Chapitre 16

« Lavie est un présent, selon moi, qu'importe qui nous sommes. »

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Tic-tac.

Mon regard agité scruta les alentours, alors que mon corps semblait peser une tonne. Cet endroit... Ce n'était pas ma chambre. Pas même un endroit que je fréquentais habituellement.

Tic-tac.

Le bruit des aiguilles brisait ce silence religieux, accompagné des battements frénétiques de mon cœur. La panique que je ressentis, à cet instant, me glaça le sang. Pourtant, je continuai de tourner en rond, égarée dans ce lieu inconnu.

Elora...

Mon attention se perdit au-delà d'une rive sombre pour me laisser entrevoir de nombreuses lueurs virevolter. Le ciel sombre, presque rouge, surplombait des falaises aiguisées rappelant des monstres titanesques qui m'emprisonnaient. Un orage éclata, sans émettre le moindre bruit.

Est-ce qu'il s'agissait là d'une énième illusion provoquée par Eytan ?

Je cherchai une présence, la gorge sèche. Des silhouettes effroyables se penchèrent vers moi, ce qui me provoqua un mouvement de recul, mais je compris ensuite qu'il s'agissait simplement d'arbres. L'un d'eux, plus loin, se dressait avec fierté sur une petite falaise. Sa forme était semblable à une main griffue et, entre ses doigts, une lueur rouge brillait.

Prudente, je m'en approchai, comme attirée par ce halo flamboyant, et le son des aiguilles s'accéléra, avant qu'un bruit, plus discret, ne se joigne à cette mélodie sinistre.

Et, à chacun de mes pas, ce son s'amplifia. Plus fort. Plus lourd.

Les battements d'un cœur.

Ma nuque se raidit quand je parvins à discerner la forme se trouvant entre les griffes de l'arbre. Semblable à cœur, elle pulsait en émettant des battements sourds tout en dégageant une lumière intense, presque aveuglante. Les yeux écarquillés d'horreur, je reculai en ignorant mes jambes vacillantes.

Bon sang, mais où étais-je ?

Elora...

La voix résonna à nouveau. Je pivotai, dans l'espoir de trouver quelqu'un, mais je ne vis personne. Le cœur entre les doigts de l'arbre s'accéléra pour que ses battements résonnent un peu plus, bien vite accompagné par le son des aiguilles qui se faisait plus rapide. Des sueurs froides dévalèrent ma nuque alors que mes oreilles bourdonnaient. C'était insupportable. Angoissant...

Le halo rouge au creux du palpitant s'accentua encore jusqu'à m'aveugler.

Le temps est compté pour vous... C'est bientôt terminé...

La voix m'arracha un frisson. Elle était à la fois menaçante et terrifiante...

Un autre orage déchira le ciel. Le sol trembla et manqua de me faire trébucher. Je relevai le nez et aperçus une créature se dresser sur l'un des rochers aiguisés. Elle m'observait sans ciller. Impossible pour moi de voir son faciès... Plongée dans les ténèbres, seuls ses yeux brillaient. Ils étaient d'une blancheur éclatante.

« Elora, réveille-toi et viens à notre rencontre. Je t'en prie... »

Cette voix-ci était féminine, douce et rassurante.

Le monde dans lequel j'étais fut encerclé par les ténèbres le temps d'un instant, puis la lumière revint. L'animal n'était plus là. Un bruit dans mon dos me contraignit à me retourner, et une silhouette fondit sur moi.

Un cri résonna. Mon cri.

J'ouvris brusquement les paupières, la sueur s'écoulant de mon front et le cœur battant à tout rompre. Je papillonnai des cils avant de constater que j'étais étendue sur l'herbe, cerclée par les vestiges d'un lointain passé.

L'endroit où nous nous entraînions si souvent...

Le visage inquiet d'Âlma m'apparut bientôt, avant que je n'aperçoive Tyler, debout, les traits rongés.

— T'en as pas marre de nous faire peur ? m'interrogea-t-il en posant sa main contre son crâne. Sérieux, arrête de nous faire ça !

Sonnée, je me massai les tempes en me redressant un peu, assaillie par une multitude de questions. Comment avais-je fait pour m'endormir pendant que nous nous entraînions ? Quel était ce songe ? Une vision ?

Je me massai ensuite le front avant de sentir mon sang quitter mon visage. Face à l'air honteux de Tyler, j'arquai les sourcils d'incompréhension.

— Pardon, j'y ai peut-être été un peu fort..., s'excusa-t-il.

— Et en plus tu as le culot de lui reprocher de nous faire peur quand elle perd connaissance de cette manière ! lui lança Âlma en lui lançant un regard assassin. Si tu t'étais un peu plus contrôlé, elle n'aurait pas une bosse de la taille de mon poing, et elle ne serait pas tombée dans les pommes !

— J'ai pas fait exprès ! se défendit-il.

Toujours chamboulée, je les regardai se prendre la tête en grimaçant quand mon doigt frôla ma bosse. Petit à petit, je parvins à me souvenir de ce qu'il s'était passé, ces dernières heures.

Nous étions venus nous entraîner avant que Tyler nous impose une nouvelle règle : celle de nous affronter sans utiliser nos armes, mais seulement nos pouvoirs. Je me souvenais de mon ami préparant une attaque enflammée.

Puis plus rien.

— Elle aurait dû se servir de son pouvoir..., entendis-je.

— Tu sais très bien qu'elle n'aime pas ça ! répliqua Âlma. Tyler, tu es un imbécile ! La moindre des choses serait que tu t'excuses !

Tyler se tourna vers moi alors que je me relevais complètement, la vue encore un peu embrumée. Je croisai son regard brillant, et la culpabilité le rongeant me frappa. Il entrouvrit les lèvres avant de baisser la tête, comme un enfant que l'on aurait pris en faute.

— Excuse-moi... J'étais tellement à fond que je ne me suis pas bien contrôlé...

— Ce n'est pas grave, dis-je enfin d'une voix éraillée.

Puis je lui fis un sourire avant qu'Âlma ne se tourne vers moi, l'air toujours inquiet.

— Que s'est-il passé, Elora ? Quand Tyler a lancé son attaque, tu n'as même pas essayé de te protéger. Tu es restée figée...

Ses sourcils se froncèrent, et une lueur de compréhension traversa son regard d'azur.

— Tu étais en proie à une vision ? D'où ton immobilité ?

Lorsqu'elle me posa la question, je tressaillis avant de me remémorer de mon songe. Mes amis, face à mon teint plus blême, comprirent ce que ça signifiait. Alors, l'esprit plus clair, je leur racontai ce que j'avais vu, dans ce monde étrange, en insistant bien sur le cœur se situant dans le creux d'un arbre, et l'appel désespéré de cette voix féminine.

— Tu n'avais jamais entendu ces voix auparavant ? s'enquit Tyler.

— Non, jamais.

— Est-ce que tu penses qu'il s'agit encore d'un coup tordu d'Eytan ? m'interrogea Âlma. Je veux dire, tes visions se sont raréfiées pendant une longue période. Tu ne trouves pas ça bizarre, de faire des songes comme tels aussi souvent, maintenant qu'il a débarqué dans ta vie ?

Elle rougit un peu quand on l'observa avec attention, gênée, mais elle poursuivit :

— Enfin... Ce que je veux dire par là, c'est qu'il est difficile de savoir si c'est ton Fêkir qui se manifeste, ou si c'est ce Démon qui se joue de toi...

— Comme s'il cherchait à me mener sur de fausses pistes..., murmurai-je.

Âlma avait raison sur un point : mon Fêkir s'était moins manifesté pendant un long moment jusqu'à peu, mais je ne parvenais pas à m'y fier, car il se mêlait à de simples rêves, où alors les messages étaient trop peu clairs pour que je puisse les comprendre.

Cependant, maintenant qu'Eytan était de la partie, il m'était encore plus difficile de savoir si je rêvais, s'il s'agissait de mon Fêkir, ou si c'était lui qui contrôlait mon esprit en faisant des illusions, comme il l'avait si souvent fait. Si j'avais espéré pouvoir avoir des indices quant à mon don inné, j'étais maintenant certaine qu'il m'était inutile. Pas quand trop de facteurs m'influençaient.

Pas quand il pouvait me mener sur des fausses pistes.

— Pour ça, il faudrait qu'il sache que ton don inné est la prémonition, indiqua Tyler. Il le sait ?

— Aucune idée... Mais ça ne m'étonnerait pas. Il a l'air de savoir beaucoup de choses, marmonnai-je. Et puis, je vous avoue que ce songe ne ressemblait pas à l'une de ses œuvres. En général, il me fait face. Là, il n'était pas présent.

Perplexes, mes amis s'interrogèrent concernant mon songe, se demandant si c'était un message, un simple cauchemar, ou l'œuvre d'un Démon. Selon moi, il s'agissait de quelque chose de plus profond. L'appel à l'aide de cette créature quadrupède continuait de résonner en moi. Et ce cœur... Il semblait avoir une symbolique. J'étais pratiquement sûre qu'il fallait que je prenne compte de ce rêve...

— Bon, Tyler, pour la peine, tu vas nous payer un petit café, histoire de te faire pardonner pour la bosse que tu as faite à Elora ! clama soudainement Âlma, histoire de changer de sujet.

— Quoi ? s'indigna-t-il. Comment ça « nous » ? À Elora, je veux bien, mais pourquoi je t'en payerai un, à toi ?

— Refuse, et je te fais la même bosse qu'à elle, le menaça Âlma.

Tyler haussa les épaules, une moue boudeuse peignant ses traits.

Après ça, tous deux montèrent dans la voiture d'Âlma, et je pris la mienne pour qu'on se dirige dans un café se trouvant sur l'allée principale de Téthys. Le trajet prit une bonne trentaine de minutes, serpentant à travers une forêt dense où les rayons du soleil filtraient à travers le feuillage, provoquant un jeu d'ombre et de lumière sur la route sinueuse.

Une fois installés et servit, on discuta de divers sujets, plus détendus. Tyler, le front encore un peu couvert de sueur, mangeait sa tarte avec bonheur, le visage resplendissant, alors qu'Âlma, assise sur la chaise près de lui, le regardait faire, amusée par son appétit vorace.

— Ça m'a donné faim, cet entraînement ! nous apprit Tyler en croquant à nouveau dans sa tarte.

— Tu as toujours faim, Tyler, me moquai-je.

— Et évite de parler aussi fort, nous ne sommes pas seuls ! le rabroua Âlma dans un chuchotement.

Je retins un rire en sirotant ma limonade en profitant de la température agréable en cette fin de journée. De nombreux clients buvaient un coup sur cette jolie terrasse située sur l'avenue principale de Téthys.

— D'ailleurs, vous avez eu des nouvelles de...

La voix de Tyler baissa quand il poursuivit :

— De la femme... Thianna, si je ne me trompe pas ?

Âlma esquissa une moue boudeuse et lui répondit sur le même ton, par peur qu'on les entende :

— Pas trop. Nous veillons sur elle pour éviter qu'elle subisse le même sort que les autres, mais aucun d'entre eux ne s'est manifesté. Eden, d'ailleurs, garde un œil sur elle, aujourd'hui.

« Eux » étaient les Démons, mais elle avait peur de prononcer ce mot, et ce même si personne ne nous prêtait attention.

Depuis que nous l'avions sauvé, il y avait une dizaine de jours, nous faisions en sorte de garder un œil sur elle à notre manière, parce que la menace des Démons planait toujours. Ils avaient précisé qu'ils ne la laisseraient pas. Je savais que s'ils lui mettaient la main dessus, elle se ferait dérober son âme.

Soudain, Tyler se releva en esquissant une drôle de moue, les joues rougies. Face à son aura devenant plus rosée, je compris qu'une certaine gêne le rongeait.

— Oh ! Faut que j'y aille ! Ciao les filles !

Et il partit sans rien ajouter de plus. Âlma blêmit en le regardant s'éloigner avant que je ne comprenne une chose :

— Il ... Il n'a pas payé sa part, remarquai-je.

Cette gêne qu'il avait ressentie... C'était parce qu'il n'avait pas d'argents sur lui ! Et cet imbécile s'était fait plaisir ! Il avait commandé une tarte, un café pour se « réveiller », ainsi qu'un jus de fruits...

Un rire jaune me secoua alors qu'Âlma affichait une grimace.

— Quel abruti, se Tyler ! siffla-t-elle. Il est parti comme un voleur ! Tu parles d'un Ange ! Il a fait exprès, ce gros radin ! Heureusement qu'il était censé payer !

Cette fois-ci, j'éclatai de rire. La discussion se tourna à nouveau vers Thianna. Âlma, lorsqu'elle l'avait déposée, avait réussi à la faire parler. Elle lui aurait confié vouloir prendre l'air et quitter la ville. Pour une raison qui m'échappait, je pressentais quelque chose, à ce sujet. Je ne saurais dire quoi, mais son désir de partir ne me rassurait pas. Une voix, en mon sein, me murmurait que la raison était plus compliquée.

Mais comme me l'avait dit mon amie, que pouvais-je y faire ? Si Thianna décidait de partir, je ne pouvais pas l'en empêcher. Comment pourrais-je lui dire, qu'elle était en danger ? Que des Démons la traquaient pour une raison inconnue ?

En parlant de Démon. Eytan, depuis mon hallucination où il m'avait avoué avoir tué son Ovirse, ne s'était plus montré. Pourtant, d'autres corps d'Humains avaient été retrouvés, depuis, quand d'autres s'étaient volatilisés. C'était la preuve qu'il continuait ses machinations dans l'ombre, sans qu'on ne réussisse à lui mettre la main dessus.

— Elora ?

Surprise, je tournai la tête vers Axel, qui se tenait près de notre table, les lèvres étirées en un sourire timide. Sourire que je lui rendis, heureuse de le revoir. Il portait des lunettes de soleil dévorant la moitié de son visage qui, me semblait-il, était plus fin. Plus maigre.

— Axel ! Je n'avais plus de tes nouvelles ! Comment tu vas ?

Depuis le sauvetage de Thianna, je ne l'avais plus recroisé. J'avouais ne pas trop savoir comment me comporter avec lui pour avoir l'air normal. Comment les Humains se comportaient-ils lorsqu'ils se recroisaient après un petit moment ?

Âlma, silencieuse, nous observa en affichant un air curieux. Elle devait ressentir mon malaise, mais aussi le trouble d'Axel. Quelque chose semblait le ronger, mais je n'arrivais pas à dire quoi.

— Je vais me commander quelque chose à boire, je reviens, m'apprit-elle en esquissant une moue gênée.

Et elle se dirigea dans le café. Je la suivis des yeux avant de reporter mon attention sur Axel qui semblait crispé. Oui, il ne semblait pas être dans son état habituel. Pour la première fois, sa présence me mettait mal à l'aise...

— Tu... Tu as l'air gêné, constata-t-il d'une voix timide.

— Oh non, pas du tout ! m'empressai-je de dire. Mais toi ? Est-ce que tu vas bien ?

J'aperçus sa mâchoire se crisper, comme s'il souffrait, et il retira ses lunettes de soleil pour se frotter les paupières en grimaçant. D'un geste nerveux, il passa ses doigts dans sa crinière blonde pour les ébouriffer.

— Oui, ça va.

Autre grimace. Je me tendis, perturbée par le silence pesant qu'il laissait planer, et j'ouvris mes sens, dans l'espoir de cerner ce qui pouvait le ronger. En vain. Je me heurtai à un mur, à son aura toujours troublée, voire plus qu'à l'accoutumée.

Ses yeux se rouvrirent, brûlants, fiévreux, et ma gorge se noua à cette constatation. Il semblait malade, atteint par un mal tenace...

— Tu es sûr ? insistai-je, inquiète. Tu n'as pas l'air en forme.

— Oui, certain, me répondit-il plus froidement.

Déstabilisée par le ton glacial de sa voix, je retins mon souffle avant qu'il ne me dévisage en tordant ses lèvres en un sourire. Un sourire bien différent de ceux qu'il me réservait, en général.

— Toi, par conséquent, tu as l'air de te porter plutôt bien, Elora...

Je ne répondis rien, intriguée par ses dires, repensant malgré moi à l'Ovirse. Depuis que j'avais échappé aux griffes de la mort après avoir vu mon corps se faire mutiler, je me portais bien mieux. Mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir.

En silence, je le dévisageai, curieuse quant à son comportement plus froid. Déjà que je n'arrivais pas à lire son aura, aujourd'hui, elle était bien plus floue, et ça me frustrait. Mais même si je n'arrivais pas à le cerner, il était évident qu'il souffrait. Pouvais-je l'aider ? S'il se montrait si distant, c'était peut-être aussi parce qu'il ne voulait pas d'aide, justement...

— Je vais te laisser, j'ai super mal au crâne..., m'apprit-il en clignant plusieurs fois des paupières sur un ton plus chaleureux.

Je frissonnai en remarquant les veines qui serpentaient le blanc de ses yeux ainsi que le voile recouvrant ses iris. Il remit ses lunettes de soleil en levant le menton, les traits toujours rongés par une grimace de douleur, et il s'éloigna avec hâte sans même me lancer un regard.

Âlma revint vers moi en tenant deux gobelets cartonnés fumants. Elle m'en tendit un en me lançant un doux sourire et opina pour me faire comprendre qu'elle avait déjà réglé la note. Je la remerciai et on s'éloigna du café d'un pas léger.

— Il va bien, ton ami ? s'enquit-elle. Son aura était floue, j'ai trouvé ça bizarre.

— Non, il n'avait pas l'air en forme, lui confiai-je. Il avait l'air malade.

Pouvait-il souffrir du même mal que les autres Humains victimes d'Eytan ? Eux aussi, avaient mal. Mais j'avais l'impression que c'était différent... J'aurais pu en être certaine, si j'avais réussi à voir son aura. Peut-être aurais-je pu cerner une tache d'encre, comme celle présente dans celle des victimes des Démons...

— Mh..., marmonna-t-elle.

Alors qu'on marchait vers nos voitures, je remarquai son regard lointain. Vide. Son aura angélique était agitée par un drôle de sentiment. Je m'arrêtai en la détaillant, inquiète quant à son état.

— Que t'arrive-t-il ?

Elle hésita un instant, observa les alentours, et répondit :

— Je crois que ce monde m'effraie.

Sa réponse me fit reculer, comme si une bourrasque m'avait frappée. Pourtant, même si j'étais surprise, je pensais comprendre ce qu'elle voulait dire par-là.

— Pourquoi ? m'intéressai-je.

— Parce qu'il n'est pas différent du nôtre. Ça me désole de voir que, où que nous soyons, le mal persiste. Ce qui me chagrine le plus, au fond, c'est de constater que notre Père a créé des monstres. Anges, Démons, ou Humains, nous sommes tous des œuvres ratées. Il y a si peu d'humanité.

Ses cheveux bruns virevoltèrent autour de son visage tandis que ses yeux bleus brillaient d'un drôle d'éclat. Pourtant, elle sourit. Je secouai la tête et soufflai :

— On est tous d'une espèce différente, mais pourtant, on est semblable. C'est ça, l'équilibre. Nous nous ressemblons pour notre physique, nous respirons tous le même air, nous sommes animés par la volonté d'atteindre un but, et nous avons tous un cœur qui bat pour nous maintenir en vie. La vie est un présent, selon moi, qu'importe qui nous sommes.

Et, à mon tour, j'affichai un sourire et penchai la tête sur le côté en ajoutant :

— Donc non, nous ne sommes pas des œuvres ratées. Au contraire, je trouve que nous ne nous en sortons pas trop mal.

L'Ange soupira, me couvrit d'un regard pétillant, et posa une main contre mon épaule. Son parfum fleuri effleura mes narines, quand sa chaleur m'enveloppa.

— Tu viens de me prouver que, même si nous sommes toutes les deux de la même espèce, nous avons toutes les deux un point de vue différent.

Mes épaules s'allégèrent quand son visage se fit plus lumineux, et que la tristesse qui la rongeait se dissipa, et elle ajouta :

— Mais peut-être que tu as raison, et que c'est ça, qui forme l'équilibre.

Et elle me tourna le dos sans se démunir de son sourire, me fit un signe de la main, et rejoignit sa voiture. Je l'observai démarrer avant d'entrer à mon tour dans mon véhicule en profitant de la chaleur de l'habitacle. Lasse, je laissai ma tête retomber contre l'appui-tête en fermant un instant les paupières.

J'étais lessivée.

Mes doigts tremblants triturèrent mon pendentif, et je remarquai qu'il avait une couleur grisâtre. Ce n'était pas la première fois qu'il prenait une teinte différente, mais je n'avais jamais compris pourquoi.

Je soupirai en pressant les paupières, et l'image d'un visage familier traversa mon esprit. Mon cœur s'emballa avant qu'une boule de chagrin ne serre ma gorge.

Pourquoi m'avait-on retiré la personne que j'avais le plus aimé ?

Caïn me manquait terriblement.

Quelle que soit notre espèce, il y avait toujours des pertes. Quand quelqu'un mourrait, il rejoignait le monde des Morts, et dans ce monde-là, il y avait l'âme des bonnes et des mauvaises personnes qui se voyaient séparer.

Il existait pourtant des exceptions. Parfois, une âme disparaissait de la surface de la Terre sans laisser aucune trace.

Furibonde, je démarrai la voiture. Le vrombissement du moteur résonna à mes oreilles sifflantes et un vertige m'assaillit.

« Le temps... »

La voix résonna dans mon esprit pour me glacer le sang. Je papillonnai des cils et constatai que je fonçai sur une silhouette qui voyait une forme s'agiter dans son dos. Affolée, j'appuyai sur le frein en étouffant un cri.

La voiture s'arrêta brusquement. Mon corps bascula en avant avec violence, mais la ceinture le repoussa. Les épaules raidies et la nuque endolorie, je tentai d'apaiser ma respiration sifflante et me figeai en constatant qu'il n'y avait personne.

Qu'avais-je donc vu ?

Avec hâte, je redémarrai en allumant la radio dans l'espoir de combler ce silence pesant. Je coulai un regard par la fenêtre et aperçus une plume virevolter avec lenteur. Cette vue enserra ma gorge sans pitié.

« ... est compté... »

Heyyyy ❤️

Enfin le chapitre 12 est publié ! J'ai galéré j'avais plus d'inspirations et j'hésitais à mettre en pause le roman !

M'enfin le voilà ! J'espère que vous l'avez aimé !😂

Qu'avez-vous pensé d'Axel ? D'Elora ? De son rêve et de ses visions ? Des mots qu'elle entend ?

Lâchez-vos théories !

J'en profite pour faire de la pub pour mon autre roman : Échec et Mat. Je voudrais aussi vos avis là dessus 😜

Gros bisous ❤️

~Chapitre revu~

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