Chapitre 5 Partie 1/3 : Pas une minute à perdre.

Chapitre 5 Partie 1/3 : Pas une minute à perdre.

Toujours endormie, Keyra sentit une tape sur son dos et une voix lui demanda de se lever. Alicia avait pris cette habitude de se réveiller en avance pour se laver et réveiller sa soeur ensuite. Keyra ouvrit les yeux en grommelant. Elle ramassa ses affaires pêle-mêle et se dirigea vers la salle de bains les yeux encore alourdis par le sommeil. Elle se mangea le mur, ce qui eut pour effet de la réveiller pour de bon. Alicia se moqua d'elle sans se gêner. Elle-même ria de sa bêtise et entra finalement dans la salle de bains. Après avoir pris le petit-déjeuner en famille et dans la bonne humeur comme d'habitude, Keyra partit en direction de l'agence toute heureuse. Elle se sentait prête à affronter le monde et même les crises d'humeurs de son patron. La nouvelle qu'Alicia lui avait annoncée la veille l'avait empli de joie. Il fallait qu'elle appelle Patricia pour la remercier. Grâce à elle, leur père allait pouvoir être opéré dans les plus brefs délais. Ah oui ! Il fallait qu'elle appelle le docteur pour le prévenir de la situation et il lui fallait aussi en informer ses parents. A présent qu'elles avaient trouvés une solution, Keyra pouvait en parler librement à ses parents sans risquer de les inquiéter.

Avant d'entrer dans son lieu de travail, elle appela le docteur de son père et lui annonça la nouvelle. Ce dernier paru réjouit et lui demanda de passer à l'hôpital dès qu'elle aurait du temps. Keyra acquiesça et entra dans l'agence. Elle appellerait sa soeur durant sa pause. Comme à l'accoutumée, elle salua mademoiselle Vianney ainsi que tous ceux qu'elle rencontrait dans l'agence même si elle ne connaissait pas la plupart d'entre eux. Keyra frappa trois coups à la porte du bureau mais personne ne lui répondit.

C'est étrange, il est en retard aujourd'hui il me semble. Il
est trop tôt pour commencer une réunion, se dit-elle avant de réitérer son geste.

Mais c'était pareil. Elle haussa alors les épaules et entra dans le bureau. À sa grande surprise, monsieur Mensah était là, assis derrière son bureau en train de travailler.

Il était là et il n'a même pas pris la peine de me répondre, se plaignit-elle intérieurement.

Elle posa la tasse de café qu'elle avait pris soin d'apporter sur la table et le salua mais il ne lui répondit pas. Keyra recommença mais rien. Décidément, il s'était résolu à ne plus lui adresser la parole on dirait. Si c'était vraiment le cas, alors elle n'avait rien à y perdre. De toutes façons, ça finissait toujours en cacahuètes à chaque fois qu'ils se parlaient. Mais en observant bien son visage et la manière dont ses doigts se promenaient sur le clavier, Keyra vit qu'il avait l'air contrarié. Non ! Préoccupé plutôt. Peut-être étais-ce à cause de l'agence.

Hier soir, elle s'était réveillée tard dans la nuit à cause de son trop plein d'émotions positives et en avait profité pour achever le bilan de l'entreprise. Et le résultat était sans appel. Il fallait sauver l'agence à tout prix. Il n'y avait pas une minute à perdre. Même si elle avait terminé le bilan, Keyra n'avait pas l'intention de le soumettre à son patron pour le moment. Elle attendait d'avoir une idée. Sa vigilance lui avait permis de découvrir les causes du déclin de l'entreprise. Il lui fallait trouver une solution et vite. Keyra se souvint d'avoir vu les anciens croquis de dessins dans l'un des tiroirs de son patron et voulait y jeter un coup d'œil à nouveau.

— Monsieur je peux fouiller votre tiroir ? demanda-t-elle avant de réaliser qu'il ne l'écoutait pas. Bien sûr, il est tellement concentré sur ce qu'il fait qu'il ne peut même pas m'entendre. Je pense que je ne vais pas attendre sa réponse, s'exclama la jeune fille en se parlant à elle-même.

Keyra passa du côté de son patron et ouvrit le premier tiroir à gauche. Elle avança sa main et prit le dossier. Assise à même le sol, elle se mit à le feuilleter mettant ceux qu'elles jugeaient bons de côté. Monsieur Mensah n'avait toujours pas remarqué sa présence. Aussi elle continua son activité sans se soucier de la réaction qu'aurait son patron en la voyant faire. Lorsqu'elle eut finit de trier les croquis, elle remit les autres dans le porte-dossier avant de les poser dans le tiroir. Quant à ceux qu'elle avait mis de côté, elle les plaça dans un autre porte-dossier. Comme elle avait terminé, elle s'apprêtait à se lever quand elle vit que monsieur Mensah tendait la main pour prendre la tasse de café mais vu qu'il ne regardait pas vraiment ce qu'il faisait, il bouscula la tasse. Le contenu failli se renverser sur le clavier. Keyra avança sa main et attrapa la tasse avant que le pire n'arrive.

— Faites un peu attention ! gronda-t-elle. Si je n'avais pas été là, vous auriez sans doute endommagé votre appareil.

Ce n'est qu'à cet instant qu'il remarqua sa présence. Il la fixa pendant un court moment.

— Depuis quand es-tu là ?

— Environ cinq minutes.

Keyra redressa la tasse et tenta de se lever mais sa tête heurta la table.

— Aïe !

— Tu me reproches de ne pas faire attention alors que tu es la championne de la maladresse.

Keyra ouvrit sa bouche en O en fronçant les sourcils mais ne répliqua pas. En fait, cette remarque l'amusait car c'était vrai. Pas plus tard que ce matin, elle s'était heurtée au mur de sa chambre et maintenant, c'était avec la table du bureau.

— Sors de là. D'ailleurs que faisais-tu ici ?

— Rien de spécial. J'étais juste en train de vérifier certains dossiers. Avant de vous énerver, sachez que j'ai frappé avant d'entrer. Je vous ai même salué deux fois et j'ai aussi demandé votre permission mais vous n'avez rien entendu de tout cela.

— Je t'ai demandé quelque chose ? Allez, sors de là, dit-il en lui tendant la main.

Keyra ignora royalement la main qu'il lui tendait et se leva d'elle-même.

— Je n'ai pas besoin de vous. Je peux me débrouiller toute seule, clama-t-elle.

Keyra qui s'attendait à une réplique de sa part fut surprise qu'il ne dise rien. Monsieur Mensah la regarda sans mot dire mais lorsqu'elle passa derrière lui pour retourner à sa place, il lui fit un croche-pied. Elle perdit l'équilibre et tomba sur les genoux de son patron, lâchant par la même occasion le porte-documents. Ce dernier entoura sa taille d'un bras et de l'autre la retint par son bras pour éviter que sa tête n'aille à la rencontre de la table de nouveau mais il l'avait tirée tellement fort qu'elle se heurta plutôt à son front.

— Aïe ! Ça fait mal, chuchota-t-elle en se massant le front.

Monsieur Mensah retira lentement ses mains de son visage en la fixant et passa sa main derrière sa nuque afin de rapprocher leurs visages. Voyant qu'elle était réticente, il approcha son visage et posa son front contre le sien, à l'endroit même où ils s'étaient heurtés et agita doucement la tête de la gauche vers la droite. Au bout d'un moment, il s'arrêta et la fixa encore une fois. Keyra se sentit extrêmement gênée par cette proximité. Dans sa poitrine, les battements de son cœur se faisaient plus rapides que la normale. Elle tenta de se lever mais il l'en empêcha en entourant sa taille. Il ferma les yeux et huma son parfum. Confuse, Keyra tenta de se calmer en fermant les yeux à son tour.

— Tu avais dit quoi déjà ? demanda-t-il sur un ton étrangement calme. Que tu n'avais pas besoin de moi. C'est bien ça ?

— M... oui et vous, vous l... le savez très bien, bégaya-t-elle. Si j'ai trébuché, c'est de votre faute.

— C'est toi qui le dis. Rien ne le prouve, répliqua-t-il en reprenant son air moqueur, un rictus sur les lèvres et un sourcil arqué.

— Vous n'êtes qu'un... 

On frappa à la porte. Comme s'ils avaient été pris en flagrant délit, Hermann lâcha subitement sa taille et Keyra se leva de dessus ses jambes, à son plus grand bonheur. Elle s'agenouilla et se mit à rassembler les feuilles de croquis qui s'étaient dispersées. Alice entra juste après et salua Hermann. Comme Keyra était accroupie sous le bureau, elle ne l'avait pas vue.

— J'ai besoin de te parler Hermann.

— Plus tard tu veux bien ? Je suis un peu débordé en ce moment.

— Ça fait des jours que tu dis la même chose.

— Alice, avec la situation actuelle de l'agence, comprends que je n'ai pas la tête à converser d'affaires privées.

— Tu es injuste envers moi. Ton travail passe toujours avant tout, même avant ta famille, dit-elle en lui tournant le dos pour se diriger vers la sortie.

— Je n'ai pas dit ça Alice. Tu me connais et tu sais que...

La porte d'entrée se ferma brutalement. Signe qu'elle lui avait claqué la porte au nez.

— C'est pas vrai. Qu'est-ce qui lui prend maintenant ? marmonna Hermann avant de se diriger vers la porte, sûrement pour s'élancer à ses trousses.

Keyra se leva de dessous la table lorsqu'elle entendit la porte claquer une fois de plus, les documents en main et l'air surpris.

— Qu'est-ce que c'était ? Alice et monsieur Mensah se disputaient, un peu comme papa et maman. On aurait dit un couple... non non. Quelle que soit la nature de leur relation, ça ne me concerne pas. Mais si c'est vraiment ce que je pense alors je plains Alice. Elle est si gentille et attentionnée alors que lui... . Bon, je ferais mieux de me remettre au travail.

Les aiguilles défilaient lentement aux yeux de Keyra. Elle avait hâte d'être à la pause pour pouvoir appeler sa grande sœur. Son patron était revenu depuis quelques instants mais il avait l'air ailleurs tout comme ce matin lorsqu'elle était arrivée. Aussi, il n'arrêtait pas d'enchaîner travail sur travail. Heureusement pour elle, qu'elle commençait à s'y habituer. Ce n'était pas comme si elle avait aussi eu le choix.

À l'heure de la pause, Hermann la libéra sans faire de procès pour son plus grand plaisir. Keyra se dirigea vers la cantine de l'agence et déclina l'offre d'Alice d'aller déjeuner en sa compagnie et celle d'Angela. Une fois son ventre plein, elle prit son téléphone et appela son aînée. Patricia décrocha dès la première sonnerie.

— Allô ma puce, fit sa sœur à l'autre bout du téléphone.

— Bonjouuuuuuur ma grande sœur chérie que j'aime d'amour.

— Hum toi, tu as quelque chose à me demander. Pas vrai ?

— Non pas cette fois. En fait tu as déjà résolu le problème qui me tracassait autant et je voulais t'en remercier.

— Idiote ! C'est aussi mon père tu t'en souviens ? Nous sommes ses filles. Si nous ne prenons pas soin de lui dans son état alors qui le fera ?

— Tu as raison, acquiesça Keyra en riant.

Elle parla avec sa sœur encore quelques minutes, puis quand il fut l'heure pour elle de reprendre le service, elle raccrocha et se dirigea vers le bureau de son patron. À part quelques accroches de rien du tout, la journée de travail de Keyra s'était terminée sans trop d'accroc. Il lui semblait que ce monsieur Mensah devenait de plus en plus raisonnable.

***

La lune jeta son manteau de pénombre sur la ville, succédant au soleil qui avait tenu le flambeau toute la journée. Debout devant sa mère et sa tante ainsi qu'Alicia, Keyra venait de déballer la vérité à propos de l'état de son père à sa compagne et sa sœur. En dépit d'un problème si grave, Valérie reprocha à sa fille de lui avoir caché la vérité sur l'état de santé de son époux.

Keyra s'en excusa, arguant qu'elle n'avait pas voulu l'inquiéter encore plus qu'elle ne l'était déjà. Raison pour laquelle elle n'avait rien voulu lui dire. Valérie passa l'éponge sur la faute de sa fille car elle savait pertinemment que Keyra voulait toujours bien faire mais parfois, elle en faisait un peu trop. Le concerné lui-même dormait paisiblement dans son lit, ne se doutant pas que dans quelques jours probablement, il aurait à subir une opération. Keyra avait réussit à convaincre sa mère de ne rien lui révéler de ce qu'elle lui avait dit.

Après que leur mère et leur tante soient allées dormir, Keyra se mit à raconter à Alicia sa journée écoulée dans les moindres détails, omettant sciemment le petit passage où son patron l'avait prise sur ses genoux. Elle-même n'avait pas compris cette scène. Lui d'habitude si sérieux, elle avait eu l'impression qu'il voulait plaisanter avec elle. Keyra chassa cette hypothèse de sa tête. Monsieur Mensah, plaisanter ? Sûrement quand les coqs pondront des œufs. Sinon pour l'instant, c'était mission impossible.

— [....] Tu aurais dû voir ça Alicia. La manière dont Alice parlait avec monsieur Mensah, c'était presque comme s'ils étaient ensemble. Je veux dire comme un couple. C'était vraiment bizarre.

— Il n'y a rien de bizarre là dedans. Tu m'as dit qu'elle était une très bonne amie de la famille non ?

— Oui mais...

— Mais rien Keyra. Arrête de t'imaginer des trucs. Et puis même s'ils étaient vraiment un couple, en quoi ça te concerne ?

— Monsieur Mensah ? En couple avec quelqu'un ? Je doute fort que cela puisse arriver un jour. Il est tellement excentrique, imbu de lui-même. Il n'existe personne d'autre que sa propre personne pour lui.

— Tu sais, si je ne te connaissais pas, je dirais que tu es jalouse.

— Moi jalouse ? Et puis quoi encore ?

Alicia se mit à rire quant à la façon dont Keyra avait répondu avec tant de véhémence.

— Keyra, à bien y penser tu ne le connais pas vraiment. Qui te dit que derrière cette personnalité détestable, il n'est pas quelqu'un de bien ? Il a peut-être un bon fond. Qui sait ! termina Alicia avant de se diriger vers la salle de bains, laissant une Keyra en pleine réflexion.

Pourquoi est-ce que tout le monde n'arrête pas de me dire la même chose ? D'abord Alice, ensuite monsieur Nestor et même Alicia s'y met aussi, s'interrogea-t-elle intérieurement.

Keyra se dirigea vers la fenêtre et ouvrit les battants. S'accoudant sur la rambarde, elle dirigea son regard vers les étoiles. Ces dernières scintillaient de mille feux dans le ciel.

— Pourquoi est-ce que tout le monde vous défend comme cela monsieur Mensah ? s'interrogea-t-elle à voix basse, le regard toujours rivé vers les étoiles.

Se tenant debout devant sa fenêtre et Sly à ses côtés, monsieur Mensah leva la tête vers le ciel pour admirer les étoiles. Depuis tout petit, il avait pris cette habitude d'admirer ces astres à cause de sa mère. Elle en était passionnée. Toutes les histoires qu'elle lui racontait pour le border en contenaient. Maintenant, elle en était devenue une. Hermann ne s'était jamais remis de sa mort et doutait de pouvoir le faire un jour. Elle était la seule personne qui le comprenait en ce bas monde. Même s'il était très proche d'Angela par rapport à ses frères, il n'y avait pas pour autant cette complicité qui le liait à sa mère. Hermann soupira.

— Pourquoi tu es partie si tôt maman ? Tu me manques énormément si tu savais.

Sachant qu'il ne pourrait avoir de réponse, il ferma la fenêtre et se glissa dans son lit sans pour autant dormir sur le champ. Ses pensées dévièrent sur son assistante. Qu'est-ce qui lui avait pris ce matin ? Il n'arrivait pas à comprendre lui-même pourquoi il avait fait ça. De plus, il avait trouvé l'odeur de son parfum si agréable, quoiqu'étant bon marché. Hermann ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Il avait senti ce parfum sur d'autres femmes faisant partie de son staff auparavant mais sur elle, il avait l'impression que l'odeur était plus délicate. Il ferma les yeux pour se remémorer cet instant et s'endormit avec des images de son assistante en tête.

* * *

Au beau milieu de la nuit, Keyra se leva de son lit. Elle n'arrivait pas à dormir. Ses pensées se dirigèrent sur l'agence. Même si elle avait convaincu monsieur Enoh de revenir, l'agence n'était pas tout à fait sauvée. Keyra se surpris elle-même. Pourquoi le sort de l'agence la préoccupait-elle à ce point ? Elle jeta un coup d'œil au lit de sa soeur. Cette dernière dormait paisiblement. Quant à elle, ses nuits étaient agitées ces derniers jours. Keyra se dirigea vers la table de travail.

Seigneur aide-moi je t'en prie. Donne-moi une idée, quelque chose qui pourrait aider l'agence à se remettre sur pied.

Keyra soupira et souleva le classeur dans lequel se trouvaient les dessins de sa sœur et les admira.

— Alicia a vraiment du talent, murmura-t-elle en feuilletant les différents dessins. Je trouve que c'est du gâchis de travail en tant que commercial avec ce don.

Elle tendit la main et prit son sac. Elle en sortit les dessins qu'elle avait emprunté à son patron ce matin et les compara à ceux de sa sœur. Ceux d'Alicia étaient nettement mieux.

— Alicia, tu aurais dû travailler en tant que styliste et non en tant que commer...

Keyra ne termina pas sa phrase, le visage ébloui par la merveilleuse idée qu'elle venait d'avoir.

— Mais oui bien sûr ! s'exclama-t-elle, le sourire lui arrivant jusqu'aux oreilles. Merci, merci, merci beaucoup mon Dieu. Tu m'as exaucée si vite.

Keyra rangea les affaires et retourna se coucher l'esprit plus tranquille et le sourire toujours accroché à son visage.

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2927 mots !

Hey hey, ça va les ami.e.s ? Pour fêter une bonne nouvelle que je viens de recevoir et aussi les 120 abos que j'ai atteint (grâce à vous évidemment), je poste ce chapitre illico presto dès que terminé. J'espère qu'il saura vous plaire.

Comme toujours, n'hésitez pas à me faire part de vos idées, suggestions ou remarques. J'vous souhaite une belle journée/ soirée et un agréable weekend.. Prenez soin de vous. Zoubis zoubis 😘😘😘💙

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