Chapitre 14 : Et les ennuis commencent

Une semaine s'était écoulée depuis le départ d'Alexandre. Bien qu'elle était triste qu'il soit parti, la vie devait reprendre son cours normal. Et par conséquent, elle devait effectuer ce voyage qui lui turlupinait tant l'esprit depuis quelques temps. Le jour de son départ pour Bouaké s'était rapproché bien trop vite à ses yeux. Keyra poussa un énième soupir en bouclant sa valise après s'être assurée d'avoir tout prit. Après toutes ces années, elle allait y retourner. Bien sûr, elle avait conscience qu'elle y serait retourner un jour ou l'autre. Mais pas de cette manière. Elle ne s'y était pas suffisamment préparée. Keyra le savait pourtant en son for intérieur qu'elle aurait à affronter ses démons du passé tôt ou tard. Dans sa tête, des images d'avant le drame défilaient. Elle ferma les yeux, essayant de contenir les larmes qui menaçaient de couler. Inconsciemment, la jeune fille effleura son avant-bras, là où se trouvait la cicatrice qui lui rappelait indéniablement son passé.

Absorbée par ses sombres pensées, Keyra n'avait pas remarqué que sa sœur était entrée dans la pièce. Alicia s'assit près d'elle et posa sa main sur son épaule. Les yeux rougis, Keyra tourna son visage vers elle. Sans qu'elle n'eût à dire quoi que ce soit, Alicia pouvait lire toute la tristesse qu'elle ressentait dans son regard. Sa sœur se blottit dans ses bras. La jeune styliste joua avec ses cheveux pour la réconforter.

— Tu te sens mieux ? lui demanda-t-elle de sa douce voix lorsqu'elle sentit que sa sœur s'était calmée.

Par dessus son épaule, Alicia ressentit le hochement de tête qu'avait fait Keyra. Cette dernière se détacha lentement d'elle. Alicia posa délicatement sa main sur sa joue.

— Tu es sûre que tu pourras tenir deux mois dans cette ville ?

— Oui bien sûr, je suis beaucoup plus forte qu'il n'y paraît. Je tiendrais le coup, répondit Keyra de manière détendue.

Sachant que sa sœur feignait d'aller bien pour ne pas les inquiéter, elle fit mine de la croire sur parole. Keyra se leva et se positionna vers la fenêtre, admirant le demi croissant lunaire.

— De toutes les façons, même si je le voulais, il est déjà trop tard pour reculer. C'est demain que nous partons. En plus, si je vois que ça ne vas pas, je pourrais toujours embêter monsieur Mensah. Nous nous disputerons et je n'aurais pas le temps d'y penser, rajouta-t-elle en jouant des cils, se retournant avec vivacité vers sa sœur.

Il n'en fallait pas plus pour qu'Alicia explose de rire, Keyra l'accompagnant. On toqua à leur porte. Keyra alla ouvrir. À sa grande surprise, son père, sa mère, et sa tante s'étaient réunis devant la porte. La jeune fille s'écarta pour les laisser entrer, bien que sachant la raison de leur visite soudaine.

— On avait une réunion de prévue ? plaisanta la jeune fille.

Elle avança vers eux et s'assit en tailleur sur son lit, les sondant chacun. Elle savait très bien ce qui les tracassait et elle ne voulait pas qu'ils s'inquiètent, surtout pas son père.

— Avant que vous ne disiez quoi que ce soit, je vous rassure. Je vais très bien.

— Même si tu le dis, tu ne peux pas nous empêcher de nous inquiéter pour toi. Nous sommes tes parents ma puce, nous t'avons vu grandir.

— Je sais Papa, répondit Keyra en se levant pour venir s'agenouiller en face de lui, sa main posée sur celle de son père. Je sais que vous vous inquiétez tous pour moi mais je vous rassure que tout ira bien. Je suis votre fille après tout et j'ai hérité de votre courage.

Sa mère lui sourit, caressa sa joue d'un geste affectif et posa un baiser sur le sommet de crâne.

— Tout ce que je désire en ce moment, c'est un gros, gros, gros câlin de votre part à tous.

— C'est comme si c'était fait.

Keyra sourit quand elle sentit leurs bras autour d'elle. Elle se sentait vraiment chanceuse de les avoir dans sa vie. Avec eux à ses côtés, elle avait l'impression qu'elle pouvait affronter toutes les épreuves et en sortir victorieuse.

Aux aurores du lendemain matin, la jeune fille était déjà sur pied. Malgré le fait qu'elle avait déjà apprêté ses affaires la veille, Keyra vérifia quand même au cas où quelque chose lui aurait échappée. Une fois rassurée à ce sujet, elle prit rapidement une douche en faisant le moins de bruit possible car sa sœur était toujours endormie. Keyra se rendit dans la cuisine et prépara le petit déjeuner pour sa famille. Monsieur Mensah lui avait dit qu'il viendrait la chercher. Elle avait encore du temps à tuer, certes pas beaucoup connaissant la fixation que faisait son patron sur l'heure mais elle avait quand même du temps. Keyra posa les pancakes sur la table et dressa le couvert pour chacun des membres de sa famille. Elle ne les reverrait plus avant deux mois, alors autant profiter du peu de temps qu'elle avait.

— Debout debout tout le monde, cria-t-elle à leur attention. Aujourd'hui le chef vous a préparé des pancakes aux pépites de chocolat.

Peu de temps après, ils rappliquèrent tous et ils se mirent à table. Keyra faisait de son mieux pour détendre l'atmosphère quand elle vit le visage morose de ses parents. À croire que c'était eux qui partaient en voyage. Deux coups de klaxons se firent entendre. C'était monsieur Mensah. Keyra roula des yeux en l'air dans un soupir avant d'aller lui ouvrir.

— Tu es prête ? lui demanda-t-il dès qu'elle ouvrit la porte.

— Bonjour monsieur, oui je vais bien, merci de demander, répondit Keyra sur un ton sarcastique.

— Keyra laisse-le entrer, lui cria sa mère.

Malgré elle, Keyra se mit de côté pour le laisser entrer avant de refermer la porte. Monsieur Mensah s'approcha et les salua.

— Venez prendre le petit-déjeuner avec nous, lui proposa madame Tancey.

— Non merci madame, ça ira.

Valérie insista encore un peu arguant qu'il n'avait sûrement encore rien mangé vu l'heure à laquelle il était arrivé mais Hermann s'évertuait à refuser quand bien même elle avait visé juste.

— Si j'étais vous j'arrêterais de refuser, maman sait se montrer très persuasive quand elle le souhaite, l'avertit Keyra en mordant dans sa crêpe.

Hermann lui lança un regard qui semblait dire dépêche-toi mais la jeune fille haussa les épaules et continua à savourer son petit-déjeuner. Pour elle, il était hors de question de voyager le ventre creux. Se retenant de pousser un soupir, monsieur Mensah s'assit à table et prit un pancake afin de ne pas vexer son hôte. Keyra se moqua discrètement. Elle se précipita dans sa chambre pour récupérer ses affaires après avoir vider son verre de jus de mangue.

— Tout ça ?! s'étonna-t-il en la voyant traîner deux grosses valises, un sac à dos semblable à ceux des randonneurs sans oublier son fidèle sac en bandoulière. On part juste pour deux mois, lui rappela-t-il.

— Je sais, c'est pour cette raison que je n'emporte que ça, répondit innocemment la jeune fille.

Hermann n'ajouta pas un mot de plus. Keyra se dirigea vers sa famille et les embrassa chacun, veillant à les taquiner au maximum. Monsieur Mensah prit sur lui pour ne pas s'emporter. Elle jouait avec sa patience, il le savait.

— Vous allez me manquer, répétait-elle inlassablement les yeux larmoyants en embrassant son père de nouveau.

— Alors reste ! lâcha Hermann à bout de nerfs.

— C'est vrai je peux ? demanda-t-elle les yeux étincelant en se retournant vivement vers lui.

— Keyra ! la gronda sa mère en poussant légèrement sa tête.

— Quoi ? C'est lui qui l'as proposé. Oh je vois, vous êtes pressés de vous débarrasser de moi n'est-ce pas ? D'accord, alors je pars, répondit-elle en traînant ses valises d'un geste théâtral, les pas lourds.

— Attends, tu as prié ? lui demanda son père.

Bien qu'elle avait déjà fait sa prière, Keyra afficha une mine entre la surprise et l'oubli avant de répondre par la négative, sachant que son père ne la laisserait pas partir ainsi. Monsieur Tancey leur demanda de se rapprocher. Bien qu'il n'était pas spécialement croyant, Hermann accepta de prier avec eux. Se tenant les mains comme la dernière fois, Jean-Yves entama la prière.

— Seigneur Père Éternel, nous te rendons grâce pour le souffle de vie que tu nous as accordé en ce matin, que ton nom soit béni. Père je te confie la vie de ces deux enfants. Je te prie de les garder sains et saufs pendant leur séjour dans cette ville jusqu'à leur retour. Épargne-les de tout danger et que ta main salvatrice soit sur eux. Que tes Saints-Anges campent autour d'eux. Merci pour ta grâce dans nos vies, c'est en ton nom que j'ai prié, Amen.

— Amen !

Keyra embrassa de nouveau ses parents et se résolu enfin à partir. Aidée par sa sœur, l'assistante de monsieur Mensah mit ses affaires dans le coffre, son patron l'attendant déjà au volant. La jeune fille monta dans la voiture après avoir embrassé une énième fois sa sœur. Keyra leur adressa un dernier signe de la main, alors que l'engin s'éloignait peu à peu.

— Nous avons perdu quinze minutes à cause de tes simagrées, la gronda monsieur Mensah.

— Je suis désolée monsieur, c'est la première fois que je m'éloigne d'eux pour une longue période, je n'en ai pas l'habitude.

Hermann hocha la tête sans plus rien ajouter et se concentra sur la route. Pour faire passer le temps, Keyra se mit à jouer sur son téléphone. Mais elle se lassa bien vite au bout d'un moment. La jeune fille haussa les épaules et activa les données mobiles. Des notifications se succédaient sans cesse. Quelques temps après son départ, Alexandre avait créé un groupe whatsapp avec les membres de leurs deux familles, sauf leur parents évidemment. Elle avait même pu échanger par appel vidéo avec Prisca, la petite-amie d'Alexandre et elles avaient vite sympathisé. Keyra survola les centaines de messages qu'ils avaient laissés. Comme Angela et Alice étaient en ligne, elle s'entretint un long moment avec elles jusqu'à ce qu'Alicia les rejoigne un peu plus tard. Keyra activa le mode vibreur, voyant que le bruit des notifications commençaient à agacer son patron.

De nouveau lasse, la jeune fille posa le téléphone et se concentra sur le paysage qui se profilait à l'horizon. Monsieur Mensah avait allumé la radio quelques instants plus tôt, histoire de combler le silence dans la voiture. La chanson qui était diffusée en ce moment était celle qu'Alexandre lui avait chanté le soir du dîner. Keyra sourit en se rappelant de l'incident qui avait eu lieu dans la chambre de son patron. Se laissant bercer par la musique, elle posa la tête sur la vitre et ferma les yeux. Petit à petit, elle sombra dans un léger sommeil. Chose qu'elle n'aurait sûrement pas dû faire. Son cerveau fouilla dans les tréfonds de sa mémoire pour lui faire miroiter les images qu'elle essayait d'oublier depuis des années. L'homme à la capuche. Le feu. Une peluche. Un cri. Des larmes. Un visage souriant. Des mains contraintes à se lâcher. Keyra ouvrit subitement les yeux, la respiration saccadée comme si elle venait de sortir la tête sous l'eau. Ses doigts tremblaient. Et de ses yeux hagards, des gouttes d'eau translucides s'échappaient. La jeune fille rassembla le courage qui lui restait pour essayer de se calmer. Il ne fallait pas qu'elle y repense. Surtout pas. Elle y allait pour travailler. Il fallait que son cerveau enregistre bien cette information.

Hermann lui jeta un regard et remarqua en plus de ses larmes, l'expression pâlit de son visage. Pensant que c'était à cause de ce qui s'était passé avec Alexandre, il éteignit la radio et lui tendit un kleenex. Lorsque la jeune fille effleura ses doigts en prenant le mouchoir qu'il lui tendait, il se rendit compte qu'elle tremblait. Cela ne pouvait pas être simplement à cause de son cadet. Hermann regarda autour de lui afin de trouver un endroit convenable où garer.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tout va bien ? lui demanda-t-il le plus calmement possible en se tournant vers elle.

Keyra essuya ses larmes et prit une longue inspiration. Le visage souriant à présent, la jeune fille se tourna également vers lui.

— Tout va bien monsieur, ce n'était rien de grave.

Il ne lui répondit pas, se contentant de la dévisager intensément. Il savait qu'elle mentait. Ça se lisait clairement dans son regard. Mais, tel qu'il la connaissait, il savait aussi qu'elle ne dirait rien si elle n'en avait pas envie. Il soupira finalement et hocha la tête en guise d'abandon.

— Je l'espère, lui répondit-il.

Il attendit qu'elle aille mieux avant de songer à démarrer la voiture. Keyra le rassura quand au fait que ce n'était trois fois rien et qu'elle allait bien. Il hocha de nouveau la tête. Se rappelant qu'ils avaient une conversation en suspens, il se tourna de nouveau vers elle. Ce n'était sans doute pas le bon moment, mais il craignait qu'ils n'auraient plus le temps d'en parler sinon

— Il faut qu'on parle ! clama-t-il, solennel.

Keyra le fixa de ses iris perçants et comprit ce dont il était question. Elle décida de prendre les devants.

— Si vous parler du baiser, il n'y a vraiment rien à dire. Vous en avez eu envie et moi aussi, admit-elle les joues rosées. Bien que cela n'aurait pas dû être, c'est arrivé et nous ne pouvons pas changer cela. Il vaut mieux... oublier.

— Tu ne veux pas savoir la raison ? lui demanda-t-il, bien qu'un peu surpris de sa réponse.

— Peu importe la raison, ça n'aurait pas dû arriver. Vous et moi ne sommes ni proches, ni intimes et encore moins en couple. Ce baiser était une erreur, et nous en sommes tous les deux responsables. En ce qui me concerne, c'est du passé.

Un peu déçu, il mit le moteur en marche et ils se remirent en route, le silence leur tenant compagnie. Bien qu'elle était désireuse de connaître les raisons de son patron, à cet instant précis, Keyra sentit qu'elle n'était pas du tout prête à les entendre. Pas encore.

***

La montre au poignet de monsieur Mensah marquait vingt et une heure quand la demoiselle et son patron atteignirent enfin la ville de Bouaké. Il se gara devant un impressionnant hôtel et sorti de la voiture. Keyra l'imita. C'était là qu'ils allaient séjourner durant ces deux mois. Tous les deux entrèrent dans l'hôtel.

— Bonsoir Monsieur-Dame
Que puis-je faire pour vous ? demanda la réceptionniste de sa voix suave.

— Bonsoir, répondit le PDG de M. Design. Je suis Hermann Mensah et une réservation a été faite en mon nom pour deux chambres.

La jeune dame assimila ses propos et vérifia un instant sur son ordinateur.

— Vous m'envoyez navrée monsieur Mensah. J'ai bien une réservation faite en votre nom mais que pour une seule chambre, lui répondit la réceptionniste.

— Pardon ? s'étonna le PDG de M. Design. Ça ne peut pas être possible. Veuillez revérifier.

Pour ne pas contrarier son client encore plus qu'il ne l'était déjà, elle se remit à fouiller dans l'historique.

— Je suis vraiment désolée mais il n'y a qu'une seule chambre qui a été réservée pour vous.

— Re-vérifiez encore une fois.

— Écoutez monsieur, il n'y a vraiment qu'une seule chambre disponible pour vous, reprit-elle sur un ton relativement calme.

— Qui était chargé de la réservation ? demanda-t-il en se retournant subitement vers son assistante.

— Mademoiselle Vianney je crois, répondit Keyra.

Sur le champ, il prit son téléphone et appela cette dernière. Stéphanie lui apprit qu'elle avait bel et bien réservé leurs deux chambres en précisant la date et l'heure.

— Veuillez vérifier dans vos archives la réservation effectuée à la date du six décembre.

La réceptionniste prit sur elle afin de ne pas montrer son agacement. Après tout, la politique commerciale de cet hôtel, reposait sur la satisfaction de leur clientèle. Mais c'était sans compter la perspicacité de Keyra. Après tout, elle avait aussi appris à ses dépens à quel point il était doué pour taper sur le système nerveux des autres.

— Effectivement, mademoiselle Vianney a bien effectué la réservation de deux chambres le six décembre mais quelqu'un a appelé deux semaines plus tard pour annuler la réservation d'une chambre, leur informa-t-elle.

Keyra et son patron échangèrent un regard surpris.

— Qui est-ce ?

— Attendez un instant... Ah, c'était une certaine mademoiselle Tancey.

Monsieur Mensah lui jeta un regard perplexe.

— Madame vous devez faire une erreur, je suis Keyra Tancey et je n'ai jamais appelé pour une quelconque annulation, répliqua Keyra sur un ton qui trahissait sa surprise.

— C'est pourtant ce qui est marqué ici.

— La voix, êtes-vous sûre que la voix était pareille à la mienne ?

— Écoutez madame, je reçois des dizaines voire des trentaine d'appels chaque jour. Croyez-vous que j'ai le temps de retenir la voix de tout ce beau monde ?

— Mais...

— Vous la prenez cette chambre ou pas ? rajouta la dame en lui coupant la parole.

Hermann commença à se masser les tempes. C'était quoi toute cette histoire ? Qui était donc responsable de tout ce tohu-bohu ? Quel que soit le responsable, il était certain qu'il allait le payer, et très cher.

— On va faire ça, elle prendra la chambre déjà réservée et moi j'en prendrais une nouvelle, lui annonça-t-il après qu'elle ait raccroché un appel.

— Navrée monsieur, vous auriez dû vous décider un peu plus tôt. La dernière chambre de disponible vient d'être réservée, aucune place ne pourra être libérée avant deux semaines.

— Pas grave, on fera avec.

— Quoi ? Vous ne parlez pas sérieusement ? Il est hors de question que je partage la même chambre que vous, l'avertit Keyra, ... pas après ce qui s'est passé le jour du nouvel an, rajouta-t-elle plus bas pour qu'il l'entende.

— Il n'y a pas trente six solutions, c'est soit ça ou tu dors dehors. Le choix t'appartiens.

— Tant mieux, je préfère encore dormir dans la voiture, répliqua Keyra avant de lui tourner le dos pour se diriger vers la sortie.

Hermann la laissa faire sans piper mot, sachant qu'elle finirait par changer d'avis. Il se tourna vers la réceptionniste et demanda à ce qu'on le conduise à sa chambre. Un sourire ravi étira ses lèvres quand il vit Keyra qui rentrait de nouveau dans le bâtiment, mais ce fut de courte durée.

— J'ai oublié de vous demander les clés, lui demanda-t-elle la main tendue vers lui.

— Tu comptes vraiment dormir dehors ? s'enquit-il, une pointe d'inquiétude dans la voix, voyant qu'elle était sérieuse.

— Oui, je compte vraiment le faire. Je me sentirais plus à l'aise dans la voiture.

— Tu n'as pas besoin de faire ça, dit-il en essayant de la rassurer, avançant de deux pas vers elle.

— Non... si. Je veux dire, je préfère garder mes distances. Il ne faudrait pas qu'un autre incident de ce genre se produise.

— Si c'est ce qui t'embêtes on peut établir une liste de règles à ne pas franchir, je te prêterais volontiers le lit, chuchota-il alors qu'il s'était encore rapproché d'elle.

— Pas besoin de vous déranger, s'exclama-t-elle en reculant, le visage rougit, trahissant ses pensées peu catholique. Veuillez me donner les clés... s'il vous plaît, plaida-t-elle en évitant son regard, la main toujours tendue vers lui.

— D'accord mais tu ne gares pas dans le parking, je tiens à garder un œil sur toi. Tant que nous sommes ici, tu es sous ma responsabilité, l'avertit-il en lui tendant les clés malgré lui.

Elle murmura un merci avant de repartir, sans revenir sur ses pas cette fois-ci. Leur petit échange n'avait pas échappé à l'œil de la réceptionniste qui n'avait pu s'empêcher de rire en douce. Il lâcha un soupir avant de se laisser conduire par les deux bagagistes dans sa chambre. Après l'avoir minutieusement inspecté, il s'autorisa enfin à prendre une douche. Quand il revint dans la chambre, il trouva le plateau repas. Ayant pour seul tenue son peignoir, Hermann s'assit dans le sofa assez soft pour entamer son repas quand une question émergea de ses pensées. Keyra avait-elle déjà mangé ? Il se leva et se dirigea vers la fenêtre vitrée qui offrait une vue panoramique sur le traffic. Avec toutes ces lumières et lampadaires, la ville lui semblait à chaque fois plus magnifique que dans ses souvenirs, bien que conscient de son côté sombre.

Il suivit Keyra des yeux lorsqu'elle descendit de la voiture pour aller acheter un panini. Hermann sourit. Elle devait sans doute être affamée et tout ce qu'elle trouvait à acheter c'était du pain sucré avec des omelettes ? Parfois, il ne la comprenait vraiment pas. Il s'apprêtait à appeler le room-service afin qu'ils lui apportent à manger quand il remarqua deux hommes qui la suivaient de près. Hermann regarda attentivement pensant se tromper mais il les vit fixer la voiture après qu'elle y soit montée. Ils n'arrêtaient pas de regarder autour d'eux de manière suspecte, deux autres gars s'étant joints à eux. C'était plus qu'évident qu'ils n'avaient pas de bonnes intentions. Et Keyra qui était seule dans la voiture, à la merci de ces microbes.

— Qu'est-ce que...

Ni plus ni moins, monsieur Mensah se précipita hors de sa chambre et prit les ascenseurs. Il courut rapidement et sortit de l'hôtel. Il la trouva en train de manger son repas, les écouteurs dans les oreilles. Il tapa sur la vitre pour lui signaler sa présence. Keyra sursauta. Monsieur Mensah lui fit signe de baisser la vitre, ce qu'elle fit, déverrouillant aussi les portières. Il avait sûrement oublier un dossier dans la voiture.

— Qu'est-ce qui se passe monsieur ?

— Descends de la voiture tout de suite, lui ordonna-t-il.

— Hein, mais pourquoi ?

— Keyra fais ce que je dis, descends de là en vitesse.

Keyra fronça les sourcils. Voyant qu'ils s'étaient quand même rapprochés, monsieur Mensah parla assez fort pour s'assurer qu'ils l'entendent.

— Écoute chérie, je sais que tu es encore fâchée contre moi à cause de ce que je t'ai dit mais je me suis déjà excusé. Arrête de me faire la tête et sors de la voiture.

Keyra fronça les sourcils, surprise.

— Qu'est-ce que vous racontez ? Depuis quand nous...

— Qu'est-ce que tu veux ? La coupa-t-il. Je te promets que tu l'auras mais rentre avec moi, ne laisse pas cette petite dispute gâcher notre lune de miel, continua-t-il voyant qu'ils étaient toujours là, à les écouter.

Bon sang qu'ils sont tenaces ! Il va falloir être convaincant.

Keyra écarquilla les yeux.

— Lune de miel ?

Exaspéré, monsieur Mensah ouvrit la portière et défit la ceinture de Keyra afin de la faire descendre.

— Tu veux que je te porte c'est ça ?

Ne lui laissant pas le temps de répondre, monsieur Mensah passa ses mains sous ses cuisses, l'autre sous ses épaules et la souleva. Keyra était complètement abasourdie. Ne sachant pas les raisons de son patron, elle n'arrêtait pas de se débattre pour qu'il la relâche. Monsieur Mensah jeta un coup d'œil aux quatre énergumènes. Pensant qu'il s'agissait bien d'un couple, ils avaient continué leur chemin comme si de rien n'était afin de ne pas attirer l'attention sur eux. Keyra dans les bras, monsieur Mensah entra dans l'hôtel, ne prêtant pas attention aux gesticulations de son assistante. Il ordonna au portier d'apporter les bagages de Keyra dans leur chambre et de garer la voiture au parking sous-terrain. Hermann la posa enfin quand ils arrivèrent devant les ascenseurs. Dès que ses pieds touchèrent le sol, Keyra s'écarta rapidement de lui, le visage de nouveau rosi.

— Bon sang, je n'aurais jamais dû te laisser les clés, souffla monsieur Mensah en se massant les tempes une fois qu'ils atteignirent la chambre. Dieu seul sait ce que ces gens-là t'auraient fait si je n'étais pas intervenu à temps. Que tu le veuilles ou non, nous partagerons la même chambre. Je te l'ai dit, tu es sous ma responsabilité.

Keyra se contenta de l'observer, essayant d'assimiler ce qu'il venait de dire.

— C'est pas vrai ! lâcha-t-il quand il réalisa qu'il était sortit en peignoir.

Il prit ses vêtements et rentra dans la salle de bains afin de s'habiller.

— Tu peux le manger, j'en commanderai un autre. Tu dormiras dans le canapé aujourd'hui, demain je demanderai à ce qu'ils apportent un autre lit.

— Vous n'aviez pas dit que vous me laissiez dormir dans le lit ? lui demanda-t-elle, surprise.

— J'ai changé d'avis.

Keyra le regarda d'un coin de l'œil et se dirigea dans la salle de bains avec ses affaires. Monsieur Mensah s'assit sur le lit et l'ordinateur posé devant les yeux, il se mit à travailler. Quand Keyra revint, elle le trouva concentré sur son ordinateur.

Travailler, travailler, travailler. Il ne pense qu'à ça à longueur de journée !

— Le canapé n'est pas mal du tout ! s'exclama-t-elle tout sourire en l'essayant.

Monsieur Mensah la fusilla du regard et elle se tut. Veillant à ne pas faire de bruit, elle savoura tranquillement son repas et alla se brosser les dents. La jeune fille revint et apprêta le canapé afin de le rendre plus confortable. Une fois fait, Keyra se glissa sous sa couette, harassée par le voyage.

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4200 mots !

Bonjour les ami.e.s ! J'espère que vous allez bien et que vous avez passez un excellent weekend 🤗

J'espère que ce chapitre vous a plus 😊

P'tites questions pour vous 😅👇🏽

– À votre avis, quelle est la / quelles sont les raison.s pour laquelle Keyra avait autant peur de retourner dans cette fameuse ville ?

– Et puis, qui a bien pu se permettre d'annuler la réservation de l'une des chambres ? 👀🤔🤔

– Et enfin, la réaction de monsieur Mensah plus bas était-elle correcte ?

Voili voilou pour moi, je vous souhaite une excellente et agréable journée 🌺😘💗

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