Chapitre quatre
Je me réveille à la bourre le lundi matin et me dépêche de me laver avant de sauter dans le bus. J'ajuste bien mon bonnet, une fois assis et ferme mon manteau. Aujourd'hui, il tombe des cordes et c'est vraiment désagréable. Chris arrive à son arrêt, comme d'habitude, et m'offre un sourire taquin avant de prendre place à mes côtés. Manquait plus que celui-là... La vidéo d'hier m'a coupé l'envie de le voir et encore plus de lui parler.
— Casse-toi, Chris, j'ai pas envie de te parler.
— Toujours fâché pour hier ?
— Oui, t'es qu'un con, Chris. Léo me parle plus à cause de toi.
— S'il arrêtait de faire son PD refoulé aussi...
Aussitôt les mots sortis de la bouche de cet imbécile qu'une colère m'envahit. Je me retourne alors vers lui, les traits du visage tirés. Franchement, je lui collerais bien une petite droite, historie qu'il réfléchisse à deux fois avant de dire des choses pareilles. Cependant, ce n'est ni mon genre ni le lieu alors je me contente de lui cracher :
— Tu vois, tu continues à agir en parfait connard. Ne parle pas de lui comme ça, et laisse-le vivre.
— Entre nous, c'est pas moi qui l'empêche de vivre. Il le fait très bien tout seul.
Et ça me fait taire. Ça me fait taire, parce qu'il y a une grande part de vérité dans ce qu'il dit. Et ça m'énerve qu'il puisse avoir raison sur quoi que ce soit concernant Léo, mon Léo.
Le trajet est assez froid entre Chris et moi, mais ce dernier tente de briser la glace en m'embêtant avec mon bonnet. Ce con s'amuse à me l'enlever tandis que je le récupère à chaque fois. Au bout d'un moment, j'arrive à décrocher un sourire à ce débile.
Nous arrivons à notre arrêt où je laisse Chris pour rejoindre Léo. J'espère qu'il viendra malgré son silence d'hier. Heureusement, je l'aperçois au loin. Aussitôt mon cœur loupe un battement et un petit sourire se dessine sur mon visage. Je suis contente qu'il ne m'ait pas totalement lâché.
Léo est emmitouflé dans une écharpe et en train de fixer le sol avant qu'il ne lève le regard vers moi. Je comprends en un regard que ça ne va pas mais je tente quand même :
— Hey, comment ça va depuis hier ?
— Salut. Bien et toi ? répond-il assez sèchement tout en commençant à avancer.
J'avais donc raison, comme souvent le concernant d'ailleurs. Je le rejoins et marche à ses côtés, ne comptant pas en rester là.
— Ne mens pas, Lou, je sais que ça ne va pas.
— Pourquoi tu te fatigues à me demander alors ? il me crache bien trop froidement à mon goût.
Super, le Léo en colère est de sorti. Le truc, c'est que je sens que c'est moi qui vais en prendre pour mon grade, alors que je n'ai rien fait. Je lui fais d'ailleurs remarquer :
— Je comprends que tu sois contrarié par la vidéo, mais je n'y suis pour rien. J'ai même tout fait pour que Chris la supprime, et il l'a fait. Alors, si tu dois être en colère contre quelqu'un, c'est contre lui, pas moi.
Allez, je sais pourquoi il est silencieux : il sait que j'ai raison, mais ça le fait chier de l'admettre.
— Si tu m'avais pas embrassé aussi, on en serait pas là.
Blessé, je m'arrête subitement de marcher. Déjà, c'est lui qui m'a embrassé alors je trouve dégueulasse qu'il utilise sa mauvaise foi pour mentir. En plus, en disant ça, il crache sur un bon souvenir. Ma mère avait bien tort de penser qu'il l'avait fait parce qu'il en avait envie. À mon tour, je laisse ma colère s'exprimer :
— T'es vraiment dégueulasse de me dire ça alors que c'est toi qui m'as embrassé ! En plus d'être orgueilleux, t'es un putain de menteur. Assume de m'avoir embrassé au lieu de remettre la faute sur les autres !
Je reprends ma marche, plus rapidement, et fourre mes mains dans mes poches. Ce qu'il peut être orgueilleux parfois !
— Valou ?
Face à sa petite voix, je me retourne vers Léo, qui a les yeux larmoyants. Aussitôt, ça me fend le cœur. Il a l'air si perdu et j'aimerais le serrer dans mes bras et lui faire oublier le monde qui nous entoure. Si j'étais chez lui ou chez moi, c'est ce que j'aurais fait, mais dans la rue et le froid, c'est moins tentant.
— Oui ?
Cependant, Léo n'a pas l'air de savoir que dire. Pourtant, on dirait qu'il voudrait dire tant de choses. Alors, il ferme les yeux et ravale ses larmes puis s'avance à ma hauteur pour continuer à marcher. Et c'est ce que nous faisons : nous marchons, en silence. Cependant, juste avant que nous entrions dans le lycée, je pose ma main sur son épaule et lui parle sincèrement :
— Je suis là, Léo, reste pas tout seul, s'il te plaît.
Le châtain à lunettes se contente de hocher la tête tandis qu'il rejoint les gars.
Cette distance entre nous dure toute la journée. Elle crée un froid dans la bande, d'autant plus que Léo et moi ne parlons que très peu à Chris. Je ne sais même pas si Estéban et Caleb ont fait le lien entre les deux mecs sur la vidéo et Léo et moi. Je ne sais même pas s'ils ont vu la vidéo. J'ai plus envie d'en parler de toute façon.
Je pensais que ma journée était déjà assez merdique, mais c'était sans compter sur l'intervention de deux mecs de ma classe, pendant une pause entre deux cours.
— Si ça se trouve, les deux mecs sont dans notre classe.
— Ça va devenir une classe de folles à ce rythme-là.
Les deux mecs se marrent tandis que je remarque le poing serré de Léo. Fatigué de tout ce bordel pour un simple baiser, je ne rétorque rien. Je suis alors étonné quand Caleb prend la parole, d'habitude très discret :
— Si ça te dérange autant Daniel, c'est peut-être parce que t'es pas si sûr que ça de ta sexualité.
Je ne suis pas le seul étonné de son intervention, car toutes les personnes autour du dénommé Daniel se tournent vers lui. C'est parti pour plus de drama. Cependant, Daniel n'a aucune réparti, reflétant son peu, voire manque d'intelligence, à part un bon vieux « Je ne suis pas PD ».
— Alors, ne t'inquiète pas d'avoir des gays dans la classe. De toute façon, même un gay ne voudrait pas de toi, t'as rien pour toi.
Sur ce, Caleb se retourne et je lui souris, à moitié hilare. Voilà pourquoi j'adore ce mec : il parle peu, mais quand il parle, c'est toujours génial. Caleb me sourit ensuite et je me demande s'il sait. Étant donné que ce n'est pas son genre de se mêler de la vie des autres, le brun à mes côtés se contente de changer de sujet. Mais, au fond de moi, je suis un peu rassuré de savoir que mon meilleurami me défend, qu'il sache ou pas.
*
Le froid dans la bande, et surtout entre Léo et moi, se brise le mardi. Déjà, on s'était reparlés le lundi soir sur Skype après les cours. C'était un peu timide mais c'est toujours mieux que son silence de l'autre jour.
Me préparant pour le cours de sport, je troque mon sweat et mon jean pour un short de sport et un tee-shirt manche longue sous un manche courte. Léo sort du vestiaire suivi d'Estéban et je fais de même quelques minutes après avec
Caleb.
En attendant que le reste des filles finissent de se changer, Caleb et moi s'asseyons dans l'herbe, humide après l'averse de ce matin.
— Il s'est passé quoi avec Léo ?
Caleb n'est pas dupe et comprend bien qu'il a quelque chose. D'ailleurs, Léo est assis plus loin avec Estéban et même pas à mes côtés.
— Je sais pas, c'est compliqué. Léo est compliqué, je souffle.
— C'est pour ça que vous vous entendez bien alors.
Surpris, je me retourne vers le brun à mes côtés :
— Tu me trouves compliqué ?
— Tous les deux vous êtes compliqués quand ça vous concerne en tout cas, il hausse les épaules.
Je ne trouve pas. Ou peut-être un peu. En fait, c'est assez vrai ce que Caleb dit, comme à chaque fois qu'il parle de toute manière.
Les derniers de la classe arrivent et nous devons faire deux tours en trottinant puis nous devrons faire deux groupes pour alterner la course. Après mes deux tours, je me mets avec Caleb en binôme et je suis le premier à devoir courir. Je remarque que Léo l'est aussi mais je n'ose pas lui proposer de courir avec moi.
Je me place alors sur la ligne du départ et refais mes lacets avant que la professeure ne siffle et que nous commencions à courir. Je veux directement partir devant et remets bien mon bonnet en place. Je repasse devant Léo et, face à mon sourire de gagnant, il me tire la langue, ce qui me fait sourire. Il essaye de me rattraper mais il ne tient pas longtemps.
— Déjà fatigué ? je le nargue.
— Je te jure que tu vas prendre cher en lutte après, menace-t-il avec un petit sourire qu'il essaye de dissimuler.
— Je n'attends que ça. Ça ne te dérange pas si je me remets à courir ? je continue de l'embêter pour l'énerver un peu.
J'accélère ma course et je l'entends me crier :
— Et après c'est moi l'orgueilleux !
Fallait se douter qu'il n'avait pas apprécié mon qualificatif du lundi matin. Après, je trouve qu'il le méritait amplement tout comme je le mérite actuellement. En plus, moi je rigole, je ne le pense pas vraiment alors que je pense que, lui, il tente vraiment de se convaincre de cette fausse vérité.
Les dix minutes de course s'écoulent et c'est maintenant au tour de Caleb et Estéban de transpirer. Je pars m'asseoir dans l'herbe et Léo fait de même juste devant moi. Je lui adresse un petit sourire et il me tire encore une fois la langue.
Joueur, j'arrache deux bonnes poignées d'herbes puis tends rapidement mon bras vers le col du sweat du châtain devant moi. L'herbe s'engouffre alors dans son vêtement et il se relève immédiatement.
— Putain, Valentin ! Mais t'as quel âge ? s'énerve-t-il tout en gesticulant de partout.
Le groupe de filles assises pas loin ont observé la scène et se mettent à rire.
— Ton geste ne restera pas impuni, sale petit mouton ! s'écrie Léo, une idée derrière la tête.
J'éclate de rire mais arrête immédiatement lorsque le goût d'herbe se fait ressentir dans ma bouche. Je crache l'herbe qui reste dans ma bouche devant mon, censé, meilleur ami et les filles qui rient. Je m'apprête à me venger mais la professeure intervient :
— Vous vous calmez, les deux nigauds ? Si non, vous courrez avec les autres.
La menace de l'adulte calme directement Léo autant parce qu'il a horreur de courir et parce qu'il n'aime pas faire d'histoires. Il retourne alors s'asseoir à mes côtés, cette fois-ci, mais me lance un regard noir ce qui me fait sourire.
— J'aime vraiment le goût de l'herbe, j'ironise.
— Normal, tu es un mouton.
Je souris et lui attrape son coude ce qui lui fait perdre son appuie et le fait tomber par la même occasion. Il se redresse et me fusille du regard avant d'ajouter :
— Non, mais tu es vraiment casse-couilles !
Et, même s'il essaye de vraiment paraître énervé, son sourire en coin le trahit comme toujours. Il remet ses cheveux en place puis me pique mon bonnet.
— J'ai des poux, alors je te le déconseille, je blague avant qu'il ne s'apprête à le mettre.
— Très drôle, roule-t-il des yeux avant de l'enfiler.
— Faut pas mettre comme ça, je lui fais remarquer en mettant le bonnet plus en arrière et en plaçant sa mèche vers la gauche. Si tu me prends quelque chose, autant bien faire.
Léo me sourit et garde mon bonnet jusqu'à la lutte où la prof lui demande de l'enlever. Dommage, car je trouvais qu'il lui allait bien.
— Je vais enfin pouvoir me venger, déclare Léo en se positionnant en face de moi.
— L'herbe m'a suffi.
— Ça ? Ce n'était rien comparé à ce que je vais te faire maintenant.
La prof annonce le début des combats et celui entre Chris et Léo démarre. Honnêtement, une tension émane de ce simple combat de sport. Je sais très bien qu'il s'agit d'un règlement de compte pour Léo. Ça se voit d'ailleurs à la ténacité et férocité avec laquelle mon meilleur ami tente de mettre Chris au sol. Je ne vais pas le plaindre, il le mérite pour ce coup. Cependant, fier comme il est, le seul blond de notre bande ne se laisse pas faire. C'est un très beau combat à regarder, mais j'ai un peu peur de la tournure qu'il prend. Estéban souffle d'ailleurs, visiblement étonné de l'attitude de Léo :
— Je ne le savais pas comme ça.
— Moi aussi, je m'étonne.
— Pas si étonnant que ça, se contente de commenter Caleb.
Estéban et moi nous tournons vers Caleb, espérant clairement des précisions mais ce dernier se contente de hausser les épaules. Du grand Caleb quoi. Et forcément, ce qui devait arriver arriva : un mauvais geste bien trop énergique pour un simple cours de sport de la part Léo arrive je ne sais où dans le visage de Chris. Aussitôt, les deux arrêtent le combat et le blond passe rapidement sa main sur sa bouche pour en sentir du sang.
— P'tain mais t'es con !
Léo se contente d'un sourire narquois, ne se fatiguant même pas d'avoir l'air désolé, tandis que la professeure de sport se dirige vers nous. Ça attire en conséquence l'attention des autres élèves qui constatent les dégâts. Au final, tout le monde semble étonné que ce soit Léo le responsable du sang coulant de la lèvre de Chris. Ça n'a pas l'air d'être grand-chose mais quand même ! Sacré Léo ! Je sais pas si je dois rire de la situation ou m'en inquiéter, honnêtement.
Chris file alors aux toilettes avec Estéban qui doit le « surveiller pour s'assurer que tout aille bien » selon les dires de la prof. De mon côté, mon meilleur ami boit de l'eau avant de s'assoir à mes côtés, le rouge aux joues. D'un air perdu, il lâche :
— Et dire que c'était même pas volontaire, quelle tristesse.
— Pas volontaire, tu mettais quand même beaucoup d'énergie dans le combat ! je réplique.
Léo se tourne alors vers moi, visiblement étonné et me demande :
— Parce que t'en as quelque chose à faire que je lui ai fait mal ?
— Nan, je constatais juste.
Chris finit par revenir avec un regard assassin en direction de Léo. C'est mauvais signe parce que, comme le blond est un vrai con têtu, je suis assez sûr qu'il va faire quelque chose en retour. Il ne faut décidément pas que ces deux-là se retrouvent la semaine prochaine à lutter ensemble !
Estéban et Caleb luttent à leur tour puis vient le tour de Léo qui semble avoir toujours autant d'énergie. La preuve en est au vu de l'ardeur avec laquelle il se jette sur moi.
— Au secours, les gars ! Ce mec est complètement fou ! je crie à l'attention d'Estéban et de Caleb, qui nous arbitrent, lorsque Léo me donne un coup de tête dans le ventre.
— On aime trop le spectacle, me lance Estéban n'en ayant absolument rien à faire.
Léo m'attrape ensuite par le tee-shirt et je ne peux pas m'empêcher de repenser à l'autre soir quand il l'a fait lorsque je l'embrassais. Je sors brusquement de mon moment d'égarement lorsque je suis plaqué au sol, mon meilleur ami à cheval sur moi.
— J'ai gagné, pauvre nul, sourit à pleine dents, Léo, avant de se relever.
Il me tend ensuite la main et me remet sur pied, tandis que je suis toujours un peu paumé.
— Je t'avais prévenu que tu allais prendre cher.
— La prochaine fois, c'est toi qui vas prendre cher.
— Mais oui, l'espoir fait vivre à ce qu'on dit, me charrie Léo.
— Petit con, va.
Je l'entends rire avant que ça ne soit au tour de Chris et Estéban de lutter. Je m'assois avec Léo contre le mur et lui donne un coup de coude dans les côtes.
— Rage pas, sale moche.
Je pouffe de rire car cette expression a le don de nous amuser. Il me redonne un coup de coude et je lui demande s'il va mieux.
— Oui, c'est bon, j'ai plus envie d'en parler.
— Pourquoi ?
— Parce que.
Très mature de sa part. Une vraie tête de mule quand il veut !
— Léo...
— C'est ma sœur, finit-il par confesser après un petit silence. Elle était ce weekend à l'appart et elle a vu la vidéo sur Facebook. Elle croit m'avoir reconnu.
Quand il parle de sa sœur, il parle de sa seconde, Charlotte qui est en études supérieures.
— Ah, merde. Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
— De la merde et des trucs vraiment méchants et blessants, comme d'hab. Puis j'en ai marre qu'on en parle de cette vidéo, ajoute-t-il, les sourcils légèrement froncés ainsi que les bras
croisés sur son torse.
— Oui, je comprends, je baisse la tête, je suis désolé que ta sœur l'ait vue.
— Moi aussi, crois-moi.
Autre combat, autres lutteurs : il s'agit de Chris et moi. Le blond me lance d'ailleurs un petit sourire que je ne saurais interpréter - arrogant, charmeur ou simplement un sourire - avant de s'approcher de moi. Nous avons cependant du mal à se faire tomber ou à pousser l'autre hors de la zone. N'étant décidément pas ma journée, je me retrouve encore une fois au sol, encore le vainqueur à califourchon sur moi. Cependant, Chris me lance un clin d'œil que je ne comprends toujours pas puis se remet debout. Ça devient gênant là et ça m'empêche d'ailleurs de me concentrer, car je me retrouve rapidement une deuxième fois au sol.
À la fin du combat, Chris arbore un air suffisant et visiblement fier à Léo, qui semble bouillir de colère. Je n'y comprends rien. C'est vraiment une drôle de journée.
Lorsque celle-ci se termine, Léo me propose :
— Tu viens chez moi ? Si tu veux, je te passe à manger en plus.
— J'accepte, seulement pour la bouffe.
Le châtain secoue la tête, amusé, puis nous nous dirigeons chez lui. Je suis content que tout soit revenu à la normal entre nous. Je n'aimais pas du tout être si éloigné de lui, même pendant un jour.
Nous goûtons alors chez lui puis nous posons dans sa chambre. Il met alors sa playlist de son Ipod touch sur l'enceinte et nous nous allongeons sur son lit. Nous écoutons quelques musiques puis Léo finit par rompre le silence agréable de la musique après avoir pris une grande inspiration :
— Je suis désolé pour hier.
Tout de suite, je suis content de son excuse. Peut-être qu'il ne rejette pas totalement ce baiser finalement. Je me tourne alors vers lui et il continue :
— On pourrait oublier ce baiser, s'il te plaît ?
Ok, je rectifie : il rejette totalement ce baiser. Le sentiment de cœur brisé est bien présent à ce moment-là. Cependant, je ne souhaite rien laisser paraître alors j'agis comme tel.
— Oui, bien sûr. C'était qu'un baiser en soirée de toute façon.
En disant ça, je me blesse moi-même et je déteste ça. Pourquoi a-t-il fallu qu'il sorte ça aussi ?
— Cool, tant mieux. Je ne voulais pas que ça change quoi que ce soit entre nous pour si peu.
« Pour si peu », je le déteste de réduire ce moment à néant. Après tout, il n'a pas tort, ce n'était rien, seulement quelques secondes. Mais quelques secondes qui m'ont fait ressentir bien plus que beaucoup de secondes dans ma vie.
Je ne trouve rien d'autre à dire et je me contente d'écouter la musique, le cœur toujours aussi lourd. Léo vient jouer avec mon bracelet du camping de l'été dernier que j'ai toujours autour du poignet. Comme l'idiot de sentimental que je suis, j'ai gardé ce bracelet en souvenir de cet été qui a été vecteur de beaucoup de changements. Certains dont je veux moins parler que d'autres d'ailleurs.
— J'ai gardé le mien aussi, dans une boîte, m'indique Léo, pourquoi t'as gardé le tien toi ?
— Je sais pas, je mens, et toi ?
— Parce que je n'ai pas envie d'oublier cet été. Je ne pense pas y arriver de toute façon, lâche-t-il un petit rire.
J'avoue alors :
— Moi, non plus, je n'oublierai sûrement jamais cet été.
Léo continue de jouer avec mon bracelet tandis que je le regarde faire. Et sans que je ne m'en rende compte, je le couve du regard. Il semble le remarquer car il lève les yeux vers moi. Je détaille alors ses prunelles d'un bleu si particulier, tandis que son pouce touche désormais ma peau de poignet, et non plus le bracelet en plastique. Je n'ose pratiquement plus bouger ni respirer, me contentant de continuer à le regarder bien que ce soit extrêmement perturbant.
Nous restons un bon moment ainsi jusqu'à ce que Jeanne débarque comme une tornade dans la chambre. Elle saute alors sur le lit et se positionne entre nous deux, nous faisant par la même occasion sursauter.
— C'est trop demander de frapper ? ronchonne immédiatement Léo, pas très convaincu tout de même.
— Oh, c'est bon, c'est pas comme si vous étiez en train de baiser.
Aussitôt Léo tourne au cramoisi tandis que j'explose de rire. Cette petite grandit décidément trop vite et c'est définitivement trop drôle. Surtout quand elle bouscule un peu la pudeur de son frère.
— Tu ferais mieux de faire attention à ce que tu dis ! menace le grand frère envers sa sœur.
Le problème, c'est que c'est difficile de prendre Léo au sérieux, bien qu'il aimerait vraiment le contraire.
— Sinon tu vas faire quoi ? défie la benjamine de la fratrie.
Pour lui prouver qu'il peut l'embêter, mais pas méchamment parce que c'est Léo, ce dernier commence à lui chatouiller le cou. Je l'aide alors en m'occupant de son ventre. Jeanne crie alors dans tous les sens et tente de s'échapper de notre emprise. Nous finissons par la laisser et elle court s'enfuir hors de la chambre.
Léo et moi nous posons alors contre sa tête de lit et sourions, comme des idiots. Je lui avoue, soulagé :
— Je suis content que ça aille mieux entre nous.
— Moi aussi.
Le châtain à lunettes tourne alors sa tête vers moi et je fais de même. Nous échangeons alors un sourire puis je viens poser ma tête sur son épaule, profitant de ce moment très agréable. Et j'aimerais que ça soit tout le temps comme ça avec Léo : simple et léger. Parce qu'au fond, je suis blessé de ce qu'il a pu dire concernant le baiser. Mais, je sais que je dois mettre ça de côté si je veux toujours de mon amitié avec lui, chose que je souhaite vraiment, vraiment, vraiment. Alors, confiant mes inquiétudes, je sors :
— Ne fais plus ça, ne plus me donner de nouvelles, s'il-te-plaît, ça m'inquiète et, et me fais mal.
— D'accord, se contente de doucement souffler le châtain, je suis désolé.
Il accompagne alors sa parole d'un petit geste : il revient jouer avec mon bracelet du camping. Et, quand je le fixe à nouveau, je réalise tout le chemin qu'on a parcouru ensemble avec Léo depuis cet été, depuis seulement quelques mois en fait. C'est rapide, mais j'ai l'impression que c'est une évidence que les choses se passent ainsi entre nous. Qui sait maintenant comment elles vont évoluer. Pour l'instant, je profite juste de la proximité de nos deux corps et du bonheur que ça me procure.
🤼 Salut tout le monde, j'espère que vous avez passé une bonne semaine !
On se retrouve pour ce quatrième chapitre - sans musique car je n'en ai pas trouvée qui correspondait bien alors n'hésitez pas si vous avez des suggestions -.
Je me suis pas mal amusée à écrire le passage de la lutte bretonne alors j'espère qu'il vous a plus aussi ! Qu'en avez-vous pensé d'ailleurs ? Et de la conversation entre V & L concernant le baiser ? De la fin du chapitre ?
Je pense poster un petit chapitre "bonus" dimanche (je vous donnerai davantage d'info ce jour-là) alors je vous dis à dimanche. Vous pensez que ça sera quoi ?:p
D'ici-là, portez-vous bien,
L :") 🤼
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