L'ambiance a reprit son calme lorsque la porte a laissé entrer le trio voyageur, ouverte par la barmaid et propriétaire de la taverne, Tsuyu Asui.

- Bienvenue à Izumi, Kero.

- Merci Asui-san, remercie Hawks en laissant Riku entrer en première.

- Appelez moi Tsuyu.

La princesse dévisageait ce nouveau décor plutôt médiéval et chaleureux. Mais visiblement, le monarque du grand Nord n'était pas aimé dans cet endroit, puisque son portrait servait de jeu de fléchettes ou de lancé de couteaux. Dabi restait méfiant en tirant sur sa capuche pour cacher ses yeux, masqué d'un crâne de démon. Un jeune homme aux cheveux verts s'approche alors de la princesse pour l'accueillir, accompagné d'une mage brune et du camarade de bar de Tsuyu, Hanta Sero.

- Je m'appelle Izuku Midoriya, se présente-t-il poliment. Et voici Uraraka-san et Sero. Hawks ne nous a pas prévenu de votre arrivée.

- Non en effet, s'excuse ce dernier. À vrai dire ce n'était pas prévu... Mais ces gens ont besoin de traverser la ville en toute discrétion.

- Pourquoi "en toute discrétion" ? demande Uraraka.

Hawks se tourne vers la princesse en hochant la tête, lui assurant qu'il n'y a aucun danger en ces lieux, puis elle retire noblement sa capuche, dévoilant enfin son visage. Midoriya reste stupéfait de sa beauté divine, avant de s'incliner tel un chevalier, la main sur le coeur.

- Princesse Nekomura !! balbutie-t-il, tout rouge.

- A-Allons pas de cérémonie, rit-elle nerveusement. Je vous en prie, ici je ne suis pas une princesse, alors appelez moi Riku.

- Aye !

- Mais que faite vous ici ?? demande Uraraka.

- S'il vous plait nous devons trouver un traducteur d'écrits antiques... C'est pour mon ami. Dabi tu es bien silencieux, montres ton visage.

- Nan, c'est mort, refuse-t-il, les bras croisés.

- Dabi s'il te plait !

- J'ai pas envie !

Agacée, la princesse se pointe devant le démon et prend de force son masque démoniaque, mais ce dernier attrape ses poignets délicats en plantant ses yeux azur dans les siens. Ayant vu son visage, Midoriya blêmit en reconnaissant ses traits démoniaques. Le chevalier Iida Tenya, qui s'abreuvait au comptoir, se lève d'un bond en dégainant son épée. Dabi roule des yeux en tournant la tête.

- Ouah c'est fou comme j'ai peur...

- Vous amenez un démon dans la cité Princesse ! rappelle Iida.

- Erreur, il est humain avant tout ! C'est pour lever sa malédiction que nous avons besoin d'un traducteur. Je vous en prie, aidez nous à trouver cette personne...

- Heu... A-Alors il vous faut vous adresser à Kacchan...

Ils se tournent alors vers la table de ce dernier, en train de dévorer le festin qu'il s'offrait avec son équipe.

- Ce gamin, sérieux ? s'interroge Dabi en arquant un sourcil.

- Il connait la cité et saura vous faire traverser, assure Midoriya. Mais en ce moment cela risque d'être compliqué...

- Pourquoi ? demande Riku.

- Chaque personne que vous voyez ici présente s'est réussie aujourd'hui pour discuter de notre rébellion au point.

- Une rébellion contre qui ?

- Contre le monarque du Nord et faire entendre notre voix au roi, répond Uraraka. Le commerce est devenu malsain au fil des années. La vente d'esclaves et de femmes rapporte beaucoup plus que les marchés de nourritures hélas... Et pour nous avoir promis une vie meilleure, voilà qu'elle est corrompue. Il nous faut arrêter ça. Mais votre présence, Princesse, ne nous donne pas la tâche facile.

- Argent, sexe et pouvoir encore et toujours... soupire Dabi en croisant les bras.

Puis l'attention de Dabi se porte sur une nouvelle tête qui vient de passer discrètement la porte de la taverne, pendant que Riku continue de discuter avec les enfants. Le démon ne saurait dire pourquoi, mais cette personne dégageait une odeur familière. L'inconnu s'approche du bar sans prêter attention à la princesse ni au démon.

- Ah Todoroki-kun ! appelle Midoriya en allant lui parler. 

- ... Dabi ? appelle Riku. Tout va bien ?

- Il me dit un truc lui...

La princesse balaye son regard de Dabi à ce "Todoroki", puis inversement. Elle n'osait le dire à haute voix, de peur de se tromper, mais elle trouvait qu'il y avait un petit air de ressemblance entre eux. L'oeil bleu de Todoroki ressemblait beaucoup aux yeux du démon, le même regard aussi. Et cette brûlure à l'oeil gauche... Dabi sentait sûrement un lien avec ce jeune homme, mais n'y prête pas plus attention.

- Natsuo s'est fait prendre... grogne Todoroki.

- Quoi ??

- Il espionnait mon père en pleine discussion avec qui-tu-sais, mais les gardes ont réussi à l'arrêter...

- Attends, ton père a fait enfermer son propre fils ??

- Comme s'il avait le choix ! Il est corrompu, comme cette ville... s'énerve le bicolore. Le monarque le tient en laisse et bientôt il s'en débarrassera quand il n'en aura plus besoin. Je crains pour ma mère, et Fuyumi doit rentrer demain de son voyage.

Ainsi donc, il s'agissait bien de Shoto Todoroki. Fils du roi d'Izumi, Enji Todoroki, et maintenant membre de la rébellion. Toute la taverne s'est tue pour écouter le récit du jeune prince qui gardait encore un goût amer de ne pas avoir pu libérer son frère Natsuo, à présent jeté aux cachots et sous haute surveillance. Le monarque n'avait donc aucune limite...

Puis Shoto se tourne vers Riku et Dabi, remarquant enfin leur présence.

- Encore des étrangers à faire passer ?

- C'est pas possible ce soir, mâchouille Bakugou en finissant de manger. Les patrouilles sont aux aguets maintenant que ton abruti de frère s'est fait prendre.

- Et demain Kacchan ? C'est possible hein ?

- J'en sais rien ! râle-t-il. On verra si les choses se tassent !

- En attendant, je peux vous prêter des chambres, propose Tsuyu en guidant Riku à l'étage. 

- Merci à tous pour votre hospitalité... remercie la princesse.

Le groupe lui sourit et la salue chaleureusement.

La nuit tombée, la ville s'endort peu à peu, contrainte de respecter le couvre feu imposé par la garde royale. Quiconque désobéit sera arrêté. Nulle ne sait ce que deviennent les prisonniers. Les criminels sont pendus sur la place publique, les femmes rebelles sont réduites en tant que catins ou esclaves domestiques comme des animaux, les paysans sans le sous subissent des travaux forcés jusqu'à épuisement et les sorciers brûlés vifs.

Les démons malchanceux finissent parfois décapités...

Riku admirait la lune depuis la fenêtre de sa chambre, simplement éclairés par une bougie, songeuse. Elle avait peur de ce qui les attendait le lendemain. Et si ce traducteur s'était fait prendre aussi ? Et s'ils faisaient fausse route ? Cela serait ce soir courir des risques pour rien. Cette ville dégageait une aura malsaines qui étouffait l'air que respirait la princesse. Elle pensait à son peuple, espérant qu'il se portait mieux aujourd'hui. Elle rêvait de retrouver sa famille après tout ça...

Puis une mélodie étrange lui vient en mémoire, alors que ses yeux vairons contemplaient la clarté de l'astre lunaire.

[Mélodie]

https://youtu.be/dLSBYXUCTC8

Fredonnant ce doux chant, elle ferme les yeux en se laissant bercer par la sensation du vent frais glissant sur sa peau et le son de l'eau qui s'écroule noblement dans la nature. Sa vision lui montrait le jardin de la fontaine du Dieu de la Renaissance, puis une danse légère et pure où la pointe de ses pieds marchaient sur la surface de la fontaine. La princesse voyait ensuite un visage sombre. Un visage malgré tout souriant, sans vouloir le moindre mal, contemplant la princesse danser au dessus de l'eau pure.

D'où viennent ces visions ? Cette mélodie, elle ne l'avait jamais entendu ni apprise.

Puis la venue de Dabi interrompre cet instant de légèreté troublant, sortant ainsi la princesse de ses songes étranges. Il s'approche de la bougie et donne un léger souffle pour l'éteindre.

- Tu devrais t'éloigner de la fenêtre, conseille-t-il en fermant les rideaux. On sait jamais ce qui peut se passer.

- Je réfléchissais...

- À quoi ?

- À ce qui peut nous attendre ici... Et on est tellement loin de tout... J'ai peur Dabi. Je ne veux pas rester ici...

- Hé...

Il s'accroupit devant ses genoux.

- Tant que je suis là, il t'arrivera rien, compris ? Si tu sens le moindre danger je préfère le savoir.

Elle se contente de hocher la tête avant se pencher en avant pour embrasser son roi. La mélodie résonnait encore dans son esprit, mais que veut-elle dire ?

À suivre...