Chapitre 8 Partie 1/2 : Le pari
Chapitre 8 Partie 1/2 : Le pari
Avachie sur son lit, Keyra croqua dans sa pomme verte et se tourna vers Alicia qui, assise derrière le bureau laissait libre cours à son imagination.
— Alors, tu vas le laisser sans réponse ? questionna-t-elle.
Alicia posa le crayon après avoir mis un point final à sa création. Elle souleva la feuille sur laquelle elle venait de travailler et l'admira en souriant.
— Tu le trouves comment ? demanda-t-elle à son tour en pointant du doigt son chef-d'œuvre, ignorant sciemment la question que sa sœur lui avait posée.
Keyra tendit la main et prit la feuille. Le dessin représentait une robe de mariage dont les bras à manches courtes retombaient sur l'avant-bras et dont le buste était en un V largement ouvert, mais ceintrée de telle sorte à faire ressortir la poitrine. À partir de la taille, la robe était évasée en style princesse et une couronne de fleurs débutait de là pour se terminer vers le bas de manière parallèle. Keyra afficha une moue à la vue du dessin.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— J'aime bien le modèle mais pour la fleur qui traverse la robe, je suis pas vraiment pour. Ça fait trop chichi à mes yeux mais bon, à chacun ses goûts. Une de tes clientes va sûrement aimer, commenta Keyra.
Alicia se mordit la lèvre. Le visage de Keyra s'illumina sur le champ à la vue de la réaction de sa sœur.
— Ah je vois, c'était pour toi-même ! s'exclama la jeune fille, l'air malicieux sur le visage.
Elle aimait bien taquiner son aînée. C'était son passe-temps favori.
— Mais non, ça m'est venue à l'esprit, juste comme ça, se défendit Alicia.
— Avoues que tu pensais à lui quand tu dessinais. Et donc on en revient à ma question, tu vas le laisser sans réponse ? Tu pensais pouvoir m'échapper mais c'est mort, se vanta Keyra en riant avant de croquer encore dans sa pomme.
Alicia avait en effet tout raconté au sujet d'André à sa cadette, croyant qu'elle l'aiderait à prendre une décision. D'un côté, il lui plaisait énormément et elle ne pouvait pas le nier ce qui faisait qu'elle avait envie d'accepter sa proposition. Mais d'un autre, elle avait peur que les choses se dégradent comme pour sa précédente relation. Alicia haussa les épaules et s'étendit à son tour sur le lit.
— Je ne sais pas vraiment.
— Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu hésites. Il te plaît c'est évident et c'est aussi le cas pour lui. Moi à ta place j'accepterais sans me prendre la tête, lui conseilla-t-elle.
— Je ne le connais pas, lança Alicia sur la défensive.
— Bah tu ne le connaîtra jamais si tu refuses tout le temps de lui parler. De ce que j'ai pu voir, c'est quelqu'un de très gentil.
— Monsieur Achi aussi avait l'air gentil, s'exclama Alicia.
— Ah on y est. Monsieur Achi ! Alicia, pitié ne laisse pas ce monstre ni qui que ce soit d'autre te faire perdre ton bonheur, dit-elle en faisant allusion à son ex. Je comprends que tu sois méfiante vis-à-vis de lui à cause de ce que t'as vécu, mais monsieur André n'est pas comme ça. J'ai eu l'occasion de le rencontrer deux ou trois fois et je peux t'assurer que c'est quelqu'un de bien. Tu devrais lui donner sa chance.
Alicia ne lui répondit pas et enfonça sa tête dans l'oreiller. Keyra avait sûrement raison. La voix de sa sœur se fit entendre à nouveau.
— Tu veux qu'on fasse un pari ? lui proposa soudainement sa cadette.
— Un pari ? répéta Alicia en sortant sa tête de l'oreiller. Tu veux qu'on parie sur quoi ?
— Ton dîner avec monsieur André. Je te parie cinq mille francs et trois déjeuners complets qu'à la fin du dîner, vous vous mettrez en couple.
— Espèce d'escroc, s'exclama Alicia en lui jetant le coussin en plein visage. Qu'est-ce qui te fait dire que j'accepterai de dîner en sa compagnie ?
— Si tu n'avais pas envie d'y aller, tu lui aurais dit que c'était inutile au lieu du Je vais y réfléchir, répondit Keyra en imitant la voix de sa sœur concernant sa réponse, lui renvoyant le coussin qu'elle avait reçu au visage.
— D'accord. Et si c'est pas le cas alors tu me donneras la même chose, répliqua Alicia n'ayant pas vraiment une idée de ce qu'elle pourrait réclamer à Keyra si elle gagnait le pari.
— Pari tenu ? demanda Keyra en lui tendant la main, un sourire espiègle étirant ses lèvres.
— Pari tenu ! déclara son aînée en lui serrant la main.
Keyra lui sourit, sûre de remporter son pari.
— Prépare-toi à me payer mon déjeuner pendant trois jours sans oublier mon intérêt en prime, dit-elle en se levant pour aller jeter ce qui restait de la pomme dans la poubelle.
Alicia en profita pour lui demander ce qui s'était passé ce matin au boulot. Elle avait eu écho de ce qui était arrivé mais préférait avoir sa version des faits.
— Quand je suis arrivée, débuta Keyra, je les ai entendus chuchoter en me fixant. Tu me connais, je déteste quand on parle de moi dans mon dos. Alors je suis tout simplement allé leur demander ce qui n'allait pas. Quand ils m'ont sortit que c'était moi qui avait volé les croquis que tu avait fait, j'ai juste eu envie de leur rire au nez tu sais.
— À part mademoiselle Vianney et les autres, personne d'autre ne sait que nous sommes sœurs ? demanda Alicia.
— Non, et je pense que c'est mieux ainsi. Le soir où nous avons étés enfermés à l'agence, monsieur Mensah m'a dit qu'il suspectait nos concurrents. Et en suivant sa logique, je pense qu'il y a quelqu'un parmi nous qui leur rapporte des informations. Sinon, comment auraient-ils pu savoir ce qu'on prévoyait de faire ?
Alicia acquiesça.
— Cela semble logique en effet. Dans ce cas, il vaudrait mieux que personne d'autre ne sache pour nous du moins jusqu'à la fin du concours. Mais dis-moi, qu'est-ce qui s'est passé après ?
— L'un d'entre eux à commencé à insinuer que j'avais couché avec monsieur Mensah parce que j'ai été embauchée si facilement. En plus une fois, Sandrine nous avaient vu proche tous les deux. En fait ce jour-là, il était en train de me menacer et il m'avait plaquée contre le mur comme il sait si bien le faire. J'en ai encore des séquelles, regarde ! dit-elle en lui montrant les traces de ses mains sur son poignet. Mais elle a mal interprété la situation et est allée raconter aux autres que je l'avais séduit. Du grand n'importe quoi je te jure. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu subitement envie de pleurer, ça me rappelait cet événement. Je me sentais mal Alicia, terriblement mal. Comme si je revivait en direct ce cauchemar.
— Keyra ! chuchota sa sœur qui s'était entre-temps assise à ses côtés en posant sa main sur la sienne.
— Je ne sais pas comment, mais après j'ai vu monsieur Mensah lui donner un coup de poing et leur faire des remontrances.
— Il t'es venu en aide ?
— Oui. Mais je crois que c'était surtout pour soulager sa conscience à lui. Quand je lui ai dit que je n'avait pas besoin de son aide, il s'est énervé.
— Non mais t'es vraiment folle toi. C'est normal qu'il s'énerve. Regarde la réponse que tu lui a donné après qu'il t'ai défendue devant les autres.
— Je ne lui avait rien demandé moi. C'est juste un hypocrite. Comment tu peux concevoir que quelqu'un te défende devant les gens pour ensuite te malmener en privé. Si c'est pas être hypocrite, s'exclama Keyra.
N'ayant pas envie que sa sœur lui fasse la morale quant à la réponse qu'elle avait donné à son patron, Keyra prétexta avoir sommeil et s'étendit sur son lit en fermant les yeux. Connaissant sa sœur, Alicia n'ajouta pas un mot et se coucha elle aussi.
Les jours se succédaient à une vitesse vertigineuse et la date du lancement approchait à grands pas. Puisque KHAMA Fashion avait volé leurs croquis, ils avaient été obligés d'en créer de nouveaux et bien plus tapes à l'œil que les précédents. Enfin, c'était surtout sur Alicia et Manuel que toute cette pression était retombée. Étant donné que monsieur Mensah était quelqu'un de très exigent, ça avait été difficile de trouver le bon modèle pour le lancement de leur nouvelle gamme dénommé Kids Design. Finalement, après trois jours successifs de dur labeur, Alicia avait réussi enfin à dessiner le modèle parfait. Il ne leur restait que quelques jours avant le lancement. Quand ils avaient appris pour le vol, monsieur Mensah avait pensé a repoussé la date du lancement mais Keyra avait réussi à le dissuader du contraire. À cause de l'entrain généré par l'approche des fêtes de fin d'années, le mois de novembre était parfait pour exposé leur nouvelle production aux yeux du public. Ils étaient tous sous pression, manquant énormément de temps. L'échéance se rapprochait à grands pas. Pendant qu'Alicia et le reste de l'équipe de l'atelier se chargeait des vêtements, Keyra elle était chargée d'assister le directeur de communication pour le démarrage de la nouvelle ligne de M. Design.
En fait, puisque la fête de la Noël était généralement réservée aux plus petits, Keyra avait proposé à son patron de créer une gamme spéciale et complète pour ces derniers comportant tous les accessoires et autres. En d'autres termes, du prêt-à-porter pour enfants à la fois de haut et de bas de gamme mais toujours de bonne qualité pour pouvoir mieux s'implanter sur toute l'étendue du territoire ivoirien. Évidemment, cela avait généré des frais colossaux et ils avaient dû s'endetter auprès de certaines banques pour y arriver. Alors, voir une autre marque s'attribuer les mérites de tous leurs efforts était tout simplement inacceptable. Même s'ils étaient en concurrence direct depuis la création de l'agence, Hermann n'aurait jamais pensé qu'ils puissent en venir à de telles bassesses. Profiter de la faiblesse d'un homme avec un casier judiciaire assez chargé qui venait à peine de refaire sa vie et l'envoyer espionner une autre entreprise tout en sachant les risques qu'il encourait de se faire prendre.
Après qu'il ait franchit le pas de son bureau, monsieur Mensah avait mené une enquête approfondie sur Oscar Belou, son actuel agent double. Il avait été emprisonné pour détournement de fonds dans son ancienne société. Mais après une enquête plus poussée, il s'était avéré qu'il avait été piégé par l'un de ses supérieurs hiérarchiques. C'est à la suite de cela qu'il fut libéré à juste titre. Malheureusement avec un casier judiciaire désormais entaché. Après sa sortie de prison, il s'était marié et avait cherché du travail chez leur concurrents, KHAMA Fashion. Sûrement qu'au vu de son casier judiciaire, ils avaient préférés le prendre en tant qu'espion et le placer dans le camp ennemi.
Depuis son embauche il y a cinq mois en tant que technicien de surface en charge du bureau de monsieur Mensah, il avait envoyé jour pour jour des informations à leurs vieux ennemis. C'était sûrement à cause de la culpabilité qu'il lui avait tout avoué de lui-même en cherchant à réparer ses torts, ou peut-être à cause de sa fille qui avait vu le jour il y avait un mois environ. Tout cela importait peu à monsieur Mensah. Il comptait se débarrasser de lui aussi après avoir anéanti une fois pour toute ses concurrents. Ils avaient d'abord tenté de faire partir leurs fournisseurs ce qui évidemment grâce à la vigilance de Keyra avait pu être évité et maintenant, ils avaient aussi volé leurs croquis. Si ça ce n'était pas de la pure provocation, il ne savait pas ce que c'était. Lui qui pensait avoir affaire à des concurrents honnête, il avait eu bien tort. Ce qui lui prouvait une fois de plus que l'être humain était juste indigne de confiance.
***
— M. Design, la qualité, notre priorité !
Il ne restait plus que deux jours avant le lancement et
Il semblait que les choses soient rentrés dans l'ordre. Surtout grâce à la mobilisation de tout le personnel, ils étaient fin prêt. Monsieur Mensah avait commencé à donner par le biais de ses agents doubles de fausses informations sur l'agence, comme quoi depuis le vol, ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur les nouveaux croquis et ne cessaient de se disputer continuellement. Évidemment, ils avaient crû à ces mensonges et ne se doutaient pas un instant qu'ils avaient maintenu leur date de lancement.
Le slogan que Keyra venait de proposer plu de suite à toute l'équipe composée d'elle-même, son patron ainsi que d'Alicia, André, Manuel, Sadam Nicanor, le directeur marketing et Djédjé Harmel le chargé de communication de l'agence. Ils étaient en tout sept personnes dans leur petite équipe et chacun jouait du mieux qu'il pouvait son rôle. Si ce slogan avait fait de suite l'unanimité de tous, c'était surtout parce qu'il cadrait avec leur politique de vente. La qualité de leurs matières premières et articles étaient leur priorité. Après avoir réglé quelques détails qu'il fallait encore éclaircir notamment le choix des influenceurs sélectionnés par leur soin, le petit groupe sortit de la salle de réunion et chacun se dirigeait vers son département. Enfin la plupart car André chercha de nouveau à parler à Alicia. Vu que cette dernière était encore en compagnie de sa sœur, il s'avança vers elles.
— Keyra, c'était une magnifique idée que tu as eu. Je sais qu'il reste deux jours avant le lancement mais grâce à tes conseils avisés, je suis sûr que tout se passera bien, lui dit-il en souriant.
— Merci monsieur André, répondit Keyra flattée par ses compliments.
— Tu appelles déjà Angela par son prénom alors tu peux faire pareil avec moi. Je me sentirais plus à l'aise si tu m'appelais André, et ça vaut aussi pour toi Alicia, proposa-t-il en fixant la concernée qui jusque là n'avait encore rien dit.
— C'est d'accord alors, André ! répondit Keyra en riant. Je crois que monsieur Mensah me cherche, à plus ! rajouta-t-elle, voyant qu'il désirait parler à sa sœur.
Elle se sauva après avoir prononcé ces mots et retourna travailler. Alicia voulut partir aussi mais il la retint par le bras.
— Ne t'en va pas s'il te plaît. Je ne veux pas paraître lourd, mais j'attends toujours ta réponse quant à ma proposition tu sais.
Alicia se mordit la lèvre. Que faire ? Deux choix s'offraient à elle. Accepter ou refuser. Elle avait envie de lui dire qu'elle refusait, mais son cœur n'était clairement pas d'accord avec ce choix. Et s'il y a une chose que ses parents lui avaient toujours conseillé, c'était de suivre son cœur. En acceptant aussi, elle avait la possibilité de remporter le pari idiot proposé par Keyra. Alicia desserra les lèvres et prononça les mots.
— C'est d'accord. J'accepte de dîner avec toi mais seulement après le lancement et pas avant.
Le visage d'André rayonna lorsqu'il entendit ses paroles. Il fit un effort surhumain pour ne pas la prendre dans ses bras, tellement il était heureux. Il s'éclaircit la gorge et lui répondit.
— Compris. On fera comme ça alors. Merci de me donner une chance.
Alicia lui sourit et retourna à l'atelier, laissant André au bord d'une crise de joie, espérant au fond d'elle qu'elle avait fait le bon choix.
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2553 mots !
Namasté tout le monde. Comment allez-vous ? Et comment s'est passé votre semaine ?
Personnellement, j'ai dû faire des courses toute la semaine du coup je suis hyper fatiguée 😩 mais ça va, je suis en pleine forme😎. Je sais que j'aurais dû publier ce mardi mais le chapitre n'était pas terminé et j'avais plus d'inspiration😓. Si je me forçais, ça n'allait rien donner de bon, alors j'ai préféré attendre. Du coup j'espère que ce chapitre aura été à la hauteur. Comme toujours j'aimerais savoir ce que vous pensez de ce chapitre dans vos mignonnes petites têtes 😊
Avant de se séparer, je souhaite (même si elle ne le saura probablement jamais) un joyeux anniversaire à la meilleure des actrices indiennes et mon actrice préférée (elle est tout en haut de ma liste (oui oui, j'ai une liste d'acteurs et d'actrices préféré (e)s (et oui je suis une adepte de paranthèses dans les paranthèses( Nan, ça t'étonne ?)
Breeeeef ! Je souhaite un joyeux anniversaire à Sanaya Irani (c'est elle en média) et j'espère que mon vœu de la rencontrer se réalisera un jour (ouep Ek day) et je vous souhaite à vous un très bon et excellent weekend. Bisous bisous 😘😘😘et Byyyyye 👋!
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