Chapitre 8 - La prisonnière
« Alpha, Lucy est avec moi et Olivia pendant la soirée, me reporta Tim.
– Très bien. »
Je fus soulagée d'apprendre qu'elle resterait avec Tim et sa femme. J'espère qu'elle pourra se confier et arrêter de m'éviter comme elle le faisait jusqu'à maintenant. Les entraînements finis, je me transformai en loup tandis que le soleil entamait la fin de sa descente à l'horizon. Mon loup voulait courir pour oublier qu'il ne pouvait pas toucher son âme-sœur. Enfin, je le pouvais, mais Lucy n'était pas tactile, ce que je pouvais comprendre après ce qu'ils avaient subi dans leur prison.
En réalité, personne n'avait révélé ce qu'il s'était passé avec précision. Toutes les meutes savaient juste qu'ils avaient été torturés. Leurs cicatrices en étaient la preuve même. Mais nous ne savions pas s'ils avaient eu plus des coups. Mon loup grogna face à cette possibilité.
D'après ces réactions avec moi, elle aurait très bien pu être violée... Je regardais le ciel et surtout la Lune en priant pour qu'elle n'ait pas de pensées suicidaires. Je ne voulais pas qu'elle se tue à cause de ma possessivité et surtout de ma stupidité. Un faux mouvement envers elle, et notre relation serait fini. Je le savais et cela me rendait furieux qu'on ait pu à ce point la privait de la joie d'avoir une âme-sœur tout comme la joie d'avoir une famille.
Les heures défilèrent et le ciel se couvrit par un manteau étoilé. Après m'être transformé en humain, je rentrai chez moi pour retrouver Lucy.
Quand j'ouvris la porte de notre chambre, elle était roulée en boule sur son côté du lit. Toujours les jambes repliées sur sa poitrine, elle se tourna vers moi avec un sourire. Je fus surpris par ces yeux de couleur dorée. Sa louve était aux commandes de son corps, ce qui n'était en général pas un bon signe. Seules une grande émotion comme la colère ou l'excitation pouvaient faire apparaître la louve dans le corps d'un humain.
« Tu vas bien ? demandai-je tout en la regardant inquiet.
– Tu as mangé ? demanda sa louve.
– Oui, répondis-je toujours en la dévisageant.
– Je m'appelle Lulu, diminutif de Lucy, se présenta-t-elle en s'asseyant sur le bord du lit.
– Tu es sa louve, annonçai-je d'un air songeur.
– Exact ! »
Un immense sourire fendit son visage. Elle était tellement heureuse. Je pouvais sentir cette joie à travers notre lien, ce qui mettait de bonne humeur mon loup. Il hurla en marchant dans mon esprit, comme s'il attendait que Lulu vienne à lui. Nos sentiments se répercutaient. Si mon loup ressentait de la joie, je le ressentais aussi même si ce n'était pas la joie de l'homme que j'étais. Nous étions deux esprits distincts, mais liés par ce corps.
« Lucy, je t'avais dit de te reposer, c'est-à-dire, au cas où tu ne l'aurais pas compris, pas de réflexions inutiles, » réprimanda Lulu d'un ton las en parlant à Lucy, ce qui était bien étrange.
« Tu n'es pas en colère ? Lucy va bien ? » demandai-je avec toujours cette inquiétude malgré son immense sourire sur le visage.
Je m'approchai d'elle et m'agenouillai pour que nos visages ne se retrouvent plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Sourcils froncés, ses doigts fins touchèrent ses rides creusées par le doute qui ornaient sûrement mon front.
« Ai-je l'air en colère ? déclara-t-elle en éclatant de rire. Lucy va bien, elle se repose un peu.Tu voudrais que ce soit elle aux commandes ? Sache que je suis de bien meilleure compagnie qu'elle. »
Elle m'envoya un clin d'œil, ce qui me fit rire. Elle avait décidément une personnalité plus joviale que Lucy. Mais pour moi, c'était les deux que je voulais. Lucy et Lulu. Même si Lulu semblait déjà se faire à l'idée que j'étais son âme-sœur, Lucy n'était pas de cet avis. Et j'espérai bien lui faire comprendre qu'elle pouvait m'aimer.
Je pris une douche rapide puis me couchai de mon côté du lit tandis qu'elle était restée allongée du sien. Elle resta dos à moi, mais cela ne me dérangeait pas tant qu'elle était là. J'étais assez épuisé pour rester éveillé. Je m'endormis presque tout de suite en écoutant les battements de coeur de mon âme-sœur enfin près de moi.
***
Réveillé par les faibles rayons de soleil qui passaient à travers les rideaux, je me retournai vers mon âme-sœur et souris. Elle était toujours dos à moi, avec ses longs cheveux noirs me faisant face. J'écoutai sa douce respiration qui me calma. Mon âme-sœur.
Je pris rapidement des nouvelles des gardes pour savoir s'il y avait eu des problèmes dans le territoire et à l'extérieur. Après l'attaque-surprise d'Alex par cette femme étrange, je ne pouvais pas mettre encore plus en danger les membres de ma meute. Apparemment, il n'y avait rien eu de suspect.
La jeune femme se réveilla quelques minutes plus tard, des minutes trop courtes pour l'admirer comme je le voulais. Elle s'étira allègrement sur le lit. Son bras cogna mon torse, ce qui la surprit. En alerte, elle se rassit d'un coup pour enfin se rendre compte que c'était moi à ses côtés. Je la fixai d'un air étonné et amusé par sa réaction. Elle lâcha un soupir de soulagement tout en passant ma main dans ses cheveux magnifiques cheveux.
« Adam, où est la femme que tu as capturée ? demanda-t-elle en me fixant de ses yeux verts. Tu sais la blonde qui poursuivait Alex ?
– En prison, répondis-je tout en m'asseyant. Pourquoi ?
– Je dois lui parler.
– Tu ne t'approcheras pas d'elle ! Elle est dangereuse, Lucy, » grondai-je.
Pourquoi voulait-elle la voir ? Elle savait bien qu'elle était un danger, une manipulatrice, une menteuse. Je l'ai bien vu la première fois qu'elle avait posé les yeux sur cette prisonnière.
« Je sais bien, mais... Tim pourrait m'accompagner, » suggéra-t-elle.
Ma colère me brûlait le cerveau. Je ne voulais pas l'effrayer, ni accepter sa demande. Mon loup ne voulait pas qu'elle approche cette femme. Je pris une longue respiration et lui demandai pourquoi elle souhaitait la voir. Afin de contourner la question, elle se retourna vers la fenêtre. Maligne.
« Il est encore tôt, tu devrais te recoucher, » envoya-t-elle en rejoignant la salle de bain.
Avant de refermer la porte, je soupirai contre cette femme têtue avant de laisser un léger sourire parsemer mes lèvres. Elle était vraiment têtue.
Finalement, elle réussit à me convaincre. Nous marchâmes côte à côte en direction des geôles où étaient gardés les prisonniers. Au fur et à mesure de notre avancée dans les dédales au sous-sol, je sentis son angoisse m'atteindre. Sa respiration était basse, trop basse. Je pouvais comprendre. Des souvenirs de son emprisonnement devaient lui revenir. C'était aussi ce que je craignais. Venir dans ses geôles était dangereux pour elle.
L'ambiance lugubre et l'odeur du sang devenaient de plus en plus pesantes. Les prisons empestaient. Au moins, on ne pouvait pas entendre les cris des personnes torturées ; les prisons dans lesquelles elles étaient enfermées étaient insonorisées.
Nous étions enfin arrivés devant la porte de sa cellule. Je m'arrêtai tandis qu'un guerrier ouvrit avec sa clé. Chaque guerrier était assigné à une seule prison. Il devait surveiller cette cage uniquement et pour cela, seul lui détenait la clé. Bien sûr, je gardais un double comme Luke en avait un.
Je soupirai doucement avant de me tourner vers Lucy. Elle avait les muscles tendus sous l'angoisse ou la peur.
« Tu es sûre ? » demandai-je, inquiet.
Elle me regarda, déterminée, en hochant la tête.
À l'intérieur de la petite pièce, deux guerriers étaient placés de part et d'autre de la femme enchaînée au mur. Tête baissée, ses longs cheveux blonds retombaient sur son visage. Ses jambes étaient repliées sous ses fesses. Comme à son arrivée, elle était vêtue d'une simple robe devenue couleur sang et terre. Je n'avais pas donné d'ordre particulier quant à son hygiène.
Je voulais la tuer, mais Alex m'avait dit de la garder prisonnière. Je me demandai même si mon frère n'avait pas manigancé la rencontre entre Lucy et la prisonnière. Et peut-être que c'était le cas. Mon frère m'impressionnait toujours. Depuis qu'on était petit.
« Pourquoi vous l'avez enchaînée ? demanda Lucy après avoir regardé ses chaînes.
– Elle a essayé de s'échapper à plusieurs reprises dès qu'on ouvrait la cellule, » répondis-je, chagriné qu'elle voulût la voir sans être attachée.
Je comprenais le sentiment de dégoût de Lucy, mais elle prit sur elle et avança dans la cellule. Mes hommes se tendirent et se mirent sur leurs gardes au cas où elle tenterait de m'attaquer. Seules les jambes de la prisonnière pouvaient bouger, mais on n'était jamais assez prudent. Cette femme aux cheveux blonds ne m'inspirait pas du tout confiance. Elle semblait plus forte qu'elle ne le faisait croire.
Lucy s'agenouilla devant elle et souleva ses cheveux poisseux et sales pour les balancer en arrière. Plus aussi blanc qu'avant, la prisonnière à la tête d'ange possédait des yeux vides comme si elle était perdue dans son propre monde, mais ils s'illuminèrent dès qu'elle croisa le visage de Lucy.
« Quel est ton nom ? chuchota Lucy.
– Alice, répondit-elle d'une voix grasse et fatiguée.
– D'accord Alice, ne t'en fais pas, je vais m'occuper de toi. »
Des larmes lui montèrent aux yeux et elle éclata en sanglots. Lucy la prit dans ses bras, mais je ne pus m'empêcher d'être en colère. La belle blonde jouait bien la comédie et j'avais peur que Lucy ne tombe dans son piège.
Et le simple fait que Lucy puisse la toucher et qu'elle se blottit dans les bras de mon âme-sœur me donnait envie de la tuer. Mon loup était plus que d'accord avec moi.
« Lucy, il faut qu'on parle, » s'éleva subitement ma voix nouée de colère.
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