Chapitre 9 Partie 3/3 : Le retour du frère prodigue!

Chapitre 9 Partie 3/3 : Le retour du frère prodigue !

Le sourire aux lèvres, Alicia entra dans sa chambre et constata que sa sœur ne dormait pas encore, attendant sûrement tous les détails de son rencard avec André. Elle fit mine de l'ignorer et se dirigea vers la salle de bains. Keyra la suivit et s'adossa contre l'encadrement de la porte, les bras croisés sur la poitrine et les yeux pétillants.

— Je veux tout savoir ! annonça-t-elle avant même que sa sœur n'ait eu le temps de se démaquiller.

Cette dernière lui fit un clin d'œil et entama ce qu'elle avait en tête, laissant Keyra dans le suspense encore quelques instants.

Après s'être rafraîchie, Alicia s'habilla et se dirigea vers son lit faisant mine de vouloir dormir. Mais un oreiller reçut en pleine tête lui fit changer d'avis.

 — Arrête de vouloir jouer avec mes nerfs, tu sais très bien que je veux savoir ce qui s'est passé non ? se plaignit Keyra au bord de l'impatience.

Alicia s'approcha d'elle et lui pinça le bout du nez en souriant.

— Ta curiosité va te créer des ennuis un jour, tu le sais ? reprit sa sœur.

— Pour le moment c'est le cadet de mes soucis. Allez raconte, comment c'était ? Vous êtes en couple n'est-ce pas ? Je vous ai vu vous embrasser tout à l'heure.

— Toi vraiment ! Tu ne changeras pas. Tu m'espionnes maintenant ?

— Mais non, j'ai juste vu ses phares et j'ai accouru à la fenêtre. C'est là que je vous ai vus. Oh mais arrête d'esquiver le sujet et réponds-moi steuuuplaiiit, répondit-elle en faisant sa mine de chien battu.

Alicia hocha la tête, piquant du fard. Les yeux de Keyra s'agrandirent.

— C'est un oui ? Vous êtes ensemble ? s'écria Keyra.

— Oui, nous sommes en couple mais je...

Keyra n'attendit même pas le reste de la phrase de sa sœur qu'elle se mit à sautiller sur son lit, le visage illuminé par le bonheur. Alicia quant à elle riait de son attitude enfantine. Keyra lui prit la main et l'incita à faire comme elle. Après qu'elle se soit un peu calmée, Alicia lui raconta leur mésaventure avec celui qui avait été autrefois son petit ami.

— Ce Jules ! s'énerva Keyra. Si j'avais été là, je lui aurais foutu mon poing dans sa face, affirma-t-elle.

— Te connaissant, je sais que tu n'aurais pas hésité une seule seconde, ria Alicia.

— Allez allez, ne parlons plus de lui. Tu sais ce qui me rends encore plus heureuse dans cette histoire ? demanda-t-elle à sa sœur.

Cette dernière hocha la tête en signe de négation.

— C'est moi qui ait remporté le pari, ce qui signifie que ma très chère sœur adorée tu me dois cinq mille francs et trois déjeuner complets, annonça-t-elle le sourire s'agrandissent jusqu'aux oreilles.

— Escroc ! Tu les auras mais pas maintenant. On ferait mieux d'aller dormir, il est minuit passé et on doit travailler demain.

— Aujourd'hui ! rectifia Keyra.

— Tu m'as comprise, répliqua son aînée.

***

Les locaux de M. Design grouillaient de monde depuis ce matin. Les commandes ne cessaient d'affluer depuis le succès du lancement. Les caisses aussi se remplissaient, mais cela avait pour effet de doubler le rythme habituel du travail. Malgré toute cette pression qui était la leur depuis le lancement, André qui était arrivé de bonne humeur ce matin ne cessait de chantonner en travaillant, manifestant à qui voulait le voir son bonheur. Ayant besoin de la liste des ventes de M. Design de ces deux derniers mois, Hermann s'était rendu à son bureau et l'avait trouvé, souriant à pleine dents l'air rêveur.

— André ?

Celui-ci ne lui répondit pas, la tête toujours dans les nuages. Monsieur Mensah s'avança vers lui et claqua ses doigts devant lui. André cligna des yeux par surprise et les dirigea vers celui qui avait interrompu ses pensées.

— Hermann ? Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit-il.

— C'est à toi que je devrais poser cette question. Tu n'a pas l'air bien aujourd'hui, répliqua ce dernier.

Un sourire se dessina à nouveau sur le visage de l'amoureux.

— Je vais bien, je suis juste heureux !

— Pour quelle raison ?

— J'en ai déjà parlé avec Angela mais je n'ai pas eu le temps de t'en parler. Frangin, je suis en couple !

Hermann fut surpris par cette nouvelle un peu brusque à ses yeux.

— En couple ? Qui est l'heureuse élue ? demanda-t-il.

— Alicia, annonça l'aîné.

— Alicia ? Tu veux dire Alicia Tancey, la sœur de Keyra ?

— Oui, c'est bien elle.

Hermann en fut encore plus surpris.

— Tu ne trouves pas que vous allez trop vite ? Ça fait seulement deux semaines qu'elle travaille ici.

— Quand je l'ai vu ce jour-là dans ton bureau, j'ai eu le coup de foudre et depuis j'ai pas cessé de la courtiser. Mais mes efforts ont payés. Nous sommes ensemble, termina-t-il dans un sourire.

— Je continue de penser que c'est une mauvaise idée. Vous vous connaissez à peine, d'ailleurs tu es sûr qu'elle ressent la même chose pour toi ?

— Je comprends ta réaction frérot mais tu peux me croire, nous sommes vraiment amoureux.

— Je dis ça pour ton bien, je n'ai pas envie de devoir te ramasser à la petite cuillère encore une fois.

— Ne t'inquiète pas. Je suis confiant cette fois-ci. Elle est la bonne pour moi, je le ressens.

Hermann soupira et agita la tête. André pouvais être une vraie tête de mule quand il s'y mettait.

— Bien ! Dans ce cas je te félicite alors, mais rappelle-toi je trouve quand même que c'est une mauvaise idée.

— Merci, mais je te le redis tu n'as pas à t'en faire pour moi.

— Passons, j'ai besoin de la liste de ventes de ces derniers mois.

— Keyra vient de passer, je le lui ai déjà remis.

— Okay, dans ce cas je retourne travailler.

Hermann sortit du bureau de son frère un peu abasourdi. Ils se connaissaient depuis à peine deux semaines. Même s'il voulait bien croire que le coup de foudre existait, le fait de se mettre en couple en un si court laps de temps restait une mauvaise idée à ses yeux. Peu importe, le temps leur prouvera qui de lui ou André avait raison. Hermann retourna dans son bureau et vit Keyra qui posait un document sur son bureau.

— C'est la liste ? demanda-t-il.

— Oui monsieur.

Hermann s'assit derrière son bureau et se saisit du document pour le lire. Après un moment, il déposa les papiers et se tourna vers Keyra.

— Dis-moi, tu savais pour mon frère et ta sœur ?

Keyra hocha la tête pour approuver avant d'ajouter.

— Je le sais depuis le début.

— Réponds-moi franchement, tu ne trouves pas qu'ils y vont trop vite ?

— Je sais ce que vous vous dites. Ça fait juste deux semaines qu'ils se côtoient et ils sont déjà en couple. Mais pour vous répondre franchement, je trouve qu'ils sont plutôt mignons ensemble. Ils s'aiment pour de vrai. Je n'avais jamais vu ma sœur parler d'un homme avec autant d'étincelles dans les yeux et je pense qu'André est aussi sincère. Je ne vois donc pas en quoi le temps est un problème.

Un peu rassuré quant aux sentiments d'Alicia pour son frère, Hermann ne rajouta rien et ils se remirent à travailler comme si cette discussion n'avait jamais eu lieu. Aux environs de onze heures, monsieur Mensah reçut un appel. Après s'être isolé pour le prendre, il revint auprès de Keyra et lui apprit qu'il devait sortir de toute urgence. Elle pouvait donc en profiter pour faire une pause. Cela parut étrange à son assistante mais elle évita de lui faire une quelconque remarque. Cela ne la regardait pas et en plus, elle n'avait pas envie de rajouter de l'huile sur le feu. Leur relation n'était plus si tendu qu'auparavant, autant ne pas le provoquer. Et c'était aussi la raison pour laquelle elle avait reconsidérer sa décision de lui faire faux bon pour le dîner. Monsieur Mensah sortit, Keyra prit la direction de l'atelier. Ce n'était pas parce qu'il lui avait donné du temps libre qu'elle allait attendre en se tournant les pouces. Elle pouvait en profiter pour voir où en était les préparatifs pour le concours, chose qu'elle fit. Après avoir terminé son inspection, Keyra retourna au bureau de son patron et s'assura que tout était en ordre dans les dossiers avant de sortir déjeuner avec ses amies.

***

Keyra ouvrit les yeux avec peine. La semaine était vite passé, beaucoup trop vite à ses yeux. C'était déjà le weekend. C'était ce soir qu'elle allait dîner avec son patron. Jamais elle n'aurait crû avoir les mots patron, elle et dîner dans la même phrase. À moins que ce ne soit : « Son patron l'avait chargée d'organiser un dîner entre lui et des partenaires d'affaires » ou quelque chose dans le genre. Keyra agita négativement la tête pour remettre de l'ordre dans ses idées et se décida à se lever de son lit pour aller prendre sa douche.

Angela et Alice l'avaient prévenus la veille qu'elles iraient faire du shopping en raison du dîner de ce soir. Keyra avait beau essayé de leur faire comprendre que ce n'était pas nécessaire mais elles n'avaient rien voulu entendre. De guerre lasse, elle avait fini par céder. Après s'être apprêtée, elle descendit préparer le petit déjeuner pour sa famille le temps d'attendre ses amies. Alicia allait passer toute la journée en compagnie de son nouvel ami.

Dix neuf heures ! Des bruits de klaxons retentirent. Keyra soupira. Le chauffeur de monsieur Mensah était là, pile à l'heure. Elle prit sa pochette et sortit de la maison après un bref au-revoir à ses parents. Tante Marie lui faisait un peu la tête depuis l'après-midi car elle lui avait caché en quelque sorte son rencard de ce soir. Keyra avait beau lui expliquer qu'il ne s'agissait pas d'un rencard mais d'une sorte de rendez-vous de travail mais sa tante ne voulait rien entendre. Keyra adressa un salut poli à l'endroit du chauffeur de son patron dès qu'elle entra dans la voiture. Bien que ce soit la première fois qu'elle le voyait, se sentant en confiance, elle s'était mise à ses côtés sur le siège avant.

— Vous pouvez vous mettre à l'arrière, ce soir je suis à votre entière disposition, lui dit-il après avoir répondu à son salut.

— Non, vous êtes le chauffeur de monsieur Mensah pas le mien. D'ailleurs vous et moi travaillons tous deux pour lui, il serait préférable qu'on se tutoie, n'est-ce-pas ?

— Si ça ne te dérange pas, alors moi non plus, lui répondit-il avec un clin d'œil à l'appui.

Keyra lui répondit par un léger sourire. Il démarra la voiture après l'avoir aidé à attacher sa ceinture. Sur le chemin qui les menait à la résidence de The Devil, les deux subalternes de monsieur Mensah se présentèrent mutuellement afin de tuer le temps durant tout le trajet. Keyra appris ainsi qu'il se prénommait David et qu'il était au service de monsieur Mensah depuis trois ans déjà. Quand elle lui posa la question de savoir pourquoi en tant que chauffeur de monsieur Mensah, c'était la première fois qu'elle le voyait, il lui répondit qu'en fait il était juste chargé de faire les courses. Il avait déjà conduit monsieur Mensah plusieurs fois, mais comme celui-ci aimait personnellement conduire, il se passait très souvent de lui. Ils parlèrent de tout et de rien jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination.

Les deux grands portails s'ouvrirent quand les deux coups de klaxons se firent entendre. Quand David gara la voiture au parking, Keyra eu l'occasion de constater que son patron possédait d'autres voitures. Celle qu'elle avait bousillé lors de leur première rencontre était aussi dans le garage, neuve comme si aucun incident ne s'était produit. Il devait beaucoup tenir à cette voiture, se dit Keyra. La jeune fille descendit de l'engin et suivit son escorte.

En traversant l'allée du jardin, Keyra constata que celui-ci était soigneusement tenue. Aucune herbe ne dépassait et les fleurs étaient magnifiques. Situé près de la piscine rectangulaire, la terrasse garnit de pavés de pierre au sol était en parfait contraste avec les sièges taillés en forme de mains humaines. La paume servant d'assise et les doigts de dossier. Ils étaient au nombre de quatre. Au milieu, se trouvait une table ronde fait de la même matière que les chaises. Un vase de fleurs, sûrement tiré du jardin y trônait avec magnificence. Elle y était déjà venue plus d'une fois, mais c'était certainement la première fois qu'elle prenait le temps d'observer la maison. Le reflet de la lumière illuminant la terrasse sur l'eau de la piscine créait une atmosphère détendue et chaleureuse. Cela lui rappelait étroitement des souvenirs lointains.

Interrompue dans ses pensées par David, Keyra dû avancer jusqu'à l'entrée principale de la villa. Une domestique vint l'accueillir dès qu'elle eût franchit la porte du salon principale pour la guider. Étant donné qu'elle y était déjà venue, Keyra l'informa qu'elle pouvait très bien se retrouver dans cette immense demeure. Monsieur Mensah ayant donné des ordres strictes, la domestique en question ne pu se résigner à l'abandonner. Keyra haussa les épaules sans insister. Elle était très bien placée pour savoir quel caractère avait son patron. Keyra laissa Margaret la conduire jusqu'à la bibliothèque.

— Wahou ! lâcha-t-elle en effleurant des doigts les livres sur les étagères.

La bibliothèque était immense. Les livres semblaient disposés par taille sur les étagères. Ainsi, ils étaient positionnés du plus petit volume au plus lourd. Au nombre de sept, les étagères étaient toutes garnies de livres. Keyra s'en approcha et découvrit que cinq de ces étagères étaient essentiellement garnis des livres d'auteurs Africains, pour la plupart les célèbres militants de la cause de leurs confrères et les responsables de l'abolition de l'esclavagisme. Le reste des étagères étaient dédiés aux autres auteurs d'un peu partout dans le monde. Impressionnée, Keyra continua sa visite. Son regard fut attiré par de magnifiques tableaux. Du naturalisme en passant par le cubisme jusqu'à l'art abstrait, il y en avait à peu près de tous les styles.

C'est pas une maison, c'est un musée d'art, pensa Keyra en continuant d'observer ces murs richement décorés. Elle remarqua cependant qu'une partie était réservé à des portraits tous signés A.D.M. Ils représentaient à la perfection les trois aînés de la famille Mensah.

Cet auteur a beaucoup de talent. Il a réussit à rendre parfaitement l'humeur de monsieur Mensah à travers la peinture, se dit-elle avant de se mettre à roucouler. Une autre toile attira son attention. Elle représentait un jeune homme au teint noir avec de mini dreadsloss sur la tête. Ses joues semblaient creusés par son sourire charmeur. Et ses yeux semblaient irradier de bonheur. Ce devait être lui le fameux Alex dont Alice lui avait parlé.

— Plutôt mignon, lâcha-t-elle en admirant le portrait.

Cependant, elle ne put contempler l'œuvre d'art pendant longtemps car le bouledogue de monsieur Mensah fonçait à vive allure vers elle en aboyant, ignorant les ordres de son propriétaire. La domestique avait pris ses jambes à son cou lorsqu'elle avait vu Sly arriver après avoir pris soin d'informer Keyra. Seule face à l'animal, la jeune fille ne paniqua pas et ne bougea pas d'un poil. Monsieur Mensah se précipita au bas des escaliers pour l'aider mais il fut surpris de voir Keyra rire des léchouilles de son chien.

— Arrête ça chatouille, réussit à dire Keyra au milieu de ses rires.

Étonnamment, le chien lui obéit et s'assit à ses pieds, décidé à ignorer son maître. Keyra se baissa et commença a le caresser comme s'il était un chat, et ce sans que l'animal ne bronche. Monsieur Mensah fut surpris face à la complicité qui venait de naître entre son animal de compagnie et son assistante. Même à Angela, il lui avait fallu un peu de temps pour que Sly s'accommode à elle.

Keyra n'était décidément pas une employée comme les autres. Elle était non seulement la seule qui avait réussi à trouver une idée originale pour remettre l'agence sur pied mais aussi la seule qui s'entendait parfaitement bien avec son chien, pourtant capricieux. Quand il eu atteint sa dose de caresse, il lécha la jeune fille et retourna dans la chambre de son propriétaire sans que celui-ci n'eût a dire quoi que ce soit.

— Il est trop chou, s'exclama Keyra en le regardant partir.

— Tu as de la chance, d'habitude il est hostile envers les personnes étrangères.

— On dirait qu'il m'aime bien ! affirma-t-elle avec un sourire sur les lèvres.

— Apparemment, dit-il ne pouvant qu'adhérer à sa thèse.

Keyra s'approcha du tableau, les mains posées dessus avec une certaine nostalgie, elle se tourna légèrement vers monsieur Mensah et lui demanda s'il s'agissait bien d'Alex.

— Tu as visé juste, mais comment le connais-tu ? répondit-il avec appréhension.

— En fait c'est Alice qui m'a parlé de lui. Mais j'avoue qu'après avoir vu son portrait aujourd'hui, j'aimerais bien le rencontrer. Elle m'a dit qu'on était pareils tous les deux, alors j'espère que je pourrais m'entendre avec lui.

— Ce n'est pas aujourd'hui que tu le rencontrera, il vit à Miami depuis un moment.

Face à la moue dégoûtée de la jeune fille, il décida de changer de sujet.

— Allez viens, le dîner est servi.

Keyra le suivit sans broncher jusqu'à la salle à manger.
Là aussi, elle fut surprise par la somptuosité de la salle et de la grandeur de la table. Il y avait huit chaises disposées. Il y en avait quatre à gauche, quatre à droite et deux assez éloignés l'une de l'autre. Au juste milieu de la table trônait un magnifique vase de fleurs, qui elles aussi devaient provenir du jardin. Juste à côté, une corbeille garnie de fruits saisonnier prenait la place, invitant les occupants de la table à se servir. Comme si cela n'était pas déjà suffisant, un pichet de jus de fruit attendait patiemment d'être bu. De par sa couleur, Keyra devina aisément que c'était du jus de pomme.

Monsieur Mensah tira une chaise et s'assit. Comme Keyra était toujours debout attendant sa permission, il lui fit signe de la main qu'elle pouvait s'asseoir elle aussi. La jeune fille s'exécuta et se mit à regarder autour d'elle, terriblement mal à l'aise de se retrouver confrontée à cette situation qu'elle avait pourtant voulu éviter depuis le départ. Peu de temps après, monsieur Nestor accompagnée de deux autres domestiques apporta le repas. Keyra le gratifia d'un sourire, sourire auquel ce dernier répondit par un clin d'œil. Après avoir déposé les plats le majordome de monsieur Mensah s'éclipsa, non sans leur avoir au préalable souhaité un bon appétit. Malgré le fait que son ventre criait famine depuis quelques instants, la demoiselle attendit patiemment que son patron se serve avant de faire de même, observant méticuleusement sa manière de faire. Lorsqu'il commença à manger, Keyra ferma les yeux et fit une prière rapide avant d'entamer la première bouchée de son met.

Un rot s'échappa de la bouche de Keyra malgré elle après qu'elle ait savourer son dîner. Elle se couvrit immédiatement la bouche avec sa main tentant de rectifier le tir. Mais c'était déjà trop tard. Keyra s'excusa auprès de son patron pour son comportement grossier. Monsieur Mensah ne le releva pas et fit comme s'il n'avait rien entendu histoire de la mettre à l'aise, mais cela ne faisait qu'accentuer la gêne que ressentait la jeune femme. Le dîner s'était passé en silence, seul le bruit des couverts était perceptible.

Assise dans sa chaise, Keyra n'arrêtait pas de gigoter. Monsieur Nestor se présenta et se mit à desservir la table après avoir eu la confirmation qu'ils avaient fini de manger. Pour combler ce silence pesant, Keyra demanda au majordome qui était l'auteur de ces mets.

— Mademoiselle a apprécié le dîner ? demanda le majordome.

— Oui, beaucoup monsieur Nestor. C'était sans aucun doute le meilleur repas que j'ai jamais mangé de toute ma vie. Vous savez qui l'a fait ? J'aimerais remercier cette personne.

Le visage souriant, monsieur Nestor lui répondit calmement.

— La personne que vous voulez remercier se trouve en face de vous mademoiselle. C'est monsieur qui a tout fait, y compris le repas.

Keyra qui avait entamé son verre de jus faillit s'étouffer avec le contenu tant sa surprise fut grande.

— Ha ? C ... C'est monsieur Mensah qui a préparé cela ?

— Oui, monsieur a choisi en personne les ingrédients utilisés et a personnellement fait la cuisine, nous interdisant de toucher à quoi que ce soit. Monsieur à même...

— C'est bon Nestor, tu peux partir maintenant.

— Bien, Nestor se retire.

Son majordome partit, Hermann s'adressa immédiatement à son assistante, voyant qu'elle s'apprêtait à parler.

— Tu n'as pas à faire quoi que ce soit ni à me remercier. En fait si j'ai fait tout ceci, c'était pour te remercier.

Keyra ouvrit grand les yeux.

— Me remercier ? Pourquoi ?

— C'est grâce à toi si l'agence a retrouvé son prestige d'avant. À vrai dire, elle se porte mieux qu'avant. Alors merci beaucoup Keyra.

— Puisque vous me remerciez si sincèrement, alors j'accepte, répondit Keyra en riant.

— Ce n'est pas tout, j'ai quelque chose pour toi.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Donne-moi ta main.

Un peu méfiante, Keyra tendit quand même sa main vers lui et ferma les yeux avant même qu'il ne le lui demande. Un léger sourire dessiné sur le visage, Hermann mit la main à sa poche et glissa quelque chose dans celle de Keyra. Ayant reconnu l'objet au toucher, Keyra ouvrit les yeux pour s'en assurer. Un sourire sincère se dessina sur son visage face à son médaillon.

— Vous... vous l'avez retrouvé ? demanda-t-elle émue.

Hermann acquiesça et lui expliqua qu'il l'avait retrouvé quand elle avait pris le congé de trois jours mais qu'il attendait le bon moment pour le lui remettre.

— Merci monsieur, vous ne savez pas à quel point cette chaîne m'est chère.

— Fais attention à ne pas la perdre une prochaine fois, lui conseilla-t-il.

— Bien entendu, c'était assurément la dernière fois, le rassura Keyra.

— Tu veux que je t'aide ? proposa-t-il voyant qu'elle peinait à se la mettre autour du cou.

Keyra hocha la tête, étant donné que c'était Alicia qui l'aidait habituellement avec ce genre de chose. Monsieur Mensah se leva de sa chaise et contourna la table. Il lui tendit la main. Ayant compris le geste, Keyra lui remit la chaîne et se leva, se postant devant lui. La chaîne entre les doigts, il la lui passa autour du cou. Ses doigts effleurèrent le cou de la jeune fille lorsqu'il fixait la chaîne.

— C'est fait, lui dit-il en retirant ses mains.

— Merci monsieur, répondit Keyra le visage légèrement rosie en se retournant vers lui.

— Keyra je...

Il ne pu terminer sa phrase car la sonnette se fit entendre. Il en fut surpris car il n'attendait personne, du moins pas ce soir-là. Qui cela pouvait bien être, qui plus est à cette heure-ci ? Hermann sortit de la salle à manger, et se dirigea vers le salon. N'ayant pas envie de rester seule, Keyra le suivit.

Monsieur Nestor qui était allé ouvrir la porte passa devant eux avec deux énormes valises, se dirigeant vers l'une des chambres a l'étage. À la vue de ces valises, Hermann comprit de suite qui était son invité surprise. Quelques instants après que Nestor soit monté, un homme cagoulé entra dans le salon, un cutter à la main.

— Plus un geste, c'est un braquage, dit l'homme cagoulé avec une grosse voix qui sonnait faux.

Hermann croisa les bras sur sa poitrine le regardant d'un air blasé tandis que Keyra arqua son sourcil droit. Voyant que sa surprise n'avait pas eu l'effet escompté, il retira finalement sa cagoule.

— Quoi ? Faites un peu semblant d'être effrayés non ? C'est pas vrai, jura-t-il.

— Avec ton numéro, tu n'aurais même pas pu effrayer un moustique.

— Tu me vexes, se plaignit le nouveau venu, la main posée sur la poitrine.

— La vérité est toujours difficile à entendre.

Keyra observa l'échange entre un ces deux hommes, un peu amusée.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi tu ne m'as pas prévenu de ton arrivée ? demanda l'aîné.

— Mais je viens toujours à la même date chaque année, je ne pensais pas devoir te le rappeler encore une fois, répliqua l'autre.

Il jeta un coup d'œil à Keyra et s'approcha d'elle avant de poursuivre tout en la fixant.

— Aah je vois, c'est parce que tu étais en une très bonne compagnie n'est-ce pas ? demanda-t-il en faisant un clin d'œil à Hermann. Bonsoir Keyra, je suis Alexandre Daniel Mensah, A.D.M en abrégé et Alex pour les intimes, le petit frère de ce grincheux. Enchanté de faire enfin ta connaissance.

Keyra ouvrit grand les yeux. Alexandre? C'était donc lui le fameux Alex dont Alice lui avait parlé ? Minute, ADM ? C'était aussi lui qui avait peint ces portraits ?

Il reste toujours beau même avec les cheveux coupés, pensa Keyra en le fixant, un sourire idiot dessiné sur les lèvres.

— Bonsoir je suis Keyra.

— Je sais, je viens de t'appeler par ton prénom.

La jeune fille fronça les sourcils. Comment le savait-il ? C'était la première fois qu'ils se voyaient.

— Com... comment tu le sais ?

Il lui indiqua du regard la chaîne autour de son cou.

— Ça me semblait évident, lui répondit-il en lui faisant un clin d'œil, suivit d'un sourire charmeur. C'est un joli prénom, à la hauteur de ta beauté.

— Tu essaie de me flatter ? demanda-t-elle amusée.

— J'ai réussi ? répliqua-t-il sans répondre à sa question.

— Nan, lâcha-t-elle sur un ton légèrement amusée en hochant négativement la tête.

Et les deux se mirent à rire. Le courant était vite passé entre eux. Un raclement de gorge les fit taire séance tenante. Tous deux convergèrent leurs regards vers l'auteur. Étant donné qu'ils n'avaient pas encore pris de dessert, monsieur Mensah suggéra à Keyra de retourner à la salle à manger. Sans grande surprise, Alex les suivit.

— C'est toi qui a préparé cela frangin ? demanda le benjamin dès sa première bouchée, tu es le meilleur.

— Ça ne t'étais pas destiné, répondit l'aîné.

Alex fit une grimace et continua à manger, tout en faisant la conversation à Keyra. Malgré le regard mauvais que lui lançait son aîné, Alexandre se donnait à cœur joie de lui raconter sa vie à l'étranger. Les difficultés qu'il avait dû traverser avant de se faire une place au soleil comme on le dit. Se sentant à l'aise grâce à la présence de celui qu'elle considérait dorénavant comme un ami, Keyra lui raconta en retour ses années au collège et au lycée. Énervé contre la pie qui lui servait de frère, Hermann prétexta un appel important et sortit de la pièce, les laissant tous les deux à leurs bavardages.

Une fois dans sa chambre, il s'installa devant son bureau, l'ordinateur devant les yeux mais n'arrivait pas à travailler. Il était bien trop énervé pour ça. Comme s'il l'avait senti, Sly s'approcha de lui et posa sa tête sur ses genoux. Hermann tourna le regard vers lui et lui caressa le dos et la tête. Bien que les caresses étaient destinés à son animal de compagnie, Hermann commença à se sentir plus détendu. Mais cela avait pour effet d'atténuer de peu la colère qu'il ressentait envers son cadet. Non seulement il avait débarqué sans prévenir, mais il s'était carrément invité à ce dîner. Bien qu'il aimait son frère, le comportement de ce dernier avait tendance à l'agacer bien souvent. Considérant qu'il les avaient laissés seuls un peu trop longtemps, Hermann quitta la pièce et pris la direction de la salle à manger.

C'est avec surprise qu'il constata qu'ils n'y étaient plus. Connaissant son frère, Hermann monta dans la chambre de ce dernier espérant les trouver. Partager entre déception et soulagement du fait de ne les ai pas avoir trouvé, il continua à chercher. En passant devant l'une des chambres des invités, il entendit des bribes de conversation.

— Doucement, tu veux me tuer ou quoi ?

Il reconnaîtrait la voix de Keyra entre mille.

— Bien sûr, ne pense pas que je serais tendre avec toi ma jolie.

Quelque peu choqué par la réponse de son frère, Hermann ouvrit la porte avec fracas. Keyra et Alex tournèrent leurs visages d'un mouvement synchronisé vers lui, l'air surpris.

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4694 mots

Ayoooo oh ! Comment talez vous les ami.e.sBien j'espère hein !!! Pour ceux/celles qui sont en vacances, ça se passe bien ? 😁

Waaah 4694 mots 👀, je pense que c'est le chapitre le long que j'ai écrit jusqu'à présent ☺️. Mais c'est fait exprès vu le temps que j'ai mis pour publier et le temps que je vais sûrement mettre pour publier 😁. N'oubliez pas, je suis ouverte à toutes vos remarques, critiques et je me ferais un plaisir de répondre à vos commentaires. En passant, j'aimerais faire un coucou spécial à Bilscupcake18 qui n'a de cesse de m'encourager à travers ses commentaires hyper positifs (et drôles aussi parfois 😄) cœur sur toi dear ❤️❤️❤️

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Have a nice day/evening ✌️ Byeeee 👋

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