21 - Voyage

- Que vos chemins soient protégés mon roi... prie la vieille shaman, entourée du village.

Dabi roule des yeux en faisant pivoter son cheval, détestant être appelé ainsi désormais. Ce titre lui rappelait beaucoup trop le roi Orc, son père adoptif. Il n'aurait jamais pu tenir ses engagements dans tous les cas, puisqu'il savait que sans Basan, il n'était qu'une simple humain. Un enfant paria abandonné dans une pirogue. Et le jour de son grand départ, il n'éprouvait aucune hésitation à quitter les siens, accompagné de Riku sur son propre cheval.

Mais des visions en son esprit commençaient à apparaitre...

Des visions d'un potentiel passé. Il entendait souvent une femme l'appeler au loin. Mais non sans vouloir alarmer la princesse, il y a quelques heures, à leur réveil, il entendait de faibles mots dans son subconscient.

<< Pardonne moi Touya... >>

Cette simple phrase emplie de chagrin et de remords le perturbaient. Dabi n'a préféré ne pas en parler, pensant peut être à un mirage dû à la fatigue émotionnelle qu'il pouvait traverser suite aux derniers événements. Néanmoins, ces visions lui donnaient la migraine.

- Tu ne dis pas au revoir à ton peuple ? demande Riku, marchant à ses côtés.

- Pourquoi faire ?

- C'est pourtant la moindre des choses, non ?

- Tu es trop bien éduquée pour moi, nargue-t-il.

- Je ne peux te donner tort mon cher. Vraiment il va falloir remédier à t'apprendre la politesse à la fin de tout ça.

- Laisses moi te dire "bon courage".

- Ah oui, tu crois que c'est impossible ? s'offusque-t-elle.

- Hé, je vois bien le genre de "minet" de ton rang que t'as l'habitude de fréquenter, mais moi je suis le premier VRAI homme que t'as jamais rencontré, rétorque-t-il hautainement.

- Ah parce que pour être "viril" il faut se comporter comme un sauvage ?? s'indigne Riku en lui donnant une tape sur l'épaule.

- Nan ça c'est toi qui le dis, nie Dabi d'un air blasé.

- Non c'est ce que tu essaies de me faire comprendre, mais tu veux me faire passer pour une détraquée qui comprend tout de travers, tout ça pour avoir la conscience tranquille espèce de mufle !

- Tu sais ce qu'il te dit le mufle ?!

- Non je sais pas mais tu vas me le dire !

- Il te dit de la fermer, femme !!

- Et puis quoi encore ?! Je suis une femme mais je n'obéis pas aux malpolis sauvageons !!

- Ils t'emmerdent bien fort !

Et c'est reparti pour une énième dispute enfantine...

--

La journée dans les plaines est longue, chaude et parfois silencieuse. Quand le couple ne se dispute pas pour des broutilles. Mais le temps commence à se gâter en début d'après midi, alors les deux voyageurs prennent une pause dans une grotte en pleine forêt, tout juste assez grande pour abriter leurs montures de l'orage qui ne tarde pas à éclater.

Dabi surveillait le feu avant de porter sa main à l'arrière de sa tête, pris d'un étrange vertige. Encore une vision...

Il entendait ses propres cris le jour de sa naissance, puis une femme aux cheveux blancs se penchait sur lui alors qu'il n'était encore qu'un bébé. Une femme qu'il n'avait jamais croisé auparavant, mais il se sentait étrangement attaché à elle.

Pourrait-elle être sa mère ? Si oui, où est-elle ? Pourquoi l'avoir abandonné ? Est-elle toujours en vie ? Pourquoi lui demander pardon sans cesse entre deux larmes ?

<< Pardonne ton père... >>

Ses paumes englobent ses oreilles qui commençaient à siffler et sa tête tournait à vive allure, jusqu'au contact de Riku qui le tire de sa transe.

- Dabi, ça va ? Tu es devenu blanc comme un linge d'un coup...

- ... J'en sais rien... soupire-t-il. Je suis crevé.

- Tu devrais boire un peu.

- Ca va. J'ai juste envie de dormir, réveille moi s'il y a un problème.

Il repose alors sa tête sur les cuisses de la princesse, essayant de trouver le sommeil, sous les douces caresses se baladant dans ses cheveux. Riku attarde son regard sur son dos couvert, puis sur ses yeux azur en train de se fermer. Elle écoutait sa lente respiration de plus en plus calme et détendue, signifiant le début d'un sommeil paisible.

Elle se doutait que le nom de Touya travaillait l'esprit du démon. Peut être était-il en train de recouvrer la mémoire, se souvenir d'où il vient ? Elle ne pouvait qu'attendre que les pièces du puzzle viennent à elle. Si Dabi parvient à retrouver son humanité, sans doute qu'il lui sera plus facile de retrouver sa vraie famille.

Mais autre chose inquiétait la princesse...

Elle porte sa main à la poitrine du démon, sentant son coeur battre calmement sous sa paume. Elle craignait de le voir se perdre dans sa folie, s'écarter de ses principes, finir corrompu.

Plus qu'il ne l'était déjà...

Même en étant maudit, Dabi a toujours su préserver son infime part d'humanité. Mais plus il se rapprochait de sa délivrance, plus il lui était difficile de garder Basan endormi. La manifestation d'Ärgniir l'a chamboulé, ainsi que celle de la déesse à travers sa prêtresse. S'il veut alors arriver au bout de son voyage...

Il va devoir apprivoiser Basan...

L'orage étant passé en fin de journée, Dabi se réveille doucement, un peu plus frais qu'il y a quelques heures. Décidément, le sommeil était le seul moyen de le canaliser un minimum et permettre à son corps de gagner en énergie.

C'est toujours mieux que de tuer pour étancher sa soif de sang...

- Dabi... secoue Riku en dressant les oreilles.

Sentant aussi quelque chose approcher de leur cachette, le démon se redresse vivement en dégainant son katana, avant de voir effectivement quelqu'un sortir des broussailles, katana en main et masqué.

Un masque de renard ??

Dabi avait la nette confirmation que cet individu était en train de le défier. Alors il accepte en s'avançant hors de la grotte, chauffant sa lame entre ses doigts. Mais Riku attrape son poignet pour l'arrêter.

- Non ne fais pas ça !

- Je réponds simplement à un duel, il va crever et fin de l'histoire.

- Je te dis non !

- Princesse... murmure l'inconnu sous son masque.

- Hein ?

Dabi et Riku se tournent vers le sabreur posant un genou au sol devant eux, sans comprendre ce qui lui prenait tout à coup.

- Je suis ici par ordre de votre père et de mon maitre.

- Mais qui êtes vous ? se méfie-t-elle. Et comment avez vous su où je me trouvais ?

- Pardonnez ma maladresse... Je suis chevaucheur céleste.

Le samouraï relève un peu son masque en souriant, puis croise le regard vairon de la princesse de ses yeux couleur or.

- On m'appelle Hawks.


À suivre...

Hawks en samouraï les filles...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top