Chapitre 10
« Pourquoi haïr un individu sous prétexte qu'il sortait de l'ordinaire ? »
__________________
— Alors elle a dit elle-même que son comportement avait changé ? m'interrogea Âlma.
Je lui avais expliqué que j'avais rencontré l'amante de Frédérick, quelques heures avant, et que j'avais pu lui poser quelques questions.
Oui. D'après elle, après qu'il soit revenu en ville, il se montrait différent de l'homme qu'elle a aimé. Lors d'une dispute, il se serait même montré menaçant. Elle m'a dit avoir cru qu'il lèverait la main sur elle, avant qu'il ne s'enfuit.
Les sourcils froncés, je repensai encore aux propos de la jeune femme, qui s'était d'abord montrée réticente lorsque je lui avais avoué vouloir l'interroger au sujet de Frédérick. Après quelques mots rassurants de ma part, elle s'était adoucie avant d'accepter de répondre à mes questions.
J'avais été surprise de voir que la tristesse qu'elle ressentait par rapport à la mort de Frédérick se mêlait à quelque chose de plus profond : du soulagement. J'avais vite compris, après qu'on ait discuté, que la perte de son amant la libérait d'un poids, d'une certaine manière.
— J'ai cru plus d'une fois qu'il allait me frapper. Je... Jamais je ne l'ai vu dans un tel état. Il semblait être possédé, m'avait-elle dit.
En m'avouant cela, son aura avait pris une teinte rosée, en opposition à ses larmes. Oh oui, elle aimait Frédérick, je n'en doutais pas, mais le fait qu'il change tant et se montre si violent ne l'avait pas laissé indemne.
— Elle m'a aussi avoué qu'il semblait constamment inquiet, comme s'il avait peur. Elle a bien insisté sur le fait qu'il donnait l'impression d'être parano.
— Donc ça signifie qu'avant qu'il ne se fasse tuer, il était bel et bien lié aux Démons, tu ne crois pas ? De quoi aurait-il pu se méfier tant ? Qu'est-ce qui aurait pu le rendre si méfiant ? m'interrogea mon amie en croisant les jambes.
Je haussai une épaule en perdant mon regard dans le vague. Oui, j'avais également pensé au fait qu'il ait pu être lié aux Démons. Les paroles de Frédérick, lorsqu'il m'avait parlé d'ombres, confirmaient davantage mes doutes, d'ailleurs.
Mais comment aurait-il pu se trouver lié aux Démons ? Là était la question.
Âlma se massa les tempes et leva le nez vers mon plafond. J'avais fait brûler un encens qui diffusait une odeur boisée dans tout mon appartement, et je devais avouer que ça me changeait de l'effluve du soufre que je sentais si souvent.
— Et t'a-t-elle dit comment il était, avant qu'il ne disparaisse ? Sait-elle, d'ailleurs, où il est parti, pendant un mois, le temps de sa prétendue disparition ?
Je secouai la tête en répondant :
— Concernant le lieu dans lequel il était, elle m'a dit qu'elle n'en savait rien, qu'elle s'inquiétait pour lui durant tout ce temps sans qu'il ne lui donne de nouvelles, et qu'il est revenu comme si de rien n'était, bien que différent. Par contre, elle m'a expliqué qu'avant sa disparition, il était déjà... Comment dire ?
— Désagréable ? proposa mon amie.
— Oui... Enfin, elle a dit ça d'une manière moins subtile. Cela confirme les dires de son entourage disant qu'il était un enfoiré.
— Mh..., marmonna-t-elle. Oui, j'avais bien cerné le personnage. Mais bon, est-ce que ça justifie son meurtre ?
Non. Pas du tout. Même si Frédérick était une mauvaise personne, d'après les autres, je ressentais énormément de peine. De la culpabilité, aussi. Parce que si j'avais davantage fait attention aux signes, peut-être que j'aurais pu le sauver. Peut-être serait-il encore en vie.
— M'enfin bon, j'espère que Tyler, de son côté, avance. Il obtiendra peut-être davantage de réponses, ajouta-t-elle.
Tyler, de son côté, était parti dans une ville voisine pour interroger les proches d'autres disparus. J'espérais qu'il avancerait plus que nous. Il reviendrait en fin d'après-midi, comme nous avions convenu, et il me rejoindrait pour qu'on discute de ses trouvailles.
— Et toi, d'ailleurs ? C'était qui, l'Humain avec qui tu discutais, quand je t'ai rejoint ? me demanda Âlma curieusement.
J'affichai un sourire amusé face à son regard brillant, et je lui répondis :
— Il s'appelle Axel. On s'est croisé par hasard quand j'étais en route pour rentrer chez moi. C'est un ami de Laurie.
— Je vois... Que te voulait-il ? Il avait l'air mignon.
Le pire, c'était qu'elle le pensait vraiment. Comme Tyler, elle aimait beaucoup les Humains, même si elle s'en méfiait plus que notre ami. Lorsqu'elle disait « mignon », ce n'était pas avec les pensées que Laurie pourrait avoir. C'était un véritable compliment, venant d'elle.
— Il m'a proposé de me promener, dans les jours à venir. Hier soir, je suis allée boire un coup avec lui dans le bar dans lequel travaille Laurie, histoire de ne pas constamment le fuir.
— Ah ? Parce qu'il t'a proposé plusieurs fois de te voir ? demanda-t-elle, surprise.
Je me mordis les lèvres en opinant. Oui. Après notre rencontre devant la bibliothèque, une semaine avant, je l'avais recroisé en allant voir Laurie et ses amis. On avait discuté pendant un moment, avant qu'il ne me propose d'aller boire un coup avec lui. J'avais refusé une première fois, d'une part parce que j'étais peu à l'aise, et surtout parce que je devais avancer dans mes recherches.
Mais lorsqu'il m'avait redemandé, j'avais accepté. Ainsi, la veille, j'étais restée avec lui pendant quelques heures autour d'un verre, et je devais avouer avoir été agréablement surprise. Il était de bonne compagnie, et ce même si je n'arrivais toujours pas à lire en lui.
— D'ailleurs, si je suis venue te voir, c'est parce que j'ai eu des nouvelles du Fœrî. J'ai réussi à entrer en contact avec l'un des nôtres, m'annonça-t-elle.
Et, quand son faciès se couvrit d'un voile douloureux, je fronçai les sourcils, inquiète quant à la suite.
— Il m'a appris qu'une troupe d'Anges a été décimé, il y a quelques mois.
Le sang quitta mon visage lorsqu'elle m'annonça cela et, avant que je ne l'interroge, elle contempla ma table basse, perdue dans ses pensées.
— Mais ce n'est pas tout... Des Démons aussi ont été retrouvés, il y a peu. Tous étaient morts, comme s'ils avaient été empoisonnés.
Un coup invisible heurta ma cage thoracique, me coupant le souffle. Mon amie me regarda avec pitié alors que mes oreilles sifflaient. J'assimilai ses propos, troublée. Des Démons empoisonnés ?
Une troupe d'Anges retrouvée sans aucun survivant ?
Bon sang, mais ça ne collait pas... Qui pouvait s'en prendre à des Anges, mais aussi à des Démons ?
— Est-ce que tu penses qu'Eytan est derrière tout ça ? poursuivit-elle.
J'hésitai à répondre, la gorge obstruée. Qu'en savais-je ? Il était sur Terre, et non dans mon monde. Mais il était vrai qu'il ne s'était plus manifesté depuis un moment. Pouvait-il être retourné dans le Fœrî pour s'en prendre à ces Démons ?
— Peut-être, finis-je par chuchoter.
Et je la questionnai d'une voix étranglée par l'effroi :
— Concernant la troupe d'Anges, était-ce des Elites ?
Âlma opina avec lenteur, les yeux vitreux. Des sueurs froides dévalèrent ma nuque avant qu'elle ne s'empresse de dire :
— Mais ça ne veut pas dire qu'il était avec eux, Elora. Je suis certaine qu'il va bien !
J'opinai en me perdant à nouveau dans mes pensées, l'accablement prêt à m'engloutir. Et, au fond de moi, je priai. Je priai pour qu'il se porte bien.
— Les Démons ne sont pas si différents des Humains, finalement, chuchota-t-elle, me sortant de ma torpeur. Regarde, les Hommes s'entretuent et, pourtant, ils sont semblables. C'est la même chose pour les Démons, mais aussi pour les Anges.
Oui. Nous étions si différents, mais pourtant si semblables.
Pourquoi les Humains s'entretuaient-ils en prétendant voir une différence chez un autre ? Tous respiraient le même air, foulaient la même terre, contemplaient la même mer. Tous étaient faits de sang et de chair. La différence, au fond, était dans leur tête. Ils se persuadaient que quelqu'un n'entrait pas dans leurs critères et éprouvaient une haine viscérale à son égard.
Mais pourquoi ? Pourquoi haïr un individu sous prétexte qu'il sortait de l'ordinaire ? Pourquoi se persuader qu'elle n'était pas comme les autres, alors que si ?
Les Anges et les Démons étaient ainsi, eux aussi. Au final, quelle que soit la race, la haine persistait.
Difficile de croire qu'un jour les guerres cessaient entre nous et les Démons quand ils se parvenaient à se battre entre eux. Avant de vouloir arrêter les conflits entre deux espèces, il fallait parvenir à accepter la paix entre une même race.
Mais surtout, il fallait avoir la paix avec soi-même.
— C'est vrai, affirmai-je. Mais peut-être que le monde est ainsi pour une raison, finalement ? Peut-être que chaque espèce doit commencer par se haïr pour s'aimer par la suite ?
Mon amie haussa les épaules avec peu de conviction, puis murmura :
— Quoi qu'il en soit, si on veut la paix, il faut que l'on arrête ce Démon. S'il arrive à s'en prendre aux siens, c'est qu'il est bien plus cruel qu'on ne le pensait.
Et elle avait raison. Mais pourquoi s'en prendrait-il à des Démons, en plus des Hommes et peut-être même des Anges ?
— As-tu fait de nouveaux songes étranges ?
Prise au dépourvu par la question de mon amie, je manquai de m'étouffer et affichai un rictus forcé.
— Non. Le dernier en date concernait cette étrange créature. Je n'en sais pas plus.
— Je vois... Je me demande si tu as eu une vision, ou si c'est dû à ton imagination débordante, me dit-elle en me lançant un clin d'œil taquin. Toutefois, rêve ou non, nous devons creuser cette piste. Ton rêve peut être un indice quant à ce qu'il se trame...
— Pour être honnête, je me méfie un peu de mes rêves, Âlma, lui confiai-je. Tu sais bien que mon Fêkir n'est plus aussi fiable qu'avant... Mais oui, nous pouvons garder cette piste.
J'aperçus un éclat peiné traverser son regard bleu, et elle hocha la tête en s'enfonçant davantage dans le canapé.
— Je suis persuadée que ton Fêkir sera à nouveau comme avant, Elora. S'il n'est plus aussi fiable, c'est peut-être parce que tu ne te fais pas assez confiance.
Touchée par ses propos, je gardai le silence sans me démunir de mon air tendre, même si au fond, mon cœur pleurait. Mon donné inné, aussi étrange soit-il, était lié à la prémonition. Autrefois, des visions ou des rêves, concernant le passé ou le futur, me permettaient de faire un tas de choses. Même si ce n'était pas puissant, comme le fait de contrôler le feu ou qu'en savais-je, il m'avait souvent été utile.
Seulement, depuis que j'avais vécu une chose atroce, mon Fêkir s'essoufflait. Tout comme mon être souffrait.
— Bon, je vais y aller. Je suis épuisée, j'ai passé la nuit à essayer d'entrer en contact avec l'un des nôtres. Heureusement que ça a porté ses fruits, m'annonça-t-elle.
— Oui. En espérant qu'on nous enverra de l'aide, marmonnai-je sans y croire.
Elle se releva, peu convaincue également, et on se salua en se lançant un dernier sourire. Sourire ô combien faux pour ma part, quand je savais que son regard brillant masquait sa peine à mon égard.
Le reste de l'après-midi passa plutôt rapidement. Bientôt, je quittai mon appartement pour prendre la route menant jusqu'à la faculté. Tyler me rejoindrait dans la cave du bâtiment. Endroit étrange, j'en avais conscience, mais parfait pour faire fuir les Humains sans pour autant s'éloigner de la ville. Aucun étudiant n'osait s'y aventurer en prétendant que ce lieu, comme tant d'autres, étaient hantés.
Je devais avouer que ça m'amusait. Les Fantômes, en général, avaient d'autres chats à fouetter.
La première fois que j'étais allée dans ce lieu, c'était après un cours interminable que je m'étais efforcée de suivre pour en apprendre plus sur un étudiant que je soupçonnais d'être mêlé aux meurtres. Le jeune homme s'était isolé dans cette cave sombre, et je lui avais fait face. Au final, j'avais compris qu'il était possédé par un Fantôme las d'être invisible aux yeux de tous.
Résultat : le Fantôme avait quitté son corps pour rejoindre le monde des Morts, satisfait de s'être fait voir, d'une certaine manière, et j'avais pu aider le pauvre jeune homme à retrouver ses repères sans qu'il ne se doute de quoi que ce soit.
Amusée quant à ce souvenir pas si lointain, j'entrai dans le bâtiment pour traverser les longs couloirs pratiquement vides en cette fin de journée. Quelques étudiants discutaient quand d'autres s'éloignaient, heureux d'avoir fini leurs cours. J'empruntai les escaliers en bois, grinçants sous mon poids, et fis face à une porte rouillée. Je l'ouvris en ignorant la poussière qui s'infiltra dans mes poumons, et j'entrai dans la pièce en plissant les yeux pour mieux percevoir.
La cave était l'endroit que nous fréquentions le moins, avec Tyler, mais il était le plus pratique quand nous avions peu de temps. En général, nous nous éloignions de Téthys, mais ce soir, nous avions convenu qu'il était préférable que l'on se retrouve ici, car chez lui, ou chez moi, ce n'était pas adapté, si nous en venions à nous servir de nos pouvoirs.
J'avais hâte qu'il me parle de ses trouvailles, et lui voulait en savoir plus au sujet de mon rêve, je savais que mon dernier songe l'avait marqué et qu'il se questionnait beaucoup. Tout comme moi. Mais je ne voulais pas m'y fier.
En attendant qu'il me rejoigne, je sortis quelques feuilles de mon sac en esquissant une moue concentrée. Il fallait que je tente de représenter la créature que j'avais vue dans mon rêve, que je note aussi des choses au sujet d'Eytan.
L'odeur du bois chatouillant mes narines, mêlée à la poussière, ne me déconcentrait pas. Pas même les légers grincements. L'ampoule, accrochée au plafond, illuminait faiblement la pièce, éloignant avec peine les ténèbres maîtresses de ce lieu.
Un soupir de frustration m'échappa alors que je raturais le schéma que j'avais reproduit, peu convaincue quant à la représentation de l'être effroyable qui avait hanté mon songe, et je notai sur le côté des hypothèses concernant Eytan.
— Tu prends la peine de chercher des choses à mon sujet, mon ange ? demanda soudainement une voix.
Je retins un cri d'effroi et tournai le regard pour croiser celui d'Eytan, la respiration haletante et les mains tremblantes. Assis sur la chaise à côté de la mienne de manière nonchalante, il m'observa un moment de ses yeux rieurs alors que sa tête penchée sur le côté lui donnait un air espiègle, en parfaite opposition avec la puissance qui émanait de lui.
— Que...
Je m'interrompis lorsqu'il se pencha vers moi afin de contempler mes schémas, et chacun de mes membres se figea. Son parfum effleura mes narines, douceur accablante dans cette atmosphère si pesante, contraste du monstre perfide sommeillant dans ce corps angélique. Ses sourcils se froncèrent quand il s'attarda sur la créature représentée maladroitement, et il se détourna pour lire mes théories à son sujet avant qu'un rire moqueur ne lui échappe. Il releva des yeux pétillants vers moi, tout sourire.
— Qu'est-ce que c'est ? m'interrogea-t-il en désignant une croix. Tu penses sincèrement que ça m'atteint, ce genre de choses ? Tu cherches à m'exorciser, sérieusement ?
La honte m'assaillit quand il secoua la tête sans se démunir de son air moqueur, et il se recula enfin, me libérant de sa chaleur menaçante. Brûlante. Je repris mon souffle, les membres tremblants à la fois de colère et de terreur. S'il affichait un air amusé qui le rendait presque Humain, il m'était pourtant impossible d'ignorer sa prestance malveillante. Son aura destructrice.
Je ne devais pas oublier à qui j'avais affaire...
Un tueur sans pitié. Un monstre démuni d'humanité.
— Tu n'es pas très futée, pour le coup, Elora, souffla-t-il, joueur.
Son visage devint plus sérieux lorsqu'il s'approcha de moi. Ses pupilles brûlantes me scrutèrent un moment en laissant une traînée ardente sur mon corps et, quand une ombre les traversa, ma respiration resta en suspens. L'ampoule grésilla avant que la pièce ne se plonge dans le noir.
Seuls ses iris brillaient, source de lumière dans ces abîmes.
Quelle ironie.
J'ignorai ma gorge sèche et inspirai profondément pour m'armer de courage. Je ne devais pas avoir peur. Il se jouait de moi, encore et encore. Hors de question que je ne courbe l'échine face à lui.
— Vous êtes à côté de la plaque, toi et tes amis, me dit-il d'une voix presque rassurante. Retirez ces œillères qui obstruent votre vue.
— Alors dis-moi ce que tu veux réellement, renchéris-je froidement.
J'étais lasse de tourner en rond. Lasse de chercher à comprendre son but. Comment pouvais-je le défier sans comprendre son intérêt ? Il m'était impossible de lui faire face lorsque j'étais tant terrifiée.
Je sentis soudainement quelque chose empoigner mes chevilles et mes bras. Je me débattis avec colère en lâchant un hoquet de surprise et me figeai. J'étais ligotée à la chaise.
La mâchoire raidie, je laissai mon énergie ressortir. Une lumière azurée m'enveloppa de sa chaleur, ce qui me permit de distinguer ce qui m'entourait.
Des chaînes d'ombres m'entravaient à la chaise. Eytan, quant à lui, avait disparu. Sans relâcher mon énergie, je lançai un coup d'œil autour de moi pour trouver une issue.
— Je veux de nombreuses choses, mon ange...
Mes membres se raidirent quand sa voix s'éleva dans un souffle. J'aperçus une créature ténébreuse fondre vers moi pour m'envelopper dans son néant glacial.
Hello les petits anges ❤️
Ça fait hyper longtemps 😂
Lâchez-moi vos avis !
Que pensez-vous d'Axel ? D'Eden ?
Du démon qui s'en prend à lui ?
D'Eytan ? Je veux des théories 😂
Je vais essayée de publier la suite très bientôt !
Bisous ❤️🙈
~Chapitre revu~
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top