Chapitre 11 Partie 3/3 : Attraction !
Chapitre 11 : Partie 3/3 : Attraction !
Semblables aux années précédentes, le mois de décembre ne s'écoulait pas comme d'ordinaire. Partout en ville, l'atmosphère de la fête se faisait ressentir. Le lancement de la gamme Kid Design avait triplé le chiffre d'affaires de l'agence grâce aux entrains généré par les fêtes de fin d'années. Du prêt-à-porter pour enfant était sans doute la meilleure idée qu'ils aient jamais eu. Mais à cette occasion, M. Design n'était pas la seule entreprise à faire du profit.
Les vendeuses occasionnelles étaient aussi de la partie, proposant les articles qui correspondaient à la fête. À chaque coin de rue, l'on pouvait tomber sur elles. Les rues, les gares, les marchés, les arrêts de bus. Elles envahissaient chaque espace dans l'espoir de se faire des sous, les transformant ainsi en magasins à ciel ouvert. La police était parfois contrainte d'en chasser certaines parce que s'aventurant un peu trop sur les goudrons, histoire d'éviter des accidents inutiles. Jugeant qu'il valait mieux se déplacer, des vendeuses qu'on qualifiait de vendeuses ambulantes n'hésitaient pas à se promener ou à faire du porte-à-porte pour proposer leurs divers articles.
Bien que monsieur Mensah se réjouissait de la floraison de M. Design, il n'en était pas de même pour la société où il avait nouvellement investi. Il avait bien sûr conscience des risques que cela impliquait, mais il avait déjà son plan d'attaque en tête. La réunion qu'avait organisé N'Dry Armel avait bel et bien eu lieu. Mais comme il tenait à garder cette agréable surprise secrète pour l'instant, il avait décidé d'envoyer Oscar à la place. C'est lui qui était désormais en charge de tout ce qui concernait de près ou de loin KHAMA Fashion, monsieur Mensah jugeant que c'était un excellent moyen de savoir ce qu'il valait vraiment.
Compte tenu du voyage qu'il allait effectuer à Bouaké pour la filiale qui s'y trouvait, le PDG de M. Design avait chargé mademoiselle Vianney de s'occuper de la réservation de l'hôtel où Keyra et lui allaient séjourner pour éviter tout désagrément. Habituellement, comme il y allait tout seul c'était lui qui s'en chargeait mais à cause du trop-plein de commandes qu'ils avaient, il n'avait pas le temps de le faire.
Comme c'était la fin de l'année, il fallait non seulement faire le bilan au niveau de la comptabilité afin d'évaluer les Actifs et les Passifs de l'année écoulée et ainsi déterminer avec précision les profits réalisés par l'entreprise, mais aussi établir un bilan social au niveau des Ressources Humaines afin de mieux faire leurs prévisions en termes d'effectifs et les postes à pourvoir pour l'année qui suivra. Aucun repos n'était permis. Chaque département avait sa dose de travail.
***
Pour s'excuser de lui avoir posé un lapin, Alexandre avait de nouveau invité Keyra à dîner mais cette fois-ci, à la maison où il séjournait. Comme il n'y avait que le weekend qu'elle était libre, il lui avait donné rendez-vous ce samedi, jour qui tombait sur la fête de la Noël. Étant donné que monsieur Mensah avait un dîner d'affaires prévue tard dans la soirée avec ses actionnaires, elle ne risquait pas de le rencontrer.
Quand la demoiselle arriva à la maison de son patron et de son nouvel ami, elle fut surprise par le changement de décor. Connaissant son frère, Alexandre avait pris l'initiative d'ajouter des accessoires pour rendre la maison plus gaie. Quelques jeux de lumières autour du sapin en plastique qui trônait dans un coin du salon réservé aux visiteurs et quelques banderoles par-ci par-là pour que la maison respire au moins pour une fois l'atmosphère de la fête. La partie la plus illuminée de la maison était le bord de la piscine. En effet, c'était là qu'Alex avait prévu de dîner avec Keyra. Les deux piliers assez proches de la piscine étaient entièrement décoré de fils lumineux qui formaient une spirale sur les piliers et dont la lumière se reflétait sur l'eau de la piscine. La table situé à proximité de la piscine était couverte d'une nappe blanche sur laquelle se trouvait un bouquet de lys qu'il savait les préférés de Keyra.
L'assistante de Monsieur Mensah avait fait exprès de s'y rendre en retard mais malgré cela, son hôte n'avait pas encore fini ses préparatifs. Il avait eu du mal à convaincre son aîné de le laisser dîner avec Keyra en tête à tête. Mais comme ce dernier n'avait céder qu'au dernier moment, il avait dû faire des courses rapides. Alex installa son invité au salon, un verre de jus de mangue en main histoire de la faire patienter. Il posa son téléphone sur la table basse et sortit.
Assise dans ce fauteuil, sa mémoire lui rappela les images de sa première venue en ce lieu, quand elle avait été aspergée par son patron. Bien que les débuts avec lui fut difficile, au final Alice avait raison. Il pouvait être agréable quand il le souhaitait. Ne pouvant rester en place, Keyra se leva et se dirigea vers l'immense bibliothèque qui semblait l'appeler. Elle n'avait pas vu Sly aujourd'hui. Il était sûrement dans sa niche. Keyra défila devant les étagères en lisant les titres des romans jusqu'à ce qu'un livre attire son attention. Elle se hissa sur la pointe des pieds et sortit le livre de ses congénères. Vendredi ou la terre sauvage, tel était le titre de l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains. Un sourire aux lèvres, Keyra retourna à sa place et s'assit pour entamer sa lecture tout en savourant sa boisson.
Le cœur tenu en haleine par le récit qu'elle lisait, Keyra s'apprêtait à tourner la dixième page de l'ouvrage quand la sonnerie du téléphone la stoppa dans son élan. Elle vérifia son appareil mais pas d'appel. Keyra chercha des yeux et constata que l'appareil qui pleurait appartenait à son ami. La demoiselle essaya d'ignorer l'appel en se concentrant sur sa lecture mais c'était impossible. La sonnerie du portable la déconnectait du monde dans lequel elle s'était plongée. Dans un soupir, elle prit le téléphone et sortit chercher Alex mais elle ne le trouva pas. Par chance, elle vit monsieur Nestor passer et s'approcha de lui.
— Monsieur Nestor, savez-vous où se trouve Alex ?
— Nestor l'a vu sortir tout à l'heure mademoiselle, lui répondit le majordome.
— Oh d'accord, merci beaucoup.
Le téléphone dans sa main n'arrêtait pas de sonner. Keyra y jeta un œil et vit qu'il s'agissait d'André. Elle se permit d'y répondre.
— Ah enfin Alex c'est pas trop tôt, ça fait un bon moment que je t'appelle.
— C'est Keyra à l'appareil, Alex vient de sortir, répondit la jeune fille.
— Oh, bonsoir Keyra. Est-ce que tu sais s'il va mettre du temps pour revenir ?
— Bonsoir André, il est sortit sans prévenir donc je ne saurais le dire.
— Zut alors ! Dis, est-ce que tu peux me rendre un service ?
— Demande toujours, je le ferais dans la mesure du possible.
— En fait je suis au bureau et j'ai besoin du dossier concernant le budget du projet M. Design Renovation en toute urgence. J'ai appelé Hermann mais ça sonne occupé, j'ai déjà fouillé son bureau mais je n'ai rien trouvé. Je suppose donc qu'il l'a laissé dans sa chambre.
— Euh désolée mais je ne peux pas t'aider sur ce coup, anticipa Keyra qui avait compris la suite.
— Je t'en prie Keyra. J'ai vraiment besoin de ce dossier. C'est pour ça que j'appelais Alex mais tu m'as dit qu'il est sorti. Hermann est à un dîner d'affaires, t'as pas à t'en faire. Tu n'as qu'à le prendre discrètement. Sa chambre est à l'étage, deuxième pièce sur ta gauche. Généralement il ferme sa porte à clé mais il garde toujours le double sous un pot de vase à proximité.
Keyra souffla. C'était une très mauvaise idée. Si elle venait à se faire prendre, elle allait sûrement passer un mauvais quart d'heure.
— Et même si j'acceptais, comment tu le récupéreras ?
— Tu diras à David de me l'envoyer au bureau.
Keyra opina du chef. André la remercia d'avance et raccrocha. Après avoir vérifié que le chauffeur de son patron était bien là, Keyra monta les marches avec appréhension. Pourvu qu'elle ne se fasse pas prendre. Elle arriva devant la porte de son patron et constata effectivement que la porte était fermée à clé. Keyra chercha des yeux ledit vase et le repéra sur une petite estrade à quelques pas d'une autre pièce. Rapidement, elle se dirigea vers le pot et souleva délicatement le contenant des fleurs. La clé était là. Keyra s'en saisit rapidement et remit l'objet là où elle l'avait trouvé.
Le verrou céda après le passage de la clé. Keyra entra dans la pièce. Un étrange sentiment l'envahit lorsqu'elle pénétra dans la chambre de son patron. Elle avait l'impression d'envahir l'espace privé de ce dernier, ce qui dans une certaine mesure était bien le cas. Mais comme sa curiosité avait pris le dessus, Keyra ne put s'empêcher d'inspecter la pièce du regard. Sa chambre à elle équivalait à trois fois celle de son patron.
Mis à part sa grandeur, la chambre n'avait rien de spécial. Peinte en noir et blanc, la pièce présentait un look classique. Ni trop criard, ni trop simpliste. Les draps de son immense lit étaient tous de couleur noir et blanc. C'en était désespérant toute cette neutralité. Il y avait une pièce fermée qu'elle devina être la salle de bains, juste à côté une armoire exagérément grande. Près du lit se trouvait une commode. Dans son exploration, la jeune fille avait oublié pendant une seconde sa mission. Keyra s'avança et tourna la tête à gauche. Il y avait un petit bureau aménagé dans l'angle de la chambre. Sur la table, un ordinateur portable et des piles des dossiers. Pas de doute, il devait travailler même ici.
Le repos n'existe vraiment pas dans son vocabulaire, pensa Keyra.
Sans hésiter, elle se dirigea vers le bureau et commença à fouiller parmi la pile de dossiers. Si seulement elle avait demandé à André de quelle couleur était l'attaché-case, elle aurait pu gagner du temps. Keyra déposa tous les attachés cases à terre et s'assit à même le sol. La jeune fille passa en revue les porte-documents, mettant de côté ceux qui ne l'intéressait pas. En soulevant un porte-document, Keyra commença à le feuilleter. Ce n'était pas le bon non plus. Elle s'apprêtait à le fermer mais une feuille s'échappa et s'échoua sur le sol. Keyra le prit rapidement et s'apprêtait à le remettre à sa place mais sa curiosité prit encore une fois le dessus et elle le retourna. C'était une facture. Une scène familière se rejoua dans son esprit.
— Je n'ai pas besoin de vos faveurs. Je peux très bien me débrouiller toute seule. Je ne veux pas avoir à vous devoir. Vous comprenez ça ? dit-elle sur un ton ferme.
— Attends une minute ! lui lança-t-il alors qu'elle tournait les talons pour partir. Justement en parlant de ça, j'ai quelque chose pour toi.
Il se dirigea vers la table et ouvrit un classeur. Il en sortit un papier et le lui remit, son sourire moqueur toujours scotché aux lèvres. Keyra le fixa les sourcils froncés pendant un moment avant de s'intéresser finalement au papier. C'était une facture. Elle comprit sur le champ ce qu'il voulait dire mais ses yeux faillirent sortir de leurs orbites quand elle vit le montant inscrit sur la feuille. Le total des frais coûtaient huit cent mille francs. Cela dépassait largement la somme dont elle avait besoin pour pouvoir opérer son père.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Le montant est trop élevé pour toi ? demanda-t-il pour la titiller en la voyant faire des yeux ronds devant la facture.
Keyra fronça les sourcils. Elle se souvenait très bien de la somme qui était inscrite sur la facture qu'il lui avait présenté. Mais pourquoi était-il différent sur celui-là ? C'était impossible que ce soit la facture d'une autre course. Tous les détails étaient pareils que sur celle qu'elle avait reçu, sauf pour le montant. Sur celle qu'elle avait dans la main, le montant s'élevait à plus d'un million six cent mille. Lui aurait-il menti ? Mais pourquoi ?
La jeune fille remit de l'ordre dans ses pensées avant de faire pareil avec les documents. Elle remit le papier là où il se trouvait et continua ses recherches. Enfin, le fameux document apparu sous ses yeux. Keyra sourit et vérifia les papiers. Tout semblait normal. Elle remit les autres documents en ordre et plaça les attachés cases de la même manière qu'elle les avaient trouvés. L'assistante de Monsieur Mensah s'apprêtait à sortir mais elle fut stoppée dans son élan par une voix familière.
— Non ! Il faut que tout soit parfait. S'il y a le moindre souci, tu en porteras la responsabilité. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
Monsieur Mensah ?!! Pourquoi est-ce qu'il est déjà là ? Je le savais, je le savais ! C'était une mauvaise idée, Keyra t'es fichue ma pauvre !
Elle entendit le bruit de la clé dans la serrure et regarda autour d'elle à la recherche d'un potentiel endroit où se terrer.
Dès qu'il raccrocha le téléphone, monsieur Mensah fouilla dans la poche de son pantalon afin de récupérer sa clé. Il l'inséra dans la porte et l'ouvrit. Il déposa son cartable ainsi que le trousseau de clé sur le bureau et s'assit sur son lit en soupirant.
— Quelle dure journée ! souffla-t-il.
Il abandonna ses souliers et chaussettes au profit des sandales. Jetant un regard circulaire autour de lui, Hermann remarqua que la porte de son armoire était entrouverte. Il tiqua. Il se leva et se dirigea vers son bureau. Il lui sembla que quelqu'un avait touché à ses documents. Il y en avait un qui manquait.
— Nestor ! Nestor ! appela-t-il.
Le majordome ne tarda pas à montrer le bout de son nez.
— Vous avez appelez Nestor monsieur ?
— Quelqu'un est-il entré dans ma chambre ? s'enquit-il.
De l'intérieur de sa cachette et le cœur battant Keyra joignit les mains, priant pour ne pas être découverte.
— Pas à la connaissance de Nestor, non !
— T'en es certain ?
— Oui monsieur. Nestor n'a vu personne entré dans votre chambre.
— Bon où se trouve Alex ?
— Monsieur Alex est sorti fait des courses pour son dîner avec mademoiselle Keyra.
— D'accord, elle est déjà là ?
— Oui monsieur. Monsieur Alex l'a fait patienter dans le salon. Elle y est actuellement, répondit le majordome.
— Dis lui que... non, pas la peine. Vous pouvez disposer.
— Bien, alors Nestor s'en va.
Son majordome partit, Hermann ferma normalement la porte de son armoire. Sly entra dans la chambre quelques instants après et tourna en rond pendant un moment avant de s'étendre sur le tapis. La fatigue ayant atteint le summum dans son corps, Hermann se dévêtit et se dirigea dans la salle de bains.
Ayant entendu les jets d'eau qui coulaient, la demoiselle Tancey lutta pour ouvrir la porte de l'armoire, veillant à ne pas faire trop de bruits. Couché sur le tapis, Sly tendit l'oreille quand il perçut le bruit que faisait l'assistante de son maître. Avec peine, Keyra réussit à se libérer de sa prison. Dès qu'elle mit pied au sol, Sly l'ayant reconnue se mit à aboyer de joie sautant sur elle.
— Chuut, calme-toi. Arrête d'aboyer tu risques de me faire repérer, chuchota-t-elle aux oreilles du canidé.
Mais Sly aboya de plus belle. Monsieur Mensah ayant entendu les aboiements de son animal de compagnie, coupa l'eau et sortit précipitamment de la salle de bains, sa serviette ceint autour de sa taille. Dès qu'il sortit, il tomba nez à nez avec son assistante qui essayait de prendre la poudre d'escampette.
— Mademoiselle Keyra Lartey Tancey !
La jeune fille qui était près de la porte s'arrêta net. C'était la première fois qu'il l'appelait par son nom complet. Les yeux fermés et le cœur battant, Keyra se retourna lentement vers son patron. Furax, ce dernier s'avança vers elle.
— Que diantre cherchais-tu dans ma chambre ?
Elle ouvrit lentement ses yeux, essayant de ne pas rencontrer ceux de son patron.
— Mon... monsieur ?!! tenta Keyra feignant la surprise. Vous... êtes... déjà... de retour ? bégaya-t-elle.
— C'est ma chambre ici, j'ai le droit d'aller et venir comme bon me semble. Je te demande comment diable es-tu arrivé ici ? Tu n'étais pas censée être dans le salon, en train d'attendre Alex ? s'emporta-t-il.
N'ayant pas le choix, Keyra souffla un bon coup avant de répondre d'une traite.
— J'étaisdanslesalonmaisilyaAndréquiaappeléetm'ademandédevenircherchercedocumentparcequec'étaiturgentmaisjen'avaispasprévuquevousrentrierezplustôt, résuma-t-elle sans prendre le temps de respirer.
— Articule ! lui somma-t-il, n'ayant rien compris de son charabia.
— J'étais dans le salon mais il y a André qui a appelé et m'a demandé de venir chercher ce document parce qu'il en avait urgemment besoin, je vous assure que j'ai refusé mais il m'a rassurée quand au fait que vous rentrerez tardivement. C'est pour ça que je me suis permise d'entrer, mais je n'avais pas prévu que vous seriez plus tôt de retour. Je suis vraiment désolée monsieur, termina-t-elle la tête toujours baissée.
Il l'observa sans mot dire. Le cœur toujours battant, Keyra osa relever la tête pour le regarder. Sans qu'elle ne put se contrôler, son regard descendit lentement sur son corps, explorant chaque parcelle. Devant elle, s'offrait un corps dont les abdos avaient été sculptés par ces années d'exercices sportives. Cependant, un détail attira son attention. Un tatouage, situé sur la partie gauche de son torse.
— Forever and ever, lut-elle à basse voix.
Comme il était sorti en toute hâte de la douche, de l'eau dégoulinait le long de son torse. Keyra avala sa salive, la couleur de son visage virant progressivement au pivoine. Elle était rouge de honte. Une étrange chaleur se répandit dans tout son corps et il semblait que des chevaux galopaient dans sa poitrine tant son cœur tambourinait. Elle avait l'impression d'être dans une de ces séries télévisées à l'américaine où le héros sortait de la piscine après une brasse le corps dégoulinant d'eau.
La fixant toujours, Hermann fit un pas vers elle. Par réflexe, elle fit aussitôt un pas en arrière. Il avança lentement, la faisant reculer jusqu'à ce qu'elle se retrouve dos contre la porte. Ses yeux perçants semblaient l'hypnotiser et ses lèvres, ses lèvres rosies légèrement entrouvertes semblaient le provoquer. Ses deux bras l'encadrant, il avança lentement son visage vers le sien, le regard rivé sur ses lèvres. La respiration de son assistante était saccadée. Sa poitrine s'abaissant et se soulevant au rythme de sa respiration. Il n'y avait que quelques centimètres de distance entre leurs deux visages. Les lèvres de Keyra bougèrent, mais aucun son n'en sortit. Il rapprocha ses lèvres des siennes, mais Sly aboya de nouveau. Monsieur Mensah reprit ses esprits et s'éloigna d'elle.
— Sors ! lâcha-t-il faiblement.
Confuse par ce qui venait de se passer, Keyra ne se fit pas prier et sortit de la pièce les joues en feu. Toute tremblante, la jeune fille dévala les escaliers à une vitesse grand V. Qu'est-ce qui venait de se passer ? Monsieur Mensah aurait-il fait ce à quoi elle pensait si Sly n'avait pas aboyer ? Et elle, pourquoi n'avait-elle rien fait ? C'était comme si elle était paralysée. Keyra porta ses doigts tremblants sur ses lèvres et regarda par dessus son épaule la porte de son patron. Les battements de son cœur ne s'étaient pas atténués. Comment allait-elle pouvoir le regarder dans les yeux après ça ? Keyra tenta de se calmer en fermant les yeux pour inspirer, mais son esprit décida de la narguer en lui renvoyant en pleine figure les images de la scène qui venait de se jouer dans la chambre de son patron. Elle les rouvrit aussitôt. Il fallait qu'elle se calme. La bonne nouvelle était qu'elle avait pu récupérer les dossiers qu'André lui avait réclamé. Les dossiers ?
Keyra se rendit compte que la cruche qu'elle était avait laissé tomber les documents sans s'en apercevoir. Il fallait qu'elle y retourne. La jeune fille commença à se ronger les ongles. Comment devrait-elle s'y prendre vu ce qui venait de se passer ? Elle défila de long en large au bas des escaliers pendant un moment, réfléchissant au moyen de l'affronter. Avec appréhension, l'assistante de monsieur Mensah retourna sur ses pas. Une fois devant la chambre de son patron, Keyra leva la main pour toquer mais ce geste resta en suspens. Elle ne pouvait pas, elle ne pourrait pas le regarder dans les yeux après ça. La demoiselle s'apprêtait à se retourner quand la porte s'ouvrit. Son patron en sortait. Leurs regards se rencontrèrent de nouveau, les figeant sur place. Ce fut Keyra qui brisa en premier le silence.
— Euh... je... j'ai... les dossiers.
Monsieur Mensah lui tendit les documents en évitant de croiser son regard. Keyra les récupéra et força un sourire.
— Merci monsieur.
Elle tourna les talons pour s'en aller quand il l'interpella.
— Attends !
La jeune fille se retourna et l'interrogea du regard.
— Il ne s'est rien passé du tout ! Compris ?
— Qu'est-ce qui s'est passé monsieur ? répondit-elle en le prenant au mot. Merci pour les documents, ajouta-t-elle en les brandissant avant de s'en aller.
Une fois hors de son champ de vision, Keyra pu se permettre de souffler un bon coup. Les documents en sa possession, elle les remit à David afin qu'il les rapporte à André. Après quoi, elle demanda à monsieur Nestor si Alex était déjà rentré. Le majordome lui répondit par l'affirmative et lui annonça que son hôte l'attendait près de la piscine. Keyra le remercia et se dirigea vers l'endroit indiqué.
— Ah p'tit cœur t'es là ? Je t'ai cherché partout. Où t'étais ?
— Je... j'étais
— Laisse tomber, viens plutôt par là. Le dîner est servi.
Oubliant sa gêne quand à ce qui s'était passé, Keyra se rapprocha et s'assit en face de lui. Son ventre gargouilla comme pour lui rappeler qu'elle n'avait encore rien mangé.
Étendu sur son lit les yeux clos, Hermann s'interrogea sur son comportement. C'était quoi cette soudaine attirance envers son assistante ? Bien sûr il ne niait pas qu'elle était belle, mais de là à vouloir l'embrasser. Depuis cet incident qui avait eu lieu il y a sept ans de cela, aucune autre femme n'avait jamais eu d'effet sur lui. Alors pourquoi maintenant ? Il se leva et se dirigea vers le balcon de sa fenêtre pour admirer les étoiles. C'était sa routine. Chaque fois qu'il se sentait dépaysé ou juste triste, il levait la tête pour apprécier ces minuscules point argentés dans le ciel. De cette façon, il sentais moins son absence. Elle avait réussi à lui communiquer sa passion pour les étoiles. Christine Mensah était sans doute la femme la plus passionnée des étoiles qu'il connaisse. Depuis sa mort, il avait pris l'habitude de les observer quand il avait le moral dans les chaussettes ou quand il se sentait perdu. Pourtant, des rires en provenance de la terrasse détournèrent son attention de ces magnifiques astres argentées. Hermann baissa la tête et vit son assistante et son cadet rire aux éclats.
— T'es vraiment drôle toi, affirma Keyra quand elle se calma de son fou rire. Si tu continues comme ça, je risque d'avaler ma nourriture de travers tu sais.
— Tu savais que drôle c'était mon deuxième prénom ?
— Nooon jure, je croyais que c'était Arrogant le deuxième.
— Hé t'es pas sympa. Je suis tout sauf arrogant, se défendit-il.
— Bien sûr !
Son téléphone vibra. Elle venait de recevoir une notification. Keyra s'excusa et prit son téléphone pour vérifier mais ce n'était rien d'important. En le reposant sur la table, Alex remarqua la photo en fond d'écran sur son portable. Il s'en saisit aussitôt.
— Hé mais c'est Jojo sur ton fond d'écran ! s'exclama-t-il.
— Jojo ? demanda la jeune fille, les sourcils arqués.
— Oups ! Jojo c'est l'abréviation de son deuxième prénom, Jonas. Mais il déteste quand je l'appelle ainsi parce qu'il trouve que ça fait trop enfantin. Ne prononce jamais ce surnom devant lui s'il te plaît.
— Je ne savais même pas qu'il avait un deuxième prénom. T'inquiètes, ça ne risque pas d'arriver.
— Nous en avons tous un. Je te fais la version simple. D'abord nous avons Angela Esther Mensah Sandey, Paul-André Mensah, Hermann Jonas Mensah et enfin moi, le beau gosse de la famille, Alexandre Daniel Mensah parfois surnommé Alex ou Danoush, lui expliqua Alex.
— Je n'était pas au courant.
— C'est normal. En fait, on ne s'appelle par ces prénoms que quand on est ensemble. Notre mère adorait nous appeler ainsi, du coup après sa mort on n'utilise ces prénoms qu'entre nous, comme une sorte de code. Je sais pas si tu comprends ce que je veux dire.
— Je... je comprends.
— Mais dis-moi, pourquoi t'as cette photo de lui en fond d'écran ? demanda-t-il pour changer de sujet.
Même si onze années avaient passées depuis sa mort, cela restait toujours un point sensible pour chacun d'entre eux.
— Oh ! C'était la première fois que je le voyais sourire c'est pourquoi j'ai pris ce cliché de lui en cachette. Lui dis pas s'il te plaît.
— Ça restera entre nous seulement si tu me partages cette photo.
— OK.
Keyra déverrouilla son téléphone et le glissa devant Alex pour qu'il le prenne lui-même et continua à manger.
— Merci, dit-il en déposant le téléphone.
Comme ils avaient fini de dîner, Alexandre se leva en s'excusant auprès de Keyra. Il sorti une guitare du sac qui était posé sur la table et s'installa devant la piscine, l'incitant à faire pareil. Amusée, Keyra se leva et vint s'asseoir près de lui.
— J'ai composé une chanson récemment et j'aimerais avoir ton avis.
— C'est d'accord, répondit la jeune fille.
Alexandre leva les yeux vers le ciel et contempla un instant les étoiles dans le ciel avant de se concentrer. Il remarqua que son frère était debout sur son balcon, les observant. Ça faisait longtemps qu'il les regardaient comme ça ? Si tel était vraiment le cas, alors c'était une belle opportunité à ne pas manquer. Une idée lui vint en tête. Alex sourit et commença à jouer les premières notes.
Oh~oh~oh
Étonnant est cet assemblage d'émotions qui me voûte
Je me retrouve de ce fait sous l'emprise
D'un Tsunami sentimental
Ce sentiment familier qui autrefois m'étouffais
M'est devenu plus agréable
C'est tout nouveau, oui c'est tout beau
Mais dites-moi comment me protéger si mon cœur à décidé d'aimer ?
Oublier la promesse de sept ans
Juste vivre le moment présent
Captivé par ton regard
Je n'ose plus faire un pas
Tout au fond de moi, je la sens s'effondrer
Oui la muraille s'est brisée
Et mon cœur est enfin libéré
Tu es comme le soleil qui brille en plein jour
Ton sourire est la chaleur qui se répand dans tout mon être et ravive mon amour
Laisser derrière la promesse de sept ans
Être avec toi m'est suffisant
Peu importe la durée
Peu importe l'adversité
Peu importe les difficultés
Cette promesse je la tiendrais
Pour toujours, à tes côtés je serais
Je ne peux m'empêcher de te contempler
C'est plus fort que moi
Dis-moi comment, comment pourrais-je oublier ton magnifique sourire ?
Quand tu es près de moi, je sens mon cœur battre à la chamade
Et mon esprit embrouillé part en vadrouille
Je perds le contrôle mais cela ne me déplaît guère
Oh non !
Je n'avais jamais ressenti cela auparavant, c'est si intense
Que j'en perds mes repères
Sans hésitation
Je viens pour t'avouer mes sentiments
Car rien ne peut effacer
Ce que je ressens pour toi
Je ne peux pas l'exprimer
Mais c'est ce que je vis journée après journée
C'est comme le cycle de la vie
Même si je n'en ai pas envie
C'est ainsi
Et si tu me suivais ?
Je sais qu'on se complète
Sois gentille
Prends ma main et serre-là bien
Quand on danse on se sens bien
Pour toujours, Je veux rester près de toi
Notre amour ne s'éteindra pas
Quand je marche, marche avec moi
Et tout nous réussira
Crois-moi
Je veux rester près de toi
Notre amour s'éternisera
Quand je marche, marche avec moi
Et tu verras, tout autour de nous nous sourira ah ah ah
Yeah yeah !
— Waouh, c'est... c'est magnifique ! lâcha Keyra à la fin de la chanson.
— Elle te plaît ? demanda l'auteur.
— Bien sûr, c'est une superbe chanson, lui répondit-elle en souriant.
— Tant mieux, parce qu'elle t'es dédiée, répliqua Alex en mettant sa guitare de côté.
— À m-moi ?
Alex esquissa un léger sourire. Il se rapprocha un peu plus d'elle et posa sa main sur la sienne avant de reprendre sur un ton on ne peut plus sérieux.
— Oui. Keyra je, tu me plaît bien, lâcha-t-il en guettant la moindre réaction sur son visage.
Prise au dépourvue, la jeune fille ne savait pas quoi dire. Alexandre lui plaisait bien aussi mais cela lui semblait assez irréel. Tout allait beaucoup trop vite à ses yeux. Comme elle ne répondait toujours pas, et qu'il savait que son aîné les épiait de depuis son balcon, le jeune homme se rapprocha un peu plus d'elle. Keyra le voyait approcher son visage du sien, le regard dirigé vers ses lèvres. Elle leva les yeux pour le regarder, mais à la place de son ami c'était le visage de son patron qu'elle voyait. Prise de panique, Keyra se rétracta au dernier moment et se leva subitement au plus grand soulagement de monsieur Mensah qui n'avait rien perdu de la scène.
— Je... je dois y aller. Il se fait tard.
Elle récupéra son sac et son téléphone portable et se tourna vers Alexandre qui s'était levé lui aussi.
— Pas la peine de me raccompagner, je suis venue avec le scooter, l'informa-t-elle avant de rajouter. Merci pour cette soirée.
Après ça, elle prit la direction de la sortie. Alexandre tourna la tête du côté du balcon de son frère, celui-ci était déjà rentré dans sa chambre. Alexandre sourit, fier de lui. Encore un autre plan de réussi.
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4992 mots !
Salut les ami.e.s !!! Comment allez-vous ? Je sais que j'ai été absente pendant un long moment mais c'est avec appréhension que je publie ce chapitre. Il a tellement subi de modifications, d'ajouts et de retraits que je me demande si c'est encore cohérent 😭😭😭
En tout cas, j'espère que vous avez aimé ce chapitre. Encore désolée pour la maxi absence.
J'vous avoue que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire la scène de "confrontation" entre Employée et Employeur 🤭🤭🤭
Et vous, quelle partie avez-vous le plus apprécié ?
Bonne soirée/journée. J'vous fais pleins de bisous baveux 😂😘😘😘
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