Chapitre vingt-et-un (1/2)

PDV Léo

     Lorsque je vais à la piscine le vendredi soir, j'appréhende un peu. Je ne le devrais pas, mais je sens pourtant mon cœur battre plus vite dans ma poitrine lorsque j'arrive au bassin. Surtout que j'ai un peu honte parce l'autre soir, j'ai ajouté une musique à notre playlist, à Valentin et moi. Je ne sais même pas trop pourquoi, mais c'est arrivé. Faut dire que j'écoutais la musique et je me reconnaissais tellement dans les paroles que je l'ai ajoutée. D'autant plus que ça me semblait plus facile de lui parler ainsi que par message – comme ça je me trempe pas trop. Après tout, une chanson dans une playlist, ça ne peut rien vouloir dire non plus.

Bon, pensons à autre chose parce qu'il y a autre chose que Valentin dans la vie, dans ma vie. Je le remarque d'ailleurs finir sa longueur et je m'empresse d'aller poser ma serviette, loin de la sienne que je reconnais plus loin. Respirant un bon coup, je rentre ensuite dans l'eau fraîche et me place dans la ligne à côté de Valentin, qui a déjà recommencé à nager. Je place alors mes lunettes et me propulse à l'aide du mur pour nager.

Et comme d'habitude, ça me fait un bien fou. J'en oublie même d'ailleurs totalement Valentin, seulement à quelques mètres de moi, au bout de quelques longueurs. Se sentir comme un poisson dans l'eau prend pleinement son sens, car je me sens si bien sous l'eau. Je m'y sens bien parce qu'il n'y a plus de bruit, parce que je sens chaque partie de mon corps différemment que lorsque je suis terre, parce que je suis comme caché des autres sous l'eau. Je m'y sens vraiment bien, oui.

Après environ une heure de nage, je vais ensuite au jacuzzi, me détendre les muscles comme d'habitude. Au fond de moi, une petite pensée se tourne vers Valentin, du moins son absence. Après tout, ce n'est qu'un détail. Voilà, j'étais mieux sous l'eau, sans ce genre de pensée envahissante et énervante.

Lorsque je rentre chez moi, j'aide à la préparation du repas du soir, sans trop d'entrain étant physiquement fatigué.

— Tu n'es pas aller nager avec Valentin ? me questionne ma mère, qui coupe des légumes.

— Si, mais il est rentré chez lui après.

Ce qui est vrai, je ne mens pas pour le coup. On a bien nagé « ensemble » dans le sens où on était à la piscine, au même moment, à côté.

— Et vous voyez ce week-end ?

— Non, je pense pas, j'ai pas mal de travail.

Là, pour le coup, je mens. Je n'ai pas tant que ça de travail et je ne suis, de toute façon, pas du genre à passer mon week-end assis derrière mon bureau. Du moins, pas pour ce genre de travail.

— C'est pas plus mal, vous passez tout votre temps libre ensemble !

Je hausse les épaules et continue de mélanger les légumes dans la poêle. Je sais que ma mère est beaucoup plus critique à l'égard de Valentin depuis qu'il s'est percé l'oreille. C'est un truc tout con, surtout pour les gars de mon âge où c'est de plus en plus répandu, mais ça a posé problème à ma mère. Parce qu'elle a fait le rapprochement entre cette boucle d'oreille et le fait d'être gay, surtout que Valentin l'a fait à droite – du côté des gays. En vrai, on en a parlé avec Valentin et il ne savait même pas que se faire percer à droite avec une quelconque signification. Pour le coup, lui c'est vrai – il est vraiment gay.

En plus, une fois, agacé d'une énième remarque envers les gays échangée entre ma mère et ma sœur, je leur ai dit. Je leur ai dit que Valentin était gay, parce que, innocemment, je pensais qu'elles arrêteraient ce genre de remarques. Mais, au contraire, elles se sont mises à agir et parler différemment de Valentin, comme s'il n'était plus comme nous. Du coup, ça m'étonne pas qu'elle soit contente que je ne le voie pas ce weekend.

La seule de ma famille qui s'en fout que Valentin soit gay c'est Jeanne. Limite, elle trouve ça cool et elle pose des questions là-dessus. D'ailleurs, elle se préoccupe bien plus que ma mère du fait que je ne voie pas Valentin ce week-end. Elle m'en parle même lorsque nous finissons de regarder un film, dans sa chambre.

— Comment ça se fait que vous ne vous voyiez pas Valentin et toi ce week-end ?

— Tu sais, le travail.

— Justement, je sais, oui, et t'aimes pas travailler et encore moins pendant le week-end !

Je suis à la fois rassuré et inquiété de sa remarque : rassurée car cela montre bien qu'elle me connaît et inquiété parce qu'elle me connaît trop bien justement. Jeanne est une des rares personnes qui sait quand je joue un rôle et c'est parfois dangereux pour moi. Surtout que je suis le grand frère alors elle ne devrait pas se retrouver à gérer mes problèmes. Alors, comme je le fais si bien, je laisse mon masque en place.

— Effectivement, moi, j'aime pas travailler, mais lui, plus déjà.

— Hmm.

Je vois bien qu'elle n'a pas l'air convaincue alors je veux profiter de ce moment pour m'éclipser. Cependant, je n'ai pas le temps de bouger un seul orteil qu'elle rajoute :

— Valentin et Chris se voient beaucoup en ce moment.

— Et ? je demande, neutre.

Elle avait pas besoin de me le faire remarquer : les story Snapchat de Chris sont très explicites. Tout comme cette semaine au lycée où ces deux-là étaient vraiment copains comme cochons. J'avais vraiment l'impression que Valentin faisait exprès pour que ça m'agace en plus parce que je voyais ses petits sourires quand je n'arrivais pas à contrôler ma mâchoire de se serrer. Je ne comprends d'ailleurs pas vraiment pourquoi il fait ça. Il m'a dit qui m'aimait, mais du jour au lendemain, il fait tout pour m'énerver. S'il m'aimait vraiment, il n'essayerait pas de me faire du mal, non ? Je ne le comprends pas.

— Et, c'est bizarre qu'il passe autant de temps avec lui alors que vous êtes normalement toujours fourrés ensemble. Attends, me dis pas qu'ils sont ensemble ?

— Quoi ? Qui ça ? !

— Bah Valentin et Chris, t'es bête ou quoi ? ! C'est pas comme si toi et Valentin allaient sortir ensemble un jour... quoi que ça se réfléchit.

— Tais-toi, je l'arrête dans son délire trop proche de la réalité, non ils sont pas ensemble.

Rien que de le dire, ça me fait un haut au cœur. Et si ma petite sœur avait raison, et s'ils étaient ensemble ? Valentin ne me ferait pas ça, si ? D'un coup, je sens une bouffée de chaleur m'envahir. Nan, il ne me ferait pas ça quand même.

— Bon allez, je vais me coucher.

Je file alors cette fois-ci pour de bon, ne voulant pas discuter de ce genre de sujet davantage. Surtout que je ne pense qu'à ça lorsque j'essaye de dormir : Chris et Valentin, ensemble. Merci Jeanne ! Moi qui avais plutôt bien réussi à ne pas trop penser à Valentin de la semaine, voilà qu'il recommence à m'obséder. Cependant, je j'ai plus envie de penser à lui. Je joue alors la musique forte dans mes écouteurs afin de noyer mes pensées dedans pour m'endormir.

🎼Million eyes - Loïc Nottet🎼

     Le lendemain, le réveil est assez désagréable car j'ai rêvé de Valentin et Chris. Enfin, c'était un cauchemar : ils étaient ensemble et se tenaient la main devant tout le lycée tandis que je n'existais plus à ses yeux, à ceux de Valentin. Comment bien commencer une journée... Après un petit déjeuner devant des dessins animés, je pars me doucher puis décide de me poser sur mon bureau pour dessiner. Ça, comme la piscine, ça me fait du bien. Surtout que ma mère a accepté depuis l'année dernière que je prenne des cours de dessin. Jeanne m'a aidé à convaincre notre mère ainsi : si Jeanne a le droit à des cours de batterie, ce qui est de l'art, pourquoi je n'aurais pas le droit à des cours de dessin aussi ? Ma mère n'a jamais été fan du fait que je dessine. Pour elle, c'est un truc d'enfants qui ont la tête dans les nuages. Encore une fois, merci Jeanne. Quand je dis que, parfois, j'ai plus l'impression d'être son petit que grand frère...

Je mets une playlist de fond puis dessine ce qui me vient. Au final, ça devient un peu glauque. Je fais un petit être au milieu de ma feuille, aux formes anormales, entouré, mais à une certaine distance, de plein d'autres êtres tous pareil. Cependant, il y a plusieurs catégories : ceux ayant une croix autour du cou, ceux ayant un cœur dessiné au niveau de la cage thoracique et les autres, qui n'ont aucun un autre signe distinctif. Mais, tous ont cet élément commun d'avoir des grands yeux regardant le petit être du milieu.

Je ne prends même pas la peine de mettre de la couleur sur ce dessin, et me contente de tourner la page de mon carnet. Je n'aime pas ce que j'ai dessiné. Je recopie plutôt des personnages d'animé que j'aime bien et ça m'occupe une partie de la journée. Cependant, vers quinze heures, je dois bien avouer que je me fais chier, allongé sur mon lit. C'est vrai que, d'habitude, je passe la majorité de mon week-end avec Valentin alors je n'ai pas le temps de m'ennuyer.

Je réalise alors qu'il est vrai que je ne vois pratiquement que Valentin lors de mon temps libre. Ça m'allait bien d'ailleurs jusqu'à présent. Je m'apprête à proposer à Estéban de faire quelque chose cette aprèm, mais m'abstiens après quelques tentatives de messages ratés. En fait, j'ai même pas envie de bouger de chez moi. Je passe alors mon après-midi à enchaîner des épisodes d'animés jusqu'au repas où je suis encore plus silencieux que d'habitude.

Le soir, je refais comme la journée : animés. Cependant, lorsque je traîne sur mon téléphone, je remarque une story de Chris. J'y vois alors Valentin et Chris en train de manger une pizza chez Valentin, tout sourire. Et je ne sais pas trop pourquoi, mais j'explose en sanglots. Je crois que c'est la goutte de trop qui fait déborder mon vase et qui fissure surtout mon masque. Je pleure comme je n'avais pas pleuré depuis le séjour au ski, c'est même pire.

C'est pire, parce que cette fois, je n'ai pas Valentin à mes côtés. Valentin que j'ai quitté et avec qui m'a relation est pourrie depuis. Valentin qui est visiblement actuellement avec Chris tandis que je suis seul. Et plus je pense à pourquoi je suis seul, sans lui, plus je pleure parce que je me déteste. Je me déteste parce que je me suis éloigné de lui alors que je l'aime. Ça me fait pleurer de plus belle de penser que je l'aime. Ça me rend malade au point que je m'en arrache les cheveux.

Depuis août, c'est devenu un combat perpétuel en moi. D'un côté, il y a ma tête qui me dit que ce n'est pas bien ni raisonnable d'avoir ce genre de sentiment pour un garçon surtout lorsque j'en suis un, notamment vu ma famille et mes convictions religieuses ; d'un autre côté il y a mon corps qui réagit dangereusement à Valentin. J'ai besoin de le voir, d'être à ses côtés et même, plus honteusement, d'avoir un contact physique. Cependant, je me suis trop laissé emporter par mon corps, surtout pendant les vacances de février. Déjà, alléluia, je ne suis pas allé jusqu'au point de coucher avec Valentin.

C'est ce qui m'énerve avec lui : il repousse toutes mes limites que je me suis imposées. Je pensais avoir mes premiers contacts charnels avec la personne, la femme, avec qui j'allais me marier et lui, il débarque, et en seulement quelques semaines, je suis physiquement à lui. Je n'arrive pas à lui résister physiquement, surtout quand c'est aussi bien sur le moment. Le problème, c'est qu'après je culpabilise. Je me rappelle encore les douches à me frotter la peau jusqu'au sang après ses contacts charnels. En réalité, je le fais encore, comme si ça pouvait gommer ce que je n'aurais jamais dû faire.

Ce soir, je suis fatigué de me battre contre moi-même. Je voudrais que cette bataille cesse. Je pensais d'ailleurs qu'en quittant Valentin, cela allait me débarrasser de mes pensées déplacées à son égard, de mon attirance envers lui et de mon amour envers lui. Cependant, ce soir, en larmes, j'ai l'impression que je ne pourrais pas y échapper et je déteste ne pas pouvoir contrôler cela. Je déteste Valentin autant que je l'aime, bordel !

*

     Valentin me met dans un état qui s'empire de jour en jour. Si cette première semaine sans lui allait, j'ai l'impression que maintenant c'est tout le contraire. Je l'impression que je ressens seulement maintenant la douleur de l'avoir perdu et ça ne m'aide pas de voir cette perte, tous les jours, juste en face de moi.

Cependant, j'ai l'impression qu'il me cherche moins cette semaine, comme s'il avait arrêté de vouloir m'énerver. Ça me permet d'avoir un peu de répit côté colère sachant que je passe mes soirées à pleurer. A la fin, je ne sais même plus pourquoi pleure, juste je pleure. Sûrement parce que j'en ai marre d'être moi-même. Le lendemain, je mets de l'anticerne, que je pique discrètement à ma mère, et personne ne remarque mes yeux bouffis.

Je ne parle plus beaucoup dans la bande non plus et rentre dès que possible chez moi pour pleurer, encore. Je ne savais pas que j'avais tant de larmes en moi.

Cependant, je fais une exception pour ce mercredi midi en ne rentrant pas directement chez moi après les cours. C'est devenu une habitude du mercredi après-midi avec les gars qu'on mange ensemble puis qu'on fasse un truc comme du foot par exemple. Alors, je me force et reste manger avec eux le midi. Je prends des falafels et pas un kebab douteux comme les autres. Nous allons ensuite nous asseoir sur un banc pour manger et je me perds complètement dans mes pensées.

Je me reconnecte seulement aux autres lorsque Chris propose qu'on fasse un foot. Je m'apprête d'ailleurs à dire que je vais rentrer chez moi, mais Estéban me propose d'aller chercher un ballon chez lui, juste à côtés. À contre cœur, j'accepte et le suis donc jusqu'à chez lui. C'est d'ailleurs un peu gênant car aucun de nous ne parlons. Depuis quand c'est gênant entre nous deux ? Ça se voit qu'il se retient de ne pas me dire quelque chose dont j'ignore le contenu.

Alors, en silence, on récupère le ballon et on file ensuite au terrain de football habituel. Allez, ça va me faire du bien un peu de sport. Je prends d'ailleurs la partie assez au sérieux et tape chaque fois plus fort dans la balle lorsque Chris et Valentin interagissent. C'est vraiment nécessaire pour Chris de parler aussi près à Valentin ? Valentin n'est pas sourd que je sache ! Alors, je serre la mâchoire et me contente de taper plus fort dans la balle notamment quand je tire. Cependant, à un moment, Valentin, qui est au goal, ne se déplace comme je l'avais prévu et se prend le ballon en plein dans le ventre.

Instinctivement, je veux me précipiter vers lui, surtout lorsqu'il s'écroule au sol. Néanmoins, Chris est plus rapide que moi et ça me fige littéralement sur place. Depuis quand Chris a pris ma place ?

Valentin finit par relever sa tête vers moi et me crie dessus :

— Mais t'es con ou quoi putain ? !

— J'ai pas fait exprès, je me défends lamentablement.

— Encore heureux !

Je me contente de le fixer, ne sachant que faire ou dire de plus. Ça aussi, depuis quand je perds autant mes moyens face à Valentin ? J'observe alors Chris poser sa main droite autour de la taille de Valentin tandis que sa main gauche tire le bras. Même si c'est pour aider Valentin à se relever, ça fait beaucoup de contacts physiques pour quelqu'un qui s'est pris qu'une balle dans le ventre. Quel profiteur ce Chris ! Il a pas d'autres mecs à se taper et à s'occuper ? !

Valentin part alors s'asseoir sur un banc à côté tandis que je n'ai toujours pas bougé. Cependant, il revient rapidement sur le terrain. Voilà, Chris n'aurait pas dû en faire tout un foin pour un ballon dans le ventre ! Il est pas en sucre non plus, quoique, c'est vrai que le corps de Valentin est parfois d'une fragilité étonnante à mes yeux. Par exemple, si on se chamaille, je peux lui faire des bleus sans même le vouloir. C'est vrai qu'avec la hargne que j'ai mis dans son ballon, le mécheux est bon pour un sacré bleu voire hématome.

La présence de Valentin se fait bien ressentir surtout lorsque je me retrouve au sol. Je comprends rapidement, à son petit sourire victorieux, qu'il vient de me tacler, volontairement ! Mais il est stupide cet enfant, c'est pas possible ! Écroulé au sol, j'aborde sûrement une mine choquée.

— Ça va, j'ai pas fait exprès, répète mot pour mot Valentin par rapport à ce que j'avais dit plus tôt.

Toujours sous le choc, je me contente de me relever et de l'ignorer. Toutefois, Estéban n'a visiblement pas envie d'ignorer ces deux accidents car il craque :

— Mais vous faîtes chier tous les deux !

Je stoppe alors tout mouvement, encore une fois, et fixe mon ami, étonné. C'est rare qu'Estéban s'énerve et encore plus qu'il dise des vulgarités. Et bien quelle séance de foot mouvementée !

— Vous pouvez régler vos histoires comme des grands au lieu de pourrir complètement l'ambiance ? ! Nan, mais sérieusement, vous avez quel âge à vous blesser comme des idiots ?

Un peu désemparé face à la situation, je répète :

— J'ai pas fait exprès !

Cependant, Valentin répond exactement la même chose au même moment, ce qui nous fait perdre toute crédibilité. Notre ami commun le souligne d'ailleurs :

— Exactement de quoi je parle : des idiots ! Et perso, j'en ai marre, vous faîtes chier !

Je fixe, ahuri, Estéban saisir son enceinte puis son ballon et s'en aller. Je suis encore plus ahuri lorsque Caleb le rejoint. Alors, Chris, Valentin et moi restons quelques instants sur le terrain, à fixer nos amis partir. La pluie, qui avait déjà commencé il y a quelques minutes, s'intensifie alors nous partons tous les trois chercher nos sacs. Et ces deux-là partent aussi, ensemble, sans un mot à mon égard.

Et je crois que je me suis jamais senti aussi seul avec mes amis : ils sont tous partis avec quelqu'un, alors que moi, je suis seul. Ça me serre le cœur, surtout de voir Valentin partir avec Chris. Ça aurait dû être moi. Essuyant rageusement les quelques larmes coulant sur mon visage, je me dépêche de rentrer chez moi afin de ne pas être davantage mouillé.

Cependant, il faut bien avouer qu'une fois arrivé chez moi, je suis bien trempé. Je décide alors de me prendre un bon bain chaud. Et pendant celui-ci, je n'arrive pas vraiment à me détendre et ressasse plutôt les évènements qui se sont réalisés plus tôt. Mon cœur se serre alors à nouveau quand je repense à l'image de moi, seul sur le terrain de foot, tandis qu'Estéban était parti avec Caleb et Valentin avec Chris. Ça fait mal, bordel, vraiment. Et cette image me reste en tête.

Je ferme alors les yeux et me glisse totalement sous l'eau, retrouvant la sensation agréable comme à la piscine. Habitué à être sous l'eau, j'arrive à y rester un certain temps sans reprendre ma respiration et ça me fait du bien. Cependant, bien entendu, Jeanne décide de débarquer à ce moment-là. Automatiquement, je cache mon corps de mes mains tandis qu'elle lâche, n'en ayant strictement rien faire que je sois nu :

— Ça va, je suis ta sœur.

— Dégage, je lui crie tandis qu'elle fait pipi à côté, bien tranquillement.

Une fois cette petite chipie sortie, je souris tout de même. Sacrée Jeanne ! Après le bain, je reste traîner sur mon téléphone, allongé sur mon lit. Cependant, je me redresse automatiquement lorsque je reçois un SMS de Valentin. Mon cœur en bondit même contre ma cage thoracique. C'est d'ailleurs honteux comment mon corps s'anime pour si peu. J'hésite quelques instants avant de finalement ouvrir le message.

De Valentin à Léo
19h07 Bon, vu cet aprèm, faudrait peut-être qu'on fasse un effort pour les gars, non ?

Ok, il me parle qu'à cause des gars. Mais déjà, il me parle. C'est d'ailleurs étonnant que Valentin fasse le premier pas étant donné à quel point il est têtu quand il veut ! Je saisis alors sa perche, parce que bon, il a fait le premier pas quand même. Mais je ne l'aide pas trop toutefois.

De Léo à Valentin
19h10 Oui c'est sûr.

De Valentin à Léo
19h12 Donc ? On fait quoi ?

Ne sachant pas vraiment que réponde, je ne me mouille pas trop.

De Léo à Valentin
19h14 On essaye de se parler un peu plus devant eux.

De Valentin à Léo
19h16 Ok.

Le message typique froid : Ok, accompagné surtout de son point. C'est trop étrange de se parler de manière si cordiale avec Valentin. Je n'aime pas vraiment ça. Surtout qu'on ne se parle plus après ce message. Cependant, je pense à cette échange toute la soirée et, au bout d'un moment, je craque et le relance.

De Léo à Valentin
21h53 Ça va ton ventre ?

De Valentin à Léo
22h04 Un bon gros bleu, mais ça va. Et toi ?

De Léo à Valentin
22h05 Ça va, je suis pas un fragile comme toi moi :p

De Valentin à Léo
22h06 Pas de ma faute si mon corps marque tant !

De Léo à Valentin
22h07 Fragile :p

De Valentin à Léo
22h07 Connard :p

De Léo à Valentin
22h07 =0

Et je souris parce que, enfin, notre échange devient moins cordial et se rapproche du genre de conversations que nous avions l'habitude d'échanger.

De Valentin à Léo
22h09 Fais pas genre t'es choqué !

De Léo à Valentin
22h10 Je suis choqué =0

De Valentin à Léo
22h12 Je t'ai fait bien pire que ça physiquement pour que tu sois vraiment choqué... ;)

Pourtant, ma bouche forme vraiment un "O" lorsque je lis son SMS. Du Valentin tout craché de me sortir ce genre de phrase juste pour me gêner. Le pire, c'est que ça marche à chaque fois, et il le sait. C'est sûrement parce qu'il le sait qu'il continue d'ailleurs. Ça fait partie de son petit manège envers moi.

De Valentin à Léo
22h12 Je te rappelle que t'étais bien content que mon corps soit "fragile" quand j'avais tes suçons xD

Il a pas osé ! Je sens que mes joues me chauffent quand il me rappelle ce souvenir tout de même un peu honteux. Il est vrai que j'ai perdu beaucoup de mes moyens durant cette semaine à la montagne. Heureusement, au fond, que mon cousin m'a fait réaliser que j'étais allé beaucoup trop loin. Surtout avec une personne du même sexe que moi !

De Léo à Valentin
22h15 !!!

De Valentin à Léo
22h16 Alors on a perdu sa langue ? Peut-être qu'elle s'est perdue en cours de route sur mon corps ;)

Il m'énerve à avoir autant de répondant, surtout que je n'en ai pas tant que ça, d'autant plus face à lui. Valentin est fort sur ce terrain-là. Moi, tout, ce que je sais faire, c'est lui dire d'arrêter.

De Léo à Valentin
22h19 Arrête de dire des bêtises un peu, veux-tu !!

De Valentin à Léo
22h20 Trop tentant désolé :p
22h21 Je suis sûr que tu fais ta tête de gêné là :D

Bien sûr que je fais ma tête gênée ! Il est pas bien aussi d'écrire des choses pareilles ! Et si quelqu'un tombait sur ces SMS ? ! Mon dieu ce Valentin !

De Léo à Valentin
22h23 Va dormir au lieu de dire des bêtises !!

De Valentin à Léo
22h24 T'as raison, je vais dormir pour rêver de toi ;)

De Léo à Valentin
22h25 T'es insupportable !!

Il est insupportable, mais je souris, comme toujours, face à ses conneries.

De Valentin à Léo
22h26 Tu disais pas ça l'autre soir quand j'étais dans ton lit...

De Léo à Valentin
22h27 Demain je t'étripe Armez !!!

De Valentin à Léo
22h28 Si c'est d'amour je veux bien :p

De Léo à Valentin
22h29 !!!

De Valentin à Léo
22h29 Encore perdu ta langue ? Tu veux que je t'aide à la retrouver ? :p

De Léo à Valentin
22h31 C'est moi qui vais me coucher alors !! Bonne nuit.

De Valentin à Léo
22h31 J'ai même pas le droit à mon cœur ? =0

De Léo à Valentin
22h32 Tu le mérites pas !

De Valentin à Léo
22h32 Parce que d'habitude je le mérite ?

De Léo à Valentin
22h33 Non.

De Valentin à Léo
22h33 Donc pas de cœur ?
22h34 Vraiment ?
22h37 =0
22h38 Comment tu veux que notre relation s'améliore pour les gars si tu m'envoies pas de cœur ?

Typique de Valentin : réussir à retourner la situation à son avantage. Le pire c'est que ça marche car je finis par lui envoyer le fameux cœur. C'est devenu une habitude que chacun envoie un cœur à l'autre, moi un bleu, lui un vert. En même temps, ça aurait été bizarre qu'on s'envoie un cœur rouge. C'est pour les amoureux le rouge.

De Léo à Valentin
22h43 💙
22h43 Le voilà ton satané cœur !
22h51 T'es sérieux de me faire chier pour un cœur alors que tu me le renvoies même pas ?
22h57 P'tit con !

Et voilà, maintenant je pense à lui ! Je repense à cette journée et au pétage de câble d'Estéban. Il faudra qu'on en parle tous les deux d'ailleurs.

De Valentin à Léo
6h57 💚

De Léo à Valentin
7h03 Vaut mieux tard que jamais j'imagine...

C'est ainsi que commence ma journée de cours ce jeudi : avec un SMS de Valentin. Du coup, il est la première chose à laquelle je pense le matin. Déjà qu'il était la dernière hier soir... Cependant, à part quelques regards furtifs l'un envers l'autre, la journée n'est pas si différente des autres. Mais, tout de même, il y a ces regards. Ces moments où on se fixe en même temps et que je détourne les yeux puis les relève pour retomber sur ses prunelles marrons.

Away, get away
Ailleurs, va-t-en
You're such a freak
Tu es si bizarre
It's what people say to me
C'est ce que les gens me disent
Different, too different
Différent, trop différent
I'm scared of judgement
J'ai peur d'être jugé
Your insults and your slanders stick on to me
Vos insultes et vos diffamations me collent à la peau

Yes with your million eyes you're watching me
Oui avec vos millions de yeux vous m'observez
You talk behind my back
Vous parlez dans mon dos
You spy on me
Vous m'espionnez
So I scream and shout to make you leave
Alors je cris et hurle pour vous faire partir
But you're still here, you keep judging me
Mais vous êtes toujours là, toujours à me juger

Drowning I'm drowning in that clown's mask
Me noyant, je me noie sous ce masque de clown
To make you laugh at my thousand flaws
Pour vous faire rire de mes milles défauts
Alone when I'm all alone I take my smile off
Seul, quand je suis seul j'ôte mon faux sourire
But your heartless words have left me scars
Mais vos mots cruels m'ont laissé des cicatrices

Coucou tout le monde, on se retrouve pour la première partie de ce chapitre qui se concentre sur le PDV de Léo.

J'espère que vous avez aimé avoir son PDV !

Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite😁

D'ici-là, portez-vous bien,
L :")

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