Chapitre 21 : Une nuit apaisante
Après avoir murmuré un repose-toi au creux de son oreille, il se redressa afin de regagner sa chambre. Cependant, une main se glissa dans la sienne, l'empêchant ainsi d'effectuer ne serait-ce qu'un seul pas. Monsieur Mensah se retourna doucement vers la jeune fille. Elle avait les yeux à présent ouverts.
— C'était aussi ma faute, lâcha-t-elle au bout d'un moment, le regard fuyant et pleins de remords.
Hermann réalisa qu'il y avait une partie de l'histoire qui lui restait encore méconnue. Keyra se redressa tout doucement et s'assit contre le rebord du lit, s'assurant de laisser de la place à son patron. Ce dernier compris l'invitation et alla s'asseoir. Ce soir, il était à son entière disposition.
— Vous avez dit tout à l'heure que j'avais sauvé Simon. Mais ce n'est pas vrai. Au contraire, si nous avons été séparés, c'était aussi de ma faute.
Elle prit une grande inspiration pour se donner contenance. Il ne fallait pas recommencer à couler les larmes. Monsieur Mensah devait sûrement en avoir marre de la voir pleurer. Et pourtant, c'était juste plus fort qu'elle.
En l'espace d'une nuit, ils avaient tout perdu. Leurs parents, leur famille, la maison. Il ne restait que des ruines. C'est impuissant qu'ils regardèrent ce qu'il restait de leur demeure s'écrouler. Comment allaient-ils pouvoir s'en sortir dorénavant ? Sans personne pour les guider ou conseiller ? Ayant dorénavant la responsabilité de sa cadette, Simon lui empoigna la main afin qu'ils s'éloignent de ce qui était quelques heures auparavant, leur foyer. Durant des jours, ils errèrent ainsi dans cette ville sans but précis. À la recherche d'un endroit potable où dormir ainsi que de quoi se mettre sous la dent. Le ciel était dorénavant leur compagnon, leur toit. Pour la nourriture, Simon n'hésitait pas une seule seconde à faire la manche auprès de certains passants.
Méconnaissable, il se faisait très souvent rejeté par ces derniers. Ces gens qui adulaient autant sa mère par le passé, étaient les mêmes qui le repoussaient à présent. En dépit de tout, il réussit à trouver une source stable de revenus. Dans ses moments d'errance, il avait repéré un garage qui avait désespérément besoin de personnels pour laver les voitures qu'ils recevaient. C'est ainsi qu'il se fit engager ainsi que deux autres jeunes garçons, même s'il était conscient de se faire exploiter par le propriétaire du lavage. Pour cinq voitures lavées, ils ne percevaient que cinq cents francs. Mais tant qu'il réussissait à acheter à sa sœur de quoi manger, il pouvait le supporter. Il avait même réussit à lui construire un abris à l'écart des yeux indiscret afin de la protéger lorsqu'il se rendait au garage. Mais par mesure de sécurité, ils avaient convenu d'un code. Lorsqu'il rentrait le soir, il tapait trois petit coups sur le métal qui leur servait de porte afin qu'elle ouvre.
Cependant, avec une telle routine, ils ne pouvaient rester cachés très longtemps. Un soir alors qu'il rentrait de ce qui s'apparentait plus à son travail, il trouva des hommes qui avaient pratiquement entouré leur refuge. Ils étaient au nombre de quatre, et leur présence ne présageait rien de bon.
— Keyra !
Son instinct de protection activé, il laissa immédiatement tombé la nourriture qu'il lui avait rapporté et se munit à la place d'un bâton qui stagnait à proximité. Avec prudence, il se dirigea vers eux. Simon trouva sa sœur au milieu de ces hommes, à moitié dénudé, un air apeuré sur la face. Il serra un peu plus le bâton dans sa main, et animé d'une colère noire, tapa de toutes ses forces l'un des leurs au bas du crâne. La victime s'écroula, avertissant ainsi ses congénères de l'arrivée d'une tierce personne. Profitant de l'effet de surprise qu'il avait créé, Simon empoigna la main de sa cadette et lui ordonna de courir. Il avait promis à son père de la protéger, et ce, quoi qu'il en coûtait. Malheureusement, ils ne purent aller bien loin. Fauché, Simon se retrouva face contre terre, un filet de sang s'échappant de son front. Voyant son frère en difficulté, Keyra revint vers lui et tenta de l'aider.
— T'es sourde ou quoi ? J'ai dit cours ! la gronda pour la première fois son aîné.
— Je...
— Je ne me répéterai pas Keyra, cours j'ai dit ! lui ordonna-t-il sur un ton enragé, alors que les deux hommes restant se chargeaient de le maintenir au sol.
Les larmes aux yeux, Keyra tourna les talons pour s'échapper, mais l'un des hommes avec un physique très imposant la rattrapa par la taille avec pratiquement un bras. Ses pieds déconnectés du sol battaient à présent l'air, pendant qu'elle se débattait comme une furie. Il était effrayant et ne dégageait pas non plus une bonne odeur corporelle.
— On n'en pas fini avec toi. Tu restes tranquille ou je blesse ce garçon.
— Ne lui faites rien, supplia-t-elle, la voix tremblotante.
— Alors fais ce qu'on te dit et tout ira bien pour vous deux. Allonge-toi sur le sol et que ça saute !
Les larmes aux yeux, la fillette s'exécuta lentement. Son dos dénudé entra en contact avec le sol. C'était froid. Très froid. Tandis qu'il prenait son temps pour défaire sa braguette, Keyra tourna son visage vers son frère. Tout comme le sien, celui de Simon était en larmes.
— Écarte tes jambes..
— Non, non ! S'il vous plaît, laissez-là.
Mais la voix désespéré du jeune garçon semblait l'exciter encore plus. La fillette se couvrit la bouche pour éviter de sangloter. Bien qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il comptait faire, elle ressentait en son for intérieur le danger qui la guettait.
Sa gorge se noua à cet instant, ses yeux se remplirent à nouveau de larmes. Elle ramena tout doucement ses jambes contre elle, dans un signe d'autoprotection. Hermann quant à lui avait les dents et les poings serrées. Il sentit une colère naître en lui. Comment pouvait-il exister de tels parasites dans ce monde ? Finalement, il n'était plus si certain de vouloir entendre la suite de cette histoire. Mais c'était lui qui l'avait poussé à parler pour se libérer. La langue de son assistante se délia après quelques instants de répit.
La braguette ouverte, il s'approcha de Keyra et laissa glisser ses doigts le long de son corps jusqu'à sa partie intime. Keyra tenta de serrer les jambes, mais il l'en empêcha. Leurs regards se firent plus désireux que jamais.
— Arrêtez ! S'il vous plaît, laissez-la tranquille. Je ferais tout ce que vous voudrez, supplia Simon, incapable de supporter une telle scène.
— Qu'est-ce que tu peux nous apporter de plus qu'elle ? s'enquit l'un de ceux qui le retenaient au sol sur un ton à la fois moqueur et rieur.
— Je serais un bien meilleur atout qu'elle. Ce n'est qu'une petite fille et ignorante en plus. Prenez-moi à la place. Je peux tout faire, et quand je dis tout, c'est vraiment tout ! répéta-t-il en insistant sur chacun de ses derniers mots.
Comme s'il avait reçu une révélation, le grand baraqué qui s'apprêtait à commencer sa sale besogne se stoppa dans son élan, au grand soulagement des deux frères.
— Pourquoi tu t'arrêtes ? lui demanda l'autre.
— Ce qu'il dit là me plaît bien. On pourrait tirer un sacré avantage.
— Et la fille ?
— Elle paraît trop faible. Elle ne tiendra pas longtemps.
— On la laisse partir ? s'indigna l'autre.
— Je viens avec vous seulement si vous la laissez tranquille. C'est ma condition, imposa Simon sentant où ils voulaient en venir.
— Bon, d'accord !
— Quoi c'est tout ? On pourra pas l'avoir ? Pas même un coup ?
— Non JD ! Retiens toi, on a besoin de ce garçon !
— Pourquoi s'embêter ? On les prends tous les deux et puis c'est tout.
— C'est moi le chef ici, si je dis qu'on ne touche plus à la fille, on ne la touche plus ! C'est clair ?
Le dénommé JD qui ne semblait pas vouloir s'en accommoder haussa le ton. Profitant de leur petit moment de désaccord, Simon se dirigea vers sa cadette, l'aida à arranger ses vêtements et lui remit en toute discrétion son médaillon.
— Garde-le précieusement, quand on se reverra tu me le rendras.
— Simon, reste avec moi ! pleura-t-elle. Ne m'abandonne pas toi aussi, reste s'il te plaît.
— Si on reste ensemble, ils te feront du mal. Tu seras en sécurité si je pars avec eux, ne t'inquiètes pas chouquette. Je reviendrai te chercher. Je t'en fais la promesse. Attends-moi.
Il la serra dans ses bras, une larme lui échappa des yeux. Dans combien de temps pourront-ils encore se revoir ? Parvenu à un terrain d'entente, et croyant que Simon tenta de leur échapper, ils lui assénèrent un violent coup sur la tête. Le jeune homme sombra dans un état d'inconscience.
Celui qui avait insisté pour avoir Keyra la fixa longuement, comme s'il voulait mémoriser chaque trait de son visage. Dévisagée ainsi, la fillette ressentit une peur qui la paralysa sur le champ. Encore plus, c'était la cicatrice qui traversait son œil droit qui la terrorisait. Elle le faisait paraître encore plus effrayant.
Son aîné inconscient, ils l'emportèrent avec eux, la séparant définitivement du seul membre de la famille qui lui restait. Réalisant qu'elle ne le verrai probablement plus jamais, ses larmes ne cessaient de dégringoler sur son visage. Seule. Elle était dorénavant seule dans ce monde impitoyable. C'est avec ces tristes pensées qu'elle sombra à son tour dans un monde dépourvu de couleurs.
— Quand je me suis réveillée, j'étais dans la demeure des Tancey. Ils ont pris soin de moi à partir de cet instant et m'ont intégré à leur famille. Avec eux, j'avais parfois l'impression de n'avoir jamais perdu la mienne. Je leur suis reconnaissante pour tout, conclut Keyra en essuyant la dernière larme de son visage.
Monsieur Mensah poussa un discret soupir. Ces salauds n'avaient pas posé un doigt sur elle. Il comprenait à présent pourquoi elle tenait tant à Simon. Et si son souhait était de le retrouver, non seulement il la soutiendrait, mais il l'aiderait. Voyant qu'elle se retenait de pleurer, il se rapprocha d'avantage d'elle. Avec tact, il l'attira doucement vers lui. Une façon de lui faire comprendre qu'elle pouvait dorénavant compter sur lui.
— Alors vous voyez ? Je suis la seule fautive pour tout ce qui est arrivé.
Pour toute réponse, il encadra son visage de ses deux mains et déposa un long baiser sur le sommet de son crâne.
— Tout ce que je vois moi, c'est une famille unie et solidaire qui se protège mutuellement. Tu peux être certaine qu'à aucun moment, ils ont eu à regretter ce qu'ils ont fait. Bien au contraire, si tes parents avaient su ce que Simon a fait pour toi, ils seraient extrêmement fiers de lui. Tu devrais aussi être fier de ton frère, plutôt que de te laisser ronger par les regrets et la culpabilité.
Keyra le fixa simplement, incapable d'ajouter quoi que ce soit à ses dires. Il avait raison. Elle devrait être fière d'avoir un frère comme lui, et non se laisser envahir par les remords. Ses mains toujours posées sur son visage, Hermann essuya les traces de larmes qui entachaient sa face.
— Maintenant sèche tes larmes ou tu risques d'avoir les yeux enflés demain à ton réveil.
Un léger rire étira les lèvres de son assistante, le faisant sourire à son tour. Hermann retira ses mains de son visage et se leva avec pour intention de regagner sa chambre.
— Monsieur ?
— Oui ?! répondit-il en se tournant vers elle.
— Je... J'aimerais... commença-t-elle, hésitante en se triturant les doigts.
— Si tu veux je peux te tenir compagnie pour aujourd'hui, lui proposa-t-il, ayant deviné l'objet de sa demande. Et puis comme ça, je m'assurerai que tu n'auras pas passer toute la nuit a pleurer.
Mademoiselle Tancey lui offrit un sourire reconnaissant.
— Je reviens, je vais chercher un sac de couchage et en profiter pour prendre une douche, la prévint-il.
La demoiselle acquiesça. Monsieur Mensah partit, Keyra se leva de son lit et se dirigea vers sa salle de bains. Elle retira ses vêtements et huma son T-shirt. Le parfum de son patron y était encore. Un niais sourire prit rapidement forme sur ses lèvres. Elle ressentit des picotements au niveau de ses joues, devenues légèrement rouge. Keyra secoua la tête pour reprendre ses esprits et se glissa dans le jacuzzi.
Quelques minutes plus tard, elle sortit de la salle de bains et troqua ses vêtements contre un pyjama un peu grand à l'effigie de Bob l'éponge. Les cheveux lâchés, elle se posta devant sa fenêtre et joua distraitement avec son médaillon, ses pensées s'étant dirigées vers son frère. On toqua à la porte. Keyra informa son patron qu'il pouvait entrer et se dirigea vers son lit. Monsieur Mensah marqua un temps d'arrêt lorsqu'il la vit. Elle semblait plus détendue que tout à l'heure. Mais il se pourrait aussi que ce ne soit qu'une façade.
Couchés sur leur dortoir respectifs, ni l'employeur ni l'employée n'arrivaient à trouver le sommeil. Keyra n'arrêtait pas de se retourner dans son lit, tandis que monsieur Mensah lui fixait le plafond, immobile. La jeune fille l'avait aidé à installer le sac de couchage avant de regagner son matelas. Mais il semblait qu'à présent, la situation soit inconfortable pour eux deux.
— Monsieur, vous dormez ? chuchota Keyra en se penchant vers lui.
— Non, le sol est inconfortable. Je n'ai pas l'habitude, lui répondit-il sans détour.
— Je... pense... que le lit est... assez grand pour nous deux, proposa-t-elle.
— Ça ne te dérange pas ?
Elle se racla la gorge.
— Tant que vous ne faites rien d'incorrect, je n'ai aucun souci, répondit-elle, la voix faiblissant au fur et a mesure qu'elle parlait.
Il la considéra un instant avant de la rejoindre sur le lit. Installés chacun à l'autre bout de la couche, Keyra lui donnait dos tandis qu'il avait gardé la même posture que précédemment. Incapable de s'endormir sur le champ, Hermann tourna la tête vers elle. Comment avait-elle fait pour garder le sourire malgré la gravité des évènements qu'elle avait subi ? Elle avait vu ses parents mourir sous ses yeux, et son frère lui avait été arraché après qu'il l'ait sauvé d'une tentative de viol. Serait-ce pour ça qu'elle avait ainsi peur de l'obscurité et des endroits restreints ? Et qu'elle avait pris l'habitude de frapper trois coups à la porte avant d'entrer dans une pièce ? Plus il apprenait à la connaître, et plus les sentiments qu'il éprouvait à son égard se renforçaient.
Il ferma les yeux et prétendit dormir profondément lorsqu'il sentit qu'elle se retournait vers lui. Il ressenti a nouveau un mouvement dans le lit au bout de quelques secondes. Hermann ouvrit les yeux et vérifia l'heure. Il était déjà une heure du matin. Heureusement, il avait déjà un plan pour l'aider à retrouver son humeur habituelle.
***
La lune avait déjà cédé sa place au soleil qui commençait à réchauffer la ville de ses rayons. Quelques uns d'entre eux s'étaient infiltrés par la fenêtre, répandant leur chaleur atténué par les rideaux. Sentant un poids sur sa poitrine, monsieur Mensah ouvrit difficilement les yeux. Sa nuit n'avait pas été facile. La demoiselle avec qui il avait partagé le lit avait beaucoup bougé. À présent, sa tête reposant sur son torse, elle l'enserrait totalement de son bras et son pied, l'immobilisant sur place. S'il ne voulait pas la réveiller du moins. Son regard se posa sur elle, partagé entre l'amusement et l'agacement.
— Bonjour, la salua-t-il, un sourire amusé aux lèvres lorsqu'elle ouvrit les yeux et porta son attention sur lui un bref instant.
— Bonjour, répondit Keyra d'une voix endormie, les yeux mis clos.
Elle reposa sa tête et ferma les yeux pour se rendormir. Un éclair de lucidité la frappa. Keyra ouvrit subitement les yeux et fit de nouveau volte face. Monsieur Mensah la regardait, son sourire amusé toujours scotché sur la face. Mal à l'aise, la jeune fille se leva séance tenante.
— Tu as bien dormi ? C'était confortable ? poursuivit-il, rien que dans le but de l'embarrasser.
Les joues rosies par la gêne, la demoiselle détourna les yeux et se racla la gorge, sans oser répondre.
— Tu dors toujours comme ça ? continua monsieur Mensah en se redressant légèrement. Je veux dire, avec toutes ces prises de Kung-Fu ? Si tu souhaites devenir la prochaine Bruce Lise, c'est gagné d'avance, termina-t-il en étirant ses bras.
— Désolée monsieur. J'ai l'habitude de dormir comme ça seulement quand je suis à la maison ou que je me sens comme chez moi.
Il arqua un sourcil.
— Oh ! Alors, tu te sens comme chez toi dans cette chambre ou... tu te sens chez toi avec moi ?
Comment répondre à une telle question ? Depuis qu'ils étaient arrivés à Bouaké, elle avait toujours dormi normalement. C'était la première fois qu'elle "dormait si mal". Serait-ce vraiment en raison de sa présence ?
— Hum... Je... C'est...
Balbutiant sur ses mots, Keyra se dépêcha de se lever pour descendre du lit afin de s'échapper de cet interrogatoire, mais c'était mal connaître monsieur Mensah.
— Réponds !
Il tira sur son bras pour la ramener vers lui et posa sa main sur sa taille. Leurs visages se faisant extrêmement face, il plongea son regard dans le sien, la paralysant sur le champ. Keyra avala sa salive. Sa conscience la sommait de s'éloigner, mais cette soudaine proximité ne lui était en aucun cas déplaisante. Que lui arrivait-il ?
Lentement, ses iris descendit le long du corps de son assistante et se posa de façon indiscrète sur sa poitrine, à moitié découverte. Bien vite, il détourna le regard et relâcha l'emprise qu'il avait sur son bras. Keyra se redressa et réajusta son vêtement, son sentiment de gêne accentué. Hermann se redressa et descendit du lit.
— Excuse-moi, ce n'était pas mon intention.
— O-kay..
Il ramassa le sac de couchage qui finalement lui avait été aussi utile qu'un parapluie dans une piscine.
— Tu as une demie heure maximum pour te préparer sinon on risque d'être en retard, l'avertit-il sur un ton sérieux.
— Entendu ! répondit Keyra, s'étant douté qu'il venait de reprendre la casquette du patron.
Monsieur Mensah sortit, elle fila rapidement dans la salle de bains afin de prendre une douche. Une fois que ce détail fut réglé, elle s'accommoda d'un tailleur couleur rose pâle dont la jupe assez droite, mettait à découvert ses jambes fines. Elle avait opté pour un léger maquillage et une paire de ballerines confortable pour les pieds.
Lorsqu'elle descendit, Keyra trouva monsieur Mensah affairé dans la cuisine, en train de préparer le petit déjeuner. Au lieu de son traditionnel costume trois pièces, il arborait des vêtements ordinaires. À savoir, une chemise blanche retroussée au niveau des coudes et un pantalon jeans de couleur bleue. C'était d'ailleurs la première fois qu'elle le voyait dans ce genre de tenue.
Alors il sait aussi porter des vêtements simples, s'étonna la jeune dame.
— Je suis prête monsieur, l'avertit Keyra.
Il se retourna vers elle et la considéra un instant.
— Changement de programme, nous n'irons pas à l'agence aujourd'hui. Change toi et mets quelque chose de plus relax et confortable. Je t'emmène quelque part.
Keyra le regarda éberluée. Il aurait pu la prévenir non ? Ça leur aurait fait gagner du temps. Sans poser de question, miss Tancey inspira profondément en silence et retourna se changer. Finalement, elle attacha ses cheveux en une queue de cheval haute. N'ayant pas envie de se casser la tête, elle enfila les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main. Un jeans, un T-shirt et un chemisier à carreaux. Abandonnant ses ballerines pour une paire de baskets, elle retourna dans la cuisine, son sac en bandoulière ayant trouvé refuge autour de sa poitrine.
— Si tu voulais m'imiter, c'est plutôt réussi ! s'exclama son patron en se retournant vers elle.
Keyra regarda ses vêtements et constata la véracité de ses dires. Un rire gêné s'empara de ses lèvres pour la énième fois de la journée.
— Désolée monsieur, je n'ai pas fait attention.
— Pourquoi tu t'excuses ? Je ne t'ai pas demandé de te changer à nouveau que je sache. Assieds-toi, on passe à table.
Keyra s'exécuta. Ses yeux s'illuminèrent lorsqu'elle vit ce qui garnissait l'assiette. Des pancakes aux pépites de chocolats.
— J'ai cru comprendre que tu aimais ça, débuta-t-il.
— Ce sont mes préférés ! s'extasia Keyra. Comment avez-vous su ?
— Si je ne me trompe pas, c'est ce que ta famille et toi avez mangé le jour de notre départ pour Bouaké.
— Ah oui c'est vrai, je m'en souviens.
Après une rapide prière et un merci adressé à son patron, elle s'attaqua à la nourriture.
— Au fait, où est-ce qu'on va ?
— Lorsqu'on te dit qu'il pleut, ne cherche pas à sauter pour voir les gouttes de pluie qui arrivent. Mange !
Ébahie par sa réponse, Keyra resta coi un moment. Elle ne s'attendait pas, alors là pas du tout à un tel clash de sa part. Certaines choses ne changeaient décidément pas.
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3501 mots !
Bonjour les amis. J'espère que vous allez tous bien. Le chapitre 21 est enfin disponible, j'espère qu'il vous plaira.
Excellent weekend à tous !
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