Chapitre dix-sept
— Freine !
— Mais j'essaye de freiner ! je crie, en panique.
Je panique parce qu'il y a un arbre en face de moi et je fonce droit dessus. Je ne pensais que j'aurais tant de mal à retrouver mes réflexes sur des skis. Pourtant, depuis hier, c'est une catastrophe. J'enchaîne chute sur chute et ça commence à m'énerver.
— Léo ! je crie, me rapprochant de plus en plus de l'arbre.
Un arbre qui est bien trop épais pour que ça ne me fasse pas mal si je me le prends. Je fais alors de mon mieux pour freiner mais je m'emmêle les skis. Heureusement, ça me fait tomber et ne pas me prendre l'arbre par la même occasion. Léo arrive enfin à ma hauteur et ne peut se retenir de rire. Je serais pareil à sa place alors je ne râle pas trop bien que j'en ai envie au fond.
— Bon, tu veux qu'on rentre ?
J'accepte sa proposition tandis qu'il prévient sa famille que nous rentrons. Eux aussi, je crois que je les ai bien fait rire avec toutes mes chutes. Une vraie paria que je suis devenu à mon plus grand déplaisir. Léo et moi redescendons alors la piste, moi très lentement par peur detomber. Puis nous prenons le chemin du chalet et galérons un peu avec nos chaussures de ski étant donné la montée qui nous attend. Finalement, nous arrivons à notre habitation et j'en soupire de soulagement. Deuxième jour de ski mais je n'en peux déjà plus ! Heureusement, Léo est sympa et me prépare un chocolat chaud. Il n'y a pas à dire c'est largement meilleur quand c'est quelqu'un d'autre qui le fait, même s'il ne met pas assez de chocolat à mon goût ! Nous nous prenons alors un goûter, profitant de ce moment tous les deux.
— Ça ira mieux de jour en jour tu vas voir, me rassure mon copain concernant mes compétences en ski.
— En même temps, difficile de faire pire.
Le châtain sourit à ma remarque tandis qu'il replace ses cheveux en ordre. Je l'observe faire puis viens coller ma chaise à la sienne. Je lie ensuite nos doigts ensemble et Léo et moi continuons de parler encore un peu avant qu'il ne souhaite prendre une douche. Il n'a pas tort, ça ne me ferait pas de mal non plus. D'ailleurs, je le gruge en me déshabillant plus vite que lui et en courant sous la douche à poils. Léo s'en plaint d'ailleurs en me poursuivant :
— J'avais dit que j'irai sous la douche en premier ! Et arrête de te balader nu alors que ma famille pourrait débarquer à tout moment !
— Qu'est-ce que ça peut te faire qu'il me voit nu ?
Je suis rentré dans la douche à l'italienne tandis que Léo me fixe à son entrée. Il me lance un regard faussement furieux tandis que j'allume l'eau. D'humeur taquine, je lui jette de l'eau.
— Valentin ! crie Léo de surprise. Tu vas salir la salle de bain !
Trouvant la situation amusante, je dirige à nouveau le pommeau vers lui pour le mouiller. Le châtain se décide à réagir et vient me le prendre. Alors, il me mouille mais je lui fais remarquer :
— Tu sais que le principe d'une douche, c'est d'être mouillé ? Alors, j'en ai rien à foutre que tu me mouilles du coup.
— Emmerdeur.
Léo me rend le pommeau tandis qu'il va s'essuyer avec une serviette. Je l'observe d'un coin de l'œil tout en me douchant. Je remarque alors qu'il ne sait pas trop quoi faire. C'est vrai que c'est déjà arrivé que l'autre soit là lorsque l'autre se douche, mais jamais depuis qu'on est ensemble. Est-ce que c'est censé être gênant maintenant ? Léo doit penser la même chose alors je lui demande :
— Ça te gêne que je me douche devant toi ?
— Pourquoi je serais gêné, c'est déjà arrivé, non ?
— Parce que c'est la première fois que je suis nu devant toi depuis qu'on est ensemble, je hausse les épaules avant de me saisir du gel douche.
J'en applique alors sur mon corps tandis que Léo m'observe toujours. Ça me fait d'ailleurs une drôle de sensation dans mon estomac.
— Et alors ? Tu crois que je vais te sauter dessus ? ironise le châtain.
— Te connaissant et vu mon corps de Dieu, ça ne m'étonnerait pas, je rentre dans son jeu.
— Rêve toujours.
— Genre tu sors avec quelqu'un que tu ne trouves pas attirant ?
Inconfortable, je fais dos à Léo pour appliquer du shampooing sur mes cheveux humides. C'est une question idiote mais pas tant que ça au fond, c'est pour ça que ça me gêne finalement. J'espère que je l'attire parce que moi, c'est totalement le cas. Ça n'a pas été le cas immédiatement car je le connais depuis la primaire, mais depuis cet été ça a changé. En fait, c'est le fait d'apprendre à le connaître qui m'a fait aimer son physique. Bien entendu, je ne l'ai jamais trouvé moche, mais jamais attirant non plus, du moins jusqu'à cet été. Je crois que j'étais bien trop bloqué sur notre incompatibilité de personnalité pour remarquer sa beauté. Quel gâchis.
C'est pourquoi, j'ai peur de sa réponse. Parce que j'ai l'impression que les couples normaux ont une sorte de coup de foudre physique avant que ça devienne mental alors que moi, ça a été le contraire. Est-ce que-
Je n'ai pas le temps de davantage me tourmenter l'esprit que je sens le corps de Léo m'enlacer, peau contre peau. Je répète : peau contre peau ! Du moins, il a gardé son caleçon, mais le reste est dénudé. Je n'en reviens d'ailleurs pas de son action mais j'en suis très heureux. Nous restons alors dans les bras de l'autre, toujours dos à dos, un petit moment et je profite de chaque instant. J'ai alors du mal à contrôler ce qui se passe plus en bas dans mon corps. Je sens son cœur battre contre ma peau dorsale. Mes mains sont enlacées avec les siennes sur mon ventre tandis que je me retourne vers mon copain.
Nous nous sourions timidement, dû à ce contact nouveau, avant de venir réunir nos lèvres. J'encadre son visage encore sec de mes mains mouillées tandis qu'il enroule mon bassin de ses bras. Nous échangeons alors de nombreux baisers et j'avoue que ça ne me laisse pas indifférent. Je remarque également que c'est le cas pour Léo alors je lui redemande, un peu moins gêné que tout à l'heure :
— J'imagine que ce veut dire que je t'attire ?
— Idiot, sourit Léo avant de venir se coller contre moi, se cachant par la même occasion.
Cette fois, on se fait un câlin du bon sens et je profite de ce bon moment.
— T'es idiot parce que c'est évident que je te trouve attirant sinon je ne sortirais pas avec toi sinon.
— Perso, je te trouve dégueulasse.
Léo pouffe puis il s'amuse à me punir à me mordillant l'épaule.
— Tu me trouves attirant depuis quand ? je demande à mon copain, toujours enlacé avec lui.
La position n'est d'ailleurs pas la plus confortable du fait de nos deux érections entre nous. Cette intimité entre nous est nouvelle et elle me rend nerveux. Léo paraît aussi nerveux car il met du temps à répondre. C'est vrai qu'on a jamais trop parlé de ça. Genre, depuis quand on se kiffe mutuellement. Ça me fait peur parce que si ça se trouve, il me kiffe que depuis, je ne sais pas, octobre alors que moi, quelque chose s'est passé au camping cet été, surtout après notre noyade. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à craquer pour lui car j'ai découvert un garçon drôle, passionné, sensible, doux, attachant, curieux, intéressant. Le fait que je trouve autant de qualités me fait réaliser que je suis vraiment atteint. L'est-il tout autant de moi ? Je suis inquiet car il ne m'a toujours pas répondu. Cependant, je sens qu'il s'apprête à le faire mais une porte claque au loin.
— Merde, ils sont rentrés !
Léo se détache automatiquement et les traits de son visage laissent deviner la panique qui l'envahit. Ça me fait aussi mal que lorsque nous nous sommes embrassés pour la première fois et qu'il a paniqué à l'idée que quelqu'un ait pu nous voir. Cependant, je mets encore cela de côté et lui indique de finir de prendre sa douche tandis que je sors de la salle d'eau, seulement vêtu d'une serviette à la taille. Bien entendu, je tombe sur Hugo, à ce moment précis, qui va à sa chambre et qui me sourit étrangement tandis que je le préviens :
— Léo est parti sous la douche.
Je ne sais pas pourquoi je lui dis alors je file rapidement dans la chambre, le cœur battant la chamade. C'était chaud. Difficile de cacher qu'on est ensemble quand on vit avec d'autres personnes. C'est comme les matelas que l'on met au sol pour dormir ensemble : Léo se réveille tôt le matin pour les remettre à leurs places normales. Je crois que ça le stresse tellement que ça le fait automatiquement réveiller à six heures du matin tandis que personnes n'est réveillé. Alors, on retourne chacun dans notre lit et nous rendormons, séparément afin qu'il n'y ait aucun soupçon. Entre nous, je ne pense pas que ce soit réellement nécessaire car personne de sa famille ne vient nous réveiller le matin mais Léo flippe trop alors il tient à faire ainsi. En plus, je trouve dommage de se séparer au petit matin, ça me fait un peu chier en vrai, mais je ne lui dis pas.
Je viens de finir de m'habiller en tenue confortable lorsque Léo débarque dans la chambre.
— Tu t'habilles comme ça pour ce soir ?
— Comment ça ? je demande, confus.
Bah ouais, je me mets un jogging pour manger au chalet. Ce n'est pas choquant, si ? Pourtant, je croyais que la famille du côté du père de Léo était moins pointilleuse sur l'apparence. Le châtain me précise alors :
— On va au restau. ce soir, t'avais oublié ?
— Euh ouais.
Léo lève les yeux au ciel tandis que je me change. J'avais effectivement complètement oublié. J'enfile alors un jean noir ainsi qu'un pull de la même couleur tandis que mon copain enfile quelque chose de beaucoup plus coloré que moi : un jean bleu ciel avec un pull rouge pétant. Je le regarde ensuite se coiffer minutieusement, s'inspecter de haut en bas et de tous les angles possibles ainsi que se mettre du parfum. C'est limite inquiétant parfois le temps qu'il passe devant un miroir.
Une fois prêts, nous rejoignons la famille de Léo avant de marcher jusqu'au restaurant. Cliché, mais nous mangeons une tartiflette et je n'en ai jamais mangé une meilleure de ma vie ! Vraiment, c'était trop bien. J'en ai d'ailleurs plein le bide.
Après le repas, Léo, Hugo et moi sommes partis jouer au billard à l'étage. Je n'en ai jamais joué alors Léo et Hugo m'apprennent. En réalité, c'est plus Hugo qui m'apprend étant donné qu'il en fait plus souvent que Léo. Et, peut-être que je me trompe, mais ça a l'air d'agacer le châtain. Au bout d'un moment, Hugo propose d'aller se chercher un verre :
— Je vais me prendre une bière, vous en voulez une ?
J'attends que Léo réponde, un peu gêné puis réponds au regard d'Hugo par une affirmation. Tandis qu'Hugo est parti nous prendre les bières, j'embête Léo :
— Je rêve ou t'es jaloux de ton cousin ? !
Je m'approche de Léo, ma queue de billard en mains, mais il me fait reculer avec la sienne.
— Nan, je suis pas jaloux.
— Tu rigoles ou quoi ? ! Ça se voit à dix kilomètres, t'es crispé dès qu'il s'approche de moi.
Ça n'a pas l'air de le faire rire, à mon contraire. Franchement, qui est jaloux de son cousin à part Léo ? Je me saisis alors de sa queue pour réduire la distance entre nous deux et dépose un rapide baiser sur ses lèvres. Il n'a pas le temps de me réprimander sur ce geste public qu'Hugo remonte avec nos bières en main. Des bières d'un demi-litre, il rigole pas son cousin !
— Les parents sont rentrés au chalet mais ils ont dit qu'on pouvait rester tant qu'on voulait. Bien entendu, étant donné que je suis le plus grand, je dois vous surveiller.
— T'as que trois ans de plus que nous ! se lamente Léo ce qui me fait sourire.
— Je suis surtout majeur.
Mon châtain roule des yeux tandis que nous reprenons notre partie. À la fin de celle-ci, des jeunes sur la table d'à côté proposent qu'on fasse un tournoi. Vu mon niveau, je ne préfère pas y participer et comme une fille est dans la même situation que moi, nous décidons de nous faire une partie entre nuls. Elle m'étonne d'ailleurs en étant encore plus nulle que moi. Genre, elle a réussi à éjecter une boule hors du tapis quand même ! Ça m'a bien fait rire d'ailleurs.
Vers minuit et après une deuxième pinte, Léo, Hugo et moi décidons de rentrer. C'est cependant difficile de voir correctement avec seulement la lampe torche du téléphone d'Hugo.
— Quelqu'un veut ? propose le cousin de Léo en tendant son paquet de clopes.
N'ayant pas fumé depuis un petit temps, j'accepte. Hugo me l'allume tandis que je laisse l'agréable nicotine me parcourir. Je pensais pas que ça m'avait manqué.
Bien heureusement, nous finissons par arriver au chalet et rentrons nous y réchauffer. Nous trouvons alors les parents d'Hugo à jouer aux cartes et nous nous joignons à eux. J'apprends alors la crapette et aime même bien cela. Un peu avant deux heures du matin, nous partons tous au lit. Et ça ne me fait pas de mal, car je suis crevé entre l'effort du ski de la journée, les deux pintes et l'heure tardive.
Léo a l'air aussi fatigué car il parle que peu. Nous installons, comme depuis deux soirs, les matelas une place au sol et les collons pour en faire un deux places. Je me précipite ensuite sous la couette et viens me coller à Léo dès qu'il me rejoint.
— T'es pas collant toi, il fait remarquer. En plus, tu pues la cigarette. Pourquoi t'as accepté d'ailleurs ?
— Je sais pas, je me suis juste dit que ça faisait longtemps.
— Hum.
— Ça te dérange ?
— Ouais, un peu. Je vois pas l'intérêt de fumer de la pure merde.
— Rabat joie, je me contente de répondre avant de déposer un petit baiser sur sa clavicule. C'était sympa comme soirée, je change de sujet.
— Oui. T'as appris le billard et la crapette, tu dormiras moins bête.
— Effectivement.
Je commence à fatiguer et mes paupières à se fermer, mais c'est à moment-là que Léo choisit pour parler.
— Tu m'as demandé depuis quand tu me plaisais, et toi, depuis quand je te plais ?
Je réouvre les yeux et lève mes yeux vers son visage. Il baisse alors les siens et nous nous regardons. Je lui fais alors remarquer :
— T'as pas répondu alors je répondrai qu'après que tu as répondu !
— T'es un gamin !
— Toi aussi, tu réponds jamais à mes questions.
— C'est pas vrai.
— Si.
— Non.
— Si.
— Si. Ah voilà je me suis trompé à cause de toi !
— À cause de moi, mais je n'ai rien fait.
— Si.
— Non.
🎼The Few Things - JP Saxe, Charlotte Lawrence 🎼
Avant de repartir dans ce jeu stupide, Léo et moi pouffons de rire. Commençant à me réveiller, je glisse mes mains vers son tee-shirt et le chatouille. Il est bien plus chatouilleux que moi alors je sais que je gagne haut la main à ce jeu. Nous nous chamaillons quelques minutes et je finis par me retrouver à califourchon sur lui. La position est nouvelle et je suis un peu mal à l'aise alors je me cache contre son torse. Léo m'encercle de ses bras et caresse mon dos de ses pouces.
— T'as pas répondu à ma question, j'insiste un peu.
— Elle m'emmerde ta question. Pourquoi tu veux tant que ça savoir ?
— Je sais pas, pour savoir un peu comment on en est arrivés là quoi.
Le châtain n'a pas l'air décidé à cracher le morceau alors je m'étonne lorsqu'il y répond enfin :
— Je sais pas vraiment depuis quand j'ai quelque chose pour toi. C'est un peu flou, mais déjà en primaire, je t'avais remarqué.
Étonné, je me redresse pour regarder yeux dans les yeux mon copain. Il ne paraît pas très à l'aise alors je lui souris tout en lui saisissant ses mains pour les ramener sur son torse et lier nos doigts.
— Remarqué comment ? Parce que j'avais l'impression que tu m'aimais pas trop en primaire.
C'est vrai, ça n'a pas très bien commencé avec Léo. On se parlait pas beaucoup ni ne jouions beaucoup ensemble. Personnellement, j'étais plutôt dans les garçons bagarreurs et à embêter les filles avec les autres gars tandis que Léo avait un groupe d'amis avec qui il était tout le temps fourré.
— C'est pas que je t'aimais pas, c'est que... je t'enviais.
— Tu m'enviais ? je répète, étonné.
— Ouais, t'avais plein de potes et tout le monde t'aimait bien alors que moi j'étais toujours de côté avec les autres.
— Fin, tu sais, moi je vous trouvais cool à pas faire comme tout le monde justement.
Léo me sourit tandis que je veux en savoir plus.
— Et au collège, tu m'aimais toujours pas ?
— Au début non, c'était comme en primaire. Puis, comme moi, toi, Estéban, Caleb, Chris n'étions pas du tout intéressés à courir après les filles, on s'est rapprochés et je me suis rendu compte que t'étais assez différent de ce que j'imaginais.
— En positif ?
— En positif, oui.
Je suis toujours en train de sourire, heureux qu'il se confie, tandis que nous continuons notre discussion.
— Alors, au lieu de t'envier, je crois que je me suis mis à t'admirer.
Encore une fois étonné de n'avoir jamais remarqué tout cela, je lui demande de préciser, ce qu'il fait :
— T'avais toujours des bonnes notes, tout le monde t'aimait bien.
— Tu m'aimais bien ?
— Oui et non, j'aimais pas le fait de t'admirer. Surtout que ça a continué.
Je me sens vraiment perdu face à tout ce qu'il me raconte. Je ne savais vraiment pas. J'ai toujours pensé qu'il ne m'appréciait pas trop et que, comme moi, il avait appris à me connaître cet été.
— Alors tu m'appréciais depuis le collège ?
— Peut-être, je ne sais pas.
Léo se renferme à nouveau et je comprends que je n'en saurais pas tellement plus pour ce soir. Heureux qu'il se soit ouvert à moi, d'autant plus avec honnêteté et sincérité, je fais de même :
— Moi, ça a été cet été le déclic. Je t'avoue qu'avant t'étais pas trop le genre de personne que je pensais apprécier.
Je sens que ça blesse Léo alors j'exerce une petite pression sur ses doigts.
— Mais c'était bête parce que tout ce que je pensais de toi était basé sur des impressions et pas la réalité. C'est pour ça que ça a été limite violent cet été. J'avais l'impression de découvrir une toute autre personne et surtout une personne que j'aimais beaucoup. Ça m'a d'ailleurs perturbé toute la fin de l'été.
— Alors, c'est cet été que tu as eu... genre... quelque chose pour moi ?
— Oui.
Léo hoche la tête tandis que je sens que le rouge m'a un peu chauffé les joues. C'est assez gênant et effrayant de se confier sur ses sentiments à la personne concernée. C'est d'ailleurs la première fois que je le fais et je trouve ça très difficile. Parce qu'avec Léo, on n'avait jamais trop parlé de notre relation et de nos sentiments envers l'autre. Il y a eu le « je t'aime » mutuel le jour où nous nous sommes mis ensemble et depuis, rien.
Étant lancé, je lui pose alors la question qui me brûle les lèvres depuis le jour où il est venu m'embrasser chez moi. La question dont j'ai peur mais dont je suis aussi impatient d'avoir la réponse. Je n'avais pas osé demander avant parce que j'avais peur et depuis j'ai toujours un peu peur en réalité. Mais ce soir, l'envie de savoir prend le dessus sur ma peur de savoir.
— Si Chris ne t'avait pas dit qu'il voulait me demander de sortir avec moi, tu serais venu ?
Ma gorge se serre automatiquement car j'ai peur. J'ai peur qu'en fait Léo n'ait voulu de moi que dans un excès de jalousie et d'égo, et pas d'amour. Si ça se trouve, il ne m'aime pas vraiment, il a juste pas voulu être devancé par Chris. Léo semble hésiter quant à se réponse et chaque seconde qui passe me fait mal autant mentalement que physiquement.
— Honnêtement ?
— Oui. S'il te plaît.
Mais dans quel état il me met ? J'attends alors le verdict de l'origine de notre relation. Est-ce qu'il m'aime ou est-ce qu'il est juste trop fier ?
— Non, je ne serais pas venu.
Mon cœur s'arrête un moment puis reprend frénétiquement. Au même moment, automatiquement, les larmes me montent aux yeux mais je tente de ne pas le lui montrer. Ne sachant pas trop comment réagir mais me sentant autant dégoûté, triste qu'en colère, je me relève de son corps. Cependant, mon attitude a l'air de paniquer Léo qui me tire à nouveau sur lui tout en s'inquiétant :
— Pourquoi tu pleures ?
— Je pleure pas, je crache rageusement tandis que je sens une larme couler sur ma joue.
— Valentin...
— Quoi ? ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise aussi ? ! Tu viens de me dire que tu ne serais jamais sorti avec moi si Chris ne t'avais pas dit qu'il voulait sortir avec moi en premier. Alors qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je me sens con parce que je pensais que tu m'appréciais sincèrement alors qu'en fait c'était juste une question de fierté et de jalousie envers Chris ? !
Aussitôt que je lui crache tout cela, ses yeux se voilent du même liquide que les miens. Encore mieux, c'est lui qui fait le blessé maintenant !
— Attends, tu crois vraiment que je suis venu juste parce que j'étais jaloux de Chris ?
À l'entente de sa voix serrée, je comprends qu'il ne va vraiment pas bien, mais je n'en comprends pas la raison.
— Je le ne crois pas, c'est ce que tu viens de me dire.
— Nan, j'ai pas du tout dit ça ! Ce que j'ai dit c'est que le fait que Chris m'ait dit vouloir sortir avec toi m'a fait réagir. En fait, ouais, j'étais effectivement jaloux, et pas fier ni pris d'un excès d'égo comme tu as l'air de le penser, mais cette jalousie m'a enfin donné le courage de te dire que je t'aimais.
C'est Léo qui pleure à son tour et qui me repousse physiquement, mais aussi mentalement. Je me retrouve alors en tailleur sur le matelas à le fixer. Tout comme moi, il paraît aussi blessé qu'en colère.
— Tu te rends compte de l'effort que ça a été de t'embrasser chez toi alors que ta mère aurait pu être là et de te dire « je t'aime » alors que t'aurais pu me rejeter ? ! Et tu oses penser que c'est par égo ou fierté, ça me dégoûte.
Maintenant, Léo pleure vraiment et je me sens mal d'avoir déclenché tout cela. Bordel, je ne pensais que cette soirée se terminerait ainsi. Blessé aussi, je m'emporte :
— Désolé que ça soit un effort pour toi d'être avec moi !
— Tu mélanges tout là ! Moi je te parle d'avoir fait le premier pas.
— Alors tu admets que c'est quand même un effort d'être avec moi.
Le silence de Léo me brise le cœur et encore plus lorsqu'il réplique :
— Mais je ne suis pas gay comme toi alors oui c'est pas facile.
— Tu te fous de moi là par contre ? Tu oses me dire que t'es pas gay alors que tu es venu, pratiquement nu, dans la douche avec moi encore aujourd'hui ! Qu'est-ce que tu comprends pas là-dedans ? T'as pas encore compris que j'étais un gars et que toi aussi ou quoi ? !
Léo ne répond plus rien et se contente de s'allonger pour me faire dos. J'ai toujours la boule à la gorge et les yeux mouillés tandis que je le regarde. Je m'allonge alors aussi de l'autre côté du lit, moi aussi dos à lui. Je n'avais jamais vécu une situation pareille et c'est la pire chose qui me soit jamais arrivée. J'ai l'impression d'avoir le cœur en mille morceaux et ce dernier me le fait bien comprendre car il me fait même mal. Je tente de cacher mes sanglots dans le silence lourd de la pièce. Cependant, au bout d'un moment, un de mes sanglots se fait entendre alors je pose mon bras contre ma bouche pour l'étouffer. Ce moment est vraiment horrible et je déteste Léo de me faire vivre cela. En plus, ce connard en a rien à faire que je pleure à ses côtés.
Je regrette automatiquement ce que j'ai dit lorsque je l'entends bouger et qu'il vient se coller à moi. Il m'encercle alors de ses bras et je me retourne automatiquement pour le serrer dans mes bras. Lui aussi pleure en fait et je me sens mal d'avoir provoqué, en partie, cela. Pourtant, je n'arrive à rien dire, la gorge trop serrée.
— Je suis triste que tu penses ça de moi, sanglote Léo dans mes bras. Je t'aime, vraiment, je t'aime Valentin. T'es le seul qui me connaisse vraiment et qui me voie à travers le masque que je me suis créé. Le seul.
J'ai un peu de mal à comprendre ce qu'il me dit mais ses « je t'aime » résonnent partout en moi. Il m'aime, il me l'a encore dit. Il m'aime. Ça me fait encore étrange de l'entendre me le dire, comme si ce n'était pas vraiment réel.
— Je t'aime aussi Léo et je suis désolé d'avoir mal réagi. J'ai justement eu peur que tu ne m'aimes pas comme je t'aime.
Nous nous serrons alors encore plus fort dans les bras de l'autre, nos pleurs se calmant. Nan mais dans quel état on s'est mis ? En même temps, je crois qu'il était temps qu'on parle de ces choses-là, de nos insécurités concernant notre relation.
Cependant, il y en a une qui reste : Léo dit qu'il n'est pas gay. Il dit ça alors qu'il sort avec moi. Qu'est-ce que ça fait de moi ? ! Je n'arrive pas à comprendre qu'il puisse dire ça et avec autant de conviction. Je n'arrive pas à comprendre et il ne m'aide pas non plus.
Étant donné toutes ces émotions, je décide de taire ce sujet bien que je sache qu'il va poser problème à un moment donné dans notre relation, si ce n'est pas déjà le cas...
À la place, je me perds dans nos nombreux baisers. Nous passons d'ailleurs encore des heures à nous embrasser et nous câliner. On se couche même à plus de trois heures du matin avec toutes nos conneries, nos belles conneries bien entendu.
Cependant, le dernier problème concernant notre relation est ma dernière pensée et j'espère sincèrement qu'un jour ça ne sera plus un problème justement.
I don't say whats on my mind quite as much as you'd like me to
Je ne dis pas ce que je pense autant que tu le voudrais
I've been hearing that my whole life, I promise, it's not just you
J'ai entendu cela toute ma vie, je te promets, ce n'est pas seulement qu'avec toi
But I so confidently want you
Mais j'ai tellement envie de toi
That when you say you're insecure about my feelings I don't take it serious
Que quand tu dis ne pas être sûr de mes sentiments je ne le prends pas au sérieux
But if you need me to tell you more
Mais si tu as besoin que je t'en dise plus
You're one of the few things that I'm sure of
Tu es l'une des rares choses dont je suis sûr
You're one of the few things that I know already
Tu es l'une des rares choses que je connaisse déjà
I could build my world of
Je pourrais construire mon monde avec
One of the few things that I'm sure of
L'une des rares choses dont je suis sûr
And I want you to unravel me
Et je veux que tu me décryptes
Come closer, come closer
Viens plus près
(...)
And I know I keep a lot to myself
Et je sais que je garde beaucoup de choses pour moi
But still you're more part of me than anybody else
Mais tu fais toujours partie de moi plus que n'importe qui d'autre
(@LeaABY traduction)
🚿Coucou tout le monde !
On se retrouve pour un nouveau chapitre à la neige. J'espère que vous avez bien aimé !
Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite des vacances au ski,
D'ici-là, portez-vous bien,
L :")🚿
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