Chapitre 13 : Ce n'est pas un adieu !

Qu'est-ce que vous faites ?

La voix de madame Tancey leur parvint. Surpris, ils se détachèrent l'un de l'autre. Keyra pria intérieurement pour que sa mère n'ait rien vu. Hermann lui tourna légèrement le dos et passa rapidement sa main sur ses lèvres pour faire disparaitre toute trace éventuelle de rouge avant de lui faire de nouveau face.

— Nous étions en train de discuter du voyage prévu et de ce qu'elle aura à faire comme tâche, répondit monsieur Mensah en la fixant. N'est-ce pas Keyra ?

— Oui maman c'est exact, ne put qu'approuver la jeune fille. Nous parlions du voyage.

— Bon, si vous le dites. Les autres veulent commencer une partie d'Action ou Vérité. Ils voudraient savoir si vous vous joindrez à eux, leur informa sa mère.

— Pourquoi pas ? J'y vais, répondit Hermann.

Keyra s'apprêtait à partir aussi mais sa mère l'arrêta.

— Vous étiez vraiment en train de discuter ? lui demanda Valérie peu convaincue de leur réponse.

— Oui maman, pour... pourquoi je te mentirais ?

— Keyra, t'es ma fille et je te connais mieux que personne. Si tu ne veux rien me dire ce n'est pas grave. Mais tu devrais faire attention, n'oublie pas que c'est ton patron. Ne fais rien qui puisse te porter préjudice.

— Je t'assure qu'il n'y a vraiment rien de tel maman. Je sais que monsieur Mensah est mon patron, et je... je n'oserais jamais franchir certaines limites. Ne t'inquiètes pas, allez rentrons.

— Si tu le dis. J'emmène ton père faire une ballade tout à l'heure. Ne faites pas de bêtises en notre absence.

— C'est noté, répondit Keyra.

Sa mère entra dans la maison. Keyra resta un petit moment dans l'arrière-cour afin de remettre de l'ordre dans ses idées. Les mains sur ses lèvres, elle ne put s'empêcher de repenser au baiser de tout à l'heure. Même si cela lui avait semblé incroyable sur le moment, et qu'elle avait apprécié, à présent la jeune fille se sentait confuse. Pourquoi s'était-elle laissée aller de cette manière ? C'était comme si elle perdait ses moyens à chaque fois qu'il était proche d'elle. Serait-ce encore possible de travailler avec lui dans ces conditions ? Ce baiser n'allait-il pas rendre la situation entre monsieur Mensah et elle encore plus ambiguë qu'elle ne l'était déjà ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête. En plus d'être son patron, il était aussi le frère d'Alexandre, celui dont elle était amoureuse. Elle était convaincue que la personne pour qui son cœur battait ardemment était Alex et elle comptait le lui faire savoir avant son retour aux États-Unis même si elle n'avait pas encore trouvé le moyen. Keyra décida de reporter ses réflexions à plus tard et entra à son tour.

Keyra les rejoignit. Ils avaient rangés les meubles sur un côté et s'étaient assis en cercles sur le tapis. Au milieu d'eux, une bouteille de verre vide. La seule place restante faisait face à monsieur Mensah. Keyra s'assit en s'efforçant de ne pas regarder dans sa direction.

— Bien, maintenant que tout le monde est réuni je vais expliquer les règles, commença Alice. L'arbitre que je suis va soit poser une question ou imposer une action avant de faire tourner la bouteille. Et la personne qui sera désignée devra s'exécuter. Maintenant, s'il arrive que la réponse à la question est un peu trop privée ou gênante, la personne ne sera pas obligée de répondre mais devra boire un verre de vin que j'ai spécialement ramené pour cette occasion, d'un cul sec. Dans le cas d'une action refusée, ce sera deux verres. Comme Patricia est enceinte, elle boira du jus à la place du vin, rajouta-t-elle en voyant l'expression de Paulin. T'inquiète pas Paulin, j'ai pensé à tout. Mais attention, la personne qui aura bu jusqu'à cinq verres se verra éliminer. Alors vous êtes prêts ?

— Attends ? Qu'est-ce qu'on y gagne à la fin ? demanda Alexandre.

— Ma gourmette, ça vous va ?

— Et si le gagnant était un homme ? répliqua l'artiste.

Alice réfléchit un instant avant de s'écrier

— La montre d'Hermann !

— Pourquoi la mienne ? lui demanda le concerné.

— Parce que t'es le seul à qui je peux fait faire tout ce que je veux. Allez, tout le monde est d'accord ? On commence. Première question, c'est quoi ton plus grand regret dans la vie ?

Elle leur jeta un regard avant de faire tourner la bouteille. À sa grande surprise, la bouteille s'arrêta sur elle-même.

— À toi l'honneur, se moqua Alex.

Alice ne prit pas de temps pour réfléchir. Son plus grand regret, elle le savait déjà. Il la hantait pratiquement tous les jours.

— Ce que je regrette le plus, c'est de ne pas avoir assister à l'enterrement de ma sœur. Par pur égoïsme, j'ai décidé de partir. Je n'ai pas pu lui dire aurevoir une dernière fois. Je regrette amèrement, surtout que nous étions très proches.

Comme elle était proche d'elle, Angela passa son bras dans son dos et fit des cercles dans l'espoir de la réconforter. Keyra pu lire de la peine dans chacun des yeux de la bande des inséparables, même dans celui de Paulin. Sauf monsieur Mensah. Au lieu de la peine, elle crut y lire de la haine. Ses mâchoires se contractèrent sur le champ. En observant chacune de leur réaction, Keyra arriva à une conclusion. La sœur d'Alice devait sûrement avoir un rapport avec la bande des inséparables. Plus tôt ce matin, Paulin avait cité deux prénoms qui lui étaient inconnus. Chelsea et Monique. Mais au vu de la réaction de son patron, elle en déduit qu'il devait sûrement s'agir de la fameuse Chelsea. Elle nota l'information dans un coin de sa tête. Puisque Paulin était lié à cette histoire, elle aurait plus ample information en passant par lui.

— On continue, souffla Alice. Quels sont tes meilleurs souvenirs d'enfances et avec qui les as-tu passés ?

— C'est ton tour Keyra, clama Alex voyant que la bouteille s'était arrêtée sur elle.

— Il n'y a pas à dire. Mes meilleures souvenirs d'enfances étaient avec Happy. Je me souviens qu'une fois pour échapper à nos devoirs de classe, nous nous sommes cachées sous son lit pour manger des mangues. Nos parents respectifs nous ont cherchées pendant des heures pendant que nous restions là à rire sous cape. Malheureusement nous sommes restées trop longtemps et nous avons fini coincées. On a été obligé de crier à l'aide pour que quelqu'un vienne nous libérer.

— Papa vous a aussi sévèrement puni avec l'accord du sien, lui rappela Patricia. Privées de nourriture pendant une semaine, vous avez dû choisir à quel moment de la journée vous vouliez manger.

Keyra hocha la tête en souriant, l'air nostalgique.

— Oui, mais cela reste quand même l'un de mes souvenirs heureux, répondit la jeune fille son sourire ne l'ayant pas quitté. Happy était ma partenaire de crime. Nous avons fait les quatre cent coups ensemble. Et le fait que nous soyons aussi voisines de table à l'école en plus de la maison n'arrangeait pas grand chose. Elle était aussi folle que moi. Malgré le fait qu'elle est née avant moi, elle me suivait toujours dans mes bêtises.

— Mais l'écart d'âge entre vous n'est pas si grand, la reprit Alicia en souriant.

— Oui, elle est née un premier janvier et moi, un quatorze février. Elle doit sûrement être en train de fêter son vingt troisième anniversaire en ce moment.

Alexandre enregistra l'information dans sa mémoire.

— Où est-ce qu'elle est maintenant ? lui demanda Angela.

— Je n'en sais rien. Elle et sa famille ont déménagés du jour au lendemain sans avertir qui que ce soit. Nous avons perdu le contact depuis. Je ne sais pas ce qui est advenu d'elle par la suite. J'espère juste qu'elle va bien et que tout va pour le mieux du monde chez elle. Un peu comme vous, nous étions inséparables toutes les deux, répondit Keyra avec une chaleureuse lueur dans les yeux.

— Tellement inséparables que tu voulais même épouser l'un de ses frères, compléta Patricia. C'était lequel déjà ?

— Arthur, répondit Keyra en claquant des doigts le sourire aux lèvres. Toutes les filles du quartier avaient le béguin pour lui, même ta chère femme Paulin.

Ce dernier lui jeta un regard qui en disait long.

— Quoi ? C'était il y a longtemps, répondit Patricia en haussant les épaules.C'est toi que j'aime et tu le sais, sinon je t'aurais jamais épousé encore moins porté ton enfant, termina-t-elle en désignant son ventre arrondi.

— Notre enfant, la corrigea-t-il.

—  Notre enfant, reprit-elle en souriant.

Paulin lui sourit à son tour et se pencha sur elle pour l'embrasser. En les voyant, Keyra ne put s'empêcher de repenser au baiser qu'elle avait échangé avec monsieur Mensah. Lorsqu'elle se risqua à jeter un regard dans sa direction, elle se rendit compte qu'il la dévisageait aussi.

— Vous êtes en train de faire rougir Keyra, remarqua Alice sur un ton moqueur.

Keyra se contenta de sourire. Elle préférait ne pas se justifier au risque de se mettre en danger.

— Danse avec un partenaire de ton choix.

Le mannequin fit tourner la bouteille qui s'arrêta de nouveau sur Keyra.

— Encore moi ? s'exclama-t-elle. Bon d'accord.

Elle prit son téléphone et chercha dans sa playlist. Quand elle vit la chanson sur laquelle elle voulait danser, la benjamine du groupe se leva et se dirigea vers Alicia, tirant ses bras pour qu'elle puisse se lever.

— Choisis quelqu'un d'autre s'il te plaît, supplia la jeune styliste.

— Tu feras ta timide plus tard, moi ce que je veux maintenant c'est danser avec toi. Allez debout !

— J'aimerais bien te voir danser, lâcha André.

Alicia finit par abdiquer et suivit Keyra qui démarra la musique.

Debout
Unissons nos cœurs
Debout
Bannissons la peur
Debout
Le Seigneur est notre roi
Il fait de nous
Des soldats de son amour
Messagers de son retour
Enflammés de son éclat

Nous marcherons / fort / dans la foi
Et nous irons / un / dans la joie
Porter au monde
Le chant de sa grâce
À la croix

Debout
Unissons nos cœurs
Debout
Bannissons la peur
Debout
Le Seigneur est notre roi
Il fait de nous
Des soldats de son amour
Messagers de son retour
Enflammés de son éclat

Sa vérité / va / devant nous
Et son esprit / est / avec nous
Rien ne pourra nous atteindre
Son règne est en nous

Dès, que le jour se lève
Et que mes rêves
Ont sur ma bouche
Un goût de passé
Un peu dépassé
Je ne veux pas me répéter
Que c'était tellement, tellement mieux hier
Qu'il y avait tellement de choses à faire
Et que c'était tellement, tellement
Tellement moins cher
Allez Yo
Allez haut les cœurs
Les champs sont blancs
Devant nos yeux
Et la moisson est pour tous ceux
Qui l'ont voulue, avec Dieu
Facile / Assis par terre
Non, non, non c'est pas comme ça qu'on fait
DEBOUT
D: Dieu est avec nous
E : Emmanuel
B : Bondissez de joie
O-U-T : Out !

D: Dieu est avec nous
E : Emmanuel
B : Bondissez de joie
O-U-T : Out !

Debout
Unissons nos cœurs
Debout
Bannissons la peur
Debout
Le Seigneur est notre roi
Il fait de nous
Des soldats de son amour
Messagers de son retour
Enflammés de son éclat

Bien qu'au départ sa timidité la gênait, Alicia avait finit par se lâcher. Keyra bougeait dans tous les sens suivant la musique, fredonnant les paroles par moment. Elle avait l'air d'une chanteuse sur scène chantant et dansant devant son public. Durant toute la durée de leur prestation, monsieur Mensah n'avait d'yeux que pour elle, souriant quelques fois à ses grimaces. La jeune demoiselle salua son public à la fin de la chanson et leur envoya des baisers volants.

— Merci, merci, merci, répétait-elle en faisant la révérence.

— Je ne savais pas que tu dansais si bien, lui dit Alex quand elle revint à sa place.

— C'est l'un de mes talents cachés, répondit-elle sur un ton faussement prétentieux.

— T'étais top ! complimenta André, à l'endroit de sa petite amie.

—  Merci, lui répondit-elle.

Alice les rappela à l'ordre afin qu'ils puissent se concentrer de nouveau sur le jeu.

— Quand je dis Amour, quel est le mot qui te vient à l'esprit ? Et pourquoi ?

Angela se vit désigner par la bouteille.

— Compréhension, répondit-elle. Parce que pour moi, aimer l'autre c'est non seulement l'accepter tel qu'il est mais aussi comprendre ses choix et motivations. C'est primordial à mon avis.

— C'est discutable, admis Patricia, mais bon on est là pour jouer. Fais tourner la bouteille Alice.

— C'est parti, acquiesça la concernée. Quelle a été ta pire expérience en amour ?

— Je n'ai pas envie d'en parler, maugréa Hermann lorsque la bouteille s'arrêta sur lui.

Il se servit un verre de vin qu'il finit d'une traite comme compensation. Alice fit la moue mais continua le jeu. Tour à tour, ils se succédaient au jeu de la bouteille. Action ou vérité, chacun avait esquivé au moins une question. Alice faisait de son mieux pour leur donner des actions quasi impossible ou a leur faire avouer des vérités jalousement gardés. Et comme Keyra n'avait pas la chance côté action, elle en était déjà à son troisième verre.

— À quand remonte ton premier baiser, et c'était avec qui ?

Keyra regarda la bouteille tourner, priant intérieurement qu'elle ne s'arrête ni sur elle, ni sur monsieur Mensah. Même si elle ignorait ses expériences à lui, elle préférait ne pas prendre de risque. Mais comme la chance était en sa défaveur, ce fut évidemment elle qui fit désignée.

— Allez Keyra, dis-nous tout l'encouragea Alice avec un regard pleins de sous-entendus.

— Tu poses trop de questions personnelles à mon goût, intervint Hermann.

— Et alors ? C'est le principe du jeu, se défendit le mannequin.

Comme elle ne voulait rien dire, Keyra fut obligée de boire un verre à la place. Elle qui supportait mal les boissons alcoolisées, elle commençait à en ressentir les effets.

— Tu devrais faire attention, la prévint son aînée.

— T'inquiètes pas Patty, je pourrais tenir.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Keyra ne tient pas l'alcool et elle en est déjà à son quatrième verre.

— Je peux tenir, se défendit la benjamine.

— Je suis désolée pour toi ma pauvre mais les règles sont les règles. Il n'y aura aucune exception, lui rappela Alice. J'ai posé deux questions. Soit tu réponds à l'une d'entre elle, soit tu...

Alice n'avait même pas fini sa phrase que Keyra avait déjà bu le deuxième verre. Elle était décidée à ne révéler ni la période, ni l'auteur. Ce faisant, elle s'efforçait de ne pas poser une action qui ne la trahirait, ni elle ni monsieur Mensah.

— Voilà, je suis éliminée. Je vais prendre un peu d'air, j'ai la tête qui tourne.

Une fois seule, Keyra s'assit sur la terrasse. Elle ne put s'empêcher de repenser à ce baiser. Monsieur Mensah lui avait volé son premier baiser, même si elle avait fini par y répondre. Cependant, une question émergea de sa tête. Pourquoi avait-il fait ça ?

Je ne veux pas effacer le goût que tes lèvres ont laissé sur les miennes

Sans s'en rendre compte, elle passa ses doigts sur ses lèvres en dessinant le contour.

Vous devriez faire attention à vos mots, quelqu'un pourrait vous entendre et se méprendre. Nous savons tous les deux que c'était un accident.

Que dirais-tu si je te disais que je l'avais fait exprès et que peut-être j'en avais souvent rêvé ?

Que voulait-il dire par là ? Le pensait-il sérieusement ou alors ce n'était que des paroles en l'air ? Une discussion était nécessaire afin d'éclaircir certains points.

— Waouh, tu dois réfléchir à un problème drôlement complexe pour être si sérieuse, lança Alex en s'asseyant près d'elle.

Un peu surprise, Keyra lui donna une tape avant de rire.

— À quoi pensais-tu ? lui demanda-t-il.

— Rien d'important, et toi ? Pourquoi t'es là ?

— Tu n'avais pas l'air bien alors je me suis fait éliminer pour pouvoir te rejoindre.

— Mais t'avais pas à faire ça Alex, je vais bien.

— Je suis rassuré mais j'avais aussi besoin d'avoir un tête-à-tête avec toi. Je ne sais pas si tu t'en es rendue compte mais tu as passé quasiment toute la journée en compagnie de mon frère. Qu'est-ce qui s'est passé ? Il t'as encore embêté ?

— Non rien de tout ça, répondit-elle avec empressement. Je dirais même qu'on a sympathisé. Même si ce n'est qu'en apparence, et regarde ! Il m'as acheté ces bracelets, répondit-elle en agitant les bracelets.

— C'est génial, je pourrais donc repartir le cœur léger.

Keyra ressentit un pincement au cœur lorsqu'il parla de repartir. Elle ne voulait pas que ça arrive. Elle ne voulait pas qu'il s'éloigne d'elle.

— Qu'est-ce qui t'arrives ? lui demanda-t-il voyant son air triste.

— J'aurais voulu que tu restes, lui avoua-t-elle.

— Moi aussi je n'ai pas envie de repartir. Mais je suis bien obligé, j'ai une vie là-bas, des engagements à respecter, lui expliqua-t-il. Est-ce que je vais te manquer ?

— Oui, beaucoup. Et toi ? Tu penseras à moi ?

— Évidemment, t'es mon amie. Je ne pourrais pas t'oublier de sitôt. Même si je le voulais.

Keyra lui sourit. Mais ce n'était pas la réponse qu'elle attendait de lui.

— Ce que je veux dire, c'est... est-ce que je te manquerais comme l'on manque à l'être aimé ? lui demanda-t-elle en cherchant à établir le contact visuel.

Alexandre se rendit compte qu'ils allaient sur une pente glissante. Il espérait de tout cœur que ce ne soit pas ce à quoi il pensait.

— J'ai beaucoup réfléchi depuis ce soir où tu m'as dit que je te plaisait tu sais. Comme une idiote, je t'ai laissé planté là. Je sais qu'on n'a pas eu le temps d'en reparler et que tu repars bientôt mais je veux profiter de cette occasion pour te dire ce que je ressens. Je t'aime bien aussi Alex. J'y ai déjà réfléchi, je ne suis pas contre les relations à distances.

— Hum Keyra...

— La distance n'est rien quand l'amour est réciproque n'est-ce pas ? Comme nous nous aimons, je pense qu'il vaut mieux qu'on se donne une chance.

— Keyra, écoute-moi, tenta-t-il.

Mais la jeune fille continuait de parler, encore et encore sans cesse.

— Keyra j'aime quelqu'un d'autre, lâcha-t-il maladroitement, peiné de lui annoncer cela de cette manière.

— Quoi ? répondit-elle la voix brisée.

— Écoute-moi, je suis navré que tu l'apprennes ainsi mais je suis déjà en couple.

— Mais, mais... tu m'avais dit que je te plaisait, tu étais même sur le point de m'embrasser ce soir-là !

— Je suis vraiment désolé, mais j'ai mes raisons d'avoir fait ça.

— Pourquoi ? Pourquoi tu m'as menti ? Tu m'as laissé sous-entendre que tu m'aimais. Dis-moi pourquoi ?

— Pardon, c'est tout ce que je peux dire actuellement. Je te promets que je t'expliquerai la situation un peu plus tard mais pas maintenant. Je suis vraiment désolé.

Il posa sa main sur son épaule mais elle se dégagea.

— Je ne veux pas te voir, lui répondit-elle sur un ton sec, les yeux rivés droit devant elle.

Peiné, Alexandre se leva lourdement et revint sur ses pas. Depuis le début il avait pensé à la rapprocher de son frère mais jamais la perspective qu'elle puisse tomber amoureuse de lui un jour ne lui avait effleurer l'esprit. Et pourtant, il aurait dû le prévoir. À présent, le jeune artiste s'en voulait énormément pour ça. Il rencontra Hermann près de la porte. Depuis combien de temps était-il là ? Avait-il entendu leur conversation ? Vu l'expression de son regard, il pourrait parier que oui.

— Hermann !

Ce dernier le dépassa légèrement avant de s'arrêter.

— Je savais que cette situation finirait par arriver tôt ou tard, c'est pourquoi je n'ai cessé de te mettre en garde. Mais tu ne m'écoutes jamais.

— Je sais, et je m'en rends compte maintenant. Prends soin d'elle à ma place s'il te plaît, elle aura plus que jamais besoin de toi, lui dit-il sa main posée sur l'épaule de son frère.

Après ces mots, il rentra dans la maison, le cœur plus lourd que jamais. Sans le vouloir, il allait la faire souffrir.

— J'ai dit que je ne voulais pas te voir Alex, répéta Keyra malgré ses larmes lorsqu'elle sentit quelqu'un s'asseoir près d'elle.

— Ce n'est pas Alex, répondit Monsieur Mensah.

Keyra se mit de côté afin d'essuyer ses larmes. Hermann soupira avant de l'attirer à lui. Sa tête rencontra son torse en un fragment de seconde. Elle essaya de se libérer mais il passa sa main autour de son épaule.

— Bouge pas !

Keyra obéit malgré elle. Impuissante, Keyra sentit ses larmes couler de plus belle. Elle agrippa son dos et enfoui sa tête dans le creux. Hermann ne broncha pas une seule fois et la laissa faire.

— Je ne lui en veux pas d'aimer une autre, mais ce qui me peine le plus c'est qu'il m'ait menti. Pour quelle raison a-t-il fait ça ?

— Je crains de ne pas avoir de réponse à cette question.

Sa voix sonna comme le glas dans sa tête. Keyra se ressaisit et s'écarta de lui en s'excusant. Elle n'avait pas envie de rester près de lui, mais n'était pas non plus prête à revoir Alex. Alors par désespoir, elle se força à rester assise. Keyra profita du silence pour faire une introspection. A quel moment s'était-elle trompée ? Quel signe avait-elle manqué ? Lasse de réfléchir, Keyra exhala un soupir. Elle avait l'impression qu'elle n'avait fait que ça ces dernières heures.

— Ça va ? s'enquit-il, laconique.

— Oui, vous n'avez pas à vous en faire. Nous devrions y retourner avant que les autres ne se fassent des idées.

Keyra se leva en premier. Monsieur Mensah la suivit. La partie était déjà terminée quand ils rentrèrent. Comme il commençait à se faire tard, leurs invités décidèrent qu'il était temps pour eux de s'en aller. Quand les parents de Keyra revinrent de leur ballade, ils les remercièrent sincèrement de l'accueil chaleureux qu'ils avaient reçus.

— Je suis heureux que vous vous soyez bien amusés. Comme on le dit chez nous en Afrique, je vous accorde la moitié de la route. Vous pourrez revenir quand vous voudrez.

— Merci Papa, répondit Angela en sa qualité d'aînée.

— Hé attendez, on ne va tout de même pas partir comme ça ? lança Alice. Venez tout le monde, une photo pour immortaliser ce moment.

L'idée fut reçue avec entrain. Chacun se plaça comme il l'entendait.

— Dites Cheese !

— Cheese !!! répétèrent-ils en chœur.

Ils adressèrent un dernier aurevoir à la famille Tancey avant de partir. Une fois partis, Keyra s'empressa d'aller prendre une douche. Cette journée avait été chargée en émotions de son côté et elle ressentait le besoin de se vider la tête. Baiser, rejet, elle n'avait envie de penser à rien.

***

Après avoir pleinement profité de ces superbes vacances, il était maintenant temps pour le benjamin des Mensah de retourner à Miami. Mais au vu de ce qui s'était produit le jour du nouvel an, Alexandre se sentait mitigé vis-à-vis de Keyra. Aurait-elle envie de le voir après ce qui s'était passé ? Il aimait certes la jeune fille, mais juste en tant qu'amie. Malheureusement, celle-ci le voyait autrement. Il avait peur d'avoir ruiner leur relation. Finalement, les mises en garde d'Hermann étaient justifiées. Alex toqua à la porte de son aîné.

— Entre !

Alexandre Daniel ne se fit pas prier et pénétra dans la chambre de son frère.

— T'es prêt ? lui demanda Hermann en rangeant ses affaires. J'ai un déjeuner d'affaire prévu mais je t'accompagne d'abord à l'aéroport.

Alexandre ne lui répondit pas et lui fit une accolade.

— Tu vas me manquer frangin, lui murmura-t-il à l'oreille.

— Toi aussi espèce d'emmerdeur.

Alexandre sourit et se détacha de lui.

— Allez on y va.

Son frère acquiesça et sortit avec lui. Monsieur Nestor s'était déjà chargé de mettre ses bagages dans la voiture. Alex salua une dernière fois le majordome avant de s'engouffrer dans la voiture. Hermann démarra sans plus attendre.

— Jojo, je peux te demander un truc ? lui demanda-t-il alors que son aîné s'engageait sur la voie.

— Combien de fois je vais vous répéter de ne pas m'appeler comme ça ? rouspéta le concerné. Bien vas-y, finit-il par dire sachant que c'était inutile de le lui rappeler.

— Tu penses que Keyra me pardonnera après ce que je lui ai fait ? Je te demande ça parce que t'es le seul qui sache ce qui s'est passé ce jour-là.

— Franchement, je n'en ai aucune idée. Mais je pense que oui. Elle n'a pas l'air d'être une personne rancunière.

— J'espère que notre amitié n'en sera pas affecté, lui confia Alex.

— Pourquoi lui avoir faire croire que tu t'intéressais à elle si tu ne la considère que comme une amie ?

— C'est pour toi que je l'ai fait.

— Pour moi ? insista Hermann en lui jetant un bref regard. Je ne t'ai rien demandé.

— Parle pour toi. Je sais qu'elle t'intéresse. Ça se ressent à ta façon de la regarder, commenta l'artiste.

— Et comment je la regarde ? s'enquit Hermann sur un ton désintéressé.

— Excuse-moi d'avance pour ce que je vais dire mais c'est la vérité. Ton regard est le même que celui que tu portais à Chelsea. Je le lui ai déjà dit et je me répète, vous avez pratiquement passé la journée du nouvel an ensemble tous les deux. Je ne serais pas étonné si tu me disais quelque chose s'est passé entre vous.

— On s'est embrassés, admit Hermann avec un petit sourire en coin. Enfin, c'est moi qui l'ai embrassé mais elle ne m'as pas repoussé non plus.

— Nom de ! s'agita Alexandre, surpris par cette révélation. Comment c'était ? Qu'est-ce que t'as ressenti ? Allez raconte !

— T'es carrément gonflé de me demander ça. Tout ce que je peux dire c'est que c'était agréable, confia le plus grand.

— Avec ça tu vas me dire que tu ne t'intéresse toujours pas à elle ? lui demanda Alex les sourcils arqués sur un ton de reproche.

— Eh bien, j'avoue que je suis attiré par elle. Mais rien de plus si tu veux tout savoir.

— Hermann, t'es conscient que tu as plus souris ces derniers jours qu'en sept ans ? Que tu le veuilles ou non, Keyra a un impact sur toi. Le fait que tu reconnaisses cette attirance est déjà un bon début. Au moins je ne me serais pas pris cette baffle en vain.

Les deux frères continuèrent à argumenter ainsi jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'aéroport. Presque tout le monde était présent, Keyra y compris. Alex s'approcha d'eux tout heureux. Même s'il détestait dire au-revoir, le fait qu'ils se soient tous déplacés pour venir le voir lui donnait un baume au cœur. Alex s'entretint avec eux un moment jusqu'à ce que Keyra lui fasse signe qu'elle voulait le voir en aparté. Bien qu'il redoutait l'issue de leur conversation, Alexandre s'excusa auprès de sa famille et se retira avec Keyra. Il décida de prendre les devants.

— Keyra je suis désolé pour le malentendu mais...

La jeune fille l'arrêta d'un signe de la main et lui offrit un sourire sincère.

— Tu n'as pas à t'excuser Alex, c'est moi qui me suis fait des idées. J'y ai bien réfléchi. Tu m'as juste dit que je te plaisait et plaire ce ne n'est pas aimer. J'aurais dû le comprendre plutôt.

Alexandre fut ravi qu'elle le comprenne mais il ressentait quand même le besoin de s'expliquer. Keyra le rassura quand au fait qu'elle ne lui en voulait pas.

— On reste amis, hein ? lui demanda la jeune fille.

— Bien sûr que si.

— J'étais censée te donner ça le jour du nouvel an, mais avec tout ce qui s'est passé, ça m'est carrément sorti de la tête.

Keyra lui tendit la carte de vœux qu'elle lui avait spécialement confectionnée. Les autres avaient reçus le leur quelques jours auparavant.

— Merci, je vois que tu portes toujours les bracelets qu'Hermann t'as offert.

— Oui, je les aimes bien. Ah, n'oublie pas de m'écrire quand tu seras arrivé et aussi, j'aimerais bien la rencontrer. Je peux savoir son prénom ?

— Bien entendu. Elle s'appelle Prisca et je suis sûr que vous vous entendrez à merveille.

Keyra lui sourit.

— Tu vas me manquer Alexandre.

Le jeune homme essuya ses larmes et la serra dans ses bras.

— Ne pleure pas, ce n'est pas un adieu. Nous nous reverrons, ce n'est qu'une question de temps.

Keyra sécha ses larmes. Comme lui, elle détestait les adieux. Cela lui rappelait de trop mauvais souvenirs. Ils retournèrent vers les autres. Alex leur adressa un dernier signe de la main avant de se diriger vers l'embarcadère.

Ils restèrent là jusqu'à ce qu'ils voient l'avion qu'il avait pris décoller. Alexandre était parti, refermant derrière lui une page gaie de sa vie. Bien qu'ils aient passés peu de temps ensemble, il s'était toujours montré disponible pour elle quand elle en avait ressenti le besoin. Elle l'appréciait énormément et était heureuse que cet malentendu n'ait pas gâché leur amitié. Autrement elle ne l'aurait pas supporté. Keyra poussa un soupir. Sa vie allait finalement reprendre son cours normal.

_____

4823 mots !

Salut salut tout le monde, j'espère que ça va chez vous. Si ça ne vas pas, eh bien garder espoir que tout s'arrangera ✌🏾

Avec le cœur lourd je publie ce chapitre 😫, voilà Alex est reparti 😭😭😭 (je vous avais bien dit qu'un personnage allait bientôt nous quitter 😭😭😭(désolée pour celles qui ont pensés à autre chose 😂). J'espère que ce chapitre vous à plus. Avec un peu de chance, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. D'ici-là portez-vous bien 🚶🏾‍♀️Kissouillles 😘😘😘

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top