oui. Je suis désolée, à part ce jour-là, je n'ai pas réussi à t'aider davantage. J'ai essayé, pourtant, de mener mon enquête de mon côté, dans l'espoir de t'aider, mais l'énergie malsaine qui plane me prend trop d'énergie. Pardonne-moi... »
— Vous n'avez pas à vous excuser, lui dis-je en affichant un sourire. Ce n'est pas votre rôle.
L'espoir qui illumina son regard m'apporta beaucoup de réconfort, avant que je ne baisse la tête, à nouveau écrasée par le chagrin.
« Tu sais, petite, tu ne dois laisser personne effacer ton sourire. C'est ta seule arme dans ce monde qui n'est que tristesse et désolation. »
Elle contempla à son tour la ville en soupirant.
« J'ai cru comprendre que ta situation était difficile, et je te dis ça sans te connaître, ni connaître les enjeux de ce qui se trame, mais je ressens ton chagrin, je vois que le doute te ronge. Mais c'est normal d'avoir envie d'abandonner, tu sais ? Ironiquement, c'est humain. »
Oui, je le savais, mais comment pouvais-je me montrer confiante, quand j'étais si faible ? J'étais perdue : persister sans être certaine de réussir à affronter l'adversité, ou accepter mes faiblesses et abandonner ?
Que faire, bon sang ? Je ne pouvais tout de même pas baisser les bras, quand la vie de tant d'Humains était en jeu... Et puis, je n'en avais aucune envie.
« Garde toujours en tête que la vie n'est pas toujours facile. Mais tu vivras énormément de choses. Tu passeras par des phases sombres, c'est vrai, pourtant, ça en vaut la peine, car la destination est plus que resplendissante. Même s'il y a des embûches, ne baisse jamais les bras. Et, quand tu es prête à abandonner, rappelle-toi des bons moments qui t'ont le plus marqué. »
Mes lèvres frémirent avant que je ne hausse les épaules, mais elle poursuivit :
« Tu dois comprendre qu'il ne faut jamais cesser de se battre. Se battre pour vivre. »
— Se battre pour vivre..., répétai-je. Beaucoup se battent dans l'espoir de vivre, et pourtant, ça ne mène à rien. Alors je vais vous contredire, j'en suis désolée, mais certaines personnes se battent dans l'espoir de voir leur vie s'embellir sans qu'elles n'y parviennent. Elles souffrent sans cesse alors qu'elles n'ont rien fait pour mériter cela. Et, à côté, il y en a qui vivent paisiblement sachant qu'ils ont commis des atrocités. Ce n'est pas logique.
Je ne le savais que trop bien. Des âmes si pures se voyaient être malmenées sans pitié, se faire piétiner, alors qu'elles méritaient tout le bonheur du monde. Elles méritaient de vivre, mais la vie leur refusait ce présent...
Elle me détailla sans perdre son sourire lumineux. Elle leva ensuite le nez pour contempler le ciel.
« Tu n'as pas tort. » avoua-t-elle. « La vie n'est pas logique. C'est ce qui fait son charme, non ? Dis-toi simplement que le soleil finit toujours par revenir. »
Je secouai la tête en fermant les paupières. Oui, c'était vrai. C'était pour sa complexité que la vie était si belle. J'en avais bien conscience, mais les doutes qui m'assaillaient embrumaient ma raison.
— Votre vie a été belle ? En valait-elle la peine ? m'intéressai-je en rouvrant les yeux.
Le corps de la vieille femme, constellant comme des étoiles, se tourna vers moi alors qu'elle souriait toujours.
« Ma vie a été à la fois si belle, et si cruelle. J'ai beaucoup pleuré, mais j'ai aussi beaucoup ri. J'ai appris. J'ai été déçue. J'ai été joyeuse. Souvent en colère, aussi. Et, la plupart du temps, je ne souhaitais qu'une chose : partir. »
La tristesse me submergea alors qu'elle se perdait encore dans la contemplation du ciel étoilé.
« Mais j'ai vu un jour mes enfants heureux. J'ai entendu mes petits-enfants rire, et je me suis dit que, finalement, je voulais rester et ne jamais partir. Seulement, comme tu dois le savoir, on n'obtient jamais ce que l'on désire vraiment. Ma vie a pris fin alors que j'ai à peine eu le temps d'être satisfaite de mon vécu. C'est ainsi, l'Homme est comme ça, c'est un éternel insatisfait. Lorsque la mort lui tend les bras pour une danse éternelle, ce qu'il désire le plus, c'est d'épouser la vie le temps d'un instant. »
En entendant ses propos, je sentis ma poitrine s'échauffer. Ce qu'elle disait... C'était si beau, si vrai. Si tragique, aussi. Elle plongea ses yeux dans les miens.
« Tu dis que la vie est injuste, qu'il n'y a pas d'égalité, mais au final, nous sommes tous égaux face à la fin. Lorsque nos dernières secondes défilent, la seule pensée que l'on a, c'est qu'on voudrait avoir encore un peu plus de temps. »
Une chaleur rassurante se diffusa dans mes veines tandis que je la contemplais en silence. Son sourire m'apporta du réconfort et elle tendit la main vers moi. Je relevai mes doigts vers elle avec la volonté de pouvoir la toucher.
« Alors, joli petit ange, profite pleinement de ta vie. Ne baisse pas les bras. Continue de vivre à pleines dents et de sourire à la mort, parce que personne n'est à l'abri de ses griffes. »
Mes doigts frôlèrent les siens sans jamais les atteindre. Son corps brilla un peu plus et elle chuchota :
« Tu es éblouissante, plus encore quand les ténèbres t'emprisonnent. Brille, petite. Laisse ton cœur scintiller de sa pureté. J'ai vu à quel point tu es empathique, et ça, c'est l'une des plus belles qualités que quelqu'un puisse avoir. Alors continue de resplendir, je t'en prie. »
— Mais je suis incapable de faire le bien, pourtant... Je suis si faible. Pourtant, je veux y arriver. Je veux continuer de me battre...
« Tu as juste besoin de prendre confiance en toi. Comment veux-tu illuminer le monde, si tu penses ne pas en être capable ? Tu te couvres de tes doutes jusqu'à assombrir toi-même ta propre lumière, je l'ai vu. Quand tu seras capable de te faire confiance, je ne doute pas que tu seras aussi rayonnante qu'une flamme. Une flamme qui parviendra à repousser les ombres les plus tenaces »
Mes yeux me brûlèrent lorsqu'elle prononça ces paroles si bienveillantes.
« Crois en toi, et continue d'apporter de la chaleur. Je sais que c'est difficile, que tu traverses une période compliquée, mais continue de te battre, d'accord ? »
J'opinai, comme par automatisme, avant que son corps ne brille davantage encore. Ses yeux me couvrirent de tendresse, et même si elle ne pouvait pas me toucher, elle referma ses doigts vaporeux contre les miens.
« Je suis si contente d'avoir croisé ta route. Je suis désolée de ne pas avoir pu t'aider, quand toi, tu l'as fait. Grâce à toi, je vais enfin pouvoir partir. J'ai cherché quelqu'un comme toi depuis si longtemps. Je voulais tant discuter avec quelqu'un une dernière fois, et le fait que je sois tombée sur une telle personne que toi me comble de bonheur. Alors merci, joli ange. Merci d'avoir illuminé mon chemin, de m'avoir vu. »
— C'est à moi de vous remercier, lui soufflai-je, émue.
Mes doigts se refermèrent dans le vide, avant qu'une brise ne souffle dans mes cheveux. Je clignai des paupières et constatai qu'elle n'était plus là. Elle s'était volatilisée. Le chagrin lancina mon cœur, moqueur quant à mon malheur, s'opposant pourtant à ce bonheur réchauffant ma poitrine.
Parce que je savais qu'elle avait rejoint le monde des Morts et qu'elle n'errerait plus sur Terre comme une âme égarée.
Je levai le nez vers les étoiles en soupirant. Elle avait raison lorsqu'elle disait que le beau temps finissait par revenir, mais même si le soleil brillait pour tout le monde, des personnes vivaient constamment avec un nuage gris au-dessus de leur tête, et même avec toute la volonté du monde, ce nuage ne les quittait pas.
Pourtant, quand une seule petite source lumineuse venait caresser leur peau, c'était leur cœur entier qui se mettait à espérer à nouveau.
Un sourire étira mes lèvres. Je comprenais son point de vue.
Et discuter avec elle avait été cette petite source lumineuse repoussant les nuages me hantant, en ce moment.
Il fallait que j'arrête de me laisser écrasée par mes problèmes si facilement. Comment pourrais-je affronter l'adversité si j'étais prête à renoncer dès que je doutais ? J'avais dit moi-même à Eytan que je ne renoncerais pas.
Et je comptais bien tenir ma promesse.
Je finis par quitter à mon tour cet endroit lorsque le soleil leva, un peu plus détendue que quelques heures avant. Pour tuer le temps, j'attendis que Laurie finisse ses partiels, et elle me rejoignit pour qu'on passe l'après-midi ensemble. Je devais avouer que la voir me faisait un bien fou. Un peu de normalité, dans un monde d'Humain hanté par des Démons, me rendait plus joyeuse.
Laurie m'apprit qu'elle avait réussi ses examens, mais aussi qu'elle avait aperçu Muriel, en compagnie de deux autres personnes, dans la matinée, et quand elle me les décrivit, je compris qu'il s'agissait de Ziv et d'Aela.
Ainsi, l'Ange Déchu voyait sa lumière restante s'essouffler maintenant qu'elle dansait au sein des ténèbres. Restait-il de l'espoir, pour elle ? Une petite voix me murmurait que oui, quand mon cœur, barricadé par les déceptions, s'entêtait à me contredire.
— Où les as-tu croisés, d'ailleurs ? demandai-je à mon amie.
— Devant la bibliothèque. Tu savais qu'on a retrouvé le corps de la bibliothécaire, d'ailleurs ?
Mon sang bouillonna quand la culpabilité m'assaillit. S'en prendre à elle ne leur avait pas suffi ? Pourquoi se rendre là-bas ?
— Je suis encore sous le choc, poursuivit Laurie. Je l'aimais pas, mais elle ne méritait pas de mourir ! D'après les rumeurs, son corps était dans un sale état !
Je ne répondis rien, trop chamboulée, et revis la bibliothécaire baignant dans son propre sang. La bile remonta dans ma gorge avant que je ne baisse la tête, parcourue de frissons.
Laurie, voyant mon trouble, changea de sujet et m'interrogea :
— Alors comme ça tu vois Axel demain soir ?
J'opinai en efforçant un sourire. Après qu'Eytan ait libéré le corps d'Axel, celui-ci avait rejoint ses amis avant de m'envoyer un message pour me proposer qu'on se voit, demain, vers dix-neuf heures. J'avais accepté, dans l'espoir de voir nos liens s'améliorer, après tout ce qu'il s'était passé.
— Bah dis donc ! Je pensais pas que t'étais du genre à draguer, toi ! me charria Laurie avant de souffler, pour que personne n'entende. Faut croire que les Anges ne sont pas si innocents que ça ! Ils ont le droit de prendre du plaisir, d'ailleurs ?
— Bien sûr que non ! ris-je de bon cœur.
Elle s'amusa et me charria encore, les yeux pétillants.
Si les Anges Guerriers n'avaient pas le droit de tomber amoureux d'un autre Ange, les simples citoyens le pouvaient, s'il s'agissait d'un autre citoyen. Cependant, ressentir quelque chose pour un Humain était le plus mal vu. De nombreux Gardiens avaient écouté leur cœur avant de finir Déchus.
Déçus.
Il y avait plusieurs raisons quant à cet amour interdit, mais la principale était qu'un Homme vivait moins longtemps qu'un Ange, et que l'amour était lié à la luxure.
Et surtout, c'était interdit, car d'après les mythes, un Gardien, il y avait de cela des siècles, était tombé amoureux de sa protégée, et suite à cela, beaucoup de choses s'étaient passées. Des choses atroces.
— Vous loupez quelque chose, quand même ! C'est ironique que des gens comme vous ne puissent pas s'envoyer en l'air et rejoindre le septième ciel !
— Mais Laurie, tu t'entends ? me marrai-je avant que mes joues ne rosissent.
Mais pas de gêne.
Heureusement, elle ne remarqua pas mon trouble et continua de s'endiabler. Sa présence était un véritable remède, du baume dans mon cœur.
Hey !
Je vous avoue que je n'avais plus trop d'inspirations, mais en écrivant celui-là c'est revenu !
Qu'en avez-vous pensé ?
D'Elora qui perds espoir ? Du meurtre ? D'Eytan ? De ce mystérieux démon ? De la fin ?
Manifestez-vous ceux qui lisent ! J'ai l'impression que y en a de moins en moins, c'est déprimant ahah 😂
En tout cas merci à ceux qui sont encore là ! Bisous à vous ❤️
~Chapitre revu~ (Ouh les vilaines fautes que je faisais en vous écrivant, honte à moi)
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