Chapitre 3 Partie 2/3: Juste un avant-goût !

Chapitre 3 Partie 2/3 : Juste un avant-goût !

Keyra rentra chez elle toute exténuée. Elle tomba nez à nez avec Alicia qui elle aussi venait tout juste d'arriver. Après avoir, comme à l'accoutumée, embrassé ses parents, Keyra se précipita dans la chambre prendre une douche avant que quelqu'un ne remarque l'état de ses vêtements. Une fois sa douche prise, son aînée prit la sienne et elles rejoignirent leurs parents dans la salle à manger prendre le repas avec eux. Son père lui demanda si son premier jour de travail s'était bien déroulé. Chose à laquelle Keyra répondit par l'affirmative sans donner plus de détails. Après le dîner, les deux sœurs se rendirent dans leur chambre pour leur routine. Alicia lui conta comment s'était déroulée sa journée à elle et prit un carnet dans lequel elle se mit à gribouiller alors que Keyra lui racontait la sienne. Concentrée sur ce qu'elle faisait, la jeune femme ne faisait plus attention à ce que lui disait sa cadette qui pourtant, l'avait appelée plusieurs fois.

— Alicia... Alicia est-ce que tu m'écoutes ?

Toujours occupée à griffonner dans son carnet, Alicia ne prêtait plus attention à sa jeune sœur.

— Aliciaaaaaaa ! cria soudainement Keyra.

— Oui qu'est-ce qu'il y a ? demanda sa sœur d'une petite et douce voix.

— Tu ne m'écoutais pas alors.

— Désolée frangine, en fait je suis un peu occupée, répondit faiblement Alicia.

— Comme si je ne l'avais pas remarqué, répliqua Keyra en croisant les bras sur sa poitrine. D'ailleurs que faisais-tu ?

Alicia parut embarrassée.

— Désolée je ne peux pas te le dire.

— Tu ne peux pas ? Ou plutôt tu ne veux pas ?

— Keyra, en fait je ne sais pas comment te l'annoncer.

— Je croyais qu'on avait pas de secret l'une pour l'autre.

— On n'en a pas c'est juste que...

— C'est bon, j'ai trouvé ! Il s'agit d'une lettre d'amour secrète destinée à l'un de tes amants n'est-ce pas ? demanda Keyra en jouant des sourcils pour la titiller.

— Qu'est-ce que tu vas encore imaginer espèce de folle ?

— Alors dis-le moi simplement.

Comme sa sœur s'obstinait à garder le silence, Keyra lui arracha le carnet des mains et s'enfuit avec en courant dans toute la maison telle une gamine.

— Keyra arrête ! Rends-le moi, ne cessait de répéter Alicia à ses trousses.

Au bout d'un moment, Keyra s'arrêta enfin non pas parce que sa sœur le lui avait demandé mais plutôt pour voir ce qui captait tant l'attention de cette dernière. Elle fut agréablement surprise quand elle vit les modèles de vêtements dessinés par sa sœur.

— Waouh Alicia, ces dessins sont magnifiques !

— C'est ça moque toi !

— Je ne plaisante pas. Depuis quand tu t'es remise au dessin d'ailleurs ?

Elle n'obtint aucune réponse de son aînée, cette dernière étant persuadée que Keyra disait cela juste pour lui faire plaisir.

— Je me souviens que quand on étaient petites, tu dessinais des modèles de vêtements et tante Marie les cousaient pour nous. Mais tu avais arrêté après ta rupture avec l'autre idiot. C'est génial que tu te sois remise à dessiner. Ils sont magnifiques je t'assure.

Voyant que sa sœur n'avait toujours pas retrouvé sa confiance en elle, elle lui proposa d'aller le montrer à leurs parents.

— Non Keyra, il n'en est pas question.

— Essaie de m'arrêter voir dit-elle avec son sourire malicieux.

Keyra s'apprêtait à courir quand elle vit leur mère venir dans leur direction.

— Tiens ! Maman arrive, plus besoin de courir dit-elle à sa sœur. Maman, maman regarde ça. C'est Alicia qui les a faits, commenta Keyra en tendant le carnet à sa mère tandis qu'Alicia se cachait le visage.

Valérie prit le carnet entre ses mains et le feuilleta pendant quelques minutes, le visage s'émerveillant un peu plus à chaque fois.

— Ma chérie ils sont superbes ! Tu t'es remise au dessin ?

— Merci maman, hum oui il n'y a pas si longtemps en fait.

— En tout cas, on peut dire que tu n'as pas perdu la main. Ils sont encore plus magnifiques que ceux que tu faisais avant. Marie, Jean-Yves ! Regardez les merveilles de notre fille, fit leur mère en se dirigeant vers eux, le carnet toujours en main.

Ils se passèrent chacun le carnet et le constat fut unanime. Les dessins d'Alicia étaient magnifiques.

— Tu vois que je ne t'ai pas mentit, chuchota Keyra à sa sœur en souriant.

Alicia roula des yeux et rentra dans leur chambre. Un peu plus tard dans la soirée, Keyra se souvint qu'elle avait un bilan à rédiger avant qu'un mois ne s'écoule. Elle sortit alors les documents de son sac et commença à les examiner après que ses parents ainsi que sa sœur soient allés dormir, jugeant que le calme de la nuit lui permettrait de mieux se concentrer.

***

La villa était vraiment grande et superbe. Il y avait à l'entrée, dans la cour plus précisément un jardin remplis de différentes variétés de fleurs, avec une piscine non moins imposante. Le bâtiment principal était doté de deux étages reliés par un escalier en spirale. La maison était aussi dotée d'une salle de sport, d'une véranda, de deux spacieux salons. Dans l'un d'eux réservé aux visiteurs se trouvait des tableaux du célèbre peintre Pablo Picasso, de Georges Braque et de Paul Cézanne. Il y en avait aussi ceux de Sonia Delaunay, Mathilde Moreau, Claudie Titty Dimbeng et Jacques Samir Stenka. La villa était composée de sept chambres dont cinq à l'étage et deux au rez-de-chaussée réservés aux domestiques. Chacune des sept chambres étaient bien évidemment équipées de salle de bains et de toilettes. Il y avait aussi une bibliothèque bien garnie ainsi qu'une salle à manger, un bureau et aussi un garage.

Couché dans son lit, Hermann J. Mensah le propriétaire de cette immense demeure n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il repensait encore aux événements de la journée précédente. Plusieurs heures s'écoulèrent avant que le sommeil ne l'emporte. Il dormait à poing fermés quand la sonnerie de l'alarme se fit entendre. Lentement, il ouvrit les yeux et coupa l'alarme. Un coup d'œil jeté à sa montre lui certifia qu'il était trois heures du matin.

C'était l'heure de sa gym quotidienne. Il se leva d'un bond et entra dans la salle de sport. Quand deux heures plus tard il en ressorti, son corps tout entier ruisselait de sueur. Il partit donc prendre une douche froide. Les jets d'eau lui faisait un bien fou puis il se surprit à penser à sa première rencontre avec sa nouvelle assistante.

Depuis ce fameux jour, il n'arrivait pas à se l'ôter du crâne. En serait-il... ? Non bien sûr que non. Il chassa vite cette idée de sa tête et se ressaisit. Bientôt, Hermann sortit de la douche et alla s'habiller. Couché sur le tapis, Sly le regardait défiler de long en large dans la pièce puis il baissa soudainement la tête avec une mine triste.

— Qu'est-ce qu'il y a Sly ? Ça ne va pas ?

Sly était le chien d'Hermann. Un bouledogue de couleur blanche avec une tache noir au niveau de l'œil gauche. Sly était peut-être mignon mais il était très hostile envers les personnes étrangères sauf envers son maître évidemment et la sœur de ce dernier.

— Tu sais Sly, je crois que tu es la seule personne qui ne me trahirais jamais sur cette terre. Tous les autres ne sont que des hypocrites. J'ai raison n'est-ce pas ?

Sly aboya comme pour approuver ce que venait de dire son maître.

— T'es le meilleur, répondit Hermann mi amusé en lui caressant la tête et le dos.

Sly lui lécha le visage en guise de réponse.

— C'est bon c'est bon, fit Hermann en riant légèrement.

Après cela, il remplit la gamelle de Sly de croquettes pour chien. Il prit ses affaires et sortit de la pièce après avoir ordonné à Sly de rester dans la chambre.

En descendant les escaliers, Hermann entendit le tintement de la sonnette. Il regarda aussitôt sa montre qui lui indiquait sept heures moins dix minutes. Elle était en avance. Il stoppa Nestor, son majordome qui se dirigeait vers le grand portail et alla lui-même ouvrir la porte.

— Tu es en avance. Il y a du progrès.

— Bonjour monsieur, répondit Keyra en ignorant sa remarque. Voici votre café, dit-elle en lui tendant un long gobelet en plastique. Je suis désolée mais je ne pouvait pas me trimballer avec une tasse de café. Ne vous inquiétez pas, il est chaud et sans sucre, ajouta-t-elle voyant son air surpris.

Toujours surprit par son comportement, il tendit lentement sa main et prit le gobelet.

— Donnez-moi vos affaires je vais les porter.

— Pas la peine. On prendra la voiture.

Keyra hocha simplement la tête en guise de réponse et le suivit jusqu'à la voiture. C'était une range rover de couleur blanche. Ils montèrent dans la voiture. Hermann s'apprêtait à démarrer la voiture quand il remarqua que Keyra peinait à attacher sa ceinture. Il soupira et l'aida à mettre sa ceinture avant de démarrer la voiture et rouler en direction de l'agence. Le trajet se déroula dans un silence des plus totales. La voiture se gara dans le parking de l'agence et Hermann ainsi que son assistante en descendirent. Keyra s'empressa de prendre les affaires de son patron et ils pénétrèrent dans l'enceinte du bâtiment. Elle remarqua qu'il n'y avait que le service d'entretien et l'équipe de sécurité. Même mademoiselle Vianney n'était pas encore arrivée.

Elle avait raison, il est vraiment le premier à arriver ! constata Keyra.

Les aiguilles de l'horloge défilaient sans cesse, signe que le temps passait vite. Keyra et son patron travaillaient depuis ce matin comme des forcenés. Heureusement il n'y avait pas eu de prise de bec entre eux deux. Du moins, pas pour le moment. Monsieur Mensah avait une réunion avec les partenaires de l'agence cet après-midi et en tant que son assistante, Keyra se devait d'y assister. Il était environ douze heures et demi quand Keyra sentit son ventre gargouiller. Elle était vraiment affamée. Elle aurait voulu signaler à son robot de patron que l'heure de la pause était arrivée mais cet acte lui coûterait dix mille francs en moins sur son salaire et ça, elle ne pouvait pas se le permettre. Raison pour laquelle elle ne l'avait pas provoqué ce matin et n'avait pas non plus répondu à ses provocations. Deux coups frappés à la porte et la tête d'Alice apparu dans l'encadrement.

— Salut Hermann ! dit Alice à son intention.

Ce dernier lui répondit par un simple hochement de la tête, le nez toujours fourré sur son ordinateur. En temps normal, ça l'aurait énervé qu'on l'interrompe lorsqu'il travaillait et encore plus lorsqu'il était concentré. Mais avec Alice, c'était un peu différent.

— Je peux t'emprunter Keyra quelques minutes ?

— Pourquoi faire ?

— On va déjeuner !

Depuis quand se connaissent-elles ces deux-là pour qu'Alice veuille déjeuner avec elle ? s'interrogea Hermann, surpris. 

— Impossible ! Nous avons un programme beaucoup trop chargé aujourd'hui, répondit-il sur un ton sec.

Keyra déglutit. Elle allait mourir de faim. Ses yeux supplièrent silencieusement Alice d'insister encore plus. Cette dernière compris le message que lui avait envoyé son amie.

— Allez Hermann, dit Alice en s'approchant de lui. Même un robot à besoin de pause à un moment donné, les humains encore plus. Ça ne sera pas long. C'est juste pour déjeuner. Elle reviendra à temps pour la réunion ne t'inquiètes pas pour ça.

— N'insiste pas Alice. Non c'est non !

— Mais Hermann !

— Tu ne devrait pas être en train de travailler toi ?

— Si mais Max est un vrai professionnel du coup nous avons vite fini.

— Dans ce cas tu peux y aller toi, Keyra n'a pas fini ses tâches.

— Le travail ne finit jamais avec toi de toute façon. Ça ne sera pas long je te dis. Juste dix minutes, ça ne vaut même pas la moitié de l'heure habituelle.

Alice commençait à lui casser les oreilles. Il regarda Keyra s'attendant à ce qu'elle prenne parti pour Alice mais à sa grande surprise, elle préféra détourner son regard du sien. Elle n'avait pas vraiment parlé aujourd'hui et c'était bien ce qui allait jouer en sa faveur.

— Très bien ! Keyra, tu as droit à dix minutes de pause mais si jamais tu ne reviens pas à temps, tu sais ce qui t'attends.

— Elle ne sera pas en retard, fit Alice en tirant Keyra par le bras, visiblement heureuse.

Une fois hors du bureau de son patron, Keyra pu respirer enfin.

— Merci Alice ! J'ai bien cru que j'allais mourir de faim cette fois-ci.

— Ne t'inquiètes pas pour ça. Moi vivante, ça n'arrivera jamais. Allez dépêchons-nous. On n'a pas assez de temps.

Keyra acquiesça et suivit Alice. Elles se rendirent dans le même restaurant que la dernière fois parce que c'était l'endroit le plus proche de l'agence. En arrivant, elles virent Angela attablée. Alice l'entraîna vers elle et salua Angela. Keyra en fit de même quoique un peu intimidée. Angela s'en rendit compte.

— Mets-toi à l'aise Keyra. Je ne suis pas mon frère tu sais, dit-elle en souriant.

Keyra se sentit un peu à l'aise suite à sa phrase et lui rendit son sourire.

— Merci Madame Sandey.

— Appelle-moi Angela. Alice tu as mis du temps aujourd'hui.

— Évidemment, ton frère ne voulais pas laisser Keyra venir avec nous. J'ai dû presque marchander, répliqua le mannequin.

— Hermann exagère vraiment !

— Bon on n'a que dix minutes. On ferait mieux de commander maintenant.

— Pourquoi seulement dix minutes ? C'est vingt cinq minutes de pause.

— C'est le temps qu'Hermann à donné à Keyra.

Aussitôt dit, Alice appela le serveur et elles passèrent leurs commandes. En attendant que les plats arrivent, Keyra sortit les documents de son sac et commença à les analyser. Sur une feuille de papier millimétré, elle se mit à faire des nuages de points en fonction des données présentes sur les rapports d'études antécédents.

— C'est un bilan que tu es en train de faire ?

— Hum oui. Monsieur Mensah m'a chargé de le réaliser en moins d'un mois.

Hermann n'est vraiment pas raisonnable. Il sait pourtant que c'est à moi de m'en occuper. Je lui ai déjà fait un bilan de l'entreprise pourquoi le fait faire de nouveau ? Il faut vraiment que j'ai une conversation avec lui, se dit intérieurement Angela puis s'adressant à Keyra.

— Tu as besoin d'aide ?

— Non non pas la peine. Je m'en sors très bien.

— D'accord mais si tu as le moindre souci ou que tu as une idée, n'hésite surtout pas à m'appeler. C'est compris ?

— Oui madame Angela, répondit Keyra, les yeux rivés sur ce qu'elle était en train de faire.

Leurs commandes arrivèrent et elles purent enfin déguster leurs repas. Keyra mangea rapidement lorsqu'elle vit qu'il ne lui restait que trois minutes. Angela lui ordonna presque de s'en aller dès qu'elle eut fini son assiette. N'ayant pas vraiment le temps de répliquer ou dire quoi que ce soit, Keyra sortit du restaurant et couru pour se rendre le plus rapidement possible à l'agence. Se faire virer le deuxième jour de travail n'était pas un choix possible. Elle avait quelque chose à accomplir et tant qu'elle ne l'aurait pas fait, Keyra ne pouvait pas se permettre de se faire renvoyer.

Arrivée à l'agence, elle prit exceptionnellement l'ascenseur et se dirigea en toute hâte vers le bureau de Monsieur Mensah. Il était vide. Son patron n'y était pas. Elle regarda sa montre. Pourtant il n'était que treize heures cinq minutes. La réunion ne débuterait qu'à quatorze heures. Dans ce cas où est-ce qu'il était passé ? Keyra appela mademoiselle Vianney avec le téléphone de bureau.

— Allô Stéphanie, tu sais où se trouve monsieur Mensah ?

— Keyra ? Qu'est-ce ce que tu fais encore dans le bureau ? Monsieur Mensah est déjà en salle de réunion.

— En salle de réunion ? Mais elle ne débute qu'à quatorze heures.

— Tu n'es pas au courant ?

— De quoi ?

— La réunion a été avancée. Ils sont tous déjà en salle de réunion un.

Pourquoi ne m'en a-t-il pas informée ?

— D'accord, merci Stéphanie.

— Dépêche-toi !

Keyra acquiesça et raccrocha le combiné téléphonique. Elle se dirigea vers la salle de réunion en question. Après avoir frappé et obtenu la permission d'entrer, Keyra entra dans la salle.

Angela, peu de temps après que Keyra soit partie, vit la feuille de papier millimétré posée sur la table.

— Ce n'est pas à Keyra ça ?

— Si, confirma Alice. On dirait bien qu'elle l'a oublié.

Angela prit la feuille et la parcouru. Les résultats de Keyra concordait avec ce qu'elle avait fait. Elle sourit. Un vrombissement se fit entendre.

— Tu ne décroches pas ? demanda-t-elle à l'endroit de son amie.

— Ce n'est pas le mien.

— Le mien non plus !

Angela et Alice eurent le réflexe de regarder simultanément le siège où était assis Keyra. Elles y virent un sac à bandoulière fait en cuir et de couleur marron. C'était le sac de Keyra.

— Oh non, elle a oublié son sac ici.

Angela prit le sac et en sortit le téléphone. Le nom affiché était The Devil. En regardant le numéro, elle s'aperçut que c'était celui de son frère. Ses sourcils se froncèrent pour exprimer son étonnement. C'est vrai que son cadet n'était pas du genre flexible mais de là à le traiter de diable ?

— Alice, tu sais s'il s'est passé un truc avec mon frère et Keyra ?

— Hum je pense bien. Quand je l'ai rencontrée hier, elle avait l'air de lui en vouloir. Mais je ne sais pas ce qui s'est réellement passé entre eux. Je vais essayer de lui en parler, répondit Alice.

— Et moi je vais en toucher un mot à Hermann.

Angela reposait le téléphone à sa place lorsqu'elle vit une chemise à rabat. Piquée par la curiosité, elle le prit et l'ouvrit.

— Mais c'est...

***

Keyra entra dans la salle, un peu essoufflée. Tous les regards convergèrent vers elle, ce qui la mis mal à l'aise.

— Où est-ce que tu étais ?

— Au restaurant monsieur, répondit Keyra en essayant de retenir un hoquet à l'aide de sa main.

— Parfait ! C'était ton dernier repas en compagnie d'Alice. Tu peux déjà rassembler tes affaires.

— Mais monsieur !

— Tu le sais très bien, aucun retard n'est toléré dans cette agence et ce, quel qu'en soit le motif.

— Monsieur Mensah, veuillez l'excuser, intervint l'un des actionnaires. La réunion a été avancée à la dernière minute. Peut-être qu'elle n'a pas été informée à temps.

Keyra hocha la tête en guise d'approbation suite à ce que cet homme avait dit.

— Ah bon ? fit Hermann avec sarcasme. Dites-lui de regarder son téléphone, je l'ai appelée de nombreuses fois mais madame était trop occupée à se remplir la panse. Tu voulais une pause ? Eh bien tu peux te reposer définitivement. M. Design n'a plus besoin de tes services.

Des larmes menaçaient de sortir des yeux de Keyra. Pas ça. Pas comme ça.

— Monsieur veuillez me donner une autre chance s'il vous plaît. J'ai vraiment besoin de ce travail.

— La chance, c'est comme les nombrils. On n'en a qu'un.

N'eût été la gravité de la situation, Keyra aurait sûrement explosé de rire. Mais là, elle était vraiment dans de beaux draps.

Seigneur je t'en supplie, tu sais ce qu'il s'est réellement passé. Touche son cœur pour qu'il puisse revenir sur sa décision. Tu sais à quel point ce travail est important, non seulement pour moi mais il est aussi bénéfique à tout le monde à la maison.

— Voyons Hermann, ce n'est pas de sa faute si la réunion a été avancée, surenchérît un autre. Je sais que le retard n'est pas toléré ici mais quand même, comprends au moins que nous y sommes aussi pour quelque chose.

— Aucun justificatif n'excusera son retard. La réunion à commencée depuis vingt minutes, répliqua monsieur Mensah en regardant sa montre.

Malgré ses efforts, Keyra ne put empêcher ses larmes de sortir de leur point de création. Elle pleurait silencieusement. Elle était virée à cause d'un retard idiot.

***

— Mais c'est... s'exclama Angela, stupéfaite.

— Seigneur ! Ce sont les documents pour la réunion d'aujourd'hui n'est-ce pas ? Keyra doit être en difficulté.

— Dépêchons-nous Alice, elle a sûrement besoin de ces dossiers.

— Oui !

Elles laissèrent l'addition dans la carte menu et prirent la voiture d'Alice. Angela enverrait le chauffeur venir chercher la sienne plus tard.

Pauvre Keyra, elle doit être en train de se faire cuisiner par mon frère.

— Pitié essuis-moi ces larmes de crocodile, fit Hermann en voyant les larmes dégringoler sur son visage. Tu savais très bien les règles de l'agence. Je t'avais prévenue en personne. Dans tous les cas, je me souviens que tu n'avais pas vraiment envie de travailler ici. Je t'ouvre les portes de la sortie, tu devrais m'en remercier.

— Il est bien vrai qu'au début je ne voulais pas travailler ici. Mais j'ai fait le choix de rester chez M. Design parce que j'ai des objectifs que je me suis fixé et que je dois atteindre. Il serait injuste de votre part de me renvoyer pour une erreur que je n'ai pas commise. Je suis arrivée en retard je l'admets, mais je n'avais pas été informée que la réunion avait été avancée. Je n'accepterai d'être renvoyée que si et seulement si je commets une erreur impardonnable. À ce moment-là, vous aurez tout le droit de me mettre à la porte de l'agence. Mais pas de cette manière, répliqua Keyra avec une profonde conviction dans la voix.

Hermann l'observa pendant un moment et sembla réfléchir.

— J'admire ton franc-parler, tu sais ce que tu veux et tu es prête à tout pour y arriver. Je sens qu'on pourra accomplir de grandes choses avec toi mais je te préviens, ne pense pas que tu es épargnée. Tu es actuellement sur le banc de touche. Je vais guetter tes moindres faux pas, si jamais tu ne prends pas garde, la prochaine fois ce sera le renvoi direct sans possibilité de plaidoirie. C'est une promesse !

— Merci monsieur ! dit Keyra lorsque la tension fut enfin levée.

— Ne me remercie pas, tu es d'ores-et-déjà avertie.

Elle y avait échappé de peu.
Un soupir de soulagement s'échappa de sa bouche. Le renvoi pouvait attendre. La réunion reprit sous l'ordre de Monsieur Mensah.

***

Angela et Alice étaient arrivées à l'agence. Elles demandèrent à mademoiselle Vianney le numéro de la salle où se tenait la réunion. Après que la réceptionniste les aient situées, les deux amies prirent l'ascenseur pour atteindre la salle le plus rapidement possible.

— Où sont les documents ? demanda monsieur Mensah alors qu'il allumait le projecteur.

— Dans mon sac, répondit Keyra.

Elle se tourna pour prendre son sac. Il n'était pas sur elle comme d'habitude. Keyra se souvint qu'elle s'était dépêchée de venir après avoir constaté son retard, ce qui avait donc occasionné cet oubli flagrant. Elle venait d'éviter un éventuel renvoi. Monsieur Mensah l'avait prévenue des conséquences. Keyra avala sa salive. Comment est-ce qu'elle s'y prendrait pour aller récupérer son sac et revenir à temps ?

— Les documents, j'en ai besoin.

— Euh en fait monsieur, je les ai laissés dans votre bureau tout à l'heure. Je vais les chercher ! mentit-elle en évitant son regard.

Keyra sortit aussitôt de la salle. Comment faire ? Comment faire ? Peut-être qu'elle devrait retourner au restaurant. Avec un peu de chance, un serveur l'avait remarqué et mis de côté pour elle. Ensuite elle n'aurait qu'à prendre un taxi pour revenir à l'agence. Non ! Trop risqué. Monsieur Mensah l'avait dans sa ligne de mire. De plus, ça lui prendrait un peu de temps pour aller chercher les documents. Monsieur Mensah aurait forcément remarqué son mensonge. Que faire ?  Que faire ? Si seulement elle les avaient photocopiés.

Seigneur aide-moi je t'en prie.

À ce moment-là, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et Angela ainsi qu'Alice en sortirent. Keyra s'avança vers elles, la peur encore au ventre et leur expliqua sa situation. Angela lui tendit le dossier en question ainsi que son sac. Pour les explications, ça devrait attendre car monsieur Mensah et la patience étaient deux entités complètement opposées. Les documents en main, Keyra se hâta de retourner dans la salle de ses tourments, non sans pousser un énième soupir de soulagement. Comme il fallait s'y attendre, monsieur Mensah l'attendait de pied ferme. Heureusement pour elle que les papiers se trouvaient en sa possession. La réunion se poursuivit malgré la petite tension présente entre Keyra et son patron. À un moment donné, Hermann sentant que la faim commençait à gagner ses associés instaura une pause.

Ses associés ont droit une pause mais quand moi je prends une pause, je mérite le renvoi. Décidément, je ne comprendrais jamais ce type.

— L'entreprise vit grâce à nos associés. Leur bien-être est donc indispensable pour l'agence et elle est prioritaire, répliqua monsieur Mensah en la fixant durement comme s'il avait lu dans ses pensée, une fois de plus.

Ce sentiment qu'il savait ce qu'elle pensait avant même qu'elle n'ouvre la bouche commença à agacer Keyra. Elle avait l'impression qu'il pouvait lire en elle tel un livre ouvert. Il fallait donc pour éviter ce genre de situation à l'avenir ne pas penser du tout en sa présence. Mais étais-ce possible pour celle qui avait pris l'habitude de parler avec cette petite voix intérieure ?
Reprenant ses esprits, Keyra se tourna vers les associés en question avec un bloc-notes ainsi qu'un stylo à bille dans sa main et leur offrit un grand sourire.

— Le service traiteur Keyra est ouvert. Alors messieurs, que prendrez-vous ?

Un à un, elle énuméra les besoins des hommes présents dans la salle. Puis quand ce fut fait, le visage toujours souriant elle se tourna vers son patron.

— Et vous monsieur qu'allez-vous prendre ? demanda-t-elle, prête à écrire ce qu'il voulait mais son sourire disparu lorsqu'elle rencontra le regard déstabilisant de cet homme.

— Rien du tout !

— Rien du tout ? murmura Keyra. Mais monsieur vous n'avez rien avalé de la journée. Vous ne pouvez pas rester sans manger.

— Ce ne sont pas tes affaires. Occupe-toi seulement de répondre aux attentes de nos associés.

Keyra savait que c'était inutile de discuter avec lui alors elle sortit de la pièce.

Après avoir pris tout ce qu'il fallait, Keyra s'apprêtait à retourner en salle de réunion lorsqu'elle eut l'idée d'acheter le plat de son patron. Une fois arrivée à l'agence, Keyra passa d'abord déposé la nourriture destinée à son patron dans le bureau de ce dernier et continua ensuite en salle de réunion. Elle déposa chaque plat devant les associés selon leurs commandes.

La réunion étant terminée, Keyra et son patron retournèrent dans le bureau achevé le travail de ce matin. En entrant, monsieur Mensah remarqua le plat posé sur le bureau. C'était sûrement Angela qui l'avait posé là. Keyra prétexta avoir oublié quelque chose dans la salle de réunion et sortit pour le laisser un peu seul. Elle en profita pour aller voir Angela et la remercia de l'avoir sauvée d'un renvoi certain un peu plus tôt. Angela répliqua en disant que ce n'était trois fois rien. En à peine quelques minutes, elles avaient déjà sympathisé.

La journée de travail de Keyra se termina sans accroche bien qu'elle fut épuisante. Elle rentra chez elle toute fatiguée, ignorant que monsieur Mensah savait tout de son petit mensonge et du plat posé à l'improviste.

______

4528 mots !

Voili voilou les ami.e.s ! Un chapitre terminé in extremis ( dont la fin est un peu bâclée 😅)
Je n'ai pas eu le temps de corriger les fautes donc veuillez m'en excuser ou me les signaler s'il vous plaît 🤗

Notre chère Keyra a eu chaud hein ? ! Échapper à deux reprises à un licenciement éventuel le deuxième jour de travail, c'est un vrai record 😂😂😂. J'espère quand même que ça vous a plus😁

Au fait je voulais vous demander, vous avez une préférence en matière de longueur de chapitres ? Aimez-vous les chapitres courts/longs ou mi longs? Je demande parce que je voudrais pas que la longueur de mes chapitres vous découragent. Proposez moi un intervalle de mots et je tâcherai de m'y tenir.

Voilà c'était tout zoubis zoubis😚 😘😘😘

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top