5 - La tribu des démons
Les doyennes de la tribu démoniaque ont pris en charge la princesse qui était toujours aussi fiévreuse, pendant que Dabi est parti discuter avec son père, le roi démon.
Le corps de la jeune femme luttait faiblement contre le poison transmis par la plante de la nuit dernière. Les doyennes l'ont débarrassé de son kimono réduit en lambeaux, et l'ont couverte de plusieurs peaux de bête. Il fallait faire transpirer le corps afin de faire évaporer les toxines et veiller à la température du corps. Les vieilles femmes nettoyaient souvent les tâches violacées et changeaient les asticots purifiant la plaie à la cheville, se nourrissant de la chair morte et du sang pourri.
Riku se réveille péniblement, prise de bouffées de chaleur, écoutant les doyennes discuter entre elles dans leur langue natale. Elle se redresse mais se tient la tête, prise de vertiges.
- Yuzi'ho e kinmah !** se précipite l'une des vieilles femmes en maintenant la princesse couchée.
**Elle est réveillée
(Langue inventée pour l'histoire)
- Oto-sama... soupire Riku, épuisée.
Elle appelait sa famille de plus en plus faiblement alors que la doyenne lui tamponnait doucement le front, tandis qu'une autre partait sûrement prévenir de son réveil. Une toux étouffe la pauvre féline qui peinait à respirer correctement. Son coeur battait fort dans sa poitrine et son corps était encore plus brûlant.
La vieille brave soulève un peu sa tête pour l'aider à boire un peu d'eau dont l'arôme est mélangé à des herbes médicinales. Le goût est horriblement amer, mais c'est inoffensif et l'hydrate à long terme.
La princesse se réveille un peu plus tard, après du repos supplémentaire, un peu plus vivante qu'avant. Elle était seule dans cette immense hutte éclairée par le feu trônant au centre. Elle écoutait le bruit ambiant de l'agitation à l'extérieur, semblable à la grande ville. Comment pouvait-elle être encore en vie ?
Décidément, la déesse la protégeait et allongeait toujours plus sa vie...
Malgré un peu de difficultés, elle réussit à se lever et enfiler une tenue simple jusqu'à présent pliée à côté de son oreiller. Mais qu'allait-elle découvrir dehors ? Ses jambes sont encore faibles, mais tout juste assez fortes pour lui permettre de se déplacer. Elle regarde un instant sa cheville parfaitement entretenue dans un bandage, la douleur a disparu.
[La tenue]
Après un instant d'hésitation, elle tire le fin rideau faisant office de "porte" de la hutte, et se retrouve face à un décor peu commun dans sa région natale. Un village en pleine activité quotidienne, tel une civilisation humaine où chaque habitant remplit sa propre tâche. Les enfants jouaient ensemble, les femmes lavaient et pliaient le linge au ruisseau traversant leur territoire, les hommes s'occupaient de leurs bovins ou forgeaient de nouvelles armes pour de potentielles batailles de conquête à venir.
Au premier abord, c'était un village comme un autre. Mais Riku n'oubliait pas que cette tribu a massacré la sienne...
Seule, elle ne pouvait venger son peuple, et la vengeance selon les traditions du peuple félin profanerait la mémoire de Megamineko. Certains démons se tournent vers la princesse, tantôt curieux, tantôt indifférents, puis retournent à leurs occupations.
Mais où est Dabi ?
Cet homme était devenu son seul repère ici, hélas. Puis elle remarque un enfant jouant au guerrier avec les autres, le masque du démon sur le visage.
- Ze zuis Dabi et ze vais gagner la bataille ! mâchouille l'enfant en brandissant son épée en bois.
- Ah non on a dit que c'était moi le prince ! boude un autre en tapant du pied.
Ainsi donc les plus jeunes parlent le même langage que les humains... Et visiblement, Dabi était leur modèle. Riku croise les bras en soupirant, les regardant s'éloigner.
- Qu'a-t-il de si admirable... s'interroge-t-elle avant de sourire. Ils sont quand même mignons...
Et il n'avait pas menti, c'est le prince des démons. Un prince détestable surtout. La princesse poursuit son exploration dans le village, essayant de ne déranger personne, avant d'accourir vers une femme enceinte portant des paniers de patates.
- Tout va bien ??
- Aye aye, rassure la femme cornue qui venait de renverser un des paniers.
- Laissez moi vous aider.
- Oh non ne vous donnez pas cette peine, après tout vous êtes malade.
Riku s'étonne brièvement que le village soit déjà au courant, puis insiste en portant le grand panier sur son dos.
- Merci quand même, sourit la cornue en se tenant le ventre.
- C'est la moindre des choses.
Puis la princesse remarque les autres démons la dévisager... agréablement ?
- Hum... Qu'est-ce qu'il y a ? rougit Riku.
- Oh eh bien pour une étrangère vous êtes plutôt serviable alors que vous ne devriez pas, explique la cornue. Mais ça fait plaisir. À votre arrivée, je vous avoue que tout le monde se méfiait de vous.
- Ah oui ?
- Oui... rit-elle nerveusement. Il est aussi rare que notre prince ramène des étrangers chez nous. Vivants je veux dire.
- Plus pour longtemps... marmonne Riku en regardant ailleurs.
- Nani ?
- Oh rien. Je vous suis.
Les deux femmes discutaient en traversant le village, parlant de la tribu et de ses nombreuses batailles, leur migration de territoire en territoire, du bébé que portait la cornue qui allait bientôt mettre bas dans peu de temps.
- Et votre mari ?
- Il est guerrier et guetteur. Aujourd'hui même il est de garde.
- Je vois.
- Et le vôtre ?
La princesse rougit en tournant la tête.
- Eh bien... Je n'en ai pas.
- Ah ? J'aurais cru, jolie comme vous êtes.
- En fait j'étais promise à la virginité éternelle en acceptent le titre de prêtresse de ma déesse. Ce qui veut dire pas de mariage, ni de descendance.
- Oh je vois, c'est intéressant.
Elles plaisantaient ensemble sur divers sujets, jusqu'à ce que la princesse se stoppe net en voyant Dabi sortir d'une immense hutte, probablement celle du roi démon. Aussitôt les yeux de Riku s'assombrissait, à chaque fois qu'ils se posaient sur lui, elle revoyait le massacre qu'il avait mené sur son peuple.
Elle le détestait vraiment...
- T'as encore tenté de t'échapper la chieuse ? nargue-t-il en s'approchant.
- Altesse, s'incline la cornue.
- Pas de cérémonie pour toi Icarus.
- Vois tu j'aide Icarus à porter des paniers de patates, et d'ordinaire ce n'est point le rôle d'une femme enceinte de charger des paquetages aussi lourds, reproche Riku en lui donnant le gros panier dans les bras. Rends toi utile, "Prince des démons".
- T'es sérieuse là ?!
- Très sérieuse, réplique-t-elle en croisant les bras. Puisque tu es si fort, montres moi de quoi tu es capable.
- J'aurais peut être dû te laisser crever sur le bord de la route... grogne le démon.
- Mais tu ne l'as pas fais, alors tu subis. Allez apportes ce panier ! Icarus, laissez donc le prince s'en occuper.
- Parce que tu crois que je vais obéir à une chieuse dans ton genre ?! hurle Dabi. Non mais tu te crois où au juste ?!
- Je t'apprends simplement les bonnes manières ! Agis en homme pour une fois et rends service à une femme enceinte !
- Tu vas vite redescendre d'un étage ma vieille tu vas rien comprendre !
- Je te signale que c'est TOI qui m'a enlevé, tu l'as voulu ton boulet !
La cornue éclate de rire en admirant le spectacle. Les deux nobles la regardent un instant, un peu surpris.
- Pardonnez moi mais vous faites vraiment la paire ensemble, rit Icarus.
- HEIN ?! s'indignent les deux ennemis. Jamais de la vie avec lui/elle !
- C'est ce qu'on dit~ sous entend la cornue.
Dabi et Riku se regardent à nouveau avant de se lancer des éclairs et se tourner le dos. Puis le démon donne le panier à un villageois qui accepte d'aider Icarus, avant d'attraper la princesse par le bras et l'embarquer dans la hutte du roi démon. Ce dernier semble vouloir lui parler personnellement.
À suivre...
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