Chapitre vingt-quatre

— Alors, tu voulais me voir pour quoi ? me demande ma médecin généraliste.

Honnêtement, je suis un peu gêné parce que je suis là pour demander une prise de sang pour me faire dépister. Ce qui sous-entend que je vais avoir un rapport sexuel. Bien que j'en ai déjà eu cet été, protégés, j'aimerais bien le faire sans préservatif étant donné qu'on dit que c'est largement mieux. Donc, autant vérifier que je n'ai rien.

— C'est pour une ordonnance pour me faire dépister.

— Oki, on va faire ça alors. On va aussi profiter pour faire un contrôle de routine.

Je hoche la tête tandis que j'enlève mes chaussures. Je me fais alors peser, mesurer, prendre la tension et tout le bordel. Elle ne relève rien d'anormal alors on retourne à son bureau où elle tape des choses sur son ordinateur.

— Pourquoi tu veux te faire dépister alors ? elle me demande gentiment.

— Parce que j'aimerais bien ne plus mettre de préservatif au bout d'un moment.

— Ok. C'est un partenaire régulier ?

— Euh oui, on est ensemble.

— Et ça va, ça te stresse pas trop ?

— Non.

En même temps, je l'ai déjà fait. Après, c'est vrai que c'est pas pareil avec Léo. Du moins, j'y avais jamais trop réfléchi mais c'est sûrement pas pareil car je l'aime. C'est bon, elle m'a stressé maintenant...

— Si tu as des questions à ce sujet, tu n'hésites pas, hein, d'accord ?

— Oui.

— Et puis, il faut qu'elle pense à prendre rendez-vous avec un gynécologue.

— Elle ? je fronce les sourcils.

Le mot sort tout seul de ma bouche, parce que j'avais tellement Léo en tête que je n'ai pas compris de qui elle parlait. Elle parle de la copine qu'elle pense que j'ai ? J'en sais rien, bordel, c'est encore plus gênant. Après, j'aime bien ma médecin traitante parce que c'est la même depuis que je suis petit alors ça ne me dérange pas trop qu'elle sache.

— Je parlais de ta copine.

— Ah.

— J'aurais peut-être dû dire copain ? elle comprend rapidement.

— Oui, je rougis un peu.

— Oki, donc il faut que lui aussi pense bien à se faire dépister.

— Il va le faire aussi.

— Ok, c'est bien.

Elle écrit encore quelques trucs puis imprime l'ordonnance. Elle me demande ensuite :

— Et ça va, ça se passe bien avec ton copain ?

Elle veut quelle version ? En vrai, quand il me rejette pas, ça va. Quand sa mère et sa grande sœur ne sont pas là, ça va aussi. Allez, on va dire qu'en général, ça va. Je mets quand même un peu de temps à répondre mais finis par lui avouer, honnête :

— Oui, ça va. Il y a parfois où c'est compliqué.

— Pourquoi c'est compliqué ?

— Parce qu'il a du mal à assumer.

— À assumer quoi ?

— Bah qu'il est gay, je réponds comme si c'était une évidence.

— Et toi, ça va par rapport à ça ?

— Ouais, je crois que ça va oui.

La docteure hoche la tête et souffle un « c'est bien » en souriant. Puis, soucieuse, elle pose encore une question :

— Comme ça peut être compliqué dans certaines familles, je te pose la question : ça va avec ta famille par rapport à ça ?

Aussitôt qu'elle pose la question, je ne bouge plus. Oula, bonne question puisque ma mère croit que je sors avec une fille parce que je lui ai dit que c'était le cas...

— Bah en fait, personne ne sait.

Et après, je dis que j'assume. J'admets que mon discours paraît assez incohérent.

— Tu ne veux pas leur dire ?

— Je sais pas. Ça me paraît juste plus simple comme ça.

— De toute façon, tu fais comme tu le sens, hein. Si jamais, ça te pose un problème quelconque, tu m'en parles ok. Et si tu as besoin de parler de ça ou d'autres choses qui peuvent te tracasser, tu me fais signe aussi, ok ?

— Oui, oui. Mais en vrai ça, je sais même pas pourquoi je le dis pas en vrai.

Ma médecin me sourit puis on se lève avant de se serrer la main et que je parte, l'ordonnance en main. Quand je rentre, ma mère me demande :

— Au fait, c'était pour quoi le rendez-vous avec la médecin ?

Tout en enlevant mes chaussures, je lui dis la vérité.

— Attends, pourquoi tu veux te faire dépister maintenant ? elle sourit grandement. Tu te serais pas remis avec Léa par hasard ?

Gêné, j'admets à moitié :

— Si.

— Tu es heureux alors ?

— Oui, je souris. Mais-

Il faudra bien que je lui dise un jour alors pourquoi pas maintenant. Sauf que je lui ai menti et ça paraîtra vraiment débile je lui dise la vérité maintenant. Alors je ne rajoute rien d'autre et file dans ma chambre. Déjà, je l'ai dit à ma médecin, c'est pas si mal. En fait, pour une raison que j'ignore, je trouve dur d'avouer à ma mère que je sors avec mon meilleur ami. En plus, elle a vraiment pas l'air de s'en douter alors je me demande quelle réaction elle aurait. C'est vrai, j'ai un peu peur de sa réaction, et de celle d'Emma. Est-ce qu'elles penseraient comme une partie de la famille de Léo ? Si c'est le cas, ça me terroriserait.

En réfléchissant à cela, je réalise alors deux choses très importantes. Un, j'ai effectivement peur de dire à ma famille que je sors avec Léo et donc que je suis gay parce que j'ai peur de leur réaction, notamment qu'elles me rejettent. Deuxièmement, je me dis que ça doit être dur pour Léo parce que, lui, il sait déjà la réaction de sa mère et de sa grande sœur en général et qu'elle est négative. Je devrais effectivement être moins dur avec lui quand il me rejette à cause de ça. Surtout qu'il est aussi croyant et pratiquant et, de ce que j'en sais, la religion n'est pas hyper tolérante envers les gays. Je réalise alors que j'aurais peut-être dû essayer de comprendre pourquoi Léo m'a rejeté au lieu de me mettre en colère, de le rejeter en retour et, pire, de le rendre jaloux. J'ai peut-être été stupide. En tout cas, là, tout de suite, je me sens stupide.

*

   Ça fait plus d'une semaine, et Léo et moi sommes toujours ensemble. Vraiment, j'ai encore un peu de mal à y croire parfois. Surtout que, comme en février, on ne s'affiche pas alors on a seulement quelques gestes d'affections quand personne ne nous voit. C'est parfois d'ailleurs assez amusant. Personnellement, j'aime bien faire des petits gestes discrets ou prendre au dépourvu Léo dès que je peux. Au fond, même s'il fait le choqué à chaque fois et qu'il se venge toujours par une petite tape, je sais que ça le fait sourire.

On est actuellement posés dans la cafétéria avec les gars étant donné qu'on a une heure de trou et je m'amuse à pincer la cuisse de Léo. La difficulté du jeu est que Léo ne doit pas réagir. Moi, ça me fait rire en tout cas de le voir résister à la légère douleur que je lui inflige. J'écoute d'ailleurs pas vraiment ce que les autres disent jusqu'à qu'Estéban me fasse remarquer que j'écoute rien.

— Si, si, j'écoute.

— Je disais quoi alors ? il me sermonne comme un gamin.

Je lui fais alors un petit doigt d'honneur, mais Léo me claque la main pour que j'arrête de faire ça. Je lui lance alors un regard du genre « quoi ?! » et lui me répond, toujours pas le regard, « arrête de faire ce genre de geste obscène », ce à quoi je réponds « c'est pas grave, c'est bon » et lui « si c'est grave ! ». En gros, c'est ça que voulaient dire nos regards je dirais.

— Nan mais dîtes le si on vous fait chier, ironise Chris.

Léo et moi nous retournons alors au même moment vers les gars et remarquons que Chris, Caleb et Estéban nous fixent. Qu'est-ce qu'on a fait encore ? ! Ils devraient être contents qu'on se fasse plus la gueule.

— Je sais pas si je préfère quand ils se font la gueule ou quand ils sont comme ça, soupire Estéban.

— Nan, mais on est là, je vous ferais dire, je m'abuse.

— Nous aussi, on est là, se moque Caleb et je lui lance un faux regard noir.

— Nan, mais en vrai, vous vous comportez comme un petit couple ces derniers temps, c'est fou.

Aussitôt, je me fige. Cette blague est trop proche de la réalité pour que j'en ris. Léo réagit de la même manière et finit par me regarder, un peu paniqué visiblement. Je le rassure alors en le touchant discrètement sa cuisse de mon pouce et par un petit regard. Léo me lance alors des grands yeux tandis que je lui fais comprendre que c'est ok.

— À croire que vous en êtes un, hein, insiste notre ami.

— On a compris, c'est bon, le rembarre Caleb.

— Nan, mais c'est vrai, on-

— On est ensemble !

Un silence s'abat sur le groupe tandis que tout le monde fixe Léo, y compris moi, incrédules. Mais qu'est-ce qu'il vient de dire ? ! À mon tour de lui faire les gros yeux ! Alors, effectivement, on a pas reparlé du fait de garder notre relation secrète, mais je pensais pas qu'on ferait comme la dernière fois : ne rien dire. Je n'en reviens pas qu'il vienne de le dire aux gars.

— Quoi ? ! s'exclame aussitôt Estéban.

— On est ensemble, c'est peut-être pour ça qu'on a l'air d'être ensemble.

La tête d'Estéban est trop pour moi alors je ne peux pas m'empêcher d'exploser de rire.

— Vous vous moquez de moi, c'est ça ? essaye de comprendre notre ami face à ma réaction.

Je décide alors de prendre la parole :

— Je me fous effectivement de ta gueule, mais pas sur le fait qu'on soit ensemble.

— Mais j'y crois pas. Enfin, bordel, enfin !

Estéban, après avoir été surpris, s'extasie face à la nouvelle. Il ressent pas les choses à moitié lui ! De suite, il jette un regard à Caleb et le nargue :

— Tiens, je te l'avais bien dit qu'ils finiraient ensemble !

Caleb se contente de hausser les épaules tandis que Chris intervient aussi, visiblement lui aussi étonné :

— Et bien, vous aurez mis un mois à vous remettre ensemble !

— Remettre ? ! s'étouffe presque Estéban.

Léo paraît plus timide maintenant alors je prends le relais, expliquant enfin à mes amis la situation :

— Bah on est sortis ensemble jusqu'à février, jusqu'aux vacances.

— Je savais bien qu'il y avait eu quelque chose, réplique Estéban.

— Tout le monde avait compris Estéban, lui fait remarquer Caleb.

— Attends, mais comment tu sais qu'ils étaient ensemble ? questionne Estéban envers Chris.

Même moi, je remarque que Léo se le demande. Je lui réponds par le regard " je t'expliquerai plus tard ". En effet, ça sonne de toute façon alors on se rend tous en cours. Léo et moi sommes devant et nous rendons en cours, tous deux un sourire aux lèvres.

— Putain, tu m'as bien eu, je lui souffle.

— Il n'y a pas que toi qui peut être surprenant.

Léo me lance un clin d'œil puis rentre dans la salle de cours. Pour le coup, c'était surprenant. Surtout, inattendu. J'en suis d'ailleurs sur le cul toute la journée je crois. Chris me parle aussi de ça à peine on se retrouve tous les deux dans le bus pour rentrer chez nous.

— Je comprends mieux pourquoi on se voyait moins tous les deux.

À son ton, je comprends qu'il y a une part d'amusement, mais également une de reproche. Cependant, je décide de ne pas relever la deuxième. Je lance alors un petit sourire gêné à Chris.

— Qu'est-ce qui l'a poussé cette fois-ci ?

— Comment ça ? je demande, confus.

— Je sais pas, je demande ça parce que la dernière fois, il a fallu que je le titille pour qu'il réagisse enfin alors peut-être que quelqu'un d'autre l'a fait cette fois.

Cette idée ne m'enchante pas du tout, mais maintenant qu'il le dit, ça me fait réfléchir. C'est vrai, qu'est-ce qui l'a fait changer d'avis pour nous deux ? Franchement, dans son entourage, à part Jeanne, je vois pas. Mais est-ce que Léo a vraiment besoin de quelqu'un pour me vouloir ? Je n'aime pas cette idée et le fait bien comprendre à Chris :

— C'est pas un gamin, il sait ce qu'il veut.

— C'est pour ça qu'il t'a quitté pour retourner avec toi...

Je lance alors un retard noir à Chris qui se défend :

— Désolé de dire la vérité.

Le reste du trajet en bus est plutôt silencieux et lorsqu'on arrive bientôt à l'arrêt de Chris, ce dernier me demande :

— J'imagine que je te propose pas de venir chez moi.

— Pourquoi ? je demande, ne comprenant pas ce qu'il insinue.

— Maintenant que t'es avec Léo, tu auras moins de temps pour moi et vu comment Léo m'adore, ça m'étonnerait qu'il veuille bien que tu viennes chez moi.

Sa remarque m'énerve, encore, et je le lui fais remarquer en répliquant :

— Léo ne contrôle pas ce que je fais.

Mais c'est vrai que je pense que je vais moins aller chez Chris. C'est vache, mais forcément, je vais avoir moins de temps pour lui et, oui, effectivement je sais que ça fait chier Léo quand je vois Chris tout seul. Quand je lui en avais parlé, il m'avait dit qu'il n'appréciait pas l'idée, notamment parce que je fume de la beuh avec lui. Cependant, par fierté, je n'ai pas envie que Chris croie que je suis le petit toutou de Léo alors j'accepte de venir chez lui. Ça a l'air de ravir le blond, chose que j'ignore.

On se pose alors dans sa chambre et mangeons des céréales près de sa fenêtre. Chris roule ensuite un joint mais je l'avertis :

— Je fume pas.

— Allez, ça commence.

Je lève les yeux au ciel puis lui demande d'expliciter sa remarque.

— À peine, t'es avec lui que tu changes déjà pour lui.

— Je change pas pour lui, c'est juste que, que...

J'ai dû mal à trouver une bonne raison valable tandis que Chris allume et tire sur son joint. Voulant lui montrer encore une fois que je ne suis pas un foutu toutou, je tire sur son joint. Au final, je le finis avec Chris, ce qui paraît l'amuser. Et voilà, le retour de son sourire de connard que je trouve insupportable ! Tandis que nous sommes toujours assis près de sa fenêtre, le blond me demande :

— Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble du coup ?

Je réfléchis alors un petit moment. C'est assez facile à savoir du fait du SMS de Léo et Jeanne le lendemain de quand Léo m'a fait son speech : le 13 avril. Et comment on est le 23, ça fait donc dix jours. Je le dis donc à Chris.

— Tu sais le nombre de jours précis, putain, il se moque, Vous allez le mettre dans votre bio Instagram aussi ?

Chris se marre et je le fusille encore une fois du regard puis lui fais remarquer :

— Tu crois vraiment que Léo mettrait mon nom et ce genre de conneries dans sa bio ?

— Nan, déjà il a eu les couilles de dire que vous êtes ensemble, faut pas trop lui en demander. J'en reviens toujours pas d'ailleurs qu'il l'ait dit.

— Moi, non plus, j'avoue honnêtement.

— Ça s'est vu à ta tête.

— Tu m'emmerdes.

Mon insulte ne semble pas l'atteindre et il continue même :

— C'est marrant parce que je commence de plus en plus à croire, enfin à constater en fait, que Léo a plus de couilles que toi.

— C'est vachement marrant, oui, j'ironise. Tu parles de couilles, mais, toi tes parents savent que t'es gay ?

Aussitôt, Chris se braque et je suis partagé entre penser que c'est bien fait pour sa gueule, mais aussi préoccupé que ça ait l'air d'être un problème dans sa famille.

— Et toi, ils savent ? réplique le blond, reprenant son air moqueur.

— T'as pas répondu à ma question.

— Toi, non plus.

En parlant de parents, l'un des siens doit arriver car j'entends une porte claquer. Je fais alors signe à Chris que je vais partir. C'était bizarre comme moment tous les deux. Je pars alors assez rapidement et salue la mère de Chris en partant.

Marchant jusqu'à chez moi, je remarque un SMS de la part de Léo. Je souris automatiquement puis me refroidis tout aussi tôt en voyant son contenu.

De Léo à Valentin
18h07 T'es sérieux de fumer un joint avec Chris chez lui ?
18h08 Je te dis l'autre jour que ça me soule et tu le refais !

De Valentin à Léo
18h47 Comment tu sais ??
18h48 C'était pas prévu, désolé :/

De Léo à Valentin
18h49 Snap.
18h50 Fin, il t'a pas forcé j'imagine donc tu aurais pu refuser...

De Valentin à Léo
18h51 Typique de Chris ça, il t'a envoyé ça pour te faire chier, tu devrais le savoir. Rentre pas dans son jeu :/

De Léo à Valentin
18h52 Et toi, rentre pas chez lui !!

Ne sachant pas que répondre et ne sachant pas non plus si Léo m'en veut vraiment, je lui téléphone. Ça me ferait chier s'il me faisait vraiment la gueule.

« — Quoi ? » il répond d'un ton boudeur.

« — Tu me fais vraiment la gueule ?

— Un peu, ouais.

— Je suis désolé.

— C'est trop tard, c'est fait maintenant. Je suis surtout saoulé parce qu'on en a parlé l'autre jour et que tu l'as fait quand même.

— Oui, mais j'ai aussi le droit de faire ce que je veux. » je tente de dire, le plus calmement et gentiment possible pour ne pas qu'il s'énerve. « Je comprends que ça te saoule que je fume de la beuh en semaine, mais ça ne t'impacte directement alors ne te prends pas la tête pour ça, ok ?

— Si, ça me prend la tête, Valentin ! Ça me prend la tête parce que tu fous ta santé en l'air en te droguant. En plus, ça veut dire que t'es tout seul avec Chris et, ça aussi, ça me saoule.

— T'es jaloux ? » je souris comme un gosse, relevant seulement cette partie de ce qu'il a dit.

« — En même temps, il passe son temps à te draguer. Qui sait ce qu'il fait quand vous êtes que tous les deux !

— Il me suce. » j'embête Léo pour détendre l'atmosphère.

« — Je te déteste, Valentin Armez !

— Nan, tu m'aimes.

— Nan, je te déteste.

— C'est toi qui es méchant en fait. » je le boude à mon tour.

« — Si tu faisais pas et disais pas des conneries aussi.

— Du coup, quand j'en dis pas, tu m'aimes ?

— Ça se pourrait oui. »

Aussi, un sourire se dessine sur mon visage. Puis, je repense à ma conversation plus tôt avec Chris et ose demander :

« — Au fait, qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis pour nous deux ?

— C'est-à-dire ?

— Pourquoi tu es revenu vers moi ?

— Pourquoi tu me demandes ça maintenant ?

— Parce que. Allez dis-moi.

— Dis-moi d'abord pourquoi tu me demandes ça et après je te dirai.

— Promis ?

— Oui, promis.

— Parce que la dernière fois, t'es venu grâce à Chris. Et là, est-ce que quelqu'un t'a fait changé d'avis ?

— Je dirais pas changé d'avis, juste admettre ce que je voulais : toi.

— Donc c'est encore grâce à quelqu'un ? » je demande confirmation, un peu déçu.

« — Tu peux voir les choses comme ça.
Perso, je le vois plus comme mettre des mots sur ce que je pensais. Je veux dire, si je n'avais pas vraiment voulu revenir vers toi, je ne serais pas venu peu importe mes discussions avec Jeanne.

— Pourquoi tu n'es pas revenu pendant un mois alors ? »

Léo pousse un soupire puis râle :

« — On est vraiment obligés de parler de ça ? au téléphone en plus ?

— Non, on est pas obligés, mais je pense que c'est important. J'y ai pensé l'autre jour et je voudrais d'ailleurs m'excuser pour mon comportement pendant ce un mois sans toi. J'étais tellement blessé et en colère que je n'ai même pas réfléchi à pourquoi tu m'avais laissé et si, toi aussi, tu étais blessé. Alors, désolé pour ça. »

Un petit silence joue puis Léo finit par reprendre la parole.

« — Merci de t'excuser parce que c'était vraiment pas drôle de te voir si proche de Chris...

— Je sais, j'ai été con. Mais j'avais l'impression que c'était la seule manière de te faire réagir...

— Je sais, ça aussi, c'est pour ça que je t'en veux pas.

— Tu veux me dire pourquoi tu es parti alors ?

— Je sais pas, pas maintenant, je crois.

— Ok, une autre fois alors.

— Merci, Valou'. »

Je souris à son surnom, mais aussi à sa façon si sincère de me remercier. Je réalise alors, avec fierté, que j'ai accepté qu'il ne réponde pas à ma question. Pour une fois, je ne le pousse pas trop et respecte sa décision. Chose que je devrais faire plus souvent...

Pour changer de sujet, je lui pose une autre question :

« — Au fait, pourquoi tu as dit aux gars pour nous ?

— Désolé si je n'avais pas dû, c'est juste sorti comme ça.

— Nan nan, ça me dérange pas. Je m'y attendais juste pas.

— Moi, non plus à vrai dire. Je voulais juste leur clouer le clapet à se moquer de nous.

— Ça a marché pour le coup. Estéban t'en a reparlé ?

— Il me harcèle de messages depuis, oui ! Il me fatigue. » j'étends Léo sourire quand il dit cela et j'en fais de même. C'est tellement Estéban. « Il veut qu'on se voie samedi midi pour manger ensemble. Je sens que je vais subir un véritable interrogatoire !

— Ça, c'est sûr. Du Estéban tour craché quoi ! Je devrais peut-être en parler avec Caleb aussi. Je vais peut-être en profiter pour le faire aussi samedi midi.

— Vous en avez pas parlé ?

— Non, pas encore.

— D'ailleurs, pourquoi Chris savait déjà qu'on était sorti ensemble ? »

Oula, je devine d'ici son mécontentement. Pourtant, ce n'est pas si grave, si ? J'ai l'impression que quoi que je réponde ça ne va pas lui plaire de toute façon parce que ça inclut Chris. Alors bon...

« — Parce que c'est sorti une fois. Et puis, je te rappelle qu'il nous a quand même aidés sur ce coup-là.

— D'ailleurs, je comprends toujours pas pourquoi il a fait ça. Pourquoi il nous a aidés alors qu'il te drague ?

— Peut-être qu'il est pas intéressé par moi au fond et que c'est juste pour m'embêter.

— J'en doute. T'es trop naïf.

— Et toi, trop jaloux. »

J'entends Léo soupirer et ça me fait sourire. J'arrive chez moi et j'en informe d'ailleurs mon interlocuteur.

« — Je vais te laisser alors, à demain.

— À demain, Lou. »

C'est con, mais on reste quelques secondes à ne rien se dire, à juste apprécier d'être avec l'autre puis je raccroche. Je suis alors tout sourire quand j'arrive chez moi. Forcément, ma mère le remarque et, forcément, elle fait le lien avec ma copine fictive. J'ai donc le droit à des questions au moment du repas.

— C'est quand que je la rencontre ?

— Jamais.

— Valentin, sérieusement, je serai gentille avec elle. Je veux juste rencontrer ta première copine, tu pourrais être plus sympa que ça !

— Même elle, elle veut pas venir. Je te l'ai dit, on se voit qu'à l'extérieur.

— Vous allez pas avoir des rapports à l'extérieur quand même ?

Ne comprenant ce qu'elle veut dire, je relève la tête vers elle pour la regarder, perdu. Elle clarifie alors, un peu amusée :

— Tu veux te faire tester donc ça veut dire que tu veux avoir des rapports avec elle. Mais tu me dis que vous vous voyez toujours à l'extérieur. Donc, j'espère bien que vous allez pas faire ça dehors, c'est illégal.

Nan, mais pourquoi ma mère c'est Sherlock ? ! Voilà comment je m'enfonce encore plus dans mes mensonges. Elle pose trop de questions aussi ! Je rajoute alors un autre mensonge, à la liste qui s'allonge de jour en jour :

— Ok, on est déjà allés chez elle.

— Ah, voilà, je savais bien qu'il y avait anguille sous roche !

Je lève les yeux au ciel tandis que ma mère paraît concernée de la situation :

— Mais pourquoi elle vient pas ici alors ? Je te fais honte ?

— Mais non, c'est juste que j'ai pas envie et puis, tu sais, je suis allé que quelques fois chez elle.

Je vois bien que ma mère est vexée alors, avant d'aller me coucher, je lui fais un petit câlin. Je vois que ça lui fait plaisir alors je m'en veux un peu plus de lui mentir. Et si, moi aussi, je portais mes couilles un jour ?

🧑‍⚕Coucou tout le monde, j'espère que vous allez bien !

Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Du RDV avec la médecin ? De l'annonce de Léo aux gars ? Des réflexions internes de Valentin ?

Je vous dis à la semaine prochaine pour un nouveau chapitre,

D'ici-là, portez-vous,
L :")🧑‍⚕️

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