Chapitre 30 - Vérité
Dans le chapitre précédent :
Ce moment de détente fut vite dissipé par une personne qui parlait à Lucy par le lien de meute. Je le voyais quand elle fixa le sol sans raison apparente. Même si je voulais savoir ce qu'il se passait, je laissai Lucy finir sa conversation. Mais ma patience avait des limites.
« Lucy, tu comptes nous partager ce que tu as trouvé ? »
Elle releva la tête, me fixa avant de soupirer.
« Oui, je vais tout vous révéler. »
***
Elle était stressée. Je pouvais le sentir à travers le lien, mais autant que mes parents, je voulais savoir ce qu'elle ne m'avait pas encore dit. Elle s'assit et regarda un instant Alex et Rachel qui lui redonnaient du courage. Elle répéta ensuite ce qu'elle m'avait déjà révélé après la cérémonie. Avant que je ne la laisse se faire capturé parce que je ne l'avais pas cru.
Christopher était un traître. La pire des ordures de notre espèce.
Ma mère était de plus en plus surprise, tandis que mon père hocha la tête durement. Il semblait accepter ce fait assez rapidement. Peut-être que lui avait toujours douté de Christopher ?
Après cela, Lucy commença à parler de leur organisation secrète.
« Il me semble que c'était Rachel qui avait eu l'idée, commença-t-elle à raconter. Nous étions dans des cages individuelles plongées dans une salle obscure. Au début, j'étais avec d'autres jeunes filles...vierges, j'ai sympathisé avec elles, mais au fur et à mesure des jours, elles disparaissaient et ne revenaient plus jamais. Nous étions de moins en moins nombreuses, mais un jour, pour je ne sais quelle raison, les chasseurs nous avaient placés aussi avec des nouvelles personnes. Des hommes.
– Moi, Tim, Anthony, Jayden et... Arès, continua Alex. Nous avons été placés dans cette salle aussi noire que la nôtre. Rachel, Megan et Jennyfer sont arrivées à ce moment-là aussi. Et, c'est là que nous avons fait connaissance. Je ne sais pas combien de temps on est resté ensemble. Mais à chaque fois qu'ils nous emmenaient pendant la journée, nous revenions toujours dans cette même grande prison.
– D'après mes comptes, cela faisait un peu près trois mois que nous sommes restés ensemble, » ajouta Rachel.
Trois mois ? Trois longs mois ensemble pour combien de temps seul à perdre l'appétit, le sommeil et même l'envie de vivre ?
Je pris la main de Lucy et la serrai dans la mienne, elle me lança un doux sourire. Comment pouvait-elle encore sourire après ce qu'elle avait vécu ? Je comprenais certaines de ses réactions la première fois que nous nous étions rencontrés. Son envie de rester loin de moi. Combien de personnes l'avaient torturée pour qu'elle se referme ainsi sur elle-même ? Combien de personnes avaient torturé Alex pour qu'il devienne ainsi ?
Je sentis ensuite la présence d'autres membres de la meute derrière la porte. Lucy se retourna vers la porte en bois. Les bruits de pas s'étaient arrêtés juste sur le seuil de la porte.
« Vous pouvez entrer, » annonça Lucy.
La porte s'ouvrit pour dévoiler un Tim souriant, un Anthony grincheux et une Megan renfrognée. Tim posa une main sur l'épaule de Lucy pour la réconforter, tandis qu'Anthony et Megan se tinrent à l'écart. Rachel se mit à côté d'Anthony. Elle prit sa main et resta accrochée à son bras. La surprise marquait les visages de mes parents et de moi-même. Lucy sourit, amusée par la situation, tandis que Rachel s'empourprait davantage.
Depuis quand étaient-ils ensemble ? Je savais que chacun d'entre eux avait perdu leur âme-sœur sans connaître les détails. Mais ce rapprochement était une surprise.
« Alors, je disais qu'on avait commencé à nous donner des noms de code pour que les chasseurs ne sachent pas de qui nous parlions, enchaîna Lucy. Megan est une très bonne stratégiste et a donc trouvé des moyens de s'échapper de la prison. On n'a pas pu s'enfuir tous en même temps. Arès et Megan se sont échappés en premier, il me semble, après on a dû se débrouiller pour s'en sortir. Le traître avait renforcé la sécurité.
– Alors, vous êtes sûr que Christopher Bellwood travaille avec ces chasseurs ? demanda mon père.
– Oui, » affirmèrent plusieurs d'entre nous.
Je soufflai tristement. Même si j'étais en colère, je revoyais le petit Chris détruit après la mort de sa sœur. Ma peine se propageait sans que je ne le veuille.
« Il mentait quand on l'avait interrogé. Il adorait voir les personnes se faire torturer. On le voyait dans ses yeux, murmura Lucy en caressant ma main. Je suis désolée.
– Non, ne le sois pas. Ce n'est pas de ta faute, dis-je en secouant la tête.
– Alors cette organisation a été faite pour trouver le traître ? demanda prudemment ma mère qui n'avait pas prononcé une parole jusqu'à présent.
– Oui, nous nous sommes promis que même si nous étions chacun de notre côté, une fois libérer, nous retrouverions le traître quoiqu'il advienne.
– Et, vous avez tenu votre promesse, déclara doucement ma mère tandis que Lucy hocha la tête.
– Nous devons nous préparer pour partir, annonça Anthony, impatient.
– Partir où ? demandai-je avec autorité.
– Megan a vu Christopher téléphoner à quelqu'un avant de se faire capturer. Elle a retrouvé le portable et Anthony a pu trouver qui il appelait et surtout où. Il y a une seconde planque et Alice est en vie. »
Dès que je sus ces informations, j'ordonnai aux hommes de s'armer pour partir. Derrière la porte, Olivia, la femme de Tim ainsi que Liliane était restée à l'écart, attendant leurs maris. Elles avaient certainement tout entendu, mais n'avaient fait aucun mouvement pour rentrer dans la pièce. J'en conclus qu'elles savaient tout. Chacun rentra chez eux, le temps de se préparer.
Sur le trajet, je restai muet. Que dire après de telles révélations ? Le fait qu'elle le dise et l'affirme avec plusieurs personnes ne faisait que renforcer l'idée que Christopher était un monstre. Arrivé dans notre chambre, je m'assis au bord du lit et me prit la tête dans les mains.
« Je n'arrive toujours pas à croire qu'il soit devenu un monstre pareil. »
La tristesse m'envahit à nouveau. Je sentis Lucy s'accroupir sur le sol, face à moi. Elle plaça ses mains sur les miennes puis laissa tomber son front sur mes cheveux noirs. Fermant les yeux, je respirai son odeur addictive.
« Je le savais, annonçai-je, soudainement.
– Que veux-tu dire ? prononça-t-elle confuse.
– J-je savais qu'il était violent. Dangereux. J'ai essayé de l'aider quand on était petit. Mais i-il recommençait à se battre contre les plus faibles. Il se voyait comme quelqu'un de puissant. Chrissy était la seule qui arrivait à le calmer. Après la mort de sa sœur, il est devenu Alpha et je me suis dit qu'il avait changé en quelqu'un de bien. Mais c'est tout l'inverse. »
Je me sentais coupable. Coupable de l'avoir laissé faire. De l'avoir laissé torturer des personnes. Lucy me fit relever la tête et elle me vit. Moi et mes faiblesses. Moi au bord des larmes.
« Je suis désolé pour tout ce qu'il t'a fait, à toi et aux autres. »
Elle secoua la tête en laissant ses larmes s'évader. Ma main caressa doucement son visage, essuyant ses joues mouillées. Elle s'approcha encore un peu plus de moi. Ses lèvres effleurèrent les miennes jusqu'à les toucher. Elle m'embrassa. Doucement. Tendrement. Avec amour.
Je me levai, la soulevant aussi. Debout l'un en face de l'autre, elle posa sa tête sur mon cœur battant. Mon visage contre son cou, je soufflai là où sa marque se trouvait. Des frissons la parcoururent. Très vite, une tension électrique s'immisça dans la chambre.
« Adam ? » chuchota-t-elle en laissant un gémissement s'échapper. Je grognai de satisfaction face à ce son.
Je repris sa bouche et l'embrassa à en perdre tout sens de la réalité. Une chaleur se propagea dans tout mon corps. Collé à elle, je la retenais debout quand je sentis ses jambes devenir faibles. Ses mains jouèrent avec mes cheveux, pendant que mes lèvres repartaient vers son cou offert à moi.
Mes mains passèrent sans retenue sous son haut, pour la caresser à même la peau. Je ne pouvais plus m'arrêter. Il y avait cette envie. Dévorante.
Tout d'un coup, je lui attrapai les fesses et la soulevai. Elle entoura de suite ses jambes autour de ma taille. Et je repris l'assaut de sa bouche. Toujours avec l'envie de la goûter. Des grognements de plaisir m'échappèrent. Mon loup en demandait plus, mais je devais le calmer. Ne pas me presser pour sentir chacun de ses souffles et gémissements. Je la déposai doucement sur le lit, en gardant mon corps près du sien. Son regard vert. Désireux. Je n'arrivais pas à m'en défaire. Elle était sublime.
Alors que je l'admirais, elle leva son visage pour reprendre mes lèvres qui la narguaient d'un sourire satisfait. Je n'étais pas le seul à être impatient. Elle le voulait tout autant.
Je l'embrassai de nouveau. Ses gémissements étouffés chantaient dans la chambre. Une mélodie parfaite à mes oreilles. Je continuai mon chemin vers son cou, que je suçotais avec plaisir.
« Adam. »
Son désir vibrait aussi dans ses paroles. Mon loup repartait au quart de tour et voulait finaliser notre union. Enfin s'accoupler pour ne faire qu'un. Ne plus être seul.
Je ne pouvais m'empêcher de sourire contre sa peau brûlante. Ma bouche descendit jusqu'à la naissance de sa poitrine. Je déposai un baiser à cet endroit précis. Puis m'arrêtai. Quelque chose n'allait pas. Ses mains n'étaient plus aussi avides de me toucher.
« Lucy ? » demandai-je, confus et inquiet.
Elle ne bougeait plus. Pourquoi ?
« Lucy ? » répétai-je.
Sa respiration se bloqua. J'ouvris grands les yeux et allai parler à nouveau avant qu'elle ne me dise le nom que j'espérais ne plus entendre avant quelque temps.
« Christopher. »
Un chuchotement qui me figea. Soudain, les membres de Lucy m'envoyaient des coups. Elle me frappait comme si j'étais un ennemi. Comme si j'étais Christopher... J'essayai de l'arrêter sans lui faire de mal, mais c'était difficile.
« Lucy ! » criai-je dans son esprit.
Elle s'arrêta enfin.
« Adam ? » demanda-t-elle, confuse.
Elle me regarda. Vraiment.
Elle m'avait foutu la peur de ma vie. Mon souffle se calma tandis qu'elle regarda frénétiquement la pièce où elle était. La chambre. Doucement, je la laissai reprendre ses esprits et revenir auprès de moi. Elle me fixa ensuite, ne comprenant pas ce qu'il s'était passé.
Inquiet, je la fixai droit dans les yeux. Mais un autre sentiment dominait. La colère. Qu'avait fait Christopher pour qu'elle se débatte ainsi ? Tout se passait bien jusqu'à ce que je tente d'aller plus loin. Christopher avait-il tenté de la violer ? Avait-il réussi à le faire ?
Je laissai Lucy essuyer ses joues qui portaient des traces de larmes.
« Lucy, qu'est-ce que Christopher t'a fait ? demandai-je, en essayant de garder ma colère sous contrôle.
– Rien, répondit-elle en baissant la tête.
– Lucy, » grondai-je plus fort.
Je savais qu'elle mentait. Je savais qu'il avait fait quelque chose d'intime. Quelque chose que seules des âmes-sœurs pouvaient partager.
« Je suis désolée, » dit-elle en pleurant.
Avant que je ne dise des paroles, elle accourut vers la salle de bain et s'y enferma. Je sentais sa panique à des mètres. Je jurai contre moi-même pour l'avoir mise dans cet état. Je frappai à la porte, mais elle ne m'ouvrait pas.
La panique me submergea ensuite. Je ne pouvais pas la perdre. Pas maintenant.
J'entendis l'eau s'écouler du robinet alors qu'elle pleurait. N'en tenant plus, je me mis de profil et défonçai la porte.
Je vis Lucy nue, dans la baignoire. Le savon dans les mains, elle se frottait avec hâte. Comme si elle essayait de faire partir une tâche invisible.
Je lui pris le savon des mains avant qu'elle ne frotte de trop sa peau tatouée.
« Non ! cria-t-elle comme si ce bout de savon était la seule chose qui la maintenait en vie.
– Lucy, écoute-moi ! Calme-toi. Tout va bien, dis-je calmement alors que je paniquais.
– Non, rien ne va ! Son odeur ! Sa voix ! Elle est partout, Adam ! Partout ! »
Prise de vives secousses, elle finit par fondre en larmes. Je la pris dans mes bras, sans faire attention à l'eau. Je la portai tandis qu'elle pleura à chaudes larmes sur mon torse. Je la maintins contre moi en espérant que ces cauchemars cessent. Mais aussi pour me prouver qu'elle était toujours là. Que je ne pouvais pas la lâcher. Que je ne pouvais pas la perdre.
Je l'enveloppai d'une couverture et lui soufflai des mots à l'oreille. Je ne savais pas à quel point elle arrivait à me comprendre, mais après quelques minutes, sa respiration devint plus apaisée.
« Je t'aime, Lucy. Je t'aime. »
Je répétai ces mots en boucle en espérant la faire revenir vers moi. Elle releva son regard émeraude pour croiser mes yeux et me sourit faiblement.
« T-tu vas bien ? demandai-je toujours sous le choc.
– Oui, je vais bien. Je suis désolée, souffla-t-elle avec douceur.
– Arrête de t'excuser. Tu m'as fait vraiment peur, » dis-je en la serrant encore une fois dans mes bras en sentant son odeur.
Le choc finit, Lucy m'informa qu'on devait partir vers l'autre planque. J'hochai la tête puis la relâchai. Je lui demandai tout de même si elle allait réellement bien avant de m'engouffrer dans la salle de bain.
Ce type allait souffrir comme il avait fait souffrir Lucy. Mon loup était aussi déterminé que moi. Cet homme n'était plus l'enfant que je connaissais. Ce n'était qu'un tortionnaire. Un meurtrier. Un traître.
Je ressortais de la salle de bain avec de nouveaux vêtements et m'avançai vers Lucy avant de l'embrasser. Hors d'haleine, je relâchai mon étreinte et posai mon front contre le sien pour me réconforter de ma décision prise.
« Je vais le tuer. Je te jure que je vais le tuer, » promis-je avec l'approbation de mon loup.
Lucy sourit.
En descendant les escaliers, elle me fit une autre confession. Elle me révéla que le traître ne l'avait pas violée, qu'il l'avait juste touchée. Je restais figé un instant, en resserrant les poings. Juste, juste touchée. Déjà ce geste était impardonnable, mais je contenais ma colère et hochai simplement la tête.
De toute façon, Lucy était mon âme-sœur. Elle était à moi et j'étais à elle. C'était une vérité qui ne changerait jamais.
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