Chapitre trois
🎼 Control - Zoe Wees 🎼
Early in the morning I still get a little bit nervous
Tôt le matin, je suis encore un peu nerveuse
Fighting my anxiety constantly I try to control it
Combattant constamment mon anxiété, j'essaye de la contrôler
(...)
Don't know if you get it cause I can't express how thankful I am
Je ne sais pas si tu le comprends car je ne peux pas exprimer à quel point je suis reconnaissante
That you were always with me when it hurts
Que tu aies toujours été avec moi quand ça faisait mal
I don't wanna lose control
Je ne veux pas perdre le contrôle
(...)
Trying every day when I hold my breath
En essayant chaque jour quand je retiens mon souffle
Sometimes I still think it's coming but I know it's not
Parfois, je pense encore que c'est en train de venir mais je sais que ce n'est pas le cas
Trying to breathe in and then out but the air gets caught
Essayant d'inspirer puis d'expirer mais l'air se coince
©️la coccinelle (avec quelques petites modifications personnelles)
PDV Léo
Lorsque je me réveille, je suis ébloui par le soleil. J'ouvre alors difficilement les yeux et constate que j'ai un bras sur le torse de Valentin, sur son tee-shirt plus précisément. Naturellement, je caresse doucement le tissu puis retire précipitamment ma main, dégoûté de mon propre réflexe. Le baiser d'hier me revient également brusquement en tête et je sens une bouffée de chaleur désagréable m'envahir. Mon cœur me tape contre ma cage thoracique et ça me fait même mal. Je me lève alors et m'apprête à sortir lorsque Valentin, d'une voix encore endormie me demande :
— Tu vas où ?
— Aux toilettes, je m'empresse de répondre avant de sortir précipitamment.
Tout en appuyant sur mon cœur, je file à la salle de bain où il y a les toilettes. Aussitôt enfermé, je m'affale au sol et commence à méchamment ruminer. J'ai embrassé un garçon. Un garçon nom de Dieu ! Tout mais pas ça. Pas un garçon... D'un coup, tout ce que j'ai pu entendre dire de néfaste sur ce genre de chose me revient, que cela provienne de ma mère, de ma grande sœur, de la famille de ma mère ou au sein de mon cercle religieux.
Mais comment j'en suis arrivé là ? ! Je n'aurais jamais dû... Mon cœur bat toujours aussi douloureusement vite que j'ai l'impression qu'il va sortir de mon torse. Je tente alors de me calmer mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas parce que je pense à Valentin, et à ses lèvres sur les miennes, à sa langue touchant la mienne, à ma main agrippée à son tee-shirt, à mon sexe commençant à s'agiter ! Burk ! J'ouvre alors brusquement les yeux et fixe le plafond en essayant de me contrôler le plus fortement que je le puisse. Instinctivement mes ongles se plantent dans ma chaire de bras et la douleur me divertit alors de mes pensées.
J'ai envie de pleurer, vomir, crier. Rien ne va, je ne vais pas bien. En même temps, j'ai embrassé un gars, forcément que je ne vais pas bien ! Quelque chose cloche chez moi. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi mais je reprends le contrôle de moi seulement quand je remarque que je saigne. Cherchant à penser à autre chose, je désinfecte mes bras puis retourne dans la chambre, comme si rien ne s'était passé, comme si hier soir ne s'était jamais passé. C'est plus facile ainsi.
Un court instant, je détaille Valentin qui s'est visiblement rendormi. Il paraît apaisé, aux antipodes de la tempête qui se calme tout juste en moi. Le plus discrètement possible, je renfile mes habits d'hier soir, surtout ma marinière à manches longues pour cacher mes petites blessures récentes. À peine habillé que Valentin grommelle :
— Il est quelle heure ?
Tentant de ne rien laisser paraître, je me contente de regarder mon téléphone afin de répondre à sa question.
— Neuf heures trente-trois.
— C'est tôt, il se plaint.
Chez moi, neuf heures passées, c'est tard. Question de point de vue j'imagine. Je reste planter debout comme un idiot et Valou finit par le remarquer, car il réouvre les yeux pour me demander, visiblement inquiet :
— Ça va ?
— Oui, bien sûr que ça va.
Remettre le masque, voilà ce que je dois faire. Pas comme hier soir où j'ai cédé à une pulsion malsaine en embrassant Valentin. Ça me répugne maintenant. Il faut que j'arrête d'y penser.
Je me rapproche alors du lit et m'y assieds au bout, le plus loin possible de mon meilleur ami masculin. Ses yeux couleur chocolat me fixent doucement et je n'aime pas la sensation dans mon ventre que ça me procure. Ça ne devrait rien me faire et le contraire est répugnant. Je détourne alors mon regard du sien et il comprend définitivement que quelque chose ne va pas. Il redemande alors :
— T'es sûr que ça va ?
Feignant mon plus beau sourire, je réponds le plus naturellement du monde :
— Bien sûr que ça va, je suis juste un peu fatigué.
— Oui, moi aussi.
Tout en disant cela, Valentin s'étire et laisse sa peau ventrale se dénuder un instant. Je zieute rapidement avant de fixer mes doigts à nouveau. Il se rapproche ensuite de moi et vient poser sa tête sur ma cuisse gauche. Nous nous fixons alors droit dans les yeux, mais j'ai peur de ce qu'il peut y voir. Y voit-il toute ma peur ? Toute mon impuissance ? Essayent d'agir comme je le ferais habituellement, je passe une main dans une de ses mèches de cheveux et joue avec. Il pousse alors un petit soupire de satisfaction et, ça aussi, ça me rappelle hier, quand je l'ai embrassé dans la nuque. J'en avais tellement envie et le fait d'avoir bu m'avait convaincu que ce n'était pas une si mauvaise idée. C'était pourtant une idée stupide, comme tout ce que j'ai fait hier soir envers lui.
PDV Valentin
🎼Lean on - Major Lazer🎼
Je fixe l'air concentré de Léo qui joue avec mes cheveux. Je le trouve beau comme ça, bien qu'il paraisse préoccupé. J'ai bien remarqué qu'il était ailleurs depuis que nous sommes réveillés. Le problème, c'est que je ne sais pas où il est et quand il va revenir. Alors, je décide de lui changer les idées lorsque je balance, aprèsavoir baillé sans aucune élégance :
— J'ai faim.
Léo lève alors les yeux au ciel avant de pouffer :
— Pour changer.
— Ne lève pas les yeux au ciel, garçon ! je réplique tout en essayant de le faire tomber du lit.
Bien entendu, il se défend et nous finissons par tomber tous les deux par terre. J'explose de rire comme l'abruti que je suis puis nous nous redressons pour nous assoir contre mon lit. Je tourne ensuite ma tête vers lui et il fait de même. Nous sommes si proches que je peux sentir son souffle contre ma peau. Comme hier soir. Il me demande alors :
— Je peux faire quelque chose ?
Ses yeux bleus me font louper un battement et je me contente de hocher positivement la tête, n'arrivant pas à parler. Cette question, c'est clairement ce que sortent les loveurs / loveuses avant d'embrasser une personne. Mais il ne va pas faire ça, si ? Je ne sais même pas si j'ai peur ou si j'en ai envie.
Alors, Léo s'approche de moi sans que je ne sache vraiment le but de son geste. Cependant, il ne fait pas du tout ce que je pensais puisqu'il avance sa main et pose un doigt sur ma joue gauche en ajoutant :
— Touché.
Complètement abasourdi, je ne trouve rien d'autre à faire qu'exploser de rire. Ça me sort également de l'ambiguïté dans laquelle je m'étais mise. Mais qu'est-ce que j'ai été con de croire qu'il allait m'embrasser ! Je suis vraiment embarrassé de ma propre stupidité... C'était qu'un baiser en soirée après tout.
— Je savais que tu allais faire ça, je mens, un peu gêné d'avoir pensé à toute autre chose en réalité.
Je préfère alors tourner la tête et observer mon plafond, ce que Léo finit par faire. Pour me débarrasser de ma gêne, je lance un sujet totalement différent et vraiment pas intéressant :
— Il fait pas très beau aujourd'hui.
— Ouais, c'est clair. C'est quoi ça ? finit par questionner Léo tout en portant son regard sur un petit point noir incrusté à mon plafond blanc.
Je me retiens alors de rire en pinçant mes lèvres avant de répondre :
— Je voudrais bien te répondre un truc stylé, mais c'est un moustique écrasé.
Je tourne la tête vers Léo et nous explosons de rire en même temps.
— Comment casser l'ambiance en deux minutes, ajoute mon châtain en continuant de rire.
— Ouais, je sais, c'est pas classe du tout.
— Du tout, du tout même. C'est pas toi qui avait faim ? me rappelle mon ami en se levant et en m'invitant à faire de même en me tendant la main.
Je la lui saisis et nous descendons à ma cuisine. Je propose alors à Léo qu'on fasse un plateau / télé, ce qu'il accepte avec joie. Je me munis ainsi du pot de pâte à tartiner, de pain, de deux verres et de jus d'orange, puis les pose sur un plateau avant de l'amener au salon. Je mets la télé et laisse une série humoristique. Immédiatement, je me prépare une tartine et saute dessus, beaucoup trop affamé.
— On dirait que tu n'as pas mangé depuis des siècles, me taquine mon ami.
— Je n'ai pas mangé depuis hier midi un vrai repas, alors c'est tout comme.
Ce moment de partage autour de notre petit-déjeuner dure si longtemps que ma mère finit par rentrer.
— Valentin, je suis rentrée ! crie-t-elle de l'entrée avant de me voir au salon. Salut, Léo. Vous êtes pas trop crevés ?
Le châtain à mes côtés lui sourit et la salue de la main, la bouche pleine.
— Non, ça va. Et toi, ta soirée ?
— C'était vraiment sympa. Pour une fois, qu'on pouvait toutes se retrouver. Je vais aller faire une sieste, ce n'est visiblement plus de mon âge de me coucher aussi tard ! Ne faites pas trop de bruit, s'il vous plaît.
Léo et moi hochons la tête, comme des enfants parfaits que nous ne sommes pourtant pas. Je remarque alors que Léo est, en fait, un vrai gosse, car il s'est foutu de la pâte à tartiner sur le visage.
— Tu as du chocolat sur la joue, j'indique à Léo.
— Là ? il me demande, tout en essuyant la mauvaise joue.
— Non, laisse. Je vais enlever.
Cette situation très clichée me met un peu mal à l'aise. Ne voulant pas créer un malaise, je lui enlève sa tâche comme un bourrin. Au final, je lui mets même un léger coup et me sens encore plus débile. Qu'est-ce qui cloche chez moi ? !
— Désolé, je m'excuse en grimaçant.
— Tu n'aurais pas pu faire comme dans les films ? Genre t'enlèves le chocolat délicatement ?
C'est typique de Léo de dire ça. Parfois, j'ai littéralement l'impression qu'il vit dans un film. C'est comme s'il était absent, comme ce matin quand je me suis réveillé. Dans ces moments-là, il m'est inaccessible et ça me frustre de ne pas pouvoir avoir à accès à ses pensées pour l'aider.
Voulant me rattraper, je recommence mon geste de manière beaucoup plus délicate. Je peux ainsi sentir la douceur de sa peau sous mon pouce en un seul mouvement. Léo recule, surpris, puis je m'enquiers :
— Monsieur est content ?
Après la surprise, un sourire satisfait gagne le visage du châtain et il répond même de manière narquoise :
— Oui, c'est beaucoup mieux.
Je secoue la tête, amusé, puis me lève pour débarrasser le plateau que je laisse traîner sur la table de la cuisine.
Voulant un peu m'amuser comme le gamin que je suis, je défie Léo :
— Je te parie que je serai le premier dans ma chambre.
Étant parti le premier, j'arrive évidement le premier et me cache derrière ma porte de chambre.
— T'es où ? questionne Léo en entrant dans ma chambre.
Je surgis alors de ma cachette et le châtain fait un bond en arrière avant de tomber sur mon lit.
— Espèce d'idiot ! J'ai failli faire un arrêt cardiaque ! râle-t-il en se relevant et un me donnant un petit coup à l'épaule.
— Quel dommage !
— Parfois, je me dis que ça se voit vraiment que tu es le plus jeune de nous deux.
Moqueur et à moitié-hilare, je fais remarquer à Léo :
— Mais c'est moi le plus vieux, idiot.
Mon meilleur ami y réfléchit, se rendant compte que j'ai absolument raison mais tente tout de même de défendre son idée :
— Techniquement, on est né la même année donc on a le même âge.
— Oui, mais techniquement comme tu dis, tu es né en décembre et moi en janvier. Donc techniquement, tu es plus jeune que moi. Ça reste que technique après.
— Ferme-là avec ton « techniquement », il lâche tout en me balançant un oreiller en plein visage.
— Tu n'as pas osé faire ça ? j'écarquille les yeux, tout en prenant une tête si choquée que ça en fait visiblement rire Léo.
— Oups. Je crois bien que si, mais je n'ai vraiment pas fait exprès.
— Ouais, c'est ça ! Espèce de gamin ! Tu vas prendre cher, fais gaffe.
— Je n'attends que ça, blague-t-il en faisant un sourire pervers.
Je suis si estomaquée de sa repartie digne de mon genre de remarques perverses que j'en reste cloué sur mon lit. L'élève apprend vite du maître dis donc ! Fier de l'effet de sa remarque, Léo en profite pour prendre sa trousse de toilette et aller à ma salle de douche. Je l'entends s'enfermer et me crier :
— Essaye toujours d'entrer, le gamin !
Je souris et change de boxer avant de me rendre à ma salle de douche avec mes vêtements. Je frappe à la porte et lui supplie de bien m'ouvrir :
— Laisse-moi entrer, petit con ! je gueule en martelant la porte de petits coups.
— Fais moins de bruit, espèce d'idiot ! Ta mère dort, je te rappelle !
— Bah justement, ouvre-moi et je la ferme.
Le verrou tourne enfin et je pénètre dans la pièce étriquée avec Léo. Bien sûr qu'il allait ouvrir : il a bien trop peur de se prendre une remarque par ma mère. Il est bien trop soucieux d'arborer une belle apparence.
— Pas trop tôt, et après c'est moi le gamin, je soupire tout en commençant à me brosser les dents.
Léo m'accompagne dans l'action et se saisit de la brosse à dents qu'il laisse toujours chez moi. Encore une habitude de plus quand son meilleur ami passe la plupart de ses weekends chez vous : il devient presque un membre à part entière de la famille et a donc le droit à sa propre brosse à dents.
Un peu niaisement, je souris en nous observant dans le miroir. On n'a pas l'air bêtes à se brosser les dents, collés l'un contre l'autre, contre le mur. Le châtain remarque mon regard et sourit aussi, plus timidement. Je lui donne alors un coup de hanche et il secoue la tête. Je finis par m'habiller et Léo sort de la salle d'eau tout en me laissant une petite tape sur les fesses en partant.
Stupéfait que ce soit lui qui le fasse et pas le contraire, j'écarquille les yeux.
— Léo, fais gaffe à toi ! je le préviens, en prenant une voix grotesque de guerrier.
Je cours alors en direction de ma chambre, mais, à peine ai-je posé un pied à l'intérieur que, mon châtain m'assomme - j'exagère mais presque -
avec mon oreiller. Je tombe par terre pendant que l'autre idiot rit, lui aussi par terre en se tenant le ventre. Jamais dans l'excès cet enfant...
— Je me suis vengé de ce que tu m'avais fait lorsque nous étions en troisième ! pouffe-t-il devant ma mine affairée.
Aussitôt qu'il me reparle de cette vidéo, j'éclate de rire à mon tour. Cet après-midi-là ne s'était pas du tout passé comme prévu. Je ne sais même plus comment, mais je me suis retrouvé seul avec Léo, ce qui était étonnant pour l'époque. Bien qu'on fît partie de la même bande, nous deux, c'était pas non plus l'amour fou. Bref, on s'était retrouvés tous les deux et, à force de traîner sur les réseaux sociaux, on a fini par faire les cons. C'est vrai que j'avais été étonné qu'on se soit bien entendus à l'époque. Maintenant, ça ne m'étonne plus tant que ça vu comment c'est évident entre nous deux !
— Le pire c'est que..., je parle avec difficulté tellement je ris en repensant à tout ceci, c'est que j'ai toujours la vidéo.
— Sérieusement ?
— Oui !
— Montre.
— C'est sur mon ordi', en bas.
Il me jette un coup d'œil et je hoche positivement la tête alors il court en bas à toute vitesse. Je le rejoins et passe aux toilettes avant tellement que j'ai ri.
— Tu l'as mis dans le dossier « Léo Le Guen » ?
— Oui, je réponds tout en prenant place à ses côtés sur le canapé.
Le châtain se tourne alors vers moi et sourit timidement :
— J'ai mon propre dossier ?
Mal à l'aise, je me contente de hocher la tête. C'est en réalité le seul de mes amis qui possède un dossier avec des photos et vidéos rien que de lui...
— J'en suis honoré.
— Oh, ça va, c'est qu'un dossier. C'est juste pour mieux te foutre la honte à ton anniv', j'ironise pour qu'il ne comprenne pas ma gêne.
En réalité, ce n'est pas juste un dossier. C'est vrai que c'est symbolique étant donné que c'est le seul pour qui j'ai fait cela. Cependant, je ne sais même pas pourquoi j'ai pris le temps de faire cela alors j'aime pas qu'il me le fasse remarquer : c'est gênant.
Après quelques recherches, Léo finit par trouver la vidéo tant convoitée. Il appuie sur « lire la vidéo » et elle se lance : « Court métrage Léo se prend une patate dans la gueule par Valentin ».
— Oh putain, ma coupe de cheveux ! je m'exclame directement pendant que Lou sourit déjà.
—Chut, regarde.
J'explose de rire avec Léo quand, sur la vidéo, je le dégomme en lui mettant un coup d'oreiller dans la tête. Il tombe en arrière sur son lit tandis que je coupe la vidéo mort de rire.
— Je me rappelle encore de ce moment-là.
— Ouais, moi aussi je m'en rappelle. Surtout ma joue, ironise Léo.
— J'étais censé faire au ralenti comme dans les films Américains et je t'avais vraiment donné un gros coup d'oreiller ! je pouffe en me remémorant cette après-midi.
Léo rejoue la vidéo une bonne dizaine de fois, pourtant nous ne nous en lassons pas et nous rions comme deux cons à chaque fois. Ça fait du bien de rire autant et je suis content que ce soit le cas à chaque fois avec lui. On se mate alors tout le dossier et on rit bien en voyant notre évolution. Faut dire qu'on se connaît depuis la primaire alors y'en a des dossiers !
— Je vais devoir rentrer parce que je n'ai toujours pas fait mes devoirs et je dois aider Jeanne pour un contrôle.
— OK, pas de soucis. Fais-lui de grosses bises de ma part.
Jeanne, la petite sœur de Léo âgée de treize ans maintenant, est tout comme une petite sœur pour moi. Je la connais depuis qu'elle est haute comme trois pommes. Et même si nous nous sommes mis à vraiment traîner ensemble seulement fin primaire avec Léo, je passais souvent mes anniversaires chez lui et sa sœur restait toujours avec nous. Je l'ai vue grandir et elle est vraiment adorable. J'ai vraiment un lien spécial avec elle contrairement avec Charlotte, l'autre sœur de Léo, qui est en terminale. Passons ce sujet épineux...
— Je vais chercher mes affaires en haut.
Léo monte à ma chambre puis redescend quelques instants après avec ses affaires.
— Allez, tchuss, bouclette.
Léo vient me faire une accolade puis dépose un baiser sur ma joue. Rien d'anormal, s'il ne c'était rien passé hier. Aujourd'hui, ça résonne différemment en moi. Et putain, ce que je suis stupide à réagir ainsi pour un simple baiser.
Étant dans un état d'esprit étrange du genre ça va et ça ne va pas en même temps, je traîne sur mon ordinateur une bonne partie de la journée. C'est seulement vers dix-huit heures que je me réveille de mon état presque de zombie. Le réveille s'avère d'ailleurs très violent ! Mes battements de cœur s'accélèrent automatiquement tandis que mon regard est toujours posé sur mon écran. Mais c'est quoi ça ? !
Chris a posté une vidéo sur son mur Facebook qui commence à atteindre pas mal de vu, de j'aimes et de commentaires. Le problème, c'est que c'est moi et Léo sur la vidéo, lui et moi nous embrassant ! Même si on est de loin, je suis sûr que nous sommes reconnaissables. Enfin, j'en sais rien, mais sur le moment, je me dis que c'est évident que c'est nous. Je ne sais même pas ce que ça me fait vraiment, j'arrive même pas à avoir trop de réaction. Par contre, ce que je sais, en vue de sa première réaction hier soir, c'est que Léo va mal le prendre. Et même, très mal le prendre.
Je crois que je regarde la vidéo une bonne vingtaine de fois, à la fois complètement hypnotisé et ahuri que ce moment, si spécial à mes yeux, soit devenu une banale vidéo parmi tant d'autres sur les réseaux sociaux. Mais qu'est-ce qui lui a pris à Chris de poster ça sur Facebook ? ! Est-ce qu'il sait que c'est moi et Léo sur la vidéo ? Bien sûr qu'il le sait, c'est un vrai connard parfois alors ça ne m'étonnerait pas venant de lui. Par contre, je ne comprends pas pourquoi il a fait ça. On est censés être potes, mais un pote ne posterait pas ce genre de vidéo sur internet.
Je finis par lire les commentaires et certains sont dégueulasses. Surtout qu'il y en a qui vient d'un gars de ma classe : « Je savais pas qu'on avait des PD dans notre lycée ». Il y a d'autres commentaires de ce style aussi : « Chaud cette soirée ! » ou « Ils se sont sucés après ? ».
Je n'en peux plus, j'en ai le ventre retourné. Je signale alors la vidéo une bonne dizaine de fois, puis hors de moi, j'envoie un message privé à Chris :
Valentin à Chris
18h37 T'as intérêt à supprimer cette vidéo.
Chris à Valentin
18h38 Pourquoi ?
Je le déteste. Je le déteste tellement à ce moment-là que j'en ai des larmes de rage. Pour qu'il se prend à poster ça ? Pour qui ? !
Valentin à Chris
18h42 Parce que c'est le droit à l'image et que je n'ai jamais demandé à ce que ce soit sur les réseaux ! T'as vraiment intérêt à supprimer.
Chris à Valentin
18h43 Donc t'admets bien que c'est toi ?:p
Voilà, c'est un connard mais en même temps il a pas tort. Pourquoi je réagirais comme ça sinon ? Ça m'énerve, vraiment, à un point. C'est rare que je sois dans cet état, mais plein de choses m'énervent avec cette vidéo. Je suis énervé car je sais que ça va faire du mal à Léo, je suis énervé que mon moment qui était censé être unique soit partagé, je suis énervé qu'un pote me fasse ça, je suis énervé car je ne peux rien faire.
Valentin à Chris
18h45 Ta gueule et supprime !
Chris à Valentin
18h46 C'est bon, c'était pour rigoler, je la supprime ta vidéo si t'y tiens tant.
18h53 Dis pas merci, surtout !
Valentin à Chris
19h07 Il n'y a pas de raisons de remercier un connard.
Chris à Valentin
19h09 Ce que t'es susceptible !
Aussitôt la vidéo supprimée, aussitôt je m'enquiers de l'état de Léo. J'espère qu'il n'a pas trop flippé. Une fois connecté à Skype, je remarque qu'il m'a écrit plusieurs messages, mais qu'il les a tous supprimés. Chose que je trouve très frustrante. Qu'est-ce qu'il a bien pu vouloir me dire pour qu'il en arrive à tout effacer ? Je lui un envoie alors un message puis un autre voyant qu'il ne répond pas. Ce qui est très étonnant étant donné que Léo est quelqu'un qui a toujours son téléphone à côté de lui.
Valou à Lou
19h11 La vidéo est supprimée, c'est bon :) C'est vraiment un connard Chris parfois !
19h15 Tu vas bien ?
19h22 Lou ?
19h25 Moi aussi, ça m'a fait chier... Réponds-moi stp
19h32 T'es pas cool Lou...
J'ai le cœur au bord des lèvres de son mutisme. Je n'ai rien fait, je ne mérite pas son silence. Surtout qu'il a son téléphone toujours collé à la main, alors je sais qu'il voit mes messages. Je le déteste de me faire sentir si misérable. C'est bien entendu à ce moment-là que ma mère m'appelle pour venir manger. Je n'ai même pas faim : ces conneries m'ont coupé l'appétit.
En plus, à peine j'arrive dans la cuisine que ma mère me prend la tête :
— En tout cas je te remercie, je t'avais demandé de ne pas faire trop de bruit et je me retrouve avec deux garçons de quinze ans qui crient comme des gamins.
— Désolé, je souffle, pas très convaincu.
J'avale une fourchette de pâtes avec difficulté et fixe mon assiette tristement.
— Bon, ta soirée. Raconte-moi ça.
— Il n'y a pas grand-chose à en dire.
— Je sais très bien que c'est faux, allez, raconte-moi un peu
Je lui raconte alors vite fais ma soirée et lui passe, bien entendu, le baiser entre Lou et moi. J'invente alors qu'il a eu terriblement mal à la tête et que nous sommes donc rentrés tous les deux vers minuit à la maison - ce qui est en parti vrai quand même.
— Il allait mieux après ?
— Oui, oui, ne t'inquiète pas. Et toi, comment allaient Sophie, Suzanne et Fabienne ? je change de sujet, voulant parler le moins possible.
Ma mère me donne alors des nouvelles de ses amis puis je monte après avoir avalé trois fourchettes de plus. Aussitôt dans ma chambre, je vérifie Skype pour voir si Léo m'a répondu, mais rien. Silence, encore. Je file alors me doucher puis tente de lire, mais je n'arrive pas à me concentrer et ne fais que relire des phrases déjà lues. Énervé, je balance le livre contre mon armoire et encercle mes genoux de mes bras, comme un gamin en colère, chose que je suis actuellement.
Ma mère, maîtrisant avec excellence le pire timing, toque à ma porte. Je lui réponds que je vais me coucher, mais elle s'en fout et ouvre quand même. Ce qui m'énerve alors je râle :
— Je t'ai dit de pas entrer. Toque pas si c'est pour faire comme tu veux.
— Je suis encore chez moi, merci bien.
Ma mère vient s'assoir au bord de mon lit tandis que je fixe ma couette. Gentiment, elle me demande :
— Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Rien, je ronchonne dans ma barbe.
— Menteur.
— Pas envie d'en parler, c'est même pas grave.
— Assez grave pour que tu manges pas, ce qui est très rare.
Franchement, j'aurais bien souri de son petit commentaire, mais j'arrive même pas sur le moment. À la place, un silence s'en suit et je continue mon jeu de regards avec ma couette. Au bout d'un moment, ma mère demande, sans contexte particulier :
— Est-ce que t'es amoureux ?
Déconcerté, je me tourne vers ma mère avec une grimace. Elle a pas trouvé d'autres bêtises à me dire ? ! Pourtant, automatiquement, Léo me vient en tête et c'est définitivement effrayant que ce soit le cas.
— Je t'ai dit « amoureux » pas lépreux, donc arrête de faire cette tête ! sourit ma mère, visiblement amusée de ma réaction.
— Nan, je suis pas amoureux.
Fin, pas que je sache. Qu'est-ce que j'y connais à l'amour de toute façon ? Pas grand-chose. C'est censé être agréable l'amour de toute façon et, actuellement, je ne ressens rien d'agréable. Je me sens comme une merde actuellement.
— Pourquoi tu me demandes ça ?
— Parce que t'as pas mangé et c'est pas normal avec toi. Tu n'as pas dit grand chose non plus, et ça aussi, c'est pas normal avec toi. D'habitude, je suis obligé de te redonner à manger pour que tu te taises.
Un léger petit sourire se dessine sur mon visage à l'entente de ses paroles. Pff, elle est bête, mais marrante, donc ça passe. Je pose alors ma tête contre son épaule et elle vient y enrouler un bras.
— Tu sais, je passais par là aussi. Tu peux m'en parler, si tu veux.
— C'est cliché, Maman.
— Oui, mais c'est vrai.
Lassé, je finis par avouer :
— J'ai embrassé quelqu'un hier et j'ai peur que ça change tout entre nous.
— Est-ce que tu aimerais que ça change quelque chose ?
— Je sais pas.
N'aimant pas trop parler de mes sentiments, je souffle :
— Je crois que j'ai peur.
— C'est normal d'avoir peur, mais tu ne devrais pas. Si tu apprécies cette personne, eh bien fonce ! En plus, si vous vous êtes embrassés, c'est que c'est réciproque. Et ça, tu as de la chance que ce soit le cas.
— Mais il était bourré, je réplique directement.
Manqué plus que ça. Grosse bourde que je viens de faire. J'ai dit « il » ... Mais quel idiot je fais ! Heureusement, ma mère n'a pas l'air d'avoir fait attention, car elle continue :
— Si tu ne l'as pas forcée, c'est qu'elle en avait envie aussi. Bourrée ou pas bourrée, ça ne change rien. Et justement, ça lui a peut-être donné le courage de le faire.
C'est triste s'il ne fait qu'avec l'aide de l'alcool. Moi, j'ai envie qu'on m'embrasse sans alcool, parce que j'en vaux le coup sobre. J'aimerais qu'on m'aime assez pour le faire.
— Tu crois que je vaux pas le coup qu'on m'embrasse sobre ?
— Mais bien sûr que si mon chéri ! Mais déjà c'est beaucoup d'oser le faire. Elle t'a ouvert une porte.
— Tu crois ou tu penses que c'est juste l'alcool ?
— Ce n'est jamais que l'alcool. C'est qu'elle t'aime sûrement bien sobre, mais qu'elle n'osait pas.
C'est bizarre, parce que dans ma tête, j'avais l'impression de me faire des films. Pourtant, ce qu'elle dit est assez logique. Je ne l'ai pas forcé à m'embrasser, c'est même lui qui l'a fait. Et son corps me réagissait, je ne l'ai pas rêvé. Et ça, ça trompe pas, ça ne peut pas tromper. Et puis, ses gestes et baisers dans la nuque avant de dormir, ça aussi je ne les ai pas rêvés. Je crois que j'espère que ma mère a raison.
— Merci.
— Faut bien que je serve à quelque chose, sourit ma mère.
Je lui fais un petit câlin pour lui dire bonne nuit avant qu'elle ne quitte ma chambre. À la porte de celle-ci, elle me glisse :
— C'est la première fois que je te voie dans cet état, c'est que cette personne doit beaucoup compter pour toi.
Ma mère me couve d'un dernier regard puis sort de ma chambre. Aussitôt, je ne peux pas m'empêcher de vérifier, encore, si j'ai eu une réponse de Léo. Je suis vute déçu lorsque ce n'est toujours pas le cas. Je tente alors d'être moins accusateur que mes précédents messages :
Valou à Lou
22h37 J'espère que tu vas bien. Bonne nuit, Lou💙
Fatigué émotionnellement, je décide d'éteindre. Instinctivement, je vais poser ma tête sur l'oreiller où a dormi Léo. Son odeur est encore présente et je me retrouve à la respirer, comme un idiot. Lou me rend vraiment plus con que je ne le suis déjà. Un petit sourire sur le visage, je m'enroule dans ma couette, l'oreiller contre mon visage. Il me manque. Même si je l'ai vu ce matin, il me manque. Je le veux dans mes bras, comme hier soir, c'était bien.
Je ne trouve pas le sommeil et c'est bien connu, c'est à ce moment-là que l'on pense notamment à ses sentiments. Les miens sont confus en ce moment parce que Léo me trouble. C'était pas prévu comme ça entre nous deux. De base, je m'en fichais de lui, mais tout a changé cet été. C'est comme si, d'un accord commun, nous nous étions montrés l'un à l'autre tel que nous sommes réellement. Et c'est le seul à qui je peux me montrer ainsi, aussi vulnérable et c'est bien ce qui me fait peur... parce que ça veut dire qu'il peut me blesser. Comme ce soir avec son silence.
Je regarde l'heure sur mon téléphone et remarque que Chris m'a envoyé une vidéo, la vidéo. Il n'a pas mis de message avec. Je me redresse alors et lis la vidéo, le cœur commençant déjà à s'emballer. Un jour, ce pauvre cœur va quitter mon corps si ça continue comme ça. J'ai l'impression d'être une personne cardiaque avec tout ce que Léo me fait vivre.
C'est là que je me rends compte que les rôles entre Léo et moi se sont inversés. Avant, j'étais celui le plus surprenant, celui qui prenait les devants et qui le mettait dans tous ses états. Il a suffi d'un baiser pour tout changer. J'ai l'impression d'être à sa merci maintenant et je ne veux pas de ça. J'ai effectivement terriblement peur, peur de ce que je ressens, peur de ce que ressent Léo à mon égard mais dont je ne sais rien. Si ça se trouve, ce baiser ne signifiait rien pour lui, alors que moi j'y pense bien trop depuis un jour.
J'imagine que je verrai bien demain, en le renvoyant, au lycée.
Innocent, remember ?
Innocents, tu te souviens ?
All we did was care for each other
Tout ce que nous faisions était prendre soin l'un de l'autre
(...)
All we need is someody to lean on
Tout ce dont nous avons besoin c'est de quelqu'un sur qui compter / d'avoir quelqu'un sur qui compter
(...)
What will we do when we get old ?
Que ferons-nous quand nous serons vieux ?
Will we walk down the same road ?
Marcherons-nous sur le même chemin ?
Will you be there by my side ?
Seras-tu là à mes côtés ?
Standing strong as the waves roll over
Te tenant debout immobile tandis que les vagues frappent
When the nights are long
Quand les nuits sont longues
Longing for you to come home
Attendant impatiemment que tu rentres à la maison
All around the wind blows
Tout autour le vent souffle
We would only hold on to let go
Nous nous accrocherions seulement pour lâcher prise
(...)
All we need is somebody to lean on
Tout ce dont nous avons besoin c'est de quelqu'un sur qui compter
©️la coccinelle (avec quelques petites modifications personnelles)
💭 Salut tout le monde, nous revoilà pour le troisième chapitre qui démarre un peu dramatiquement avec le PDV de Léo puis qui devient beaucoup plus enfantin sous le PDV de Valentin avant de se terminer sur ses doutes concernant ses sentiments.
Alors, que pensez-vous de la réaction de Léo ? De leur moment ensemble, mais aussi de Chris qui poste la vidéo ? Et de la discussion entre Valentin et sa mère ?
D'ailleurs, le livre sera à majorité sous le PDV de Valentin, mais il y aura quelques PDV de Léo et d'autres personnages, mais je ne vous en dis pas plus... ;)
Et vous, de quel(le)s autres personnages aimeriez-vous avoir le PDV ?
Je vous dis à la semaine prochaine pour un chapitre qui révèlera davantage de tensions, mais également la raison pour laquelle V&L se sont rapprochés depuis cet été notamment!
Je vous dis à la semaine prochaine, d'ici-là, portez-vous bien !:) 💭
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