37 - Folie

Ecouteurs mesdames.

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Hawks rentre au camp après une longue matinée à survoler le territoire, avant de voir Dabi sortir de sa cabane, l'air plus sombre qu'avant. Il était d'une humeur massacrante, acceptant la réalité telle qu'elle était. Le dresseur s'approche de Natsuo qui pansait la jument du démon, non loin.

- Il vient de se réveiller...? demande-t-il tout bas.

- On dirait, mais il n'est pas en état, répond Natsuo, inquiet pour son frère.

- Depuis quand il est comme ça ?

- Depuis qu'il est arrivé je suppose. Mais je crois que c'est à cause de cette fille dont il parlait à la prison. Riku, je crois.

Hawks a l'air de comprendre et s'approche du démon, bien qu'il ne devrait pas à l'heure actuelle. Dabi l'a remarqué du coin de l'oeil, mais il trace son chemin en accélérant le pas jusqu'à ce que son rival le retienne par le bras. Ce dernier le lâche tout de suite, surpris par la forte chaleur de sa chair.

- Dabi attends ! s'exclame-t-il en le suivant.

- Fiche moi la paix.

- Et où tu comptes aller comme ça ? T'es pas en état de te lever. Ton cheval est de l'autre côté.

- Je vais voir Sora, ça te pose un problème ?! agresse Dabi, les yeux démoniaques.

- Hé on se calme ! Arrêtes de te comporter comme si le monde entier était ton ennemi !

Le démon pivote brusquement pour le faire face, furieux.

- Parce que c'est pas le cas ? grogne-t-il, front contre front. Toi le premier...

- T'es encore sur notre duel ou t'as juste complètement vrillé ?! Je te reconnais plus mec !

- C'est bien t'as appris ta leçon, tu veux une médaille peut être ? se moque Dabi avec un sourire noir avant de repartir. J'ai jamais dis qu'on était "potes" tous les deux.

- Si la princesse t'entendait elle te dirait--

Hawks n'a pas le temps de finir que Dabi l'attrape par le col pour le plaquer brutalement contre un arbre, ce qui coupe la respiration de son rival surprit par sa force. Les réfugiés s'attroupent de loin pour regarder la scène, perplexes d'un tel comportement.

- Ne me parle pas d'elle...! grince-t-il des dents. Ne me parle... surtout pas d'elle...

Hawks soutient son regard, tenant fermement ses poignets alors que Dabi resserrait sa prise à son cou.

- Je disais que si elle t'entendait...

- TA GUEULE ! hurle le démon, tremblant. Riku est morte putain, t'as pas compris ?!! Alors ne me parle plus d'elle connard !!

- C'est vraiment ce que tu penses...? demande calmement son rival, changeant de regard.

Dabi n'arrivait plus à faire la différence entre l'illusion et la réalité. Hawks le voyait. Le démon se remémorait encore et encore ce soir là, où Riku a rendu son dernier soupir devant lui. Il ne l'a jamais accepté jusqu'à maintenant. Son visage se perd dans ses mèches sombres et ses poings tremblaient comme s'il voulait pleurer. Mais il n'en est rien, juste de la rage qui le dévorait de l'intérieur. Doucement, les talons de Hawks regagnent le sol, autrefois légèrement surélevés.

- Tu penses toujours que tu n'as plus rien à perdre, chuchote-t-il, compréhensif. Et tu te laisses dépérir lentement, mais tu dois te battre Dabi. Rien n'est encore fini, et rien n'est trop tard.

- J'ai pas besoin de tes paroles...

- Ce ne sont pas les miennes.

- La ferme...!

Le démon recule en lâchant son rival sans aucune douceur et disparait dans la forêt, histoire d'être un peu seul. Hawks soupire en se massant la gorge, avant de sourire.

La forêt est très calme. Comme tous les malheurs s'étaient arrêtés en un instant. Seul un humain maudit, marchant entre les arbres et leurs racines sorties de terre, demeurait dans la noirceur. Les bêtes qui peuplaient ce jardin luxuriant le regardaient passer, silencieusement, jusqu'à même le suivre vers un point d'eau claire où il se rince le visage pour se rafraichir. Il n'accordait pas un seul regard à son reflet à la surface et quand il le regardait, il ne voyait que du vide. Pas une once d'âme en lui.

Tout ça à cause de quelques souvenirs jadis oubliés et de l'amour... Surtout l'amour.

Alors que le démon se demandait s'il ne serait pas mieux de rentrer à la tribu des démons et abandonner ces foutaises, une fée se pose sur son épaule en lui caresse les cheveux, attristée pour lui. Elle ressentait sa tristesse dissimulée sous sa carapace forgée par la haine.

- Qu'est-ce que tu veux toi ?

D'autres fées se joignent à eux et se posent aisément sur les genoux du démon qui arque un sourcil. Chacune pose ses mains sur lui et une lueur verdâtre les enveloppe. Elles sont en train d'accélérer le processus de guérison de ses plaies artificielles. Visiblement, elles sont tombées sous son charme. D'ordinaire, les créatures féeriques ne s'approchent pas si facilement des humains. Elles ont sûrement senti qu'il ne leur voulait aucun mal.

Dabi soupire en les laissant faire ce qui leur chante, puis lève la tête vers l'autre côté du point d'eau, où il remarque le fameux esprit blanchâtre sous la forme d'un chat, assit dans l'herbe en le fixant sans cligner des yeux.

Ce spectre a l'air d'être son guide.

Mais Dabi décide rebrousser chemin, fatigué de tous ces mystères tournant autour de cet animal. Son esprit divaguait, alors il pensait qu'il était le fruit de son imagination.

Le camp s'endort doucement et les guetteurs les plus discrets se relaient toutes les heures, perchés sur leurs points d'observation. Hawks vient de partir à dos d'aigle, Bakugou marmonne après avoir perdu son pari à un jeu de cartes, surveillant la grande allée principale encadrée par les cabanes dont celle de Dabi. Ce dernier peinait à trouver le sommeil alors que la lune s'inclinait lentement au cours de la nuit fraîche. Les mêmes images le hantaient et il ne rêvait que d'une chose, mettre un terme à sa vengeance et partir l'âme en paix. Il entendait les cris et les pleurs de ses victimes, mais il n'éprouvait aucune compassion. Les murmures défilant dans son esprit le rendaient fou.

Il avait besoin d'extérioriser...

Puis tout à coup, sa porte s'ouvre dans un léger grincement. Il ferme aussitôt les yeux en faisant semblant de dormir, n'ayant eu le temps de voir qu'une ombre apparaitre au clair de lune. Qui est-ce ? Un ennemi, un allié ? Qu'importe, que cet intrus approche, il sera déjà mort. Le démon écoutait les pas discrets se rapprocher, prêt à se défendre, avant de sentir la douceur d'une main effleurer son visage. Mais il ne fait pas attention à cette douceur pourtant familière et ouvre brutalement les yeux en roulant l'inconnu sur le côté pour le plaquer au matelas, tenant chacun de ses poignets.

La personne se débat de toutes ses forces et Dabi se confirme qu'il s'agit d'une femme cachée sous cette épaisse cape sombre en velours, à juger ses gestes et sa force. Puis il arrache la capuche de sa tête avant de sentir son coeur s'arrêter et son cerveau cesser de fonctionner en reconnaissant cette inconnue, pas si "inconnue" qu'il n'y parait.

- J'y crois pas... tremble-t-il, sous le choc.

- Dabi regarde moi...

- T'es pas réelle !

Le démon se redresse vivement, refusant de croire que Riku, SA Riku, était présente juste devant lui, en chair et en os. Alors qu'elle est bien là, coincée entre ses genoux, plaquée sur son lit défait. La princesse se redresse sur son coude en lui tendant la main, mais Dabi recule la tête, complètement désarçonné. Il l'avait pourtant vu mourir, comment est-ce possible ?

- C'est moi, rassure-t-elle, inquiète.

- Non non tu m'auras pas une seconde fois ! hâte-t-il en s'éloignant, se tenant le crâne. Sors de ma tête, t'es qu'une illusion, un mirage ! T'es pas là, tu peux pas être là !

- Mais de quoi tu parles ?? C'est moi, Dabi ! Riku, tu ne me reconnais pas ?? Je t'en prie calme toi...

Mais les paroles de la princesse ne suffisaient plus dans le cas du démon qui avait perdu la raison depuis longtemps. Revoir sa reine de la sorte, sans s'y attendre, sans y croire...

Ca ne pouvait pas être réel...

Riku baisse ses oreilles félines en voyant ce que son amant était devenu en l'espace d'un mois sanguinaire et de souffrance. Elle n'avait pas prévu de le revoir dans ces conditions. Elle voulait seulement le voir sans être repérée, le regarder dormir en ne pouvant plus attendre de le retrouver enfin. Elle mourait d'envie de s'allonger à côté de lui et se lover dans ses bras après une longue séparation. Mais hélas pour elle, il ne dormait pas...

Puisqu'il croit toujours qu'elle est encore une de ses divagations, la princesse baisse le regard vers les lacets de sa robe qu'elle dénoue délicatement en écartant un peu plus son décolleté, montrant son importante cicatrice partant du côté gauche de sa clavicule, traversant entre ses seins et contournant son nombril vers la droite, jusqu'à sa hanche droite.

- Moi aussi j'ai des sutures... essaye-t-elle de plaisanter.

Dabi restait muet, fixant le parcours de cette blessure qui n'aurait jamais dû être tracée. Riku baisse la tête, semblant avoir honte de lui présenter une telle horreur.

- C'est laid, n'est-ce pas...?

Aucune réponse. Le démon tentait tant bien que mal à faire le tri dans son esprit et reprendre le contrôle de lui même, malgré le choc. Mais à présent, il savait qu'elle était toujours en vie. La princesse renoue tristement ses lacets.

- Je n'avais pas prévu--

- Prévue "quoi", hein...? 

- Huh ?

La voix de Dabi a changé du tout au tout ainsi que son regard et l'éclat de ses yeux lunaires. Il s'approche lentement, dangereusement, alors que la princesse reculait à chacun de ses pas. Elle, de son côté, ne le reconnaissait plus. Il avait l'aura aussi noire que celle d'un véritable démon et ce que reflétait son regard était confus. Tantôt le choc, tantôt la haine, tantôt la souffrance. Elle ne savait plus comment réagir face à lui, mais le Dabi qui s'avançait maintenant vers elle, alors qu'il la fuyait quelques secondes plus tôt, était une facette beaucoup plus effrayant que Riku n'a jamais connu.

- Pendant un mois, tu te cachais... murmure-t-il dans ses grognements. Un mois où tu me hantais... Un mois où ta mort passait en boucle dans ma tête... Je revoyais ton sang sur mes mains. J'étais là, je t'ai vu... Comment c'est possible, hein...?

Riku se cogne le genou contre le sommier et Dabi la pousse sur le lit en la bloquant entre ses bras, perdu dans sa folie. Cet homme effrayait la pauvre féline qui gardait ses bras fins blottis contre elle.

- T'as pas idée de toutes les horreurs que j'ai pu faire jusqu'à maintenant. J'ai égorgé, brûlé au bucher, dépecé, démembré autant d'humains qu'il ne m'était possible, et tu sais quoi ? J'adorais ça. L'odeur du sang et voir la peur dans leurs yeux, c'est tellement jouissif ! Je devenais dingue, mais je m'en foutais complètement, parce que je me sentais bien quand je tuais ! J'oubliais ma putain de malédiction et c'est comme si je pouvais respirer à nouveau... Mais la seule image qui m'arrêtait, c'était toi. Ton sourire, ton regard, même ta voix me hantaient et me hantent encore. J'avais l'impression de te voir partout ! C'est ça qui me rendait fou ! Tu étais là, tout le temps, alors que je savais que tu pouvais pas être là ! Parce que pour moi tu étais morte, Riku ! Et maintenant te voilà devant moi... Cette folie c'est toi qui l'as nourri...

Les yeux de la princesse s'écarquillent en regardant l'âme brisée dans les yeux de cet homme qu'elle aimait encore. Mais elle ne savait plus comment le récupérer. C'est dans sans doute trop tard pour Dabi... 

- Je ne suis plus le simple humain maudit que t'as connu Princesse... souffle-t-il, proche de son visage avec son sourire. Tu as là ce pourquoi on me traite de démon. Et je suis affamé...

Dans un élan ardent, leurs lèvres plongent les unes vers les autres dans un baiser fougueux. Un baiser qui réveillent les papillons dans le ventre de la princesse. Cette passion est malgré tout restée telle quelle, voire même beaucoup plus sauvage et destructrice qu'avant. Le démon débarrasse sa reine de sa cape et dénoue les lacets de sa foutue robe un poil trop encombrante à son goût. Mais la princesse se braque un peu en tournant la tête, maintenant que sa cicatrice est entièrement dévoilée.

- Quoi ?

- Comment tu peux me trouver attirante avec cette horreur...?

- Pff... pouffe-t-il de rire. Qu'est-ce que je dois dire, moi ?

Riku rougit en le regardant ôter sa chemise, puis passer ses mains sous son jupon qu'il remonte le long de son corps marqué à vie, jusqu'à la lui ôter à son tour. Mais Dabi remarquait que Riku avait honte de sa balafre, convaincue de ne plus être aussi séduisante qu'avant. Alors il caresse du bout des lèvres le parcours de cette vilaine cicatrice en fermant les yeux, respirant son odeur qui lui avait tant manqué, appréciant la douceur de sa peau. Riku soupire longuement en basculant la tête en arrière, suivant à la trace le souffle chaud de son roi glissant sur son ventre jusqu'à sa hanche qu'il embrasse en la caressant de ses mains chaudes. Elle tenait sa tête en emmêlant ses doigts dans ses cheveux et le laissait retracer le parcours en sens inverse par des petits baisers. Puis une fois revenu à la hauteur de ses lèvres, leurs regards se plantent l'un dans l'autre, le souffle court. Le volcan s'éveillait en eux quand le second baiser se faisait plus ardent.

Riku griffait les épaules de son amant qui empoignait simplement ses cuisses plaisantes à malaxer, frottant son ventre contre le sien. Puis le manque d'air les sépare, tous deux haletants de désir. Leurs yeux se dilataient et la chaleur grimpait en flèche dans cette chambre de plus en plus étouffante. La princesse tire le drap sur eux en débarrassant son démon du reste de ses vêtements avant d'empoigner sa fesse, initiative qui le force à lâcher un gémissement des plus charmeurs au creux de son oreille féline. Dabi pose son front contre le sien, reprenant son souffle, étouffant de sa propre chaleur. Riku emprisonne son visage entre ses mains délicates en fermant les yeux.

- ... Aishiteru... murmure-t-il, la voix déraillante.

Le coeur de la princesse renaît en écoutant cette douce parole prononcée dans un début de sanglot. Le visage de son roi se réfugie dans son cou pour cacher ses faiblesses, mais elle ne voulait que voir la sensibilité de l'homme qu'elle aimait. Elle redresse alors son visage en essuyant le sang coulant de ses sutures, mélangé à de vraies larmes.

- Aishiteru... répond-t-elle en l'embrassant tendrement.

Puis contre toute attente, la princesse le roule sur le côté en grimpant à califourchon sur son amant qui reste perplexe un instant, avant de laisser retomber sa tête sur l'oreiller au moment où la féline s'empale sur lui dans un long soupir tantôt douloureux, tantôt délicieux. Dabi caressait ses hanches en passant furtivement une main au bas de ses reins, titillant la racine de sa queue féline. Une caresse qui provoque un très gros frisson à la princesse qui bascule la tête vers le plafond en se raidissant autour du membre du démon qui gémit à son tour, s'amusant à la titiller plus intensément. Il faisait exprès de la faire bouger ses hanches et se délectait de cette agréable sensation de la sentir aussi chaude. Plus il la titillait, plus elle donnait des coups de bassin et plus elle s'ouvrait à lui jusqu'à complètement s'abandonner dans ses bras. Elle s'allonge alors sur son amant qui prend possession de ses lèvres pour la taire et de ses hanches pour la tenir en place, avant de donner un brusque coup de rein, lui étouffant un cri d'extase entre leurs langues. Sadique comme il est, il s'amusait à ce petit jeu coquin durant une bonne partie de cette douce nuit, laissant parfois la domination à sa reine avant de la rouler sur le côté et reprendre le flambeau si exquis.

Il n'y a rien de plus pur que de s'unir avec la personne que l'on chérit le plus au monde...


À suivre...

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