Chapitre vingt-deux (2/2)
PDV Léo
Je suis encore planté dans la salle de bain comme un idiot, sous le choc. Tout allait bien avec Valentin jusqu'à ce qu'il me repousse. C'était d'une violence, symbolique. C'est la première fois qu'il me rejette comme ça. Et ça me fait mal car je sais que c'est de ma faute. Je sais que je lui ai fait du mal et ce genre de moment me le rappelle avec une puissance étonnante.
En même temps, qu'est-ce que je croyais ? Quelques bisous dans le cou et on oublie tout ? Je ne le mérite pas et chaque fois qu'il me repousse, ça me le confirme un peu plus. Ravalant mes larmes qui menaçaient d'arriver, je sors de la salle de bain, un peu paumé. Je ne sais pas où aller alors je vais sur la terrasse. Cependant, Valentin y est aussi. Déjà, je suis embêté que ce soit le cas, mais je suis carrément agacé quand je le vois fumer autre chose qu'une simple clope avec Chris. Mais qu'est-ce qu'il fait cet idiot ? !
Bien que mécontent, je n'en pipe pas un mot et me contente de me poser à côté d'eux. Caleb débarque aussi et se place entre moi et Valentin. Il tire alors sur le joint et je le regarde faire. Lui aussi s'y est mis ? Sans trop savoir pourquoi, je tire alors aussi dessus. Je crois que j'ai un peu envie de faire chier Valentin. Cependant, ça me prend la gorge assez désagréablement, mais je tente de ne rien laisser paraître. Bien entendu, l'autre idiot de blond ne peut s'empêcher de se moquer de moi :
— Et bien, il se dévergonde le Léo !
Je le fusille alors du regard tandis que je retourne à l'intérieur me chercher à boire. Je reste un peu dans la cuisine, attendant inconsciemment que Valentin me suive. Je suis cependant étonné quand c'est vraiment le cas. On se serre ainsi un verre puis il me propose, assez timidement :
— Je crois que je voulais qu'on danse tout à l'heure, non ?
Je hoche la tête tandis qu'il me tend sa main. Doucement, je m'en saisis et il m'amène dans le salon où quelques personnes dansent. Aussitôt, Pauline vient vers moi et me crie des choses que je ne comprends pas très bien du fait de la forte musique et, aussi, de son alcool consommé quand même. Moi aussi, je commence à en sentir les effets. Surtout quand j'ai fini le verre que j'ai dans les mains et que Valentin m'en serre un autre. Je danse alors comme un déchaîné, Valentin à mes côtés. Il est trop beau ce soir. En réalité, comme chaque minute de son existence. Cependant, le mascara qu'il porte et l'alcool que j'accumule le rendent encore plus beau et même désirable... Mince, ça tourne quand même là.
Valentin me fait encore danser tandis que je transpire comme un dingue. Il fait décidément trop chaud. Je tire alors Valentin jusqu'à dehors, sur le balcon. Pauline et Caleb y sont déjà et se roulent une sacrée pelle. Je m'en moque d'ailleurs discrètement :
— Ils sont dégueulasses.
— Parle moins fort, me fait remarquer Valentin tandis qu'il s'assoit.
Je le rejoins mais m'installe assez maladroitement. Je tombe même pratiquement sur Valentin et ce dernier m'aide à me déplacer. Visiblement, je n'ai pas été si discret que ça car Pauline, avant de retourner à l'intérieur, me nargue :
— Quand tu tiendras debout, reviens me le dire en face.
Mort de honte, je me cache contre Valentin. Quoique, mauvaise idée si c'est pour que ça finisse comme plus tôt dans la salle de bain. Alors, je me redresse comme je peux et finis mon verre. Pourtant, j'ai toujours soif. L'alcool c'est définitivement pas de l'eau. Ma remarque intérieure me fait sourire.
— Pourquoi tu souris ?
— Parce que je suis très drôle, figure-toi. Si drôle que je me fais rire moi-même.
Je me tourne vers Valentin qui paraît amusé de la situation.
— Alors comme ça on trouve ça dégueulasse de voir des personnes s'embrasser ? il m'embête.
— En même temps, ils mettaient la langue. Beurk, je fais la grimace comme un gosse.
Je crois que je l'amuse davantage avec ma réponse et, lui, m'embête davantage en retour :
— Tu trouves pas ça dégueulasse quand c'est ma langue pourtant.
Instinctivement, je lui donne une petite claque sur la cuisse. Du moins, c'est ce que je voulais faire mais Valentin réussit à parer ma petite attaque. On se fixe alors droit dans les yeux et je ressens une nouvelle fois cette chaleur dans mon ventre.
— Tu comptais faire quoi avec cette main ? demande Valentin.
Sa main toujours autour de mon poignet, je m'en dégage. Quel emmerdeur ! Un bel emmerdeur, mais emmerdeur quand même.
— Tu vois, tu joues encore, je boude.
Valentin semble surpris de ce que je viens de dire et me réplique :
— Je joue pas. J'ai jamais joué.
Sa phrase me fait taire et installe une tout autre ambiance. Parce qu'il l'a dit avec sincérité et non avec son air souvent taquin. Je fixe alors silencieusement Valentin et il fait de même. Comment je suis censé résister quand il est ainsi, si près de moi ? La seule chose qui me retienne de l'embrasser, c'est de savoir que quelqu'un pourrait débarquer à tout moment. Alors, je nous prends tous les deux de court lorsque je nous relève et nous tire jusqu'à la salle de bain, comme tout à l'heure.
— Mais qu'est-ce que t-
Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, je claque mes lèvres sur les siennes. Chose que j'aurais aimé faire depuis la dernière fois que je l'ai fait, soit beaucoup trop longtemps. Je meus alors mes lèvres, retrouvant le contact habituel et agréable des siennes, et encadre son visage de mes mains. Faîtes qu'il ne me repousse pas, pas encore...
Je suis cependant soulagé lorsqu'il recouvre mes mains des siennes. J'en souris même contre ses lèvres et je le sens faire de même. Même si j'essaye de m'appliquer dans mon baiser et de lui transmettre tout ce que je ne dis pas, je crois que je suis trop maladroit avec l'alcool. Je nous fais d'ailleurs vaciller et Valentin finit par se retrouver assis sur l'abattant des WC. Sans réfléchir davantage, je me positionne à califourchon sur lui et l'embrasse de nouveau, comme si c'était la dernière fois.
Mais qu'est-ce qui me prend ? ! Je n'en reviens pas moi-même. Je suis si désespéré que ça ? Je veux dire, je savais que je l'étais mais, là, je me jette littéralement sur lui. Il ne m'aide pas en me répondant aussi bien... Essoufflé, je finis par poser ma tête contre son épaule et enroule mes bras autour de ses épaules. Je suis tellement bien là. Je suis aux anges alors je reste dans cette agréable position.
Visiblement, je me suis endormi car Valentin me relève doucement et m'indique, d'une voix basse :
— Tu devrais aller te coucher.
Je lâche un petit gémissant et m'accroche davantage à lui. Je suis trop bien là, je ne veux plus bouger. Sans prévenir, Valentin me soulève alors j'augmente mon emprise sur lui après avoir lâché un petit cri. Il veut me provoquer un arrêt cardiaque ! Je me laisse ensuite me porter jusqu'à que je le sente me poser sur un lit. Automatiquement, je ferme les yeux tandis que je l'entends bouger. Je sens alors vaguement que mes chaussures sont enlevées. Ça me rappelle la fois où j'ai pris soin de lui et que je l'ai couché, la première fois où il m'a dit « je t'aime » surtout. Le souvenir me fait d'ailleurs sourire et je le partage, oubliant le fait que Valentin ne le savait pas :
— Ça me rappelle quand c'était moi qui m'occupais de toi. Tu m'avais dit tellement de « je t'aime » ce soir-là.
Aussitôt, je sens que Valentin arrêter tout mouvement alors je me redresse pour le fixer. Honnêtement, j'ai trop bu pour essayer de comprendre ce qu'il ressent. Déjà que sobre j'ai du mal...
— Comment ça « je t'aime » ? Je t'ai dit « je t'aime » ce soir-là ?
— Oui, plusieurs fois même, je confirme.
— Et moi qui pensais que t'étais le premier de nous deux à avoir dit « je t'aime »...
Déduisant qu'il est déçu, je le rassure :
— Ça change pas grand-chose.
En même temps que je le dis, je sais que c'est inutile. On est tous les deux des fiers avec Valentin alors je sais ce qu'il pense : il pense qu'il est faible de l'avoir dit en premier. Je m'avance alors vers lui et, d'une main paresseuse, je caresse sa joue. J'approche ensuite mon visage du sien et viens frotter mon nez contre son cou. Puis, je remonte jusqu'à ses lèvres que je frôle des miennes. Cependant, au moment où j'allais l'embrasser, Valentin se recule. Pas une deuxièmement fois, ça fait trop mal... Encore une fois, ça me fout les larmes aux yeux tellement c'est violent. Je n'aime pas qu'il me rejette.
— Je te l'ai déjà dit : j'ai jamais joué et je ne veux pas jouer.
Tandis que je déglutis douloureusement, je souffle, boudant un peu :
— Je ne joue pas non plus je te signale.
— Alors ne m'embrasse pas ce soir si c'est pour me rejeter demain matin.
Ce qu'il dit me rend triste, incroyablement triste. Comment arrive-t-il à me mettre dans cet état aussi rapidement ? Ne sachant plus que dire et ne supportant plus son regard sur moi et mes yeux luisants, je m'affale lourdement contre lui. J'ai la tête baissée, contre son torse. Et, pour la première fois, Valentin ne me prend pas dans ses bras : troisième couteau en plein cœur de la soirée. Ça fait encore une fois si mal. Je ne savais même pas que c'était possible ce genre de douleur. Je sens même une larme lentement couler le long de ma joue gauche.
J'ai beau attendre, le contact de sa part n'arrive pas, mais il ne me repousse pas pour autant pendant ce qui me semble quelques minutes. Comme si ça n'était pas déjà pas assez clair, Valentin finit par me reculer jusqu'à que je sois allongé sur le lit et me prévient :
— Je veux plus qu'on s'embrasse pour un soir. Tu peux pas m'avoir que quand tu le veux. Si tu me veux, alors aie moi jour et nuit, sobre et bourré.
Je reste muet de ce qu'il m'affirme. Il ne m'avait jamais dit ce genre de choses. Il ne m'avait jamais mis de limite dans ce que je voulais et ce n'est pas agréable. Il semble si confiant lorsqu'il me dit cela tandis qu'il hésite beaucoup plus lorsqu'il continue :
— J'ai mal... Tu m'as fait mal et tu continues de me faire mal.
Il ne m'avait jamais avoué, non plus, explicitement, qu'il souffrait. S'il le fait, c'est qu'il est vraiment blessé et, ça aussi, ça m'attriste. Je ne veux pas être une personne qui le rend triste. Je n'ai jamais voulu ça et pourtant nous en sommes là. Si on s'était pas embrassés à cette soirée...
— J'ai mal aussi, est tout ce que je trouve à dire avant de me retourner.
Je ne pensais pas que la situation pouvait être pire. Pourtant, elle le devient. Elle le devient, pire, car Valentin quitte la pièce. Il me laisse, seul. Et je me mets à pleurer, seul. Je pleure aussi davantage car Valentin ne vient pas dormir avec moi. Et ça me fait mal, surtout que je me torture l'esprit en l'imaginant dormir avec l'autre blond.
Épuisé d'avoir pleuré, je finis par m'endormir. Le réveil n'en est que plus difficile. J'ai les cils encore collés entre eux du fait de mes larmes de la veille. Doucement, je me lève et me rends au salon. La réalité m'éclate à la figure : Valentin a bel et bien dormi avec Chris. Les deux sont effectivement dans un canapé, encastrés comme des Lego. Des Lego beaucoup trop proches que ça me donne la nausée. Il y a peut-être aussi l'alcool de la veille. Mais quand même, mes yeux n'arrivent pas à se décrocher de leurs jambes enlacées et du bras de l'autre sur le dos de Valentin. Ma mâchoire s'en serre de rage.
Je n'ai pas le temps de m'attarder davantage sur cette vision d'horreur que j'entends du bruit venant de la cuisine. Je m'y rends donc et trouve Estéban, en train de se préparer un café.
— T'en veux un ? T'as l'air d'en avoir besoin, me propose avec honnêteté mon ami.
Silencieusement, j'accepte et m'assois avec lui autour de la table de la cuisine. Est-ce que j'ai tant que ça une tête de désespéré pour qu'Estéban le remarque ? La soirée me revient par morceaux en mémoire et ça me serre le cœur comme hier soir.
— Ça a été hier soir avec Valentin ?
— Mmh, je marmonne.
— Il avait pas l'air bien après qu'il t'ait couché, Estéban engage la conversation.
— Mmh.
Je n'étais pas bien non plus et pourtant il m'a laissé. Ça me refout les larmes aux yeux et je tente de les chasser, en levant les yeux au ciel à plusieurs reprises. Estéban semble surpris de ma réaction et s'enquiert :
— Tu veux en parler ?
— Je sais pas, je suis perdu. Je suis fatigué aussi.
Le brun hoche la tête tandis qu'il boit une gorgée du contenant noir. Par où commencer sachant qu'il n'est même pas au courant que Valentin et moi sommes sortis ensemble ? Ça aussi, ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal que mon meilleur ami ne sache pas que je sois sorti avec quelqu'un, ni que ça se soit fini, déjà. Cette situation n'est pas normale et je n'aime pas ça.
— On a jamais parlé du ski.
Mon cœur loupe un battement lorsque mon ami mentionne ses vacances. Est-ce qu'il sait quelque chose ? Pourtant, je ne lui ai rien dit. Est-ce que Valentin en a parlé à quelqu'un ? Caleb ? Ou pire, Chris ? Heureusement, Estéban développe sa pensée et met fin à mon inquiétude qui grandissait :
— Parce que j'ai bien remarqué qu'il s'y est passé quelque chose, avec Valentin.
— Tu crois qu'il s'est passé quoi ? je lui demande, les yeux perdus dans ma tasse de café.
Je suis fatigué de tout ceci. Fatigué de mentir sans arrêt à tout le monde, à ma mère, à mes sœurs, à mes meilleurs amis et, même, pire, à moi-même. Là, ce matin, ça semble de trop, je n'en peux plus. Valentin a raison : je joue. Je joue au jeu où Léo doit être le fils parfait, le frère parfait, le croyant parfait, l'écolier parfait, l'ami parfait. Parfait. Et aujourd'hui, ça me semble si dur de l'être et, surtout, j'ai l'impression que j'en suis tout l'opposé.
— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Tout ce que je sais, c'est que tout allait super bien entre toi et Valentin et puis, quand vous êtes revenus, on aurait dit des étrangers. Et je comprends pas pourquoi tu ne m'en as même pas parlé...
Tout de suite, je me sens mal. C'est ce que je disais : ce n'est pas normal que mon meilleur ami ne sache pas tout ceci. Je m'en veux de l'exclure de ce genre de choses concernant ma vie. Surtout que je ne lui donne pas non plus la possibilité de me parler de lui étant donné que j'évite tout dialogue. Vraiment, je suis nul comme ami, vraiment nul.
— Je suis désolé.
Les larmes que j'avais chassées tout à l'heure reviennent et je tente, encore, de les refouler.
— T'as pas être désolé, mais je comprends pas ce qu'il se passe entre vous deux et je comprends pas que tu m'en parles pas.
— Je comprends pas moi non plus ce qu'il se passe entre nous, je marmonne dans ma barbe.
— Vous êtes ensemble ?
Automatiquement, je lève mes yeux vers mon ami. Son visage semble montrer de l'inquiétude tandis que je suis effrayé de sa question. Je panique d'ailleurs un peu et réponds maladroitement, les mains triturant l'anse de ma tasse :
— On n'est plus ensemble.
Heureusement, nous n'avons pas le temps de parler davantage qu'on entend les autres se réveiller. Arnaud débarque dans la cuisine et s'étire pas du tout de manière élégante. Je finis alors mon café puis vais faire la vaisselle. Je me dépêche d'ailleurs d'aider pour pouvoir partir le plus vite possible. Je ne veux pas voir Valentin, ce qui semble plutôt difficile quand on est dans la même maison. Cependant, je me débrouille pas trop mal et croise seulement une fois son regard avant de rentrer chez moi.
Je suis atone toute la journée et la passe à écouter des musiques pas vraiment gaies dans mon lit tout en lisant des mangas.
🎼Moments - One Direction🎼
Honnêtement, même si ça commençait à aller mieux avec Valentin, la soirée d'anniversaire d'Estéban a changé beaucoup de choses de mon côté. Je trouve qu'elle a révélé de nombreux aspects concernant ma relation avec Valentin, mais je ne crois pas que je sois prêt à les considérer. Alors, je me force à ne rien laisser transparaître à l'école, mais y arrive un peu moins à la maison. Forcément et comme d'habitude, ma plus petite sœur, Jeanne, le remarque et tente d'en savoir toujours davantage quand on regarde un film pendant le week-end. Elle ne lâchera jamais ! Sauf que cette fois, elle paraît en être agacée alors que moi, je me sens toujours aussi fatigué de cette situation et n'ai pas la force d'encaisser cette colère.
— Bon, ça va bien maintenant, ça fait des semaines que ça dure ! Tu vas me dire ce qu'il se passe avec Valentin ? Vous vous êtes embrassés et depuis c'est gênant ou quoi ? C'est quoi le problème ?
— Il y a pas de problème, je souffle embêté de ses suppositions pas si éloignées de la réalité.
— Je te jure que j'ai envie de t'en mettre une.
Je fais les gros yeux, surpris de son vocabulaire tandis qu'elle enchaîne :
— Tu sais que ce n'est pas en faisant rien que ça va aller mieux ? Parce que, désolée de te l'apprendre, mais ce n'est pas en te morfondant que tes problèmes vont se régler.
Un peu choqué de son ton, surtout que c'est ma petite sœur, je m'offusque :
— Je ne me morfonds pas ! Et arrête de me parler sur ce ton !
— Tu rigoles ? ! Tu restes tout le temps dans ta chambre ces deniers temps ! J'essaye de t'aider, Léo, vraiment, parce que je vois bien que ça ne va pas et j'aime pas te voir comme ça.
Ma sœur utilise maintenant un ton plus doux et j'apprécie cela. Je n'aime pas qu'elle hausse la voix sur moi comme ça, ce n'est pas son rôle. Comment je me retrouve à me faire sermonner par ma petite sœur ? ! Il est évident que rien ne va dans ma vie depuis quelques temps et ce soir n'en est qu'une autre illustration. Ça criant, vraiment.
— Moi aussi, j'aime pas être comme ça, je confie, tout bas. J'en peux plus d'ailleurs. Je suis fatigué de tout ça.
Les larmes, qui semblent ne jamais être loin en ce moment, pointent encore le bout de leur nez et se nichent au coin de mes yeux. Ça aussi, j'en ai marre : d'avoir les larmes qui montent vite. J'ai l'impression d'être tout le temps sensible et, ça aussi, ça me fatigue. Tout me fatigue, j'ai l'impression.
— Mais t'étais pas tout le temps comme ça. Je t'ai jamais vu aussi heureux qu'avant le ski.
Merci de me le rappeler. Je sais qu'elle a raison sur ce point, mais c'est dur de l'admettre. C'est dur d'admettre qu'il puisse me rendre aussi heureux, mais qu'il puisse aussi, inversement, me rendre aussi triste.
— Je sais, j'aimerais que ce soit comme avant le ski.
En avouant cela, je me surprends moi-même. En effet, ça signifie que je voudrais être encore avec lui, en tant que plus que mon meilleur ami. Au fond, Valentin n'a jamais été mon meilleur ami. Il est, depuis août, ce meilleur ami spécial dont je n'arrive pas à mettre le parfait mot dessus. C'est Valentin, c'est tout, il n'y a que lui avec qui c'est comme ça.
D'avouer cela à ma sœur me serre la gorge car je repense à tous nos bons moments ensemble qui recommencent à peine à se reproduire. Et pourtant, qu'est-ce que j'aimerais qu'il y ait plus de moments de ce genre. Du moins, mon cœur et mon corps l'aimeraient, mais ma tête me l'interdit.
— Une partie de moi a envie qu'on redevienne ce qu'on était, mais une autre en a peur.
— Cette partie qui en a peur, elle a peur de quoi ?
La tête posée sur mes genoux, je fixe du coin de l'œil ma petite sœur. Ça se voit qu'elle se fait du souci pour moi et je m'en veux que ça soit le cas. Ça devrait être le contraire. Cependant, je suis trop fatigué pour ce combat alors j'abaisse un peu mes murs intérieurs.
— J'ai peur de tout : du regard des autres, de Maman et Charlotte, de ce que Dieu pense, de ce que mes amis en penseraient et, surtout, j'ai peur de l'aimer.
Au moment où je le confesse, ça me fait à la fois un bien fou, mais aussi mal. Je viens vraiment de prononcer les mots « j'ai peur de l'aimer » à ma sœur. Mais quel fou je fais ! Cependant ma sœur vient simplement poser sa tête sur mon épaule et parle, elle aussi dorénavant, tout bas :
— Je sais que tu as peur de l'aimer, mais ça ne changera pas le fait que tu l'aimes, juste ça va te faire plus de mal.
Et, effectivement, j'ai mal et je sais que lui aussi. Cette situation est si idiote ! Je sais que Valentin m'aime et je, moi aussi je l'apprécie, alors pourquoi c'est si compliqué ? J'aimerais tellement que tout soit plus simple. Si seulement Valentin était une fille...
— Est-ce qu'il t'aime aussi ?
Les larmes toujours aux yeux, je souris pourtant à travers celles-ci lorsque j'affirme avec autant de fierté que d'amour :
— Oui.
Alors, ma sœur se redresse et me fait me tourner vers elle. Ainsi, nous sommes tous deux en tailleur, face à face, et elle parle, d'un ton très sérieux :
— T'es en train de me dire que tu aimes Valentin et qu'il t'aime, mais que tu souffres. Mais c'est trop bien que ce soit réciproque, fonce putain !
Un sourire se dessine sur mon visage face à son enthousiasme. Son optimisme me fait réaliser, qu'effectivement, il y a du positif dans cette histoire. Effectivement, nos sentiments sont réciproques.
— Vraiment Léo, je veux plus te voir comme ça. Je veux que tu ailles mieux et je sais que Valentin te rend heureux. Arrête de trop réfléchir et fonce ! Ni Maman ou Charlotte ni Dieu et encore moins tes amis te tourneront le dos pour ça si c'est ce qui te rend heureux. Tout le monde veut que tu sois heureux et moi je suis très contente que tu sois heureux avec Valentin.
Je souris alors timidement à ma sœur tandis que quelques larmes coulent le long de mes joues. Ma sœur et moi nous faisons alors un rapide câlin, tous les deux tout de même gênés de cette intimité. Avant que je ne parte, elle me dit :
— Je veux revoir Valentin avant la fin de la semaine, c'est compris ?
Je lui lance alors un dernier sourire avant d'aller dans ma chambre me coucher. J'ai toujours l'impression d'avoir le cœur lourd lorsque je suis sous ma couette. Pourtant, ce soir m'a fait d'autant plus réaliser qu'il était temps que j'agisse. Ma sœur a raison : je dois faire ce qui me rend heureux et si c'est Valentin alors soit. L'idée de revenir avec lui me fait pleurer, encore. Je pleure parce que je repense à tous nos beaux et bons moments quand on était ensemble et que j'ai gâché tout cela. Je nous ai aussi fait perdre du temps alors qu'on aurait pu être toujours ensemble à l'heure actuelle. On a perdu un mois et ça me paraît si énorme sur le moment.
Je pleure aussi parce que, maintenant, j'ai quand même peur que Valentin ne veuille plus de moi. Je sais qu'il est blessé, mais s'il m'aime, il reviendra, non ?
Je pleure aussi de soulagement parce que j'espère sincèrement qu'il voudra encore de moi. Parce que, moi, c'est décidé, je veux encore de lui et je suis déterminé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le récupérer. J'aime Valentin et je ne veux pas passer un mois de plus sans lui à mes côtés en tant que plus que meilleur ami.
I wanna be with you
Je veux être avec toi
I wanna feel your love
Je veux sentir ton amour
I wanna lay beside you
Je veux m'allonger à tes côtés
I cannot hide this
Je ne peux pas le cacher
Even though I try
Même si j'essaie
Heartbeats harder
Coeur bat plus vite
Time escapes me
Le temps m'échappe
Trembling hands touch skin
Des mains tremblantes touche de la peau
It makes this harder
Cela rend les choses plus difficiles
And the tears stream down my face
Et les larmes coulent le long de mon visage
If we could only have this life for one more day
Si nous pouvions avoir cette vie pour un jour de plus
If we could only turn back time
Si nous pouvions seulement remonter le temps
you know I'll be
Tu sais que je serai
Your voice, your reason to be
Ta vie, ta voix, ta raison d'être
My love, my heart is breathing for this
Mon amour, mon coeur respire pour ce
Moment, in time
Moment, à temps
I'll find the words to say
Je trouverai les mots à dire
Before you leave me today
Avant que tu ne me quittes aujourd'hui
Close the door
Ferme la porte
Throw the key
Jette la clé
Don't wanna be reminded
Je ne veux pas qu'on me rappelle
Don't wanna be seen
Je ne veux pas qu'on me voie
Don't wanna be without you
Je ne veux pas être sans toi
My judgement's clouded
Mon jugement est brouillé
Hands are silent
Les mains sont silencieuses
Voice's numb
La voix est paralysée
Try to scream out, my lungs
Essayant de crier à plein poumons
❣️Coucou tout le monde, j'espère que vous allez bien :)
Nous revoilà pour la deuxième partie de ce chapitre ! Qu'avez-vous pensé de ce PDV de Léo ?
Aussi, merci pour votre lecture, ça fait vraiment plaisir !😊
Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite,
D'ici-là, portez-vous bien,
L :")❣️
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