Chapitre vingt-sept

My hands
Mes mains
Your hands
Tes mains
Tied up
Attachées
Like two ships
Comme deux bâteaux
Drifting
Dérivant 
Weightless
En apesenteur
Waves try to break it
Les vagues essayent de le briser
I'd do anything to save it
Je ferai tout pour le sauver
Why is it so hard to say it?
Pourquoi est-ce si dur de le dire?

My heart
Mon coeur
Your heart
Ton coeur
Sit tight like book ends
Sérés comme les extrémités d'un livre
Pages
Les pages
Between us
Entre nous
Written with no end
Ecrites sans fin
So many words we're not saying
Tant de mots que nous ne disons pas
Don't wanna wait 'til it's gone
Je ne veux pas attendre que ça se termine
You make me strong
Tu me rends fort

I'm sorry if I say, "I need you"
Je suis désolé si je dis "j'ai besoin de toi"
But I don't care
Mais je m'en fiche
I'm not scared of love
Je n'ai pas peur de l'amour
'Cause when I'm not with you I'm weaker
Parce que je suis plus faible quand je ne suis pas avec toi
Is that so wrong?
Est-ce si mal ?
Is it so wrong
Est-ce si mal ?
That you make me strong?
Que tu me rendes fort ?

Think of
Pense à
How much
Tout
Love that's been wasted
L'amour qui a été gaspillé
People
Les gens
Always
Toujours
Trying to escape it
Essayant d'y échapper
Move on to stop their heart breaking
Allant de l'avant pour arrêter d'avoir le coeur brisé
But there's nothing I'm running from
Mais il n'y a rien que je fuie

(...)

So, baby, hold on to my heart, oh, oh
Alors, bébé, accroche-toi à mon coeur, oh, oh
Need you to keep me from falling apart
J'ai besoin de toi pour m'empêcher de m'effondrer
I'll always hold on
Je tiendrai toujours le coup
'Cause you make me strong
Car tu me rends fort

(@LeaABY traduction)

🎼Strong - One Direction🎼

PDV Léo

    Tous les gars sont tout sourire depuis que nous sommes dans le TGV. Tout le monde, sauf moi. Je n'y arrive pas ce matin, j'ai le cœur trop lourd entre ma mère et Estéban. Estéban qui n'est d'ailleurs pas là, contrairement à Caleb. Caleb, lui, a fait l'effort de venir avec nous à la pride de Paris. Enfin, effort, j'ai même pas l'impression qu'il en fasse un, je crois que ça lui fait vraiment plaisir. Moi, plus trop maintenant.

De base, c'était Chris qui voulait y aller et ça a emballé Valou', puis Mattéo puis Caleb et Clément est venu aussi. Du coup, on se retrouve dans un TGV direction Paris. D'ailleurs, une ambiance assez sympa règne dans le train car nous ne sommes visiblement pas les seuls à nous rendre à la plus grande pride de France. Facile à reconnaître : beaucoup de jeunes, beaucoup de couleurs.

Valentin finit par remarquer mon manque d'enthousiasme puisqu'il passe discrètement sa main sur ma cuisse. Il la caresse doucement de son pouce et me demande :

— Ça va ? T'as pas l'air bien depuis ce matin, il s'est passé quelque chose ?

— Hum.

— Tu veux pas en parler ?

— Je sais pas.

— Je suis là si t'as besoin en tout cas.

Valentin me lance un petit sourire et aussitôt ça me réchauffe un peu le cœur. Je me saisis alors de sa main et caresse le dos de celle-ci, vérifiant bien que personne ne puisse le voir. Faisant un effort, ne voulant pas gâcher la bonne humeur de Val', je confie :

— Je suis un peu deg qu'Estéban ne soit pas venu. Et c'est chiant que j'aie encore dû mentir à ma mère pour venir.

Mon copain arbore une mine compréhensive bien qu'il ne doit pas entièrement comprendre ce que je vis. Lui, il a de la chance : son meilleur ami est venu et sa mère est au courant qu'il va à une pride sans que cela ne déclenche un scandale. Sur ce point-là, je l'envie.

— Pour Estéban, je comprends que ça fasse chier, mais mets-toi à sa place un peu : il vient du même milieu que toi et sa copine est très tradi. sur ces questions-là, alors aller à une pride ça fait un peu beaucoup. Et puis, si je t'avais proposé l'année dernière de venir à la pride, tu serais venu ?

Je ne réponds pas, parce qu'il a raison et que ça m'agace. Mais quand même, ça me blesse qu'Estéban ait refusé de venir. Parce que je me suis encore trompé. Je croyais que c'était ok pour lui le fait que je sorte avec Valentin. Cependant, quand je lui ai dit qu'on allait à la pride, il a paru étonné et n'a pas manifesté l'envie de nous accompagner. Alors, quand on s'est retrouvés tout seuls, je lui ai demandé la raison. Il m'a ainsi répondu que c'était pas trop son truc et qu'il devait voir Danielle de toute façon. Ce à quoi j'ai dit qu'elle pouvait venir aussi. Alors, j'ai bien remarqué qu'Estéban était gêné, d'autant plus quand il a avoué que Danielle venait d'une famille très conservatrice, notamment envers l'homosexualité. Il n'a pas eu besoin d'en ajouter davantage pour que je comprenne. Et, ça aussi, ça m'a fait chier de savoir que mon meilleur ami sortait avec quelqu'un qui n'approuvait pas mon existence.

— Je sais que c'est plus simple à dire qu'à faire, mais pense à autre chose. Pense au fait qu'on est entre potes et qu'on va passer une bonne journée. Et, en plus, tu vas voir de la famille !

Je feins un petit sourire, bien que ça ne me réconforte pas tant que ça. Après, c'est vrai qu'il a raison : la journée ne devrait pas être si mal. Surtout que mes tantes avaient l'air ravie que je leur rende visite. C'est la première fois que je vais les voir seul. Faut dire qu'on va très peu les voir avec ma famille. Pas besoin de chercher bien loin la raison : elles sont deux femmes, ensemble. Et, comme dirait ma mère : « Il ne faut pas pervertir les enfants avec ce genre de chose. ». Voilà le genre de choses que j'entends en permanence.

Valentin serre un peu plus ma main alors je tente de me concentrer sur son geste plutôt que sur mes pensées pessimistes. Je glisse ensuite un petit « merci » qui fait sourire Valentin. Heureusement que, lui, il est là pour moi.

L'arrivée à Paris est mouvementée avec tout ce monde, mais nous finissons par réussir à sortir de la gare. Nous partons alors vers l'arrondissement où la pride démarre et nous cherchons de quoi manger avant de nous poser en extérieur.

Au fur et à mesure du repas, de plus en plus de monde s'amasse. C'est d'ailleurs très impressionnant pour quelqu'un qui vient de Saint-Malo. Quand l'heure du rassemblement se rapproche, les gars décident d'un peu se préparer. C'est surtout Chris et Mattéo qui sont partis dans leur délire. En effet, ils sont habillés très coloré mais ils comptent encore en rajouter ! Ainsi, les deux se mettent des paillettes multicolores dans les cheveux.

— Je veux bien aussi, sourit Valentin.

Je le regarde faire puis il me surprend en m'en aspergeant dans mes cheveux. Pris par surprise, je me recule mais il continue. Alors, on se chamailler jusqu'à ce que Chris nous embête :

— Pas devant nous s'il vous plaît !

Valentin lui fait un doigt d'honneur et, pour une fois, je ne le réprimande pas pour ce geste vulgaire. Quand Chris et Mattéo commencent à se maquiller, je les observe faire, stoïque. Je sais qu'on va à une pride, mais quand même ! Valentin se retrouve à aider Mattéo et ça me saoule un peu qu'ils soient si proches physiquement. Voulant que le moment s'écourte, je lance, un peu sur un coup de tête :

— Tu veux que je t'aide Valentin ?

Ce dernier a l'air de s'étonner de mon ton tandis qu'il me fixe, me demandant par le regard ce qui ne va pas. Je hausse alors les épaules puis me tourne vers Caleb pour lui parler. Même lui s'y met lorsqu'il veut avoir des drapeaux multicolores sur les joues. Je me propose alors de les lui dessiner. C'est pas trop difficile pour quelqu'un comme moi qui passe son temps à dessiner. D'ailleurs, quand les gars me voient à l'œuvre, ils veulent tous que je leur dessine des choses. Ça me fait sourire alors j'accepte. On passe ainsi un bon moment et l'heure du départ de la marche arrive rapidement.

Cependant, cette année est un peu spéciale. En effet, il y a eu les attentats d'Orlando il y a quelques temps aux Etats-Unis. Rien que d'y penser, j'en ai encore des frissons. Je crois que c'était la première fois que je réalisais que le fait que je sois avec Valentin puisse donner à des personnes l'envie de me tuer. Ça m'a fait peur, vraiment peur. J'avais d'ailleurs passé ma soirée à m'informer sur les différentes législations dans le monde. Mes frissons n'ont alors que commencé lorsque j'ai constaté que le fait d'être avec quelqu'un du même sexe que soi pouvait entraîner une arrestation, la prison et, pire, la mort. Ça m'a retourné l'estomac sur le moment. J'en ai même faite une crise d'angoisse, mais je n'en ai rien dit à Valentin. Je voulais pas encore passer pour le fragile...

En conséquence, cette année, la marche a été raccourcie par souci de sécurité et les marcheurs sont invités à porter un brassard noir en hommage aux personnes tuées à Orlando. Il y a même eu un discours en leur honneur et, franchement, ça m'a foutu la chair de poule. Je crois pas que j'étais le seul d'ailleurs.

🎼 Grave - Eddy de Pretto 🎼

Cependant, l'ambiance a rapidement changé et est devenue bien plus festive. Franchement, moi qui n'aime pas être aussi proche physiquement d'étrangers, là ça me dérange beaucoup moins. Je suis transporté par l'ambiance si inconnue qui règne dans la rue. J'en reste d'ailleurs béat, observant ce qui m'entoure comme un nouveau-né. J'observe tous ces drapeaux colorés, ceux français, ceux américains en hommage à Orlando ; j'observe les chars ; j'observe toutes ces pancartes aux écritures fières ; j'observe toutes ces personnes réunies en un même endroit ; j'observe ces personnes aux habits plus élaborés. J'observe.

Je ressens alors quelque chose que je n'avais jamais ressenti avant : je me sens en sécurité, je me sens libre, mais surtout je me sens normal et heureux. Ça me prend de la tête aux pieds et me fait sourire d'une manière qui ne m'arrive que rarement. Je souris de toutes mes dents et me laisse aller. Alors, je fais quelque chose de fou en saisissant la main de Valentin. Contrairement à d'habitude, je ne vérifie pas que quelqu'un puisse nous voir. Je ne le vérifie pas et me saisis seulement de la main de mon petit ami et, punaise, ce que ça fait du bien de le faire sans réfléchir aux conséquences. Je l'aime, ça ne devrait avoir aucune conséquence pour quiconque. Ici, je n'ai ni honte ni peur et c'est tellement agréable.

Valentin semble également apprécier le geste car, aussitôt, il sourit radieusement. On se fixe alors un petit moment, clairement avec amour et pour une fois, j'en suis fier. Pris dans ce tourbillon d'émotions si rares, je pose même mes lèvres sur celles de Valentin. Je le fais rapidement, mais je le fais devant je ne sais combien de personnes. Mon copain est toujours tout sourire puis il me souffle :

— T'es magnifique.

S'il savait, lui aussi. On se sourit encore puis nous continuons de déambuler dans la capitale.

Je reprends alors petit à petit conscience de ce qui m'entoure, notamment de la présence de mes potes. D'ailleurs, Caleb me lance un clin d'œil en pointant du regard ma main enlacée à celle de son meilleur ami. Il est bête...

Alors, je vis une des meilleures après-midis de ma vie parce qu'ici je suis normal en étant pourtant moi.

PDV Valentin

   Je ne pensais pas que cette journée serait aussi bien ! Déjà, elle avait bien commencé quand Caleb a dit qu'il viendrait avec Léo, Chris, Mattéo et Clément et moi à la pride de Paris. Ça m'a fait plaisir que mon meilleur ami vienne car il n'est pas gay, comme moi, mais il vient tout de même. Ça me rappelle alors à quel point je suis reconnaissant de l'avoir comme ami. Surtout quand Léo avait l'air affecté, dans le train, ce matin, qu'Estéban ne soit pas venu. En même temps, ça ne m'a tant que ça étonné de sa part. Ce n'est pas parce qu'il supporte notre couple, qu'il supporte tous les autres gays, et encore moins sa copine si j'ai bien compris...

Cette journée avait aussi bien commencé quand j'avais annoncé à ma mère que j'allais à la pride de Paris. Je m'en rappelle encore.

Je suis tout gêné lorsque nous mangeons avec ma mère. Il faut que je lui dise et surtout demande si je peux aller à Paris avec les gars. Cependant, je n'y vais pas pour rien : j'y vais pour la pride et, ça, j'ai peur de lui préciser. Est-ce qu'elle va comprendre ? Je veux dire, est-ce qu'elle va comprendre que je suis moi-même gay ? Ça me fait peur, bordel !

Je ne sais même pas comment aborder le sujet de manière subtile. Je ne sais pas comment le dire, pourtant ce n'est pas si difficile. Alors, je me lance lorsque nous mangeons chacun notre yaourt :

— Avec les gars, on comptait aller à la pride de Paris le week-end prochain. Chris avait envie d'y aller et on s'est dit que l'ambiance serait sympa.

Je baisse les yeux vers le contenu blanc et en avale une cuillère, le cœur battant fort contre ma poitrine.

Ma mère paraît un peu étonnée puis pose de multiples questions liées à l'organisation de ce petit voyage. J'y réponds alors à toutes et ça a l'air de la rassurer. Moi, je suis surtout rassuré qu'elle ne pose des questions que de cet ordre-là, comme si je partais voir la Tour Eiffel. Je finis cependant par la prévenir :

— Par contre, Léo a dit à sa mère qu'il passait le week-end ici alors si jamais elle demande, tu pourras confirmer s'te plaît ?

Ma mère n'a pas vraiment l'air surprise de ma requête mais demande tout de même :

— Pourquoi il n'a pas dit la vérité ?

— Parce que sa famille est assez homophobe alors il n'a pas envie de s'en prendre plein la gueule juste pour ça.

— Tant que ça ? J'ai effectivement déjà senti une certaine animosité envers les gays dans certaines conversations avec Johanna, mais je ne pensais pas que c'était à ce point.

Je ne dis rien, toujours la tête baissée. Si elle savait, que même moi j'en prends pour mon grade chez eux depuis que j'ai juste une boucle d'oreille.

La discussion s'arrête là et je crois que je suis autant soulagé que déçu que ça n'aille pas plus loin. Au final, je n'arrive toujours pas à deviner la réaction de ma mère si je lui avouais aimer les mecs. À la fois, elle n'émet pas de commentaires désagréables sur le fait que j'aille à une pride, mais d'un autre côté, je trouve qu'elle réagit que très peu sur l'homophobie de la famille de Léo.

Après, j'ai préféré comprendre ce dialogue comme quelque chose de positif. Ma mère ne m'a pas interdit de venir ici, c'est tout ce qui compte. Alors, entre elle et Caleb, j'ai le cœur léger pour appréhender cette journée inédite. C'est ma première pride et ça me fait quelque chose au fond. J'ai hâte de tout découvrir.

Honnêtement, j'ai été loin d'être déçu de cette marche. Surtout lorsque Léo m'a saisi la main et m'a même embrassé, comme ça, au milieu de toute cette foule ! En même temps, c'est tellement normal de voir deux personnes du même sexe s'embrasser ici. Sa main toujours dans la mienne, je souris, fier et heureux. C'est la première fois qu'on se tient la main en public et ça fait du bien de s'en foutre. Je me sens tellement léger actuellement.

Cependant, Léo finit par délier nos doigts ensemble et je m'en inquiète aussitôt. En fait, il sort seulement de l'eau pour boire et j'en profite pour m'hydrater également puis il prend plein de photos ainsi que des vidéos. Aussi surprenant que ce soit, il finit par parler avec Chris et je regarde ces deux-là discuter. Comme quoi, la pride, ça peut changer beaucoup de choses !

Moi, je me retrouve à parler avec Mattéo, qui me demande assez rapidement :

— Alors vous êtes ensemble avec Léo ?

Un peu gêné, je hoche la tête et il fait de même avant de me poser une autre question :

— Ça fait longtemps ?

Ça dépend si on prend février comme date étant donné comment ça c'est fini ou avril. Je vais pas lui faire la réponse compliquée.

— Quelques mois.

Le garçon aux cheveux bleu turquoise se contente alors de remarquer :

— Je savais pas.

— C'est normal, on l'a pas dit à beaucoup de personnes.

— « Vivons heureux, vivons cachés », c'est ça ?

— C'est ça, je lui souris.

Mattéo me sourit en retour puis me confie :

— Je suis content pour vous deux, ça se voyait que vous étiez pas qu'amis.

Un petit silence s'installe alors j'en profite pour, moi aussi, lui poser une question :

— Et toi, avec Clément ?

Il paraît étonné de la question puis a l'air de se rappeler de ma soirée anniversaire où j'ai vu les deux gars s'embrasser.

— Rien de spécial, on avait bu, c'est tout.

— Tu cherches pas être en couple ? je questionne, innocemment.

— Non, j'ai surtout pas trouvé la bonne personne.

— C'est sûr que les gays à Saint-Malo, ça court pas les rues, j'ironise.

— Heureusement qu'il y a des filles alors.

Ne comprenant pas trop son allusion, je demande précision :

— T'es pas gay ?

— Non.

— Ah ok, j'avais cru comme je t'avais vu-

— Je suis bi.

Je le fixe, interloqué. Bi ? Ça veut dire quoi ? Mattéo a l'air de comprendre que je ne saisis pas car il précise :

— J'aime les gars et les filles.

Toujours interloqué, j'arrête cependant de le fixer pour regarder devant moi. Bi, je connaissais pas ça. Comment c'est possible d'aimer les deux à la fois ? ! Ma réaction semble amuser mon ami car il ironise :

— Tu sais, il n'y a pas qu'hétero. et homo. comme orientation sexuelle.

Ça paraît sûrement logique, mais je n'y avais jamais trop pensé. Surtout que ça a été assez évident pour moi de comprendre que j'aimais que les gars. Je me suis jamais trop posé la question, ça s'est imposé à moi.

— Je m'y connais pas trop, désolé.

— Et bien, hésite pas alors si t'as des questions.

— Bah justement, comment tu sais que t'es bi ?

— Comment tu sais toi que t'es gay ?

— Je sais pas, c'est comme ça, les filles m'attirent pas du tout.

— Et bah moi, les deux m'attirent, c'est comme ça aussi.

— En fait, t'as beaucoup plus de choix en fait ! je relève, amusé.

— Tu peux le voir comme ça, oui, il hausse les épaules.

On parle alors d'autres choses avec Mattéo et je passe un bon moment avec lui. C'est assez rare qu'on soit que tous les deux, sauf parfois en soirée, alors je découvre seulement maintenant qu'on s'entend en fait plutôt bien. Ça m'étonne d'ailleurs de ne le remarquer que maintenant. Enfin, quand je vois le temps que ça a pris avec Léo, c'est rien. C'est souvent comme ça de toute façon : au début de l'année, on a une bande de potes puis à la fin de celle-ci, cê n'est plus tout à fait la même.

La fin de journée est agréable et nous profitons des quelques concerts organisés en plein air. C'est aussi vers cette heure-là que Léo doit aller voir ses tantes. Étant donné qu'il ne veut pas y aller seul vu tout ce monde, je l'accompagne. En réalité, je suis un peu intimidé de rencontrer des membres de sa famille. Après, ce n'est pas comme s'il allait dire qu'on est ensemble, mais quand même, c'est quelque chose !

— Léo !

Léo et moi nous retournons et je vois deux femmes venir vers nous. Aussitôt, elles nous sourient et je fais de même. On fait alors les présentations bateau.

— C'est Valentin, mon... mon ami.

Ça, c'était pas bateau par contre, ni prévu pour le coup. Surpris, je me tourne vers Léo qui arbore un petit sourire mignon que je lui rends, bien que gêné. Il est beau quand il est fier. Parce que sa phrase a appuyé sur le fait que je ne sois pas un ami, mais son ami. Ça me remplit de joie sur le coup d'ailleurs.

Je fais ensuite la bises à ses deux tantes, tandis que l'une des deux, Carole, si j'ai bien retenu, charrie mon copain :

— La fameux meilleur ami.

Léo ne commente pas, ce qui fait sourire sa tante. On parle alors de la journée et elle nous propose ensuite d'aller manger ensemble. Cependant, le châtain leur explique qu'on doit aller prendre le train avec les autres pour rentrer chez nous dès ce soir. Les deux femmes proposent alors de nous payer un autre train pour demain et de rester loger chez elles. Léo réfléchit puis me demande si ça me va, avant d'aller prévenir les autres.

C'est comme ça que je me retrouve au restaurant, en tant que copain officiel de Léo, avec ses deux tantes. Et franchement, c'est agréable d'être soi à ses côtés. Je ne savais même pas que ça pouvait être aussi agréable. Je crois que cette journée m'a d'ailleurs fait réaliser à quel point je me mentais à moi-même parfois. Je mens même à ma mère aussi, tout le temps au final. Pourtant, je réalise seulement aujourd'hui à quel point c'est agréable d'être soi. Je suis également content que la famille de Léo ait continué à me faire sentir bien ce soir. Ça en plus, du super bon repas et du super moment avec ses deux tantes.

Même si Virginie est plus réservée et silencieuse, la bonne humeur de Carole est contagieuse. Elle m'a posé beaucoup de questions, comme sur mes hobbies ou sur ce que je voulais faire plus tard. Bref, c'était bien et je suis encore tout sourire quand Léo et moi sommes allongés dans le clic clac du salon, après nous être douchés. Les cheveux secs car mon stupide copain m'a forcé à les sécher au sèche-cheveux - parce que « dormir les cheveux mouillés, c'est mauvais », je le cite -, je pose ma tête sur son torse. Comme souvent, il vient jouer avec mes cheveux et les coiffe.

— C'était une superbe journée, je soupire d'aise.

— Je suis bien d'accord.

— T'étais super beau cet aprèm.

Je me saisis de sa main puis en embrasse doucement le dos.

— T'es niais.

Je souris puis lève ma tête vers lui pour le regarder. On se sourit et il devient alors tout aussi niais que moi. Léo vient ensuite déposer ses lèvres sur les miennes et on échange quelques baisers tendres.

— Ça m'a fait du bien aujourd'hui.

Curieux, je veux en savoir plus :

— Qu'est-ce qui t'a fait du bien ?

Je remarque que Léo hésite avant de parler. Va-t-il lâcher une de ses bombes ? J'attends, patiemment mais un peu perplexe, sa réponse qui tarde.

— D'être moi. D'être moi avec toi.

— Moi aussi, ça m'a fait du bien, de savoir que c'était possible. J'aimerais qu'on soit tout le temps comme ça.

— Moi aussi.

Inquiet, je demande :

— Tu ne penses pas que ça le sera un jour ?

Encore un silence de sa part et ça me fait un peu mal.

— Je ne sais pas, j'espère.

Ne voulant ni me prendre la tête ni être blessé, je ne rajoute rien. La fatigue après toute cette euphorie commence à se faire ressentir, surtout avec des papouilles dans mes cheveux. Cependant, Léo me balance :

— J'ai parlé avec ma famille et elle serait d'accord pour que tu viennes en Vendée cet été.

Étonné, mes yeux s'ouvrent et je m'intéresse :

— Quand ça ?

— La troisième semaine de juillet, tu pourrais ?

— Oui !

— On fait ça alors.

— On fait ça, oui.

Honnêtement, je suis trop fatigué pour m'extasier alors que c'est une superbe bonne nouvelle. Enfin, je vais encore rencontrer de la famille. Surtout que, comme c'est en Vendée, c'est celle de la mère de Léo, alors ça promet. C'est pas là-bas qu'on sera nous, comme aujourd'hui.

Mais, déjà, j'ai vécu un jour aux yeux de tous comme le copain de Léo. Comme quoi, c'est possible.

Serre les dents putain, montre que t'es pas un pantin
Tu peux faire c'que tu veux, vas-y explose et fous l'feu
Serre les poings gamin, sans te cacher pour un rien
Tu peux faire simple au lieu de te figer sur ce bleu, hé
 

(...)

S'tu veuuuux...

Ce n'est pas grave si tu ne te réveilles pas tout seul
Si à côté de toi c'est un gars et que t'as la larme à l'œil
Ce n'est pas grave si tu te pensais beaucoup trop jeune
Pour que ce sodome te la mette gentiment et sans battle
Ce n'est pas grave si quand tu dors tu rêves trop qu'au lit qu'il te touche, qu'il t'adore tout pareil que ta p'tite copine
Ce n'est pas grave si, encore ce matin au réveil, tu te lèves d'une gaule mais il manque le E de Gaëlle
Ce n'est pas grave si tu t'es surpris à regarder papa

Ce n'est pas grave si tu t'entêtes à t'dire qu'c'était juste comme ça
Ce n'est pas grave si tu bluffes quand tes potos se montrent sans bas
Ce n'est pas grave si t'as chaud et si ça te vient à chaque fois, ah-ah-ah

Sans le vivre, ben ça c'est grave
Et ça c'est pire que rester à mentir dans le sort qu'on se nie tout bas

Ce n'est pas grave si avant tu disais qu'c'était sordide
Qu'c'était que dans les télé-réalités qu'c'était possible
Ce n'est pas grave si, maintenant c'est devenu ton réel
Qui te revient à la gueule, alors qu't'approches la quarantaine

Ce n'est pas grave si t'as glissé sur le porno d'à côté
Ce n'est pas grave si tu te dis qu'c'était sans faire exprès
Ce n'est pas grave si une bite apparaît sur tous les onglets
Ce n'est vraiment pas grave
Et même si tu commences à bander

(...)

Ce n'est pas grave si tu aimes mater ton voisin
Plus que des mains dans le dos
Une main dans l'sac et mine de rien
Ce n'est pas grave si tu l'appelles mon p'tit lapin
Et tu effleures son p'tit machin qui collerait bien avec le tien
Ce n'est pas grave si tu sens des envies passagères qui te restent dans la tête
Plus fort que c'que t'as serré hier
Ce n'est pas grave si, tu stresses quant à la manière dont tu vas dire a ta mif
Tu t'intéresses à des derrières
Ce n'est pas grave si tu penses à sauter ton meilleur ami
Ce n'est pas grave si tu t'avoues qu'Sabrina n'est plus jolie

Ce n'est pas grave si tu regrettes les deux doigts que tu t'es mis

Ce n'est vraiment pas très grave si tu restes focus sur Jimmy

(...)

Ce n'est pas grave si tu rougis fort dans les vestiaires
Car tu te sens d'venir tout dur devant le leur qui est à l'air
Ce n'est pas grave si tu préfères la jouer solitaire
Pour t'toucher dans la cabine une fois pour te la faire taire
Ce n'est pas grave si ta toute première fois était trop sombre

Ce n'est pas grave si ta seconde fois met à jour ta part d'ombre
Ce n'est pas grave si ton énième fois n'est toujours pas féconde
Ce n'est vraiment pas grave même si on t'insulte sur ta tombe

(...)

Sans le vivre, ben ça c'est grave
Et ça c'est pire que rester à mentir dans le sort qu'on se nie tout bas

🏳️‍🌈 Coucou tout le monde, j'espère que vous allez bien !

Désolée pour le retard du postage de ce chapitre. De base, je voulais le publier le 12 juin en hommage aux attentats d'Orlando, mais j'ai eu des problèmes de train alors j'étais trop fatiguée pour corriger le chapitre.

Assez parler de moi, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Je vous dis à vendredi pour la suite !

D'ici-là, portez-vous bien,

L :") 🏳️‍🌈

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